• REVUE du 09 au 11 fév. 2019

     

    ⇒ 09 au 11 fév. 2019 ⇒ 

    Médias francophones européens   

    LES THÈMES PARTICULIERS
    ♠♣♥♦♠♣♥♦♠♣♥♦♠♣♥♦♠♣♥♦
    1-0/ Sources d'information - 2-0/ François/Vatican - 3-1/ Église/abus sexuels- 3.2/ Église & Chine - 3.3/ Synode =  4-0/ Liturgie - 5-0/ Spiritualité
    6-0/ Bioéthique - 6-1/ PMA/GPA/IVG - 6-2/ Euthanasie - 6-3/ Intel. artificielle - 6-4/ Éthique (sujets div.) - 7-0/ Laïcité -  8-0/ Société - 8-1/ Brexit - 8-2/ CETA - 8-3/ Écologie - 8-4/ Migration - 8-5/ Union européenne - 8-6/ Pays de l'U.E - 8-6-1/ Italie - 8-6-2/ Espagne - 9-0/ Pays divers - 9-1/- Islam - 9-2/ Proche Orient - 9-3/ Moyen Orient - 9-4/ Extrême Orient - 
    9-5/ Amérique du Nord - 9-6/ Amérique Centrale - 9-/7 Amérique du sud - 9-8/ - Afrique - 10-0/ Thèmes divers – 11-0/ Média-Presse-Info 12-0/ Dossier spécial - 13-0/ Annexes  

     DOCUMENTS SPÉCIAUX

     

    1- MANIFESTE POUR LA FOI

    « Que votre cœur ne soit pas bouleversé » (Jn 14, 1)
    Face à la confusion qui se répand dans l’enseignement de la foi, de nombreux évêques, prêtres, religieux et fidèles laïcs de l’Eglise catholique m’ont demandé de rendre témoignage publiquement à la vérité de la Révélation. Les Pasteurs ont l’obligation de guider ceux qui leur sont confiés sur le chemin du Salut. Cela n'est possible que si cette voie est connue et qu’ils la suivent. A ce sujet, voici ce que l'Apôtre affirme : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu » (1 Co 15, 3). Aujourd'hui, beaucoup de chrétiens ne sont même plus conscients des enseignements fondamentaux de la foi, de sorte qu'ils risquent toujours plus de s’écarter du chemin qui mène à la vie éternelle. Pourtant, la mission première de l’Eglise est de conduire les hommes à Jésus-Christ, la Lumière des nations (cf. Lumen Gentium, 1). Une telle situation pose la question de la direction qu’il faut suivre. Selon Jean-Paul II, le « Catéchisme de l'Église catholique » est une « norme sûre pour l’enseignement de la foi » (Fidei Depositum, IV). Il a été publié pour renforcer la fidélité de nos frères et sœurs chrétiens dont la foi est gravement remise en question par la « dictature du relativisme » .

    1. Le Dieu unique et trinitaire, révélé en Jésus-Christ

    La confession de la Très Sainte Trinité se situe au cœur de la foi de tous les chrétiens. Nous sommes devenus disciples de Jésus, enfants et amis de Dieu, par le baptême au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. La distinction entre les trois Personnes dans l'unité du même Dieu (254) établit une différence fondamentale entre le christianisme et les autres religions tant au niveau de la croyance en Dieu que de la compréhension de ce qu’est l'homme. Les esprits se divisent lorsqu’il s’agit de confesser Jésus le Christ. Il est vrai Dieu et vrai homme, conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge Marie. Le Verbe fait chair, le Fils de Dieu, est le seul Rédempteur du monde (679) et le seul Médiateur entre Dieu et les hommes (846). Par conséquent, la première épître de saint Jean présente celui qui nie sa divinité comme l’Antichrist (1 Jn 2, 22), puisque Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est de toute éternité un seul et même Etre avec Dieu, son Père (663). La rechute dans les anciennes hérésies, qui ne voyaient en Jésus-Christ qu'un homme bon, un frère et un ami, un prophète et un moraliste, doit être combattue avec une franche et claire détermination. Jésus-Christ est essentiellement le Verbe qui était avec Dieu et qui est Dieu, le Fils du Père, qui a pris notre nature humaine pour nous racheter, et qui viendra juger les vivants et les morts. C’est Lui seul que nous adorons comme l’unique et vrai Dieu dans l’unité du Père et de l'Esprit Saint (691).

    2. L’Eglise

    Jésus-Christ a fondé l'Église en tant que signe visible et instrument du Salut. Cette Eglise est réalisée dans l'Église catholique (816). Il a donné une constitution sacramentelle à son Église, qui est née « du côté du Christ endormi sur la croix » (766), et qui demeure jusqu'au plein achèvement du Royaume (765). Le Christ-Tête et les fidèles de l’Eglise en tant que membres du Corps, constituent le « Christ total » (795) ; c'est pourquoi l'Église est sainte, parce que le seul et unique Médiateur a constitué et soutient continuellement sa structure visible (771). Par l’Eglise, l'œuvre de la Rédemption du Christ est rendue présente dans le temps et dans l'espace dans la célébration des sacrements, en particulier dans le Sacrifice eucharistique, la Sainte Messe (1330). Par l’autorité du Christ, l'Église transmet la Révélation divine qui s'étend à tous les éléments qui composent sa doctrine, « y compris morale, sans lesquels les vérités salutaires de la foi ne peuvent être gardées, exposées ou observées » (2035).

    3. L’ordre sacramentel

    L'Église est le sacrement universel du Salut en Jésus-Christ (776). Elle ne brille pas par elle-même, mais elle reflète la lumière du Christ qui resplendit sur son visage. Cette réalité ne dépend ni de la majorité des opinions, ni de l'esprit du temps, mais uniquement de la vérité qui est révélée en Jésus-Christ et qui devient ainsi le point de référence, car le Christ a confié à l'Église catholique la plénitude de la grâce et de la vérité (819) : Lui-même est présent dans les sacrements de l'Église.
    L'Église n'est pas une association créée par l’homme, dont la structure serait soumise à la volonté et au vote de ses membres. Elle est d'origine divine. « Le Christ est Lui-même la source du ministère dans l'Église. Il l'a instituée, lui a donné autorité et mission, orientation et finalité » (874). L'avertissement de l'Apôtre, selon lequel « soit anathème quiconque annonce un Evangile différent, y compris nous-mêmes ou un ange du ciel » (Ga 1,8), est toujours d’actualité. La médiation de la foi est indissociablement liée à la fiabilité de ses messagers qui, dans certains cas, ont abandonné ceux qui leur avaient été confiés, les ont déstabilisés et ont gravement abîmé leur foi. A ce propos, la Parole de la Sainte Ecriture s'adresse à ceux qui ne se conforment pas à la vérité et, ne suivant que leurs propres caprices, flattent les oreilles de ceux qui ne supportent plus l’enseignement de la saine doctrine (cf. 2 Tm 4, 3-4).

    La tâche du Magistère de l'Église est de « protéger le peuple des déviations et des défaillances, et lui garantir la possibilité objective de professer sans erreur la foi authentique » (890). Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les sept sacrements. La Sainte Eucharistie est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne » (1324). Le Sacrifice eucharistique, dans lequel le Christ nous unit à son Sacrifice accompli sur la Croix, vise à notre union la plus intime avec le Christ (1382). C'est pourquoi, au sujet de la réception de la sainte Communion, la Sainte Ecriture contient cette mise en garde : « Celui qui mange le pain ou boit à la coupe du Seigneur d’une manière indigne devra répondre du Corps et du Sang du Seigneur » (1 Co 11, 27). « Celui qui est conscient d’un péché grave doit recevoir le sacrement de la Réconciliation avant d’accéder à la communion » (1385). Il résulte clairement de la logique interne du Sacrement que les chrétiens divorcés civilement, dont le mariage sacramentel existe devant Dieu, de même que les chrétiens qui ne sont pas pleinement unis à la foi catholique et à l'Église, comme tous ceux qui ne sont pas aptes à communier, ne reçoivent pas avec fruit la Sainte Eucharistie (1457) ; en effet, celle-ci ne leur procure pas le Salut. Affirmer cela fait partie des œuvres spirituelles de miséricorde.

    L’aveu des péchés dans la sainte confession, au moins une fois par an, fait partie des commandements de l'Eglise (2042). Lorsque les croyants ne confessent plus leurs péchés et ne font plus l'expérience de l’absolution des péchés, alors la Rédemption tombe dans le vide, car Jésus-Christ s'est fait homme pour nous racheter de nos péchés. Le pouvoir de pardonner, que le Seigneur ressuscité a conféré aux apôtres et à leurs successeurs dans le ministère des évêques et des prêtres, s'applique autant aux péchés graves que véniels que nous commettons après le baptême. La pratique actuelle de la confession montre clairement que la conscience des fidèles n'est pas suffisamment formée. La miséricorde de Dieu nous est offerte afin qu’en obéissant à ses commandements, nous ne fassions qu'un avec sa sainte Volonté, et non pas pour nous dispenser de l'appel à nous repentir (1458).
    « Le prêtre continue l'œuvre de la Rédemption sur la terre » (1589). L'ordination sacerdotale « lui confère un pouvoir sacré » (1592), qui est irremplaçable, parce que par elle Jésus-Christ devient sacramentellement présent dans son action salvifique. C'est pourquoi les prêtres choisissent volontairement le célibat comme « signe d’une vie nouvelle » (1579). En effet, il s'agit du don de soi-même au service du Christ et de son Royaume à venir. Pour conférer les trois degrés de ce sacrement, l'Eglise se sait « liée par le choix du Seigneur lui-même. C'est pourquoi l’ordination des femmes n’est pas possible » (1577). Ceux qui estiment qu’il s’agit d’une discrimination à l'égard des femmes ne font que montrer leur méconnaissance de ce sacrement, qui n’a pas pour objet un pouvoir terrestre, mais la représentation du Christ, l'Epoux de l'Eglise.

    4. La loi morale

    La foi et la vie sont inséparables, car la foi privée des œuvres accomplies dans le Seigneur est morte (1815). La loi morale est l'œuvre de la Sagesse divine et elle mène l'homme à la Béatitude promise (1950). Ainsi, « la connaissance de la loi morale divine et naturelle montre à l’homme la voie à suivre pour pratiquer le bien et atteindre sa fin » (1955). Pour obtenir le Salut, tous les hommes de bonne volonté sont tenus de l’observer. En effet, ceux qui meurent dans le péché mortel sans s'être repentis sont séparés de Dieu pour toujours (1033). Il en résulte, dans la vie des chrétiens, des conséquences pratiques, en particulier celles-ci qui, de nos jours, sont souvent occultées (cf. 2270-2283; 2350-2381). La loi morale n'est pas un fardeau, mais un élément essentiel de cette vérité qui nous rend libres (cf. Jn 8, 32), grâce à laquelle le chrétien marche sur le chemin qui le conduit au Salut ; c’est pourquoi, elle ne doit en aucun cas être relativisée.

    5. La vie éternelle

    Face à des évêques qui préfèrent la politique à la proclamation de l'Évangile en tant que maîtres de la foi, beaucoup se demandent aujourd'hui à quoi sert l'Eglise. Pour ne pas brouiller notre regard par des éléments que l’on peut qualifier de négligeables, il convient de rappeler ce qui constitue le caractère propre de l’Eglise. Chaque personne a une âme immortelle, qui, dans la mort, est séparée de son corps ; elle espère que son âme s’unira de nouveau à son corps lors de la résurrection des morts (366). Au moment de la mort, la décision de l'homme pour ou contre Dieu, est définitive. Immédiatement après sa mort, toute personne doit se présenter devant Dieu pour y être jugée (1021). Alors, soit une purification est nécessaire, soit l'homme entre directement dans le Béatitude du Ciel où il peut contempler Dieu face à face. Il y a aussi la terrible possibilité qu'un être humain s’obstine dans son refus de Dieu jusqu'au bout et, en refusant définitivement son Amour, « se damne immédiatement pour toujours » (1022). « Dieu nous a créés sans nous, Il n’a pas voulu nous sauver sans nous » (1847). L'existence du châtiment de l'enfer et de son éternité est une réalité terrible qui, selon le témoignage de la Sainte Ecriture, concerne tous ceux qui « meurent en état de péché mortel » (1035). Le chrétien préfère passer par la porte étroite, car « elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent » (Mt 7,13).

    Garder le silence sur ces vérités et d'autres vérités de la foi, et enseigner avec cette disposition d’esprit, est la pire des impostures au sujet de laquelle le « Catéchisme » nous met en garde avec vigueur. Elle fait partie de l'épreuve finale de l'Église et conduit à une forme d’imposture religieuse de mensonge, « au prix de l’apostasie de la vérité » (675) ; c’est la duperie de l'Antichrist. « Il séduira avec toute la séduction du mal, ceux qui se perdent du fait qu’ils n’ont pas accueilli l’amour de la vérité, ce qui les aurait sauvés » (2 Th 2, 10).

    Appel


    En tant qu'ouvriers envoyés dans la vigne du Seigneur, nous tous avons la responsabilité de rappeler ces vérités fondamentales en adhérant fermement à ce que nous-mêmes avons reçu. Nous voulons encourager les hommes de notre temps à suivre le chemin de Jésus-Christ avec détermination afin qu’ils puissent obtenir la vie éternelle en obéissant à ses commandements (2075).

    Demandons au Seigneur de nous faire connaître la grandeur du don de la foi catholique, qui nous ouvre la porte de la vie éternelle. « Car celui qui a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges » (Mc 8,38). Par conséquent, nous nous engageons à renforcer la foi en confessant la vérité qui est Jésus-Christ Lui-même.

    Nous, évêques et prêtres, nous sommes plus particulièrement interpellés par cet avertissement que saint Paul, l'Apôtre de Jésus-Christ, adresse à son collaborateur et successeur Timothée : « Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Un temps viendra où les gens ne supporteront plus l’enseignement de la saine doctrine ; mais, au gré de leurs caprices, ils iront se chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la vérité pour se tourner vers des récits mythologiques. Mais toi, en toute chose garde la mesure, supporte la souffrance, fais ton travail d’évangélisateur, accomplis jusqu’au bout ton ministère » (2 Tm 4, 1-5).

    Que Marie, la Mère de Dieu, implore pour nous la grâce de demeurer fidèles à la vérité de Jésus-Christ sans vaciller.
    Unis dans la foi et la prière.

    Gerhard Cardinal Müllerhttps://webmail.bell.net/appsuite/#!&app=io.ox/mail&folder=default0/INBOX

     

    2- LE PAPE EST-IL HÉRÉTIQUE LORSQU'IL AFFIRME QUE LE PLURALISME RELIGIEUX EST UNE SAGE VOLONTÉ DIVINE?

    D'Arnaud Dumouch :
    Le pape François dit-il une hérésie : "le pluralisme religieux est une sage volonté divine" ?

    7 février 2019 : Le pape François se rend en voyage aux Emirats Arabes Unis et signe un document avec l’imam d'Al-Azhar contenant l'affirmation suivante : « le pluralisme religieux est une sage volonté divine ».

    Certains se sont écriés à l’hérésie, à l'humanisme béat. Ils se réfèrent au repère dogmatique suivant : « Hors le Christ, vrai Dieu fait homme, pas de salut ». Le pape renoncerait-il au commandement de Jésus d’annoncer l’évangile ? Qu’en est-il ?

    Il y a deux étapes dans cette vidéo 1° théologique et 2° pastorale, selon les directives du pape Benoît XVI lorsqu'on juge un apport nouveau :

    1° Rappel de la foi (c'est toujours à la lumière de la foi que doit être regardé ce qui paraît nouveau): 

    "Il n’y a pas de salut en dehors du Christ et de son Eglise" (Symbole Quicumque de saint Athanase). 

    "Tout homme qui arrive après la mort sans la charité (vertu théologale, clef du salut) est aussitôt conduit en enfer" (Constitution Benedictus Deus du pape Benoît XII) ».

    2° Rappel de la pastorale de Dieu sur son peuple : Dieu peut-il être conduit à diviser son peuple pour un temps, en vue d’éviter l’orgueil ? L’exemple de la tour de Babel, de la division du peuple Hébreu sous Salomon, des trois schismes dans l’Eglise suite à nos moments d’orgueil (voir les repentances de saint Jean-Paul II concernant l’histoire de l’Eglise en l’an 2000).

    Conclusion :

    Oui, la division et donc la multiplicité peut être "une sage volonté de Dieu". 

    Notre foi nous montre cependant que c’est une pastorale provisoire, une pastorale sur nous qui s'arrêtera lors de son retour dans la gloire selon ce texte : « Jean 10, 16 J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur. »

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/10/le-pape-est-il-heretique-lorsqu-il-affirme-que-le-pluralisme-6127699.html 

    3- «IL EST IMPOSSIBLE D’AVOIR DEUX FEMMES !
    SI LA PREMIÈRE UNION EST VALIDE,
    IL N’EST PAS POSSIBLE D’EN CONTRACTER UNE SECONDE EN MÊME TEMPS. »

    Le cardinal Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, continue à s’exprimer, notamment sur les questions familiales, dont l’approche « pastorale » suscite une perplexité qui ne fait que se renforcer. On notera la clarté et la fermeté des propos émis par le préfet. Le cardinal s’était également exprimé, il y a moins d’une semaine sur le statut des conférences épsicopales et leur rôle doctrinal: Riposte catholique s’était fait l’écho de cet entretien.

    Sur le prochain synode consacré à la famille, les propos du cardinal sont également nets:

    C’est justement le thème de la prochaine assemblée du Synode sur « la mission de la famille dans l’Église et dans le monde ». Une synthèse sera-t-elle possible entre les visions très différentes qui se sont opposées lors de la dernière assemblée ?

    Comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, j’ai la responsabilité de l’unité dans la foi. Je ne peux prendre parti. Mais les choses sont claires : nous avons les paroles de Jésus sur le mariage et leur interprétation authentique tout au long de l’histoire de l’Église – les conciles de Florence et Trente, la synthèse faite par Gaudium et spes et tout le magistère ultérieur…Théologiquement, tout est très clair. Nous sommes face à la sécularisation du mariage avec la séparation du mariage religieux et du pacte civil.

    Nous avons ainsi perdu les éléments constitutifs du mariage comme sacrement et comme institution naturelle. Le message de l’Église sur le mariage va à l’encontre de cette sécularisation. Nous devons retrouver les fondements naturels du mariage et souligner pour les baptisés la sacramentalité du mariage comme moyen pour la grâce d’irriguer les époux et toute la famille.

    Les questions étant insistantes – in fine, elles visent bien l’accès des divorcés dits remariés à la sainte communion… -, le cardinal Ludwig Müller répond fermement, rappelant notamment que discipline et doctrine ne sauraient être dissociées:

    Des changements disciplinaires sont-ils possibles sans toucher à la doctrine ?

    La discipline et la pastorale doivent agir en harmonie avec la doctrine. Celle-ci n’est pas une théorie platonique qui serait corrigée par la pratique, mais l’expression de la vérité révélée en Jésus-Christ.

    Sur la question des divorcés-remariés, ne peut-on imaginer, après un chemin de pénitence, de reconnaître une seconde union qui n’aurait pas de caractère sacramentel ?

    Il est impossible d’avoir deux femmes ! Si la première union est valide, il n’est pas possible d’en contracter une seconde en même temps. Un chemin de pénitence est possible, mais pas une seconde union. La seule possibilité est de retourner à la première union légitime, ou de vivre la seconde union comme frère et sœur : telle est la position de l’Église, en accord avec la volonté de Jésus. J’ajoute qu’il est toujours possible de chercher à obtenir une déclaration de nullité devant un tribunal ecclésiastique.

    Autres remarques sur la manière dont le mariage est vécu (ou conçu) par certains baptisés:

    la célébration du mariage n’est plus qu’un rite folklorique ; pour d’autres, elle a un sens sacramentel. C’est au tribunal de l’Église de prouver la vérité ou non du sacrement. Le droit canonique peut s’adapter aux situations concrètes.

    Des propos de bon sens qui traduisent bien le fait que des cardinaux et des évêques n’ont nulle envie de laisser proliférer des théories scabreuses…

    http://www.revue-item.com/10000/il-est-impossible-davoir-deux-femmes-cardinal-muller/

     

    4- LE MARIAGE NE SAURAIT ÊTRE DISSOUS PAR AUCUNE LOI HUMAINE

    L’article de la foi catholique selon lequel le mariage ne saurait être dissous par aucune loi humaine est d’origine « divine », et n’est pas un enseignement que la hiérarchie pourrait modifier par voie hiérarchique : voilà le cœur des propos du cardinal Gerhard-Ludwig Müller dans une interview à paraître prochainement sous forme de livre, évoqué ici et ici.

    L’entretien avec le journaliste espagnol Carlos Granados, directeur de la prestigieuse Biblioteca de Autores Cristianos de Madrid, a déjà paru sous le titre La Esperanza de la Familia en espagnol, et sera publié prochainement en italien, et en anglais par Ignatius Press.

    « L’indissolubilité absolue d’un mariage valide n’est pas une simple doctrine, c’est un dogme divin et définitif de l’Eglise », affirme le préfet de la Congrégation de la doctrine de la Foi, rappelant que l’idée selon laquelle des personnes divorcées seraient libre de se remarier et de fonder une nouvelle famille est « radicalement fausse », rapporte Hilary White de LifeSiteNews, dont je traduis assez largement l’article.

    « On ne serait décréter la mort d’un mariage au prétexte que l’amour entre époux serait “mort” », souligne le cardinal Müller. L’indissolubilité « ne dépend pas des sentiments humains, qu’ils soient permanents ou transitoires. Cette propriété du mariage résulte de l’intention de Dieu lui-même. Notre Seigneur est impliqué dans le mariage entre un homme et une femme, c’est la raison de l’existence du lien et de son origine en Dieu. C’est cela, la différence. »

    Le livre a pour but évident de préparer le Synode extraordinaire sur la famille qui aura lieu cet automne et dont l’une des controverses programmées semble devoir être l’accès à la communion sacramentelle des catholiques divorcés « remariés », comme l’a indiqué le choix du cardinal Kasper pour ouvrir le consistoire préparatif du Synode en février dernier. Le cardinal Kasper proposait alors l’accès des divorcés « remariés » à la communion après une période de « pénitence » – mais sans changement de leur choix de vie.

    Le cardinal Müller n’en est pas à sa première déclaration publique sur le sujet ; il a multiplié les charges contre cette idée erronée. Dans son entretien avec Carlos Granados, il affirme que l’Eglise propose une voie différente de celle « d’un monde violemment individualiste et subjectiviste ». Un monde où « le mariage n’est plus perçu comme un lieu où l’être humain puisse atteindre sa complétude, en partageant l’amour. »

    Il rappelle que les catholiques engagés dans le mariage sont « appelés à annoncer une nouvelle fois Dieu, la Trinité aimante ! ». « Nous devons annoncer le Dieu révélé qui nous appelle tous à faire partie de son être de relation », poursuit le cardinal.

    Le cardinal Kasper, lui, avait réitéré ses affirmations lors d’une interview au mois de mai en assurant que la solution proposée par l’Eglise, qui encourage les divorcés « remariés » à vivre ensemble dans la chasteté, est un idéal « héroïque » : « L’héroïsme ne vaut pas pour le chrétien moyen ». « J’ai beaucoup de respect pour ceux qui le font. Mais puis-je l’imposer ? C’est une autre question. Je dirais que les gens doivent faire ce qui leur est possible dans leur situation. » Il suit ainsi la ligne des évêques rebelles allemands qui voudraient voir changer la discipline de l’Eglise à leur sujet.

    Outre le livre du cardinal Müller, un autre livre signé par cinq cardinaux dont le nom n’a pas été révélé est en préparation en vue de réaffirmer la doctrine catholique du mariage en vue du Synode ; sa parution est programmée pour octobre

    http://www.revue-item.com/9477/le-cardinal-muller-et-la-famille/

     

    5- LE PAPE EST-IL HÉRÉTIQUE LORSQU'IL AFFIRME
    QUE LE PLURALISME RELIGIEUX EST UNE SAGE VOLONTÉ DIVINE?

    D'Arnaud Dumouch :

    Le pape François dit-il une hérésie : "le pluralisme religieux est une sage volonté divine" ?

    7 février 2019 : Le pape François se rend en voyage aux Emirats Arabes Unis et signe un document avec l’imam d'Al-Azhar contenant l'affirmation suivante : « le pluralisme religieux est une sage volonté divine ».

    Certains se sont écriés à l’hérésie, à l'humanisme béat. Ils se réfèrent au repère dogmatique suivant : « Hors le Christ, vrai Dieu fait homme, pas de salut ». Le pape renoncerait-il au commandement de Jésus d’annoncer l’évangile ? Qu’en est-il ?

    Il y a deux étapes dans cette vidéo 1° théologique et 2° pastorale, selon les directives du pape Benoît XVI lorsqu'on juge un apport nouveau :

    1° Rappel de la foi (c'est toujours à la lumière de la foi que doit être regardé ce qui paraît nouveau): 

    "Il n’y a pas de salut en dehors du Christ et de son Eglise" (Symbole Quicumque de saint Athanase). 

    "Tout homme qui arrive après la mort sans la charité (vertu théologale, clef du salut) est aussitôt conduit en enfer" (Constitution Benedictus Deus du pape Benoît XII) ».

    2° Rappel de la pastorale de Dieu sur son peuple : Dieu peut-il être conduit à diviser son peuple pour un temps, en vue d’éviter l’orgueil ? L’exemple de la tour de Babel, de la division du peuple Hébreu sous Salomon, des trois schismes dans l’Eglise suite à nos moments d’orgueil (voir les repentances de saint Jean-Paul II concernant l’histoire de l’Eglise en l’an 2000).

    Conclusion :

    Oui, la division et donc la multiplicité peut être "une sage volonté de Dieu". 

    Notre foi nous montre cependant que c’est une pastorale provisoire, une pastorale sur nous qui s'arrêtera lors de son retour dans la gloire selon ce texte : « Jean 10, 16 J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur. »

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/10/le-pape-est-il-heretique-lorsqu-il-affirme-que-le-pluralisme-6127699.html

     

    6- MGR ATHANASIUS SCHNEIDER RAPPELLE
    QUE LA FOI CHRÉTIENNE EST LA SEULE RELIGION VOULUE PAR DIEU

    Je vous propose bien volontiers ma traduction d'un texte que m'a communiqué Mgr Athanasius Schneider, paru sur Rorate-cæli et LifeSiteNews en anglais et sur Corrispondenza romana en italien. C'est une réaction au document d'Abou Dhabi signé au nom de la paix et de la lutte contre la violence par le pape François et l'imam al-Tayyeb de l'université Al-Azhar du Caire, dans lequel on peut lire que « les diversités de religion (…) sont une sage volonté divine ».
    Sans citer directement ce texte, l'évêque auxiliaire d'Astana rappelle la doctrine multi-séculaire de l'Eglise à ce sujet, fondée sur les paroles mêmes de Dieu. 
    On y remarquera de clairs rappels du Magistère et d'heureuses formules sur le « changement climatique » contre laquelle la lutte est la plus urgente : le « changement climatique spirituel ».
    Mgr Schneider rappelle aussi que si Dieu avait voulu la diversité des religions, et que saint Remi se fût conformé à cette « volonté », il n'y aurait pas eu de France, « Fille aînée de l'Eglise ».
    Plus fondamentalement, il conteste la notion faussée de l'homme « fils de Dieu », oublieuse de la nécessité de la foi et du baptême. – J.S.
    Le don de l’adoption filiale

    La foi chrétienne, seule religion valide et voulue par Dieu

    La Vérité de l'adoption filiale en Jésus-Christ, vérité intrinsèquement surnaturelle, constitue la synthèse de toute la Révélation divine. Etre adopté par Dieu comme fils constitue toujours un don gratuit de la grâce, le don le plus sublime de Dieu à l'humanité. On ne l'obtient, cependant, qu'à travers la foi personnelle en Jésus-Christ et par la réception du baptême, ainsi que le Seigneur l'a lui-même enseigné : « En vérité, en vérité, je te le dis, aucun homme, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit. Ne t’étonnes pas de ce que je t’ai dit : “Il faut que vous naissiez de nouveau.” » (Jn 3, 5-7).
    Au cours de  ces dernières décennies on a souvent entendu – y compris de la bouche de certains représentants de la hiérarchie de l'Eglise – des déclarations à propos de la théorie des « chrétiens anonymes ». Cette théorie affirme ce qui suit : la mission de l'Eglise dans le monde consisterait au bout du compte à faire naître la conscience que tous les hommes doivent avoir de leur salut en Jésus-Christ, et par voie de conséquence, de leur adoption filiale en Jésus-Christ. Car, selon cette même théorie, chaque être humain possède déjà la filiation divine dans les profondeurs de sa personnalité. Cependant, une telle théorie contredit directement la Révélation divine, telle que le Christ l'a enseignée, et que ses apôtres et l'Eglise l'ont toujours transmise au long de plus de 2.000 ans, sans changement et sans l'ombre d'un doute.
    Dans son essai Le mystère des juifs et des gentils dans l’Eglise (Die Kirche aus Juden und Heiden) Erik Peterson, converti et exégète bien connu, a depuis bien longtemps – c'était en 1933 – mis en garde contre le danger d'une telle théorie, affirmant que l'on ne peut réduire le fait d'être chrétien (« Christsein ») à l'ordre naturel, où les fruits de la rédemption acquise par Jésus-Christ seraient généralement imputés à chaque être humain comme une sorte d'héritage du seul fait que celui-ci partagerait la nature humaine avec le Verbe incarné. Mais l'adoption filiale en Jésus-Christ n'est pas un résultat automatique qui serait garanti par l'appartenance à la race humaine.
    Saint Athanase (cf. Oratio contra Arianos II, 59) nous a laissé une explication à la fois simple et pertinente à propos de la différence entre l'état naturel des hommes en tant que créatures de Dieu et la gloire de celui qui est fils de Dieu en Jésus-Christ. Saint Athanase tire son explication des paroles du saint Evangile selon saint Jean, qui affirment : « Mais, à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu ; à ceux qui croient en son nom, qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » Jean utilise l'expression « ils sont nés » pour dire que les hommes deviennent fils de Dieu non par nature, mais par adoption. Cela montre l'amour de Dieu, le fait que Celui qui est leur créateur devient aussi alors, par la grâce, leur Père. Cela se produit lorsque, comme le dit l'Apôtre, les hommes reçoivent dans leur cœur l'esprit du Fils incarné, qui crie en eux : « Abba, Père ! »
    Saint Athanase poursuit son explication en disant qu'en tant qu'être créé, les hommes ne peuvent devenir fils de Dieu que par la foi et le baptême, lorsqu'ils reçoivent l'Esprit du véritable Fils de Dieu, le Fils de Dieu par nature (verus et naturalis Filius Dei). C'est précisément pour cette raison que le Verbe est devenu chair, afin de rendre les hommes capables d'adoption en tant que fils de Dieu et de participation à la nature divine. Par conséquent, par nature, Dieu n'est pas au sens propre le Père de tous les êtres humains. C'est seulement si une personne accepte consciemment le Christ et est baptisée qu'elle pourra crier en vérité : « Abba, Père » (Rom 8, 15 ; Gal 4, 6).
    Depuis les débuts de l'Eglise cette affirmation a existée, comme en témoignait Tertullien : « On ne naît pas chrétien, mais on devient chrétien » (Apol., 18, 5). Et saint Cyprien de Carthage a formulé cette vérité avec justesse, en affirmant : « Il ne peut pas avoir Dieu pour père, celui qui n'a pas l'Eglise pour mère » (De unit., 6).

    La tâche la plus urgente de l'Eglise en notre temps est de se soucier du changement climatique spirituel et de la migration spirituelle, à savoir de ce que le climat de non croyance en Jésus-Christ, le climat du rejet de la royauté du Christ, puissent être changés en climat de foi explicite en Jésus-Christ, en climat d’acceptation de sa royauté, et que les hommes puissent migrer depuis la misère de l'esclavage spirituel de l'incroyance vers le bonheur d'être fils de Dieu, et depuis une vie de péché vers l'état de grâce sanctifiante. Voilà les migrants dont il est urgent que nous prenions soin.
    Le christianisme est la seule religion voulue par Dieu. Donc, il ne peut jamais être mis côte à côte avec les autres religions comme s'il en était complémentaire. Ceux-là violeraient la vérité de la révélation divine, telle qu'elle est affirmée sans équivoque dans le Premier commandement du Décalogue, qui affirmeraient que la diversité des religions est voulue par Dieu. Selon la volonté du Christ, la foi en lui et en son enseignement divin doit remplacer les autres religions, cependant non pas par la force, mais par la persuasion aimante, tel que cela est exprimé dans l’hymne des Laudes de la fête du Christ Roi : “Non Ille regna cladibus, non vi metuque subdidit : alto levatus stipite, amore traxit omnia” (« Il assujettit les peuples ni par l'épée, ni par la force ni la peur, mais élevé sur la croix Il attire amoureusement toutes choses à Lui »).
    Il n'y a qu'un chemin vers Dieu, et c'est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : « Je suis le chemin » (Jn 14, 6). Il n'y a qu'une vérité, et c'est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : « Je suis la vérité » (Jn 14, 6). Il n'y a qu'une vraie vie surnaturelle de l’âme, et c'est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : « Je suis la vie » (Jn, 14, 6).
    Le Fils incarné de Dieu a enseigné qu'en dehors de la foi en Lui il ne peut y avoir de religion vraie et agréable à Dieu : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jn, 10, 9). Dieu a commandé à tous les hommes, sans exception, d’écouter son Fils : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-Le ! » (Marc, 9, 7). Dieu n'a pas dit : « Vous pouvez écouter mon fils ou vous pouvez écouter d'autres fondateurs de religion, car c'est ma volonté qu’il y ait diverses religions. » Dieu nous a interdit de reconnaître la légitimité de la religion d'autres dieux : « Tu n’auras point d’autres dieux (étrangers) devant moi » (Ex. 20, 3) et : « Ne portez pas un même joug avec les infidèles ; car quelle union y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? ou quelle association entre la lumière et les ténèbres ? ou quel accord entre le Christ et Bélial ? ou quelle part entre le fidèle et l'infidèle ? quel rapport entre le temple de Dieu et les idoles ? » 52 Cor. 6, 14-16).
    Si d'autres religions correspondaient de la même manière à la volonté de Dieu, il n'y aurait jamais eu la condamnation divine de la religion du Veau d'or au temps de Moïse (cf. Ex. 32, 4-20) ; et s’il en était ainsi, les chrétiens d'aujourd'hui pourraient impunément cultiver la religion d'un nouveau Veau d'or, puisque toutes les religions sont, selon cette théorie, des chemins qui plaisent aussi à Dieu. Dieu a donné aux Apôtres, et à travers eux à l'Eglise, pour tous les temps, l'ordre solennel d'instruire toutes les nations et les croyants de toutes les religions dans l'unique Foi véritable, en leur apprenant à observer tous ses commandements divins et en les baptisant (cf. Mt. 28, 19-20). Depuis les prédications des Apôtres et du premier pape, l'apôtre saint Pierre, l'Eglise a toujours proclamé qu'il n'y a de salut en aucun autre nom, c'est-à-dire, en aucune foi sous le ciel, par lequel les hommes doivent être sauvés, mais au Nom et dans la Foi en Jésus-Christ (cf. Actes 4, 12).
    Avec les mots de saint Augustin l'Eglise a enseigné de tout temps [à propos de la religion chrétienne] : « Voilà cette religion qui nous ouvre la voie universelle de la délivrance de l’âme, voie unique, voie vraiment royale, par où on arrive à un royaume qui n’est pas chancelant comme ceux d’ici-bas, mais qui est appuyé sur le fondement inébranlable de l’éternité » (La Cité de Dieu, 10, 32, 1).
    Ces paroles du grand pape Léon XIII témoignent du même enseignement immuable du Magistère de tous les temps, lorsqu'il affirmait : « Mettre sur le pied de l'égalité toutes les formes religieuses (…) à lui seul, ce principe suffit à ruiner toutes les religions, et particulièrement la religion catholique, car, étant la seule véritable, elle ne peut, sans subir la dernière des injures et des injustices, tolérer que les autres religions lui soit égalées » (Encyclique Humanum genus n°16).
    A une époque récente, le Magistère a présenté en substance le même enseignement immuable dans le document Dominus Iesus (6 août, 2000), dont nous citons ces affirmations pertinentes :

    « Cette distinction n'est pas toujours présente dans la réflexion actuelle, ce qui provoque souvent l'identification entre la foi théologale, qui est l'accueil de la vérité révélée par le Dieu Un et Trine, et la croyance dans les autres religions, qui est une expérience religieuse encore à la recherche de la vérité absolue, et encore privée de l'assentiment à Dieu qui se révèle. C'est là l'un des motifs qui tendent à réduire, voire même à annuler, les différences entre le christianisme et les autres religions » (n° 7). 

    «  Les solutions qui envisageraient une action salvifique de Dieu hors de l'unique médiation du Christ seraient contraires à la foi chrétienne et catholique » (n° 14). 

    « On se propose souvent d'éviter en théologie des termes comme “unicité”, “universalité”, “absolu”, parce qu'ils donneraient l'impression d'une insistance excessive sur le sens et la valeur de l'événement salvifique de Jésus-Christ vis-à-vis des autres religions. Or, ce langage exprime en fin de compte la fidélité à la Révélation » (n° 15). 

    « Il serait clairement contraire à la foi catholique de considérer l'Eglise comme un chemin de salut parmi d'autres. Les autres religions seraient complémentaires à l'Eglise, lui seraient même substantiellement équivalentes, bien que convergeant avec elle vers le Royaume eschatologique de Dieu » (n° 21). 

    « Cette vérité de foi (…) exclut radicalement la mentalité indifférentiste “imprégnée d'un relativisme religieux qui porte à considérer que ‘toutes les religions se valent’ (Jean-Paul II, Lettre encyclique Redemptoris missio 36)” » (n° 22).

    On aurait épargné le martyre aux Apôtres et aux innombrables martyrs chrétiens de tous les temps, spécialement ceux des trois premiers siècles, s'ils avaient dit : « La religion païenne et son culte est un chemin qui correspond aussi à la volonté de Dieu. » Il n'y aurait pas eu par exemple de France chrétienne, pas de « Fille aînée de l'Eglise », si saint Remi avait dit à Clovis, roi des Francs : « Ne méprisez pas la religion païenne que vous avez adorée jusqu'à présent, et adorez désormais le Christ que vous avez persécuté jusqu'à maintenant. » Le saint évêque a en réalité parlé très différemment, même si c'est d'une manière assez rude : « Adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré. »
    La vraie fraternité universelle ne peut se réaliser qu’en Jésus-Christ, et précisément entre personnes baptisées. La pleine gloire de fils de Dieu ne sera atteinte que dans la vision béatifique de Dieu au ciel, comme l'enseigne la Sainte Ecriture : « Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et que nous le soyons en effet. Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce qu’il ne l’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes dès maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsque ce sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn 3, 1-2).
    Aucune autorité sur terre – pas même l'autorité suprême de l'Eglise – n’a le droit de dispenser les gens d'autres religions de la foi explicite en Jésus-Christ en tant que Fils incarné de Dieu et seul sauveur de l'humanité, et ce avec l'assurance que les différentes religions sont voulues en tant que telles par Dieu lui-même. Elles restent indélébiles – car écrites du doigt de Dieu et d’une clarté cristalline – les paroles du Fils de Dieu : « Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu » (Jn, 3, 18). Cette vérité a valu jusqu'à maintenant pour toutes les générations chrétiennes, et elle restera valide jusqu'à la fin des temps, indépendamment du fait que certaines personnes dans l'Eglise en notre temps si capricieux, si lâche, si avide de sensationnel et conformiste, réinterprète cette vérité dans un sens contraire à sa formulation évidente, présentant ainsi cette réinterprétation comme si elle constituait une continuité du développement de la doctrine.
    En dehors de la foi chrétienne, aucune autre religion ne peut être un chemin vrai, voulu par Dieu, puisque la volonté explicite de Dieu est celle-ci : que tous croient en son Fils : « La volonté de mon Père qui m’a envoyé, c’est que quiconque voit le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle » (Jn 6, 40). En dehors de la foi chrétienne, aucune autre religion n'est capable de transmettre la vraie vie surnaturelle : « Or la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ » (Jn, 17, 3).

    8 février 2019
    + Athanasius Schneider,évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Sainte-Marie à Astana
    https://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2019/02/mgr-athanasius-schneider-foi-chretienne-religion-voulue-Dieu.html

     

    1-0 EN DIRECT DU VATICAN + Aleteia + Zenit

    À LA UNE DE VATICAN NEWS LE VENDREDI 8 FÉVRIER 2019
    https://www.vaticannews.va/fr/newsletter/2019/02/newsletter-vatican-news-8-fevrier-2019.html 

    A LA UNE DE VATICAN NEWS LE 10 FÉVRIER 2019
    https://www.vaticannews.va/fr/newsletter/2019/02/newsletter-10-fevrier-2019.html 

    À LA UNE DE VATICAN NEWS LUNDI 11 FÉVRIER 2019
    https://www.vaticannews.va/fr/newsletter/2019/02/newsletter-vatican-news-11-fevrier-2019.html 

    ALETEIA24H. 9 FÉVRIER 2019
    Accès à tous les titres du jour :
    https://missionsetrangeres.com/eglises-asie/food-heroes-le-sorgho-contre-la-secheresse-dans-lile-de-flores/ 

    ALETEIA24H. 11 FÉVRIER 2019
    Accès à tous les titres du jour :
    http://r.newsletter3.aleteia.org/mk/mr/cF_bMjFAvNpa0TAuaZtL3nO_t7a6NZU8mEafmbb9ji-r_GZfxUYSAXlbjg4PWNBUAFuJ0ilMBozNYL9GFzXy8lgBE2i6wySx4JyLDGU0GjqF8XUfmGQ 

    ZENIT LE MONDE VU DE ROME

    Les titres du vendredi 8 février 2019 – #EnsembleContreLaTraiteDesPersonnes
    https://fr.zenit.org/articles/les-titres-du-vendredi-8-fevrier-2019-ensemblecontrelatraitedespersonnes/ 

    ZENIT LE MONDE VU DE ROME
    Les titres du samedi 9 février 2019 – Programme du voyage au Maroc
    https://fr.zenit.org/articles/les-titres-du-samedi-9-fevrier-2019-programme-du-voyage-au-maroc/ 

     

    2-0 PAPE FRANÇOIS ET ÉGLISE CATH. (& AUTRES)

     

    SAINTE-MARTHE: «DONNER SA VIE DANS L’AMOUR, LA VÉRITÉ, LA VIE QUOTIDIENNE, LA FAMILLE», HOMÉLIE

    Le pape François évoque les martyrs d’aujourd’hui

    Anita BourdinPape François

    « La vie a de la valeur quand elle est donnée, donnée dans l’amour, dans la vérité, donnée aux autres, dans la vie quotidienne, dans la famille. #SantaMarta » : c’est le tweet posté sur le compte du pape François, @Pontifex_fr, ce vendredi 7 février 2019.

    La phrase est tirée de son homélie pour la messe matinale en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe du Vatican. Il a évoqué les martyrs de notre époque.

    Le pape a méditer sur les quatre protagonistes de l’Évangile de ce jour sur la mort de saint Jean-Baptiste: le roi corrompu, la femme haineuse, la danseuse vaniteuse, et le prophète fidèle, rapporte Vatican News (Alessandro di Bussolo).

    Le récit met en scène quatre protagonistes: Hérode, le roi « corrompu et indécis», Hérodiade la femme de son frère, « qui ne savait que haïr », Salomé, « la danseuse vaniteuse », et le prophète décapité en prison.

    Le martyre de Jean-Baptiste

    C’est en méditant sur la vie donnée de saint Jean-Baptiste que le pape explique : la vie n’a de valeur que lorsqu’elle est donnée aux autres « dans l’amour, la vérité, la vie quotidienne, dans la famille ».

    Il revient sur la scène où les disciples de Jean viennent récupérer son corps  et lui donnent une sépulture : « Le plus grand finit ainsi », commente le pape qui précise que « Jean savait tout cela », il l’avait dit dès le début, en parlant de Jésus: « Il faut qu’il croisse et que je diminue », et lui s’est finalement « diminué jusqu’à la mort ». En tant que « précurseur du Christ » c’est lui qui le désigna à ses disciples, et sa lumière « s’est éteinte peu à peu », jusqu’à « l’obscurité de cette cellule », où, seul, en prison, il est décapité.

    Puis le pape médite sur les causes de ce martyre : « des attitudes humaines qui portent à prendre la vie d’un chrétien, d’une personne honnête et à en faire un martyr ».

    Le roi, corrompu

    Le roi Hérode croyait que « Jean était un prophète », « il l’écoutait volontiers », dit l’Evangile, et il voulait le ménager.

    Jean déplorait clairement son péché d’adultère : « Hérode entendait la voix de Dieu qui lui disait : “change de vie”, mais il ne parvenait pas à le faire. Le roi était corrompu, et il est difficile de sortir de la corruption ».

    Hérode tentait de jongler entre sa vie d’adultère, les nombreuses injustices qu’il accomplissait et sa conscience qui savait que Jean était un saint homme : c’était « insoluble ».

    Hérodiade, la haine

    Le pape rappelle qu’Hérodiade, la femme du frère du roi, tué par Hérode qui la convoitait, haïssait Jean, car il parlait clairement et il actualise la leçon à tirer: « Et nous savons tous que la haine est capable de tout, c’est une grande force. La haine est le souffle de satan. Il ne sait pas aimer, il ne peut pas. Son “amour”, c’est la haine. Et cette femme avait en elle l’esprit diabolique de la haine ».

    Salomé, la vanité

    A la fille d’Hérodiade, Salomé, dont la danse plut au roi et à ses commensaux du roi, le roi Hérode fait une promesse inconsidérée: « Je te donnerai tout ce que tu veux ». L’Evangile rapporte les paroles similaires du Tentateur à Jésus, fait observer le pape: « Si tu te prosternes devant moi, je te donnerai tous les royaumes de la terre ».

    Jean, une vie donnée

    Le pape démasque le ressort de cette mort tragique : « Derrière ces personnages, se cache le diable, semeur de haine dans le cœur d’Hérodiade, semeur de vanité dans le cœur de la jeune fille, semeur de corruption dans le cœur du roi ».C’est ainsi que  Jean meurt dans sa cellule, dans l’anonymat, « comme tant de nos martyrs », fait remarquer le pape. Et sa mort constitue le témoignage « d’un grand homme et d’un grand saint » : «La vie n’a de valeur que lorsqu’elle est donnée dans l’amour, dans la vérité, donnée aux autres, dans la vie quotidienne, dans la famille », conclut le pape François.

    https://fr.zenit.org/articles/sainte-marthe-donner-sa-vie-dans-lamour-la-verite-la-vie-quotidienne-la-famille-homelie/ 

    ORDONNER DES "ANCIENS" POUR ASSURER LE "MUNUS SANCTIFICANDI" ?

    De Maria Droujinina sur zenit.org :

    Ordonner des hommes âgés mariés : commentaires de L’Osservatore Romano

    La réflexion de Mgr Lobinger évoquée par le pape

    Ordonner « aux côtés des prêtres célibataires, des ‘anciens’, avec famille et profession, organisés en équipes », telle est l’idée de Mgr Fritz Lobinger, prêtre allemand fidei donum et évêque d’Aliwal en Afrique du Sud (1987 à 2005), présentée et analysée par L’Osservatore Romano en italien daté du 6 février 2019. Les « anciens », selon Mgr Lobinger, pourront célébrer la messe, administrer le sacrement de la réconciliation et donner l’onction des malades dans les endroits où sévit une pénurie de prêtres.

    Le pape François a suggéré de prendre en considération cette idée de l’évêque allemand âgé de quatre-vingt-dix ans, notant – au cours de la conférence de presse au retour du Panama – que son livre sur cette question était « intéressant ».

    Mgr Lobinger a développé sa proposition d’ordonner des « équipes d’anciens » dans plusieurs livres, notamment dans Priests for Tomorrow. A plea for teams of “Corinthian Priests” in the parishes (Prêtres pour demain. Un plaidoyer pour les équipes de « prêtres corinthiens » dans les paroisses, publié en anglais en 2004 et en italien en 2009)

    « L’ordination sacerdotale, a expliqué le pape François en faisant référence à cet ouvrage, donne les trois « munera » : le « munus regendi » (le pasteur qui guide), le « munus docendi » (le pasteur qui enseigne) et le « munus sanctificandi ». » L’évêque, a-t-il poursuivi, donnerait aux ‘anciens’, « seulement l’autorisation pour le ‘munus sanctificandi’. C’est la thèse … et cela peut peut-être aider à répondre le problème. » « Je crois, a ajouté le pape François, que le thème doit être ouvert en ce sens pour les lieux où il y a un problème pastoral à cause du manque de prêtres. »

    En fait, explique le quotidien du Vatican, Mgr Lobinger propose de réintroduire, aux côtés du prêtre traditionnel diocésain, un deuxième type de prêtre qui, selon lui, existait dans les premiers siècles de l’Église : un homme de foi éprouvée qui, ayant une famille et un travail, consacrait une partie de son temps aux services religieux de la paroisse. Les paroisses auraient toujours des groupes de prêtres disponibles pour présider les offices religieux. Ces hommes n’exerceraient pas le ministère individuellement, mais toujours en équipe.

    Mgr Lobinger a développé ces idées dans les années soixante-dix, en rencontrant des communautés sans prêtre résidant, mais guidées par des laïcs. Pour l’évêque allemand, l’engagement prioritaire est de construire des communautés chrétiennes authentiques, composées de personnes qui apprennent à collaborer et à partager des tâches. Il affirme que l’ordination des dirigeants locaux était la norme dans l’Église depuis des siècles. Dans les Actes des Apôtres (14, 23), nous lisons que, pour les nouvelles Églises, des « anciens » ont été désignés et qu’ils n’étaient pas invités de l’extérieur, mais faisaient partie de la communauté.

    L’évêque allemand admet qu’il ne serait pas facile de surmonter « l’habitude de disposer d’un curé de paroisse entièrement disponible pour sa communauté ». Sur ce chemin, insiste-t-il, le Nord et le Sud doivent marcher ensemble parce qu’ils dépendent l’un de l’autre. Les anciennes et les nouvelles Eglises doivent se comprendre, dans leurs situations respectives, pour trouver une solution avec laquelle tous seront d’accord.

    Dans l’avion, le pape François confiait : « C’est quelque chose qui est en débat parmi les théologiens mais ce n’est pas ma décision. Ma décision est : non au célibat optionnel avant le diaconat. C’est quelque chose qui vient de moi, c’est personnel, mais je ne le ferai pas, c’est clair. Suis-je quelqu’un de fermé ? Peut-être, mais je ne me sens pas de me mettre devant Dieu avec cette décision. » Mais, ajoutait-il, « je crois que le thème doit être ouvert en ce sens pour les lieux où il y a un problème pastoral à cause du manque de prêtres. Je ne dis pas qu’il faut le faire, je n’y ai pas réfléchi, je n’ai pas suffisamment prié sur ce point. Mais les théologiens en discutent, il faut qu’ils étudient ».

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/10/ordonner-des-anciens-pour-assurer-le-munus-sanctificandi-6127706.html 

    ÉDITORIAL: SIX ANS APRÈS LA RENONCIATION DE BENOÎT XVI, L’ACTUALITÉ D’UN MAGISTÈRE

    Le 11 février 2013 survenait une annonce sans précédent: un Souverain Pontife renonçait à sa charge pour raison d’âge, choisissant de continuer de vivre non loin de son successeur en tant que Pape «émérite». Mais ne retenir de lui que cet événement est une erreur à éviter.

    Andrea Tornielli – Cité du Vatican

    Six années sont passées depuis ce coup de tonnerre dans un ciel serein… La première renonciation d’un Pape pour raisons de santé et de vieillesse. Le 11 février 2013, Benoît XVI, alors presque arrivé au terme de la huitième année de son pontificat, annonçait sa volonté de quitter le ministère pétrinien à la fin du mois, parce qu’il ne se sentait plus en mesure de porter – physiquement et spirituellement – le poids du pontificat. Le poids d’un ministère qui, au cours du dernier siècle, a profondément changé en ce qui concerne les modalités de son exercice, avec l’ajout de célébrations, d’engagements, de rendez-vous et de voyages internationaux.

    Il a tant été dit et écrit à propos de cet événement qui marquera l’histoire de l’Église. Et l’on peut courir le risque de concentrer toute son attention uniquement sur ce geste humble et révolutionnaire, jusqu’à finir par faire passer au second plan le témoignage personnel et surtout le magistère de Benoît XVI. À propos du témoignage, étant donné le début maintenant imminent de la Rencontre pour la protection des mineurs qui réunira au Vatican avec le Pape François les présidents des Conférences épiscopales du monde entier, il convient de rappeler que c’est justement Benoît XVI qui a entamé les rencontres avec les victimes des abus. Des rencontres loin des caméras de télévision, des rencontres faites d’écoute, de prière et de pleurs. Bien sûr, ces rencontres se sont accompagnées de normes plus claires et décisives pour combattre la terrible plaie des abus. Mais il ne fait aucun doute que le changement de mentalité demandé avant tout aux évêques et aux supérieurs religieux passe par cette capacité à rencontrer les victimes et leurs familles, en se laissant blesser par leurs récits dramatiques, pour prendre conscience d’un phénomène qui ne pourra jamais être combattu seulement par des normes, des codes ou des ‘best practices’. 

    Concernant le magistère du Pape Benoît XVI, trop souvent ‘écrasé’ par des lectures réductrices et des clichés préconçus incapables d’en valoriser la richesse, la complexité et la fidélité à l’enseignement du Concile Œcuménique Vatican II, comment ne pas rappeler l’insistance sur le fait que l’Église «ne possède rien par elle-même face à Celui qui l’a fondée, de sorte qu’elle pourrait donc dire: nous avons fait cela très bien! Son sens consiste à être un instrument de la rédemption, à se laisser pénétrer par la parole de Dieu et à transformer le monde en l’introduisant dans l’union d’amour avec Dieu». À l’opposé, donc, du fait de mettre sa confiance dans les stratégies et les projets. L’Église, continuait Benoît XVI dans un discours prononcé à la Salle de concert de Fribourg-en-Brisgau en septembre 2011, «est là, où vraiment elle est elle-même, toujours en mouvement, se mettant continuellement au service de la mission, qu’elle a reçue du Seigneur. C’est pourquoi elle doit toujours s’ouvrir aux préoccupations du monde -auquel elle appartient-, se consacrer sans réserve à elles, pour continuer et rendre présent l’échange sacré qui a commencé avec l’Incarnation».

    Dans ce même discours, Benoît XVI mettait en garde contre la tendance contraire. Celle «d’une Église qui est satisfaite d’elle-même, qui s’installe dans ce monde, qui est autosuffisante et s’adapte aux critères du monde. Elle donne assez souvent à l’organisation et à l’institutionnalisation une importance plus grande qu’à son appel à l’ouverture vers Dieu et à ouvrir le monde à son prochain».  Par conséquent, le Souverain Pontife allemand montrait dans ce discours l’aspect positif de la sécularisation, qui a «contribué de façon essentielle à [la] purification et à [la] réforme intérieure» de l’Église, même en l’expropriant de ses biens et en supprimant ses privilèges. Car «libérée du fardeau et des privilèges matériels et politiques, l’Église peut se consacrer mieux et de manière vraiment chrétienne au monde entier ; elle peut être vraiment ouverte au monde. Elle peut à nouveau vivre avec plus d’aisance son appel au ministère de l’adoration de Dieu et au service du prochain», concluait Benoît XVI. 

    https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2019-02/editorial-andrea-tornielli-six-ans-renonciation-benoit-xvi.html 

    IL Y A 90 ANS, LES ACCORDS DU LATRAN RÉSOLVAIENT LA QUESTION ROMAINE

     « En mémoire de Pie XI. Un Pape fort et grand », par G. M. Vian (source)

    Sous le pontificat de Pie XI, les Pactes du Latran sanctionnaient la constitution de l’Etat de la Cité du Vatican.

    En 2009, à l’occasion de l’anniversaire des Pactes du Latran, L’Osservatore Romano en français du 10 février publiait cette réflexion de Giovanni Maria Vian, directeur de L’OR, sur la figure de Pie XI.

    Il fait état d’une rumeur infondée sur la mort du pape Pie XI : « C’est dans ce contexte que s’explique la légende selon laquelle le chef du fascisme aurait réussi à faire assassiner le pape, malade désormais depuis de nombreux mois ».

    Il rappelle qu’en 1959, Jean XXIII « démolit les fondements de ces interprétations romanesques (mais apparues parfois dans l’historiographie), récurrentes et privées de fondements, comme la présumée volonté du pape de dénoncer le Concordat avec l’Italie ou comme l’opposition entre Pie XI et son secrétaire d’Etat, Eugenio Pacelli, qui devait lui succéder sous le nom de Pie XII ».

    Achille Ratti, rappelle l’auteur, avait été ordonné prêtre en 1879 à Rome : « grâce à une solide formation intellectuelle et à un sens pratique dynamique, il dirigea successivement et de façon éminente deux des plus grandes institutions culturelles du monde, les bibliothèques ambrosienne » (à Milan) et vaticane.

    En 1918 il devint représentant pontifical à Varsovie, et nonce l’année suivante : une mission diplomatique très délicate « entre la guerre et les nationalismes, aux frontières du bouleversement bolchevique ».

    Cardinal en 1921, il ne fut archevêque de Milan pendant quelques mois. Sa devise ne dit-elle pas : « raptim transit ! » En effet, il fut élu, le 6 février 1922, pour succéder au pape Benoît XV.

    Pour G. M. Vian, ce fut « l’un des pontificats les plus difficiles du XXe siècle », car il dut faire face  « aux totalitarismes européens naissants (communisme, fascisme, nazisme) », mais aussi au « nouvel antisémitisme », à « la grande crise économique », à la « tragédie de la guerre d’Espagne » et aux « autres persécutions contre les chrétiens, de la Russie soviétique au Mexique ».

    Le pape Ratti fit preuve « d’un réalisme courageux, difficile et nécessaire », et son pontificat marqué par « une vaste politique concordataire » a été soutenu « par deux grands secrétaires d’Etat comme Pietro Gasparri et, à partir de 1930, Pacelli ».

    1. Vian explique la façon dont le pape Pie XI a répondu à ces multiples défis. « A la propagande des régimes totalitaires et du paganisme moderne, Pie XI réagit : en gouvernant l’Eglise avec vigueur, en portant un regard nouveau sur les missions et sur l’enracinement catholique hors des frontières de l’Europe, en affrontant le premier la question de la sexualité humaine, en renforçant l’engagement et la culture des catholiques ».

    Une réponse également spirituelle, « en multipliant les béatifications, les canonisations (entre autres, de Thérèse de Lisieux, don Bosco et Thomas More), les dévotions, les jubilés, les célébrations ». 

    Et médiatique : « En introduisant l’utilisation de la radio qui, pour la première fois, permit au souverain pontife de faire entendre sa voix dans le monde entier ».

    1. Vian souligne que la bénédiction Urbi et Orbi de la loggia de Saint-Pierre, est un geste que Pie XI a été le premier à reprendre : « Depuis le début du pontificat, en se présentant pour la bénédiction à la ville et au monde de la loggia de Saint-Pierre, pour la première fois après de nombreuses décennies, Pie XI fit comprendre qu’il serait le Pape de la Conciliation ».

    Le mot est lâché : il a donné son nom à la rue ouverte sous Mussolini entre le Tibre et la place Saint-Pierre la « Via della Conciliazione ».

    Cette « conciliation » « arriva avec les Accords du Latran » et fut accueillie positivement : ils furent en effet « immédiatement salués avec des accents de joie par Angelo Giuseppe Roncalli (futur Pape Jean XXIII), avec un réalisme clairvoyant par Alcide De Gasperi, bien que sortant de nombreux mois de prison en raison de son opposition politique au fascisme, et avec une certaine amertume par Giovanni Battista Montini, qui devait modifier de façon positive son jugement déjà en tant que cardinal, puis lorsqu’il devint pape sous le nom de Paul VI ».

    On se rappelle que depuis l’unité italienne de 1870 et l’invasion des Etats pontificaux, le pape était en quelque sorte prisonnier dans ses murs et ses Etats avaient été confisqués. La « question » dite « romaine » n’était pas résolue, depuis presque 60 ans. Les Accords du Latran mettent un terme à la situation en inventant une solution inédite.

    « Avec le Traité, le Concordat et la Convention financière entre l’Italie et le Saint-Siège, fut ainsi résolue la question romaine et naissait l’Etat du Vatican, base territoriale presque symbolique et pourtant réelle de l’indépendance du Saint-Siège », fait observer G. M. Vian.

    Il y eut des « crises » et des « tensions » surtout à deux reprises : « dès 1931, en raison de l’offensive fasciste contre les organisations catholiques » et « en 1938 en raison des lois raciales ».

    Mais la « paix religieuse » était consolidée et reconnue en 1947 par la l’Assemblée constituante, « qui inscrivit, avec une majorité beaucoup plus grande que nécessaire, les Accords du Latran dans la Constitution de la République italienne ».

    Le directeur de L’Ossevatore Romano salue une « entente positive entre Etat et Eglise », et même « solide précisément parce qu’elle est enracinée dans l’histoire italienne, qu’elle vise au bien de tous et qu’elle touche la dignité de toute personne humaine ».

    Il parle même de « volonté commune d’amitié », pour preuve l’accord de révision de 1984 et les relations entre l’Italie et le Saint-Siège sont même « si bonnes qu’elles peuvent être considérées comme exemplaires ».

    « Grâce à l’effort commun et à la collaboration de nombreuses personnes, croyantes et non-croyantes. Et sans aucun doute, à l’origine, grâce au courage clairvoyant de Pie XI », conclut G. M. Vian.

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/11/il-y-a-90-ans-les-accords-du-latran-resolvaient-la-question-6128000.html 

    LA RELATION ENTRE LE CHRISTIANISME ET LES AUTRES RELIGIONS

    Pour éclairer le débat remis à l’ordre du jour par le pape François, récent cosignataire d’une déclaration sur la fraternité universelle professant, sans nuance ni réserve, que le pluralisme et la diversité des religions résulteraient d’une sage volonté divine, il n’est peut—être pas inutile de verser au dossier une autre déclaration, intitulée « Dominus Iesus » : publiée par la congrégation pour la doctrine de la foi et approuvée par le pape Jean-Paul II le 16 juin 2000, elle a été commentée en ces termes par Joseph Ratzinger, alors cardinal-préfet de cette congrégation et futur pape Benoît XVI. Voici ce commentaire :

    « 1. Dans le débat contemporain animé sur la relation entre le christianisme et les autres religions, l'idée avance que toutes les religions sont pour leurs fidèles des moyens de salut également valides. Il s'agit d'une conviction désormais très répandue non seulement dans les milieux théologiques, mais aussi dans des secteurs de plus en plus vastes de l'opinion publique, catholique ou pas, en particulier celle qui est le plus influencée par la culture répandue aujourd'hui en Occident, qui peut être définie, sans crainte de démenti, avec le mot: relativisme.
    La théologie dite du pluralisme religieux, en vérité, s'était déjà graduellement mise en place depuis les années cinquante du XXe siècle, mais ce n'est qu'aujourd'hui qu'elle revêt une importance fondamentale pour la conscience chrétienne. Naturellement, ses configurations sont très différentes, et il serait erroné de vouloir grouper toutes les positions théologiques qui font référence à la théologie du pluralisme religieux dans le même système. 

    La Déclaration, donc, ne se propose pas de décrire les caractéristiques essentielles de ces tendances théologiques, et prétend encore moins les enfermer dans une formule unique. Notre document cherche plutôt à signaler quelques présupposés de nature tant philosophique que théologique qui sont à la base des différentes théologies du pluralisme religieux actuellement diffuses: la conviction du caractère insaisissable et ineffable en totalité de la vérité divine; l'attitude relativiste envers la vérité, de sorte que ce qui est vrai pour certains ne le serait pas pour d'autres; l'opposition radicale entre la mentalité logique occidentale et la mentalité symbolique orientale; le subjectivisme exaspéré de ceux qui considèrent la raison comme seule source de connaissance; le "vidage" métaphysique du mystère de l'incarnation; l'éclectisme de ceux dans la réflexion théologique assument des catégories issues d'autres systèmes philosophiques et religieux, sans tenir compte de leur cohérence interne ou de leur incompatibilité avec la foi chrétienne; la tendance, enfin, à interpréter les textes de l'Écriture en dehors de la Tradition et du Magistère de l'Eglise (cf. Déclaration Dominus Iesus, n.4).

    Quelle est la conséquence fondamentale de cette façon de penser et de sentir en relation avec le centre et le cœur de la foi chrétienne? C'est le rejet substantiel (ndt: en substance) de l'identification de l'unique personnage historique, Jésus de Nazareth, avec la réalité de Dieu, du Dieu vivant. 

    Ce qui est absolu, ou celui qui est l'Absolu, ne peut jamais se donner dans l'histoire en une révélation pleine et définitive. Dans l'histoire il n'y a eu que des modèles, des figures idéales (symboliques) qui nous renvoient à un Totalement Autre, qui, cependant, ne peut être "saisi" comme tel dans l'histoire. Certains théologiens plus modérés confessent que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, mais estiment qu'en raison de la limitation de la nature humaine de Jésus, la révélation de Dieu en lui ne peut pas être considérée comme complète et définitive, mais doit toujours être considérés en relation avec d'autres possibles révélations de Dieu exprimées dans les génies religieux de l'humanité et dans les fondateurs des religions du monde. De cette façon, objectivement parlant, on introduit l'idée erronée que les religions du monde sont complémentaires à la révélation chrétienne. Il est donc clair que l'Eglise, le dogme, les sacrements ne peuvent pas avoir la valeur de nécessité absolue. Attribuer à ces moyens finis un caractère absolu et même les considérer comme un instrument pour une véritable rencontre avec la vérité de Dieu, universellement valable, signifierait placer sur un plan absolue ce qui est particulier, et déformer la réalité infinie du Dieu Totalement Autre.
    Sur la base de ces concepts, considérer qu'il y a une vérité universelle, obligatoire et valable dans l'histoire elle-même, qui se réalise dans la personne de Jésus-Christ et est transmise par la foi de l'Eglise, est considéré comme une sorte de fondamentalisme qui constituerait un attentat contre l'esprit moderne et représenterait une menace pour la tolérance et la liberté. 

    Le concept même de dialogue prend un sens radicalement différent de celui prévu dans le Concile Vatican II. Le dialogue, ou plutôt l'"idéologie du dialogue" se substitue à la "mission" et à "l'urgence de l'appel à la conversion": le dialogue n'est plus le moyen de découvrir la vérité, le processus par lequel on communique à l'autre la profondeur cachée de ce qu'il a vécu dans son expérience religieuse, mais qui attend d'être accompli et purifié dans la rencontre avec la révélation définitive et complète de Dieu en Jésus-Christ; le dialogue dans les nouveaux concepts idéologiques, qui ont malheureusement pénétré même au sein du monde catholique et certains milieux théologiques et culturelle, est au contraire l'essence du "dogme" relativiste et l'opposé de la «conversion» et de la «mission». Dans la pensée relativiste, dialogue signifie mettre sur le même plan sa propre position ou sa propre foi et les croyances des autres, de sorte que tout se réduit à un échange entre des positions égales et donc relatives entre elles, dans le but d'atteindre le maximum de collaboration et d'intégration entre les différentes conceptions religieuses.
    La dissolution de la christologie et donc de l'ecclésiologie, qui lui est subordonnée mais est inséparablement liée à elle, devient donc la conclusion logique d'une telle philosophie relativiste, qui, paradoxalement, se retrouve à la fois à la base de la pensée post-métaphysique de l'Occident et de la théologie négative de l'Asie. Le résultat est que la figure de Jésus Christ perd son caractère d'unicité et d'universalité salvifique. 

    Le fait, ensuite, que le relativisme se présente à l'enseigne de la rencontre entre les cultures, comme la vraie philosophie de l'humanité, en mesure de garantir la tolérance et la démocratie, conduit à marginaliser davantage ceux qui persistent dans la défense de l'identité chrétienne et dans sa prétention à répandre la vérité universelle et salvifique de Jésus-Christ. 

    En réalité, la critique de la prétention au caractère absolu et définitif de la révélation de Jésus-Christ selon la foi chrétienne, s'accompagne d'une fausse notion de tolérance. Le principe de la tolérance, comme expression du respect de la liberté de conscience, de pensée et de religion, défendu et promu par le Concile Vatican II, et encore répété dans la Déclaration, est une position éthique fondamentale, présente dans l'essence du Credo chrétien, car il prend au sérieux la liberté de la décision de foi. Mais ce principe de tolérance et de respect de la liberté est aujourd'hui manipulé et indûment outrepassé, quand il s'étend à l'appréciation du contenu, comme si tous les contenus des différentes religions et même des conceptions a-religieuses de la vie devaient être placées sur le même plan, et qu'il n'existait plus une vérité objective et universelle, puisque Dieu ou l'Absolu se révéleraient sous d'innombrables noms, mais que tous les noms seraient vrais. Cette fausse idée de tolérance est liée à la perte et au renoncement à la question de la vérité, qui est en effet désormais considérée par beaucoup comme une question sans importance, ou secondaire. La faiblesse intellectuelle de la culture actuelle est ainsi mise en lumière: la question de la vérité venant à manquer, l'essence de la religion ne se différencie plus de sa «non-essence», la foi ne se distingue plus de la superstition, l'expérience de l'illusion. Enfin, sans une sérieuse prétention à la vérité, même l'appréciation des autres religions devient absurde et contradictoire, parce qu'on ne possède pas le critère pour voir ce qui est positif dans une religion, le distinguant de ce qui est négatif ou le résultat de la superstition et de la tromperie.
    2. À ce propos, la Déclaration reprend l'enseignement de Jean-Paul II dans l'Encyclique Redemptoris Missio: «Ce que l'Esprit fait dans le cœur de l'homme et dans l'histoire des peuples, des cultures et des religions, assume un rôle de préparation à l'Évangile» (RM 29 ).

    Ce texte fait explicitement référence à l'action de l'Esprit, non seulement «dans le cœur des hommes», mais aussi «dans les religions». Cependant, le contexte place cette action de l'Esprit dans le mystère du Christ, dont elle ne peut jamais être séparée; en outre, les religions sont juxtaposées à l'histoire et aux cultures des peuples, où le mélange entre le bien et le mal ne peut jamais être mis en doute. Donc, doit être considéré comme praeparatio evangelica non pas tout ce qui peut être trouvé dans les religions, mais seulement «ce que l'Esprit opère» en elles. Il en résulte une conséquence très importante: le chemin vers le salut est le bien présent dans les religions, comme œuvre de l'Esprit du Christ, mais pas les religions en tant que telles. Ceci est du reste confirmé par la doctrine de Vatican II en ce qui concerne les graines de la vérité et de la bonté présentes dans d'autres religions et cultures, exposées dans la déclaration conciliaire Nostra Aetate: «L'Église ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces modes de conduite et de vie, ces préceptes et ces doctrines qui, quoiqu'elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu'elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes »(NA, 2). Tout ce qui existe de vrai et de bon dans les religions ne doit pas être perdu, et doit même être reconnu et valorisé. Le bien et la vérité, partout où il se trouve, provient du Père et est l'œuvre de l'Esprit; les graines des logos sont répandus partout. Mais nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les erreurs et les pièges qui sont également présents dans les religions. La Constitution dogmatique Lumen Gentium du Concile Vatican II elle-même affirme: «Très souvent les hommes, trompés par le Malin, errent dans leurs pensées, et ont échangé la vérité divine avec le mensonge, servant la créature au lieu du Créateur» (LG, 16).
    Il est compréhensible que, dans un monde qui croît de plus en plus ensemble (qui s'interpénètre de plus en plus), les religions et les cultures aussi se rencontrent. Cela mène non seulement à un rapprochement extérieur des hommes de diverses religions, mais aussi à un intérêt croissant vers les mondes religieux inconnus. En ce sens, c'est-à-dire aux fins de la compréhension réciproque, il est légitime de parler d'enrichissement mutuel. Cela n'a rien à voir avec l'abandon de la prétention, de la part de la foi chrétienne, d'avoir reçu en don de Dieu dans le Christ la révélation définitive et complète du mystère du salut, et même doit être exclue cette mentalité indifférentiste empreinte de relativisme religieuse qui conduit à la conviction qu' «une religion vaut l'autre» (Lettre apostolique Enc. Redemptoris Missio, 36).
    L'estime et le respect envers les religions du monde, ainsi qu'envers les cultures qui ont apporté un enrichissement objectif à la promotion de la dignité de l'homme et au développement de la civilisation, ne diminuent pas l'originalité et l'unicité de la révélation de Jésus-Christ, et ne limite en aucune façon la tâche missionnaire de l'Eglise: «L'Eglise annonce et est tenue d'annoncer sans cesse le Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie (Jn 14,16) en qui les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu a réconcilié toutes choses à lui-même »(Nostra Aetate, 2). 

    Dans le même temps, ces simples mots indiquent le motif de la conviction que la plénitude, l'universalité et l'accomplissement de la révélation de Dieu ne sont présents que dans la foi chrétienne. Cette raison ne réside pas dans une prétendue préférence accordée aux membres de l'Église, ni dans les résultats historiques atteints par l'Eglise dans son pèlerinage terrestre, mais le mystère de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, présent dans l'Église. L'affirmation d'unicité et d'universalité salvifique du christianisme provient essentiellement du mystère de Jésus Christ qui continue sa présence dans l'Église, son Corps et son Epouse. C'est pourquoi l'Église se sent engagée, constitutivement, dans l'évangélisation des peuples. Même dans le contexte actuel, marqué par la pluralité des religions et par l'exigence de liberté de décision et de pensée, l'Église est consciente d'être appelée «à sauver et renouveler chaque créature, afin que toutes choses soient restaurés dans le Christ et que les hommes constituent en lui une seule famille et un seul peuple »(Décret Ad Gentes 1).
    Réaffirmant les vérité que la foi de l'Eglise a toujours crues et tenues sur ces sujets, et préservant les fidèles d'erreurs ou d'interprétations ambiguës actuellement répandues, la déclaration «Dominus Iesus» de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, approuvée et confirmée certa scientia e apostolica sua auctoritate par le Saint-Père lui-même, joue un double rôle: d'une part, elle se présente comme un témoignage supplémentaire et renouvelé faisant autorité pour montrer au monde «la splendeur de l'Évangile glorieux du Christ» (2 Co 4,4); et de l'autre, elle indique comme contraignante (obligatoire) à tous les fidèles la doctrine de base indispensable qui doit guider, inspirer et orienter tant la réflexion théologique que l'action pastorale et missionnaire de toutes les communautés catholiques à travers le monde ».

    (traduction de l’italien, publiée en son temps par le site web « Benoît et moi » )  

    Ref contexte et signification de la déclaration "Dominus Iesus"

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/10/la-relation-entre-le-christianisme-et-les-autres-religions-6127881.html 

    LE PAPE EST-IL HÉRÉTIQUE LORSQU'IL AFFIRME QUE LE PLURALISME RELIGIEUX EST UNE SAGE VOLONTÉ DIVINE?

    D'Arnaud Dumouch :

    Le pape François dit-il une hérésie : "le pluralisme religieux est une sage volonté divine" ?

    7 février 2019 : Le pape François se rend en voyage aux Emirats Arabes Unis et signe un document avec l’imam d'Al-Azhar contenant l'affirmation suivante : « le pluralisme religieux est une sage volonté divine ».

    Certains se sont écriés à l’hérésie, à l'humanisme béat. Ils se réfèrent au repère dogmatique suivant : « Hors le Christ, vrai Dieu fait homme, pas de salut ». Le pape renoncerait-il au commandement de Jésus d’annoncer l’évangile ? Qu’en est-il ?

    Il y a deux étapes dans cette vidéo 1° théologique et 2° pastorale, selon les directives du pape Benoît XVI lorsqu'on juge un apport nouveau :

    1° Rappel de la foi (c'est toujours à la lumière de la foi que doit être regardé ce qui paraît nouveau): 

    "Il n’y a pas de salut en dehors du Christ et de son Eglise" (Symbole Quicumque de saint Athanase). 

    "Tout homme qui arrive après la mort sans la charité (vertu théologale, clef du salut) est aussitôt conduit en enfer" (Constitution Benedictus Deus du pape Benoît XII) ».

    2° Rappel de la pastorale de Dieu sur son peuple : Dieu peut-il être conduit à diviser son peuple pour un temps, en vue d’éviter l’orgueil ? L’exemple de la tour de Babel, de la division du peuple Hébreu sous Salomon, des trois schismes dans l’Eglise suite à nos moments d’orgueil (voir les repentances de saint Jean-Paul II concernant l’histoire de l’Eglise en l’an 2000).

    Conclusion :

    Oui, la division et donc la multiplicité peut être "une sage volonté de Dieu". 

    Notre foi nous montre cependant que c’est une pastorale provisoire, une pastorale sur nous qui s'arrêtera lors de son retour dans la gloire selon ce texte : « Jean 10, 16 J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur. »

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/10/le-pape-est-il-heretique-lorsqu-il-affirme-que-le-pluralisme-6127699.html 

    MGR ATHANASIUS SCHNEIDER RAPPELLE QUE LA FOI CHRÉTIENNE EST LA SEULE RELIGION VOULUE PAR DIEU (TRADUCTION INTÉGRALE)

    Je vous propose bien volontiers ma traduction d'un texte que m'a communiqué Mgr Athanasius Schneider, paru sur Rorate-cæli et LifeSiteNews en anglais et sur Corrispondenza romana en italien. C'est une réaction au document d'Abou Dhabi signé au nom de la paix et de la lutte contre la violence par le pape François et l'imam al-Tayyeb de l'université Al-Azhar du Caire, dans lequel on peut lire que « les diversités de religion (…) sont une sage volonté divine ».
    Sans citer directement ce texte, l'évêque auxiliaire d'Astana rappelle la doctrine multi-séculaire de l'Eglise à ce sujet, fondée sur les paroles mêmes de Dieu. 
    On y remarquera de clairs rappels du Magistère et d'heureuses formules sur le « changement climatique » contre laquelle la lutte est la plus urgente : le « changement climatique spirituel ».
    Mgr Schneider rappelle aussi que si Dieu avait voulu la diversité des religions, et que saint Remi se fût conformé à cette « volonté », il n'y aurait pas eu de France, « Fille aînée de l'Eglise ».
    Plus fondamentalement, il conteste la notion faussée de l'homme « fils de Dieu », oublieuse de la nécessité de la foi et du baptême. – J.S.
    Le don de l’adoption filiale

    La foi chrétienne, seule religion valide et voulue par Dieu

    La Vérité de l'adoption filiale en Jésus-Christ, vérité intrinsèquement surnaturelle, constitue la synthèse de toute la Révélation divine. Etre adopté par Dieu comme fils constitue toujours un don gratuit de la grâce, le don le plus sublime de Dieu à l'humanité. On ne l'obtient, cependant, qu'à travers la foi personnelle en Jésus-Christ et par la réception du baptême, ainsi que le Seigneur l'a lui-même enseigné : « En vérité, en vérité, je te le dis, aucun homme, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit. Ne t’étonnes pas de ce que je t’ai dit : “Il faut que vous naissiez de nouveau.” » (Jn 3, 5-7).
    Au cours de  ces dernières décennies on a souvent entendu – y compris de la bouche de certains représentants de la hiérarchie de l'Eglise – des déclarations à propos de la théorie des « chrétiens anonymes ». Cette théorie affirme ce qui suit : la mission de l'Eglise dans le monde consisterait au bout du compte à faire naître la conscience que tous les hommes doivent avoir de leur salut en Jésus-Christ, et par voie de conséquence, de leur adoption filiale en Jésus-Christ. Car, selon cette même théorie, chaque être humain possède déjà la filiation divine dans les profondeurs de sa personnalité. Cependant, une telle théorie contredit directement la Révélation divine, telle que le Christ l'a enseignée, et que ses apôtres et l'Eglise l'ont toujours transmise au long de plus de 2.000 ans, sans changement et sans l'ombre d'un doute.
    Dans son essai Le mystère des juifs et des gentils dans l’Eglise (Die Kirche aus Juden und Heiden) Erik Peterson, converti et exégète bien connu, a depuis bien longtemps – c'était en 1933 – mis en garde contre le danger d'une telle théorie, affirmant que l'on ne peut réduire le fait d'être chrétien (« Christsein ») à l'ordre naturel, où les fruits de la rédemption acquise par Jésus-Christ seraient généralement imputés à chaque être humain comme une sorte d'héritage du seul fait que celui-ci partagerait la nature humaine avec le Verbe incarné. Mais l'adoption filiale en Jésus-Christ n'est pas un résultat automatique qui serait garanti par l'appartenance à la race humaine.
    Saint Athanase (cf. Oratio contra Arianos II, 59) nous a laissé une explication à la fois simple et pertinente à propos de la différence entre l'état naturel des hommes en tant que créatures de Dieu et la gloire de celui qui est fils de Dieu en Jésus-Christ. Saint Athanase tire son explication des paroles du saint Evangile selon saint Jean, qui affirment : « Mais, à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu ; à ceux qui croient en son nom, qui ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » Jean utilise l'expression « ils sont nés » pour dire que les hommes deviennent fils de Dieu non par nature, mais par adoption. Cela montre l'amour de Dieu, le fait que Celui qui est leur créateur devient aussi alors, par la grâce, leur Père. Cela se produit lorsque, comme le dit l'Apôtre, les hommes reçoivent dans leur cœur l'esprit du Fils incarné, qui crie en eux : « Abba, Père ! »
    Saint Athanase poursuit son explication en disant qu'en tant qu'être créé, les hommes ne peuvent devenir fils de Dieu que par la foi et le baptême, lorsqu'ils reçoivent l'Esprit du véritable Fils de Dieu, le Fils de Dieu par nature (verus et naturalis Filius Dei). C'est précisément pour cette raison que le Verbe est devenu chair, afin de rendre les hommes capables d'adoption en tant que fils de Dieu et de participation à la nature divine. Par conséquent, par nature, Dieu n'est pas au sens propre le Père de tous les êtres humains. C'est seulement si une personne accepte consciemment le Christ et est baptisée qu'elle pourra crier en vérité : « Abba, Père » (Rom 8, 15 ; Gal 4, 6).
    Depuis les débuts de l'Eglise cette affirmation a existée, comme en témoignait Tertullien : « On ne naît pas chrétien, mais on devient chrétien » (Apol., 18, 5). Et saint Cyprien de Carthage a formulé cette vérité avec justesse, en affirmant : « Il ne peut pas avoir Dieu pour père, celui qui n'a pas l'Eglise pour mère » (De unit., 6).

    La tâche la plus urgente de l'Eglise en notre temps est de se soucier du changement climatique spirituel et de la migration spirituelle, à savoir de ce que le climat de non croyance en Jésus-Christ, le climat du rejet de la royauté du Christ, puissent être changés en climat de foi explicite en Jésus-Christ, en climat d’acceptation de sa royauté, et que les hommes puissent migrer depuis la misère de l'esclavage spirituel de l'incroyance vers le bonheur d'être fils de Dieu, et depuis une vie de péché vers l'état de grâce sanctifiante. Voilà les migrants dont il est urgent que nous prenions soin.
    Le christianisme est la seule religion voulue par Dieu. Donc, il ne peut jamais être mis côte à côte avec les autres religions comme s'il en était complémentaire. Ceux-là violeraient la vérité de la révélation divine, telle qu'elle est affirmée sans équivoque dans le Premier commandement du Décalogue, qui affirmeraient que la diversité des religions est voulue par Dieu. Selon la volonté du Christ, la foi en lui et en son enseignement divin doit remplacer les autres religions, cependant non pas par la force, mais par la persuasion aimante, tel que cela est exprimé dans l’hymne des Laudes de la fête du Christ Roi : “Non Ille regna cladibus, non vi metuque subdidit : alto levatus stipite, amore traxit omnia” (« Il assujettit les peuples ni par l'épée, ni par la force ni la peur, mais élevé sur la croix Il attire amoureusement toutes choses à Lui »).
    Il n'y a qu'un chemin vers Dieu, et c'est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : « Je suis le chemin » (Jn 14, 6). Il n'y a qu'une vérité, et c'est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : « Je suis la vérité » (Jn 14, 6). Il n'y a qu'une vraie vie surnaturelle de l’âme, et c'est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : « Je suis la vie » (Jn, 14, 6).
    Le Fils incarné de Dieu a enseigné qu'en dehors de la foi en Lui il ne peut y avoir de religion vraie et agréable à Dieu : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé » (Jn, 10, 9). Dieu a commandé à tous les hommes, sans exception, d’écouter son Fils : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-Le ! » (Marc, 9, 7). Dieu n'a pas dit : « Vous pouvez écouter mon fils ou vous pouvez écouter d'autres fondateurs de religion, car c'est ma volonté qu’il y ait diverses religions. » Dieu nous a interdit de reconnaître la légitimité de la religion d'autres dieux : « Tu n’auras point d’autres dieux (étrangers) devant moi » (Ex. 20, 3) et : « Ne portez pas un même joug avec les infidèles ; car quelle union y a-t-il entre la justice et l'iniquité ? ou quelle association entre la lumière et les ténèbres ? ou quel accord entre le Christ et Bélial ? ou quelle part entre le fidèle et l'infidèle ? quel rapport entre le temple de Dieu et les idoles ? » 52 Cor. 6, 14-16).
    Si d'autres religions correspondaient de la même manière à la volonté de Dieu, il n'y aurait jamais eu la condamnation divine de la religion du Veau d'or au temps de Moïse (cf. Ex. 32, 4-20) ; et s’il en était ainsi, les chrétiens d'aujourd'hui pourraient impunément cultiver la religion d'un nouveau Veau d'or, puisque toutes les religions sont, selon cette théorie, des chemins qui plaisent aussi à Dieu. Dieu a donné aux Apôtres, et à travers eux à l'Eglise, pour tous les temps, l'ordre solennel d'instruire toutes les nations et les croyants de toutes les religions dans l'unique Foi véritable, en leur apprenant à observer tous ses commandements divins et en les baptisant (cf. Mt. 28, 19-20). Depuis les prédications des Apôtres et du premier pape, l'apôtre saint Pierre, l'Eglise a toujours proclamé qu'il n'y a de salut en aucun autre nom, c'est-à-dire, en aucune foi sous le ciel, par lequel les hommes doivent être sauvés, mais au Nom et dans la Foi en Jésus-Christ (cf. Actes 4, 12).
    Avec les mots de saint Augustin l'Eglise a enseigné de tout temps [à propos de la religion chrétienne] : « Voilà cette religion qui nous ouvre la voie universelle de la délivrance de l’âme, voie unique, voie vraiment royale, par où on arrive à un royaume qui n’est pas chancelant comme ceux d’ici-bas, mais qui est appuyé sur le fondement inébranlable de l’éternité » (La Cité de Dieu, 10, 32, 1).
    Ces paroles du grand pape Léon XIII témoignent du même enseignement immuable du Magistère de tous les temps, lorsqu'il affirmait : « Mettre sur le pied de l'égalité toutes les formes religieuses (…) à lui seul, ce principe suffit à ruiner toutes les religions, et particulièrement la religion catholique, car, étant la seule véritable, elle ne peut, sans subir la dernière des injures et des injustices, tolérer que les autres religions lui soit égalées » (Encyclique Humanum genus n°16).
    A une époque récente, le Magistère a présenté en substance le même enseignement immuable dans le document Dominus Iesus (6 août, 2000), dont nous citons ces affirmations pertinentes :

    « Cette distinction n'est pas toujours présente dans la réflexion actuelle, ce qui provoque souvent l'identification entre la foi théologale, qui est l'accueil de la vérité révélée par le Dieu Un et Trine, et la croyance dans les autres religions, qui est une expérience religieuse encore à la recherche de la vérité absolue, et encore privée de l'assentiment à Dieu qui se révèle. C'est là l'un des motifs qui tendent à réduire, voire même à annuler, les différences entre le christianisme et les autres religions » (n° 7). 

    «  Les solutions qui envisageraient une action salvifique de Dieu hors de l'unique médiation du Christ seraient contraires à la foi chrétienne et catholique » (n° 14). 

    « On se propose souvent d'éviter en théologie des termes comme “unicité”, “universalité”, “absolu”, parce qu'ils donneraient l'impression d'une insistance excessive sur le sens et la valeur de l'événement salvifique de Jésus-Christ vis-à-vis des autres religions. Or, ce langage exprime en fin de compte la fidélité à la Révélation » (n° 15). 

    « Il serait clairement contraire à la foi catholique de considérer l'Eglise comme un chemin de salut parmi d'autres. Les autres religions seraient complémentaires à l'Eglise, lui seraient même substantiellement équivalentes, bien que convergeant avec elle vers le Royaume eschatologique de Dieu » (n° 21). 

    « Cette vérité de foi (…) exclut radicalement la mentalité indifférentiste “imprégnée d'un relativisme religieux qui porte à considérer que ‘toutes les religions se valent’ (Jean-Paul II, Lettre encyclique Redemptoris missio 36)” » (n° 22).

    On aurait épargné le martyre aux Apôtres et aux innombrables martyrs chrétiens de tous les temps, spécialement ceux des trois premiers siècles, s'ils avaient dit : « La religion païenne et son culte est un chemin qui correspond aussi à la volonté de Dieu. » Il n'y aurait pas eu par exemple de France chrétienne, pas de « Fille aînée de l'Eglise », si saint Remi avait dit à Clovis, roi des Francs : « Ne méprisez pas la religion païenne que vous avez adorée jusqu'à présent, et adorez désormais le Christ que vous avez persécuté jusqu'à maintenant. » Le saint évêque a en réalité parlé très différemment, même si c'est d'une manière assez rude : « Adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré. »
    La vraie fraternité universelle ne peut se réaliser qu’en Jésus-Christ, et précisément entre personnes baptisées. La pleine gloire de fils de Dieu ne sera atteinte que dans la vision béatifique de Dieu au ciel, comme l'enseigne la Sainte Ecriture : « Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et que nous le soyons en effet. Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce qu’il ne l’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes dès maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsque ce sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn 3, 1-2).
    Aucune autorité sur terre – pas même l'autorité suprême de l'Eglise – n’a le droit de dispenser les gens d'autres religions de la foi explicite en Jésus-Christ en tant que Fils incarné de Dieu et seul sauveur de l'humanité, et ce avec l'assurance que les différentes religions sont voulues en tant que telles par Dieu lui-même. Elles restent indélébiles – car écrites du doigt de Dieu et d’une clarté cristalline – les paroles du Fils de Dieu : « Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu » (Jn, 3, 18). Cette vérité a valu jusqu'à maintenant pour toutes les générations chrétiennes, et elle restera valide jusqu'à la fin des temps, indépendamment du fait que certaines personnes dans l'Eglise en notre temps si capricieux, si lâche, si avide de sensationnel et conformiste, réinterprète cette vérité dans un sens contraire à sa formulation évidente, présentant ainsi cette réinterprétation comme si elle constituait une continuité du développement de la doctrine.
    En dehors de la foi chrétienne, aucune autre religion ne peut être un chemin vrai, voulu par Dieu, puisque la volonté explicite de Dieu est celle-ci : que tous croient en son Fils : « La volonté de mon Père qui m’a envoyé, c’est que quiconque voit le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle » (Jn 6, 40). En dehors de la foi chrétienne, aucune autre religion n'est capable de transmettre la vraie vie surnaturelle : « Or la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ » (Jn, 17, 3).

    8 février 2019

    + Athanasius Schneider,

    évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Sainte-Marie à Astana

    https://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2019/02/mgr-athanasius-schneider-foi-chretienne-religion-voulue-Dieu.html 

    AUX ORIGINES DE L’ÉTAT DE LA CITÉ DU VATICAN

    Antoine Mekary | ALETEIA

    Successeur de l’apôtre Pierre, le Pape est un chef religieux mais aussi un chef d’État : celui du Vatican. Tout au long de la semaine, Aleteia vous propose d’en découvrir les particularités. Plongez aujourd’hui dans ses origines, des États pontificaux à l’État de la Cité du Vatican né des Accords du Latran signés il y a 90 ans.

    L’Église catholique poursuit un but spirituel, mais qui suppose aussi une assise temporelle, si minime soit-elle. C’est cette articulation délicate entre les deux pouvoirs qui a présidé à la création de l’État moderne de la Cité du Vatican.

    Si l’origine des États pontificaux — la donation de Constantin au pape Sylvestre — continue d’agiter les historiens sur sa véracité, la réalité du territoire sous autorité temporelle du pape n’a pas été contestée pendant plus d’un millénaire, entre 752 et 1870. C’est au XIVe siècle que les États pontificaux atteignent leur taille maximale. Ils regroupent alors sept provinces du centre de l’Italie : Rome, la Campanie, une partie de la Toscane, la Sabine, la marche d’Ancône à l’est, et le duché de Spolète au centre de la Botte. Sans compter des enclaves dans le royaume de Naples, Avignon et le Comtat Venaissin sur l’actuel territoire français.

    Vatican : des chiffres impressionnants pour le plus petit État du monde

    Même la volonté révolutionnaire de la France, en 1796, avec la campagne d’Italie menée par le général Bonaparte, ne parvient pas à installer durablement un autre régime et à supprimer le pouvoir temporel du pape. Celui-ci, Pie VI, puis Pie VII, devra cependant subir les maltraitances des troupes françaises. Pie VI meurt épuisé, en exil à Valence, le 26 août 1799, au bout de 24 ans de pontificat. Et Pie VII (1800-1823), après l’annexion par les Français, parvient à rétablir les États pontificaux au congrès de Vienne en 1815, amputés d’Avignon et du Comtat Venaissin.

    Quelque 40 ans plus tard, ce sont les acteurs du Risorgimento et de l’unité italienne – l’anticlérical Garibaldi, le monarchiste libéral Cavour, le roi Victor Emmanuel II – qui parviennent à ôter tout pouvoir temporel à l’Église et au pape, tout en vantant son prestige spirituel.

    La Question romaine

    Rome cristallise alors les divergences entre la papauté et les partisans du nouveau royaume d’Italie, désireux d’en faire la capitale, plutôt que Florence. En 1870, après la chute de Napoléon III, l’armée italienne entre dans la Ville éternelle, et procède à l’annexion des États pontificaux. Le pape Pie IX (1846-1878) se réfugie au Vatican, où il se considère comme prisonnier.

    Une loi, dite des Garanties, accorde pourtant des prérogatives au pontife, en 1871. Ce dernier reste propriétaire de sanctuaires, de palais et de couvents, mais au titre de résident du jeune État italien. Dans son encyclique Ubi nos (1871), Pie IX se dit confronté à « un pouvoir hostile » et affirme ne pas reconnaître cette loi. Car « elle ne garantit pas le libre et effectif exercice du pouvoir papal, conféré par Dieu lui-même ». Et qui ne peut en conséquence être soumis à une « simple concession du pouvoir laïc ».

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    L’histoire prestigieuse de l’ambassade de France près le Saint-Siège

    Dès lors, Pie IX et ses successeurs Léon XIII — qui dissout officiellement les États pontificaux en 1900 — Benoît XV et Pie XI refusent de sortir du Vatican pendant 60 ans, jusqu’à la conclusion des accords de Latran en 1929. Les papes interdisant même aux catholiques italiens de participer à la vie politique du pays.

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    L’État de la Cité du Vatican, une indépendance loin d’être symbolique (2/5)

    Après la Première guerre mondiale, les contacts reprennent cependant entre le Saint-Siège et le royaume d’Italie, en 1919. À la mort de Benoît XV, en 1922, les drapeaux sont mis pour la première fois en berne dans toute l’Italie.

    Les trois Accords du Latran

    Avec la montée du fascisme, Benito Mussolini entend fasciser l’Église. Cette dernière parie cependant sur les composantes les moins hostiles du mouvement. Ainsi, le 11 février 1929, Mussolini, alors président du Conseil des ministres italiens, signe les accords du Latran, avec le cardinal secrétaire d’État Pietro Gasparri. Créant l’État de la Cité du Vatican et réglant ainsi définitivement la Question romaine.

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    Relations internationales : la diplomatie vaticane au service du bien commun (3/5)

    Composés de trois textes diplomatiques entre le Saint-Siège et l’Italie, ces accords stipulent que « pour assurer au Saint-Siège l’indépendance absolue et visible, il faut lui garantir une souveraineté indiscutable, même dans le domaine international ». Ils réduisent la souveraineté temporelle du pape au seul État du Vatican, considéré comme sujet de droit public international. Condition indispensable, selon Pie XI, pour « l’exercice d’un pouvoir spirituel ». Toute forme d’ingérence italienne est abandonnée – notamment en matière de nomination d’évêques. L’Italie reconnaît aussi Rome comme « città sacra », prenant le Vatican sous sa protection policière.

    Indemnisation

    Les accords comportent également un volet financier, qui indemnise le Saint-Siège à hauteur de 4 milliards de lires — 3,5 milliards d’euros — ainsi qu’un concordat qui règle la position de l’Église en Italie. Selon ce dernier, la religion catholique, apostolique et romaine est considérée comme la seule religion du jeune État italien. Les mariages catholiques prennent effet civil. Mais l’Action catholique reste interdite de toute activité politique, pour empêcher la création d’un parti hostile au fascisme. Pie XI (1922-1939) y voit malgré tout la restauration de l’Italie à Dieu, et de Dieu à l’Italie.

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    Le pape, ce souverain absolu affranchi du décorum monarchique (4/5)

    Après la Seconde guerre mondiale et l’effondrement du gouvernement fasciste, la nouvelle République italienne reconnaît la partie des accords du Latran qui règlent la Question romaine. Mais la nouvelle constitution affirme désormais la séparation de l’Église et de l’État, avec l’accord de Pie XII. Le nouvel État italien n’accepte plus les lois catholiques, même si la Démocratie chrétienne aura un poids considérable sur la politique italienne pendant les 50 années qui suivent l’après-guerre.

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    Le Vatican, un État marqué par la figure du pape (5/5)

    https://fr.aleteia.org/2018/02/11/aux-origines-de-letat-de-la-cite-du-vatican-1-5/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr 

    APRÈS LA MORT : 20 RÉCITS POUR APPROCHER LE MYSTÈRE

    Edition d'un livre de 20 récits catholiques permettant d'approcher toutes les situations de la vie après la mort.

     Après la mort : 20 récits pour approcher le Mystère

     Auteur Arnaud DUMOUCH, Préface Père Guy GILBERT

    Arnaud Dumouch est un professeur agrégé de religion catholique. Né en 1964, il enseigne sur Internet au sein de l'Institut Docteur Angélique.

    Il est en outre responsable du site consacré à la publication des œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin.

    « Priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort »

    La prière de l'Ave Maria montre à quel point l'heure de la mort, le passage entre ce monde et l'autre, est important.

    Suite au livre « L'heure de la mort », publié par les éditions Docteur Angélique, et doté du Nihil Obstat et de l'Imprimatur de l'Eglise catholique, ces nouvelles théologiques s'efforcent de rendre concrètes de nombreuses situations rencontrées à l'heure de la mort, depuis le sort de l'enfant mort sans baptême à celui du pauvre pécheur adulte.
    "Merci pour votre beau travail en faveur de la Communion des saints. Votre initiative de rendre accessible à tous les réalités de la foi qui concernent la communion des saints et notre éternité bienheureuse est excellente. Je la trouve en totale conformité avec la mission du Sanctuaire ND de Montligeon."

    Père Paul PRÉAUX, Recteur du sanctuaire Normand de Montligeon, consacré aux âmes du purgatoire, supérieur général de la Communauté saint Martin.

    ACHETER LE LIVRE

    https://mpluseditions.fr/

    Marc DUTEIL, M+ éditions

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/11/apres-la-mort-20-recits-pour-approcher-le-mystere-6127989.html 

    LA RELATION ENTRE LE CHRISTIANISME ET LES AUTRES RELIGIONS

    Pour éclairer le débat remis à l’ordre du jour par le pape François, récent cosignataire d’une déclaration sur la fraternité universelle professant, sans nuance ni réserve, que le pluralisme et la diversité des religions résulteraient d’une sage volonté divine, il n’est peut—être pas inutile de verser au dossier une autre déclaration, intitulée « Dominus Iesus » : publiée par la congrégation pour la doctrine de la foi et approuvée par le pape Jean-Paul II le 16 juin 2000, elle a été commentée en ces termes par Joseph Ratzinger, alors cardinal-préfet de cette congrégation et futur pape Benoît XVI. Voici ce commentaire :

    « 1. Dans le débat contemporain animé sur la relation entre le christianisme et les autres religions, l'idée avance que toutes les religions sont pour leurs fidèles des moyens de salut également valides. Il s'agit d'une conviction désormais très répandue non seulement dans les milieux théologiques, mais aussi dans des secteurs de plus en plus vastes de l'opinion publique, catholique ou pas, en particulier celle qui est le plus influencée par la culture répandue aujourd'hui en Occident, qui peut être définie, sans crainte de démenti, avec le mot: relativisme.
    La théologie dite du pluralisme religieux, en vérité, s'était déjà graduellement mise en place depuis les années cinquante du XXe siècle, mais ce n'est qu'aujourd'hui qu'elle revêt une importance fondamentale pour la conscience chrétienne. Naturellement, ses configurations sont très différentes, et il serait erroné de vouloir grouper toutes les positions théologiques qui font référence à la théologie du pluralisme religieux dans le même système. 

    La Déclaration, donc, ne se propose pas de décrire les caractéristiques essentielles de ces tendances théologiques, et prétend encore moins les enfermer dans une formule unique. Notre document cherche plutôt à signaler quelques présupposés de nature tant philosophique que théologique qui sont à la base des différentes théologies du pluralisme religieux actuellement diffuses: la conviction du caractère insaisissable et ineffable en totalité de la vérité divine; l'attitude relativiste envers la vérité, de sorte que ce qui est vrai pour certains ne le serait pas pour d'autres; l'opposition radicale entre la mentalité logique occidentale et la mentalité symbolique orientale; le subjectivisme exaspéré de ceux qui considèrent la raison comme seule source de connaissance; le "vidage" métaphysique du mystère de l'incarnation; l'éclectisme de ceux dans la réflexion théologique assument des catégories issues d'autres systèmes philosophiques et religieux, sans tenir compte de leur cohérence interne ou de leur incompatibilité avec la foi chrétienne; la tendance, enfin, à interpréter les textes de l'Écriture en dehors de la Tradition et du Magistère de l'Eglise (cf. Déclaration Dominus Iesus, n.4).

    Quelle est la conséquence fondamentale de cette façon de penser et de sentir en relation avec le centre et le cœur de la foi chrétienne? C'est le rejet substantiel (ndt: en substance) de l'identification de l'unique personnage historique, Jésus de Nazareth, avec la réalité de Dieu, du Dieu vivant. 

    Ce qui est absolu, ou celui qui est l'Absolu, ne peut jamais se donner dans l'histoire en une révélation pleine et définitive. Dans l'histoire il n'y a eu que des modèles, des figures idéales (symboliques) qui nous renvoient à un Totalement Autre, qui, cependant, ne peut être "saisi" comme tel dans l'histoire. Certains théologiens plus modérés confessent que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, mais estiment qu'en raison de la limitation de la nature humaine de Jésus, la révélation de Dieu en lui ne peut pas être considérée comme complète et définitive, mais doit toujours être considérés en relation avec d'autres possibles révélations de Dieu exprimées dans les génies religieux de l'humanité et dans les fondateurs des religions du monde. De cette façon, objectivement parlant, on introduit l'idée erronée que les religions du monde sont complémentaires à la révélation chrétienne. Il est donc clair que l'Eglise, le dogme, les sacrements ne peuvent pas avoir la valeur de nécessité absolue. Attribuer à ces moyens finis un caractère absolu et même les considérer comme un instrument pour une véritable rencontre avec la vérité de Dieu, universellement valable, signifierait placer sur un plan absolue ce qui est particulier, et déformer la réalité infinie du Dieu Totalement Autre.
    Sur la base de ces concepts, considérer qu'il y a une vérité universelle, obligatoire et valable dans l'histoire elle-même, qui se réalise dans la personne de Jésus-Christ et est transmise par la foi de l'Eglise, est considéré comme une sorte de fondamentalisme qui constituerait un attentat contre l'esprit moderne et représenterait une menace pour la tolérance et la liberté. 

    Le concept même de dialogue prend un sens radicalement différent de celui prévu dans le Concile Vatican II. Le dialogue, ou plutôt l'"idéologie du dialogue" se substitue à la "mission" et à "l'urgence de l'appel à la conversion": le dialogue n'est plus le moyen de découvrir la vérité, le processus par lequel on communique à l'autre la profondeur cachée de ce qu'il a vécu dans son expérience religieuse, mais qui attend d'être accompli et purifié dans la rencontre avec la révélation définitive et complète de Dieu en Jésus-Christ; le dialogue dans les nouveaux concepts idéologiques, qui ont malheureusement pénétré même au sein du monde catholique et certains milieux théologiques et culturelle, est au contraire l'essence du "dogme" relativiste et l'opposé de la «conversion» et de la «mission». Dans la pensée relativiste, dialogue signifie mettre sur le même plan sa propre position ou sa propre foi et les croyances des autres, de sorte que tout se réduit à un échange entre des positions égales et donc relatives entre elles, dans le but d'atteindre le maximum de collaboration et d'intégration entre les différentes conceptions religieuses.
    La dissolution de la christologie et donc de l'ecclésiologie, qui lui est subordonnée mais est inséparablement liée à elle, devient donc la conclusion logique d'une telle philosophie relativiste, qui, paradoxalement, se retrouve à la fois à la base de la pensée post-métaphysique de l'Occident et de la théologie négative de l'Asie. Le résultat est que la figure de Jésus Christ perd son caractère d'unicité et d'universalité salvifique. 

    Le fait, ensuite, que le relativisme se présente à l'enseigne de la rencontre entre les cultures, comme la vraie philosophie de l'humanité, en mesure de garantir la tolérance et la démocratie, conduit à marginaliser davantage ceux qui persistent dans la défense de l'identité chrétienne et dans sa prétention à répandre la vérité universelle et salvifique de Jésus-Christ. 

    En réalité, la critique de la prétention au caractère absolu et définitif de la révélation de Jésus-Christ selon la foi chrétienne, s'accompagne d'une fausse notion de tolérance. Le principe de la tolérance, comme expression du respect de la liberté de conscience, de pensée et de religion, défendu et promu par le Concile Vatican II, et encore répété dans la Déclaration, est une position éthique fondamentale, présente dans l'essence du Credo chrétien, car il prend au sérieux la liberté de la décision de foi. Mais ce principe de tolérance et de respect de la liberté est aujourd'hui manipulé et indûment outrepassé, quand il s'étend à l'appréciation du contenu, comme si tous les contenus des différentes religions et même des conceptions a-religieuses de la vie devaient être placées sur le même plan, et qu'il n'existait plus une vérité objective et universelle, puisque Dieu ou l'Absolu se révéleraient sous d'innombrables noms, mais que tous les noms seraient vrais. Cette fausse idée de tolérance est liée à la perte et au renoncement à la question de la vérité, qui est en effet désormais considérée par beaucoup comme une question sans importance, ou secondaire. La faiblesse intellectuelle de la culture actuelle est ainsi mise en lumière: la question de la vérité venant à manquer, l'essence de la religion ne se différencie plus de sa «non-essence», la foi ne se distingue plus de la superstition, l'expérience de l'illusion. Enfin, sans une sérieuse prétention à la vérité, même l'appréciation des autres religions devient absurde et contradictoire, parce qu'on ne possède pas le critère pour voir ce qui est positif dans une religion, le distinguant de ce qui est négatif ou le résultat de la superstition et de la tromperie.
    2. À ce propos, la Déclaration reprend l'enseignement de Jean-Paul II dans l'Encyclique Redemptoris Missio: «Ce que l'Esprit fait dans le cœur de l'homme et dans l'histoire des peuples, des cultures et des religions, assume un rôle de préparation à l'Évangile» (RM 29 ).

    Ce texte fait explicitement référence à l'action de l'Esprit, non seulement «dans le cœur des hommes», mais aussi «dans les religions». Cependant, le contexte place cette action de l'Esprit dans le mystère du Christ, dont elle ne peut jamais être séparée; en outre, les religions sont juxtaposées à l'histoire et aux cultures des peuples, où le mélange entre le bien et le mal ne peut jamais être mis en doute. Donc, doit être considéré comme praeparatio evangelica non pas tout ce qui peut être trouvé dans les religions, mais seulement «ce que l'Esprit opère» en elles. Il en résulte une conséquence très importante: le chemin vers le salut est le bien présent dans les religions, comme œuvre de l'Esprit du Christ, mais pas les religions en tant que telles. Ceci est du reste confirmé par la doctrine de Vatican II en ce qui concerne les graines de la vérité et de la bonté présentes dans d'autres religions et cultures, exposées dans la déclaration conciliaire Nostra Aetate: «L'Église ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces modes de conduite et de vie, ces préceptes et ces doctrines qui, quoiqu'elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu'elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes »(NA, 2). Tout ce qui existe de vrai et de bon dans les religions ne doit pas être perdu, et doit même être reconnu et valorisé. Le bien et la vérité, partout où il se trouve, provient du Père et est l'œuvre de l'Esprit; les graines des logos sont répandus partout. Mais nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les erreurs et les pièges qui sont également présents dans les religions. La Constitution dogmatique Lumen Gentium du Concile Vatican II elle-même affirme: «Très souvent les hommes, trompés par le Malin, errent dans leurs pensées, et ont échangé la vérité divine avec le mensonge, servant la créature au lieu du Créateur» (LG, 16).
    Il est compréhensible que, dans un monde qui croît de plus en plus ensemble (qui s'interpénètre de plus en plus), les religions et les cultures aussi se rencontrent. Cela mène non seulement à un rapprochement extérieur des hommes de diverses religions, mais aussi à un intérêt croissant vers les mondes religieux inconnus. En ce sens, c'est-à-dire aux fins de la compréhension réciproque, il est légitime de parler d'enrichissement mutuel. Cela n'a rien à voir avec l'abandon de la prétention, de la part de la foi chrétienne, d'avoir reçu en don de Dieu dans le Christ la révélation définitive et complète du mystère du salut, et même doit être exclue cette mentalité indifférentiste empreinte de relativisme religieuse qui conduit à la conviction qu' «une religion vaut l'autre» (Lettre apostolique Enc. Redemptoris Missio, 36).
    L'estime et le respect envers les religions du monde, ainsi qu'envers les cultures qui ont apporté un enrichissement objectif à la promotion de la dignité de l'homme et au développement de la civilisation, ne diminuent pas l'originalité et l'unicité de la révélation de Jésus-Christ, et ne limite en aucune façon la tâche missionnaire de l'Eglise: «L'Eglise annonce et est tenue d'annoncer sans cesse le Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie (Jn 14,16) en qui les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu a réconcilié toutes choses à lui-même »(Nostra Aetate, 2). 

    Dans le même temps, ces simples mots indiquent le motif de la conviction que la plénitude, l'universalité et l'accomplissement de la révélation de Dieu ne sont présents que dans la foi chrétienne. Cette raison ne réside pas dans une prétendue préférence accordée aux membres de l'Église, ni dans les résultats historiques atteints par l'Eglise dans son pèlerinage terrestre, mais le mystère de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, présent dans l'Église. L'affirmation d'unicité et d'universalité salvifique du christianisme provient essentiellement du mystère de Jésus Christ qui continue sa présence dans l'Église, son Corps et son Epouse. C'est pourquoi l'Église se sent engagée, constitutivement, dans l'évangélisation des peuples. Même dans le contexte actuel, marqué par la pluralité des religions et par l'exigence de liberté de décision et de pensée, l'Église est consciente d'être appelée «à sauver et renouveler chaque créature, afin que toutes choses soient restaurés dans le Christ et que les hommes constituent en lui une seule famille et un seul peuple »(Décret Ad Gentes 1).
    Réaffirmant les vérité que la foi de l'Eglise a toujours crues et tenues sur ces sujets, et préservant les fidèles d'erreurs ou d'interprétations ambiguës actuellement répandues, la déclaration «Dominus Iesus» de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, approuvée et confirmée certa scientia e apostolica sua auctoritate par le Saint-Père lui-même, joue un double rôle: d'une part, elle se présente comme un témoignage supplémentaire et renouvelé faisant autorité pour montrer au monde «la splendeur de l'Évangile glorieux du Christ» (2 Co 4,4); et de l'autre, elle indique comme contraignante (obligatoire) à tous les fidèles la doctrine de base indispensable qui doit guider, inspirer et orienter tant la réflexion théologique que l'action pastorale et missionnaire de toutes les communautés catholiques à travers le monde ».

    (traduction de l’italien, publiée en son temps par le site web « Benoît et moi » )  

    Ref contexte et signification de la déclaration "Dominus Iesus"

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/10/la-relation-entre-le-christianisme-et-les-autres-religions-6127881.html 

    LE PAPE FRANÇOIS EN PLEINE APOSTASIE BANALISÉE ?

    Francois Dupas

    Fidèle à sa tradition de débat et d’ouverture, Infocatho publie cet article d’un blogueur catholique Yves Daoudal pour montrer que des commentateurs s’interrogent sur les actions du pape François. « Sa Sainteté Pape François » a signé hier un « document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune » (sic), où l’on peut lire notamment :« Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. »

    Cela nous rappelle quelques autres déclarations d’apostasie du souverain pontife régnant. Le 28 octobre 2015 il louait « la grande famille humaine dans l’harmonie des diversités » (religieuses), le 28 mars 2017 « la lumière polychromatique des religions », ajoutant qu’en Egypte « les différences de religion ont constitué une forme d’enrichissement mutuel au service de l’unique communauté nationale ». Et surtout dans son dernier message de Noël, son message de la Nativité de notre Sauveur Jésus-Christ, il osait dire à propos de diverses religions (ce qui a été salué par la Grande Loge d’Espagne) :

    « Nos différences ne sont pas un préjudice ou un danger, elles sont une richesse. Comme pour un artiste qui veut faire une mosaïque : c’est mieux d’avoir à disposition des tesselles de plusieurs couleurs plutôt que des tesselles de peu de couleurs ! »

    (Et l’on n’oublie pas ses déclarations sur l’Eglise catholique vue comme un côté du polygone chrétien.)

    Source : Y. DAOUDAL

    https://www.infocatho.fr/le-pape-francois-en-pleine-apostasie-banalisee/ 

    ASIE/KIRGHIZSTAN - UNE POPULATION À LA RECHERCHE DU CHRIST

    samedi, 9 février 2019 foi   mission   prêtres   sacrements   evangélisation   jésuites  

    Les Pères O. Krzysztof Korolczuk SJ (à gauche) et Damian Wojciechowski SJ (à droite)

    KIRGHIZISTAN

    2019-02-09
    Une population à la recherche du Christ

    2018-10-06
    Accueil familial et programmes éducatifs au profit des enfants kirghizes

    2017-10-24
    Témoignage d’un Jésuite sur le caractère positif des élections malgré la nécessité d’une longue route en direction de la démocratie

    2017-07-17
    Annonce d’une forte augmentation du budget de l’instruction de la part du Chef de l’Etat en tant que mesure de lutte contre le fanatisme religieux

    2016-12-15
    Vers un programme de lutte contre l’extrémisme islamiste de la part du gouvernement kirghize

    2010-06-21
    L’Administrateur apostolique: « Le Pape est proche du Kirghizstan, la Caritas s’active pour les aides humanitaires »

    Bichkek (Agence Fides) – « « Voici trois ans, une polonaise qui vivait à Dzanydzer commença à chercher un prêtre catholique au Kirghizstan. Elle découvrit qu’à quelques 50 Km, dans la capitale, Bichkek, existait une Paroisse et elle se mit en contact avec le prêtre qui se rendit en visite dans le village. De même, voilà sept ans, deux prêtres jésuites parlaient de l’œuvre de l’Evangélisation au Kirghizstan. A ce moment-là, arrivèrent deux jeunes filles à la recherche d’un prêtre pour confesser leur grand-mère in articulo mortis à Iwanowka, un village éloigné de la ville. Ici, actuellement, a déjà été créée la troisième Paroisses. Des situations similaires se sont vérifiées dans l’ensemble du Kirghizstan. La visite d’un seule prêtre dans une famille ou à une personne âgée a porté à la naissance de nombreuses petites Paroisses. La population de ce pays est à la recherche du Christ ». C’est ce qu’indique à l’Agence Fides le Père Damian Wojciechowski SI, missionnaire au Kirghizstan, en expliquant comment, outre la Paroisse de Bichkek, les missionnaires se trouvent actifs dans la prise en charge de quelques 30 groupes de baptisés répartis dans tout le pays. « Il existe quelques dizaines de personnes seulement dans chaque communauté mais il s’agit là de fidèles qui vivent une foi profonde. La plus éloignée et difficile à atteindre de ces communautés est celle de Jalalabad, qui se trouve au-delà de montagnes de près de 5.000m d’altitudes et souvent impossibles à escalader. Les paroissiens sont en majorité polonais, mais il y a aussi des russes, des allemands, des coréens et des kirghizes. Nombre d’entre eux sont âgés et pauvres mais on compte aussi de nombreux jeunes et des enfants ».
    Le Christianisme est arrivé au Kirghizstan au cours du Haut Moyen-âge, avec les nestoriens. « Leurs monastères sont encore visible le long de la route de la soie reliant la Chine à l’Europe, Au XIV° et XV° siècles, les missionnaires franciscains débutèrent une œuvre d’évangélisation des populations locales. Dans les années 1930 et 1940, des dizaines de milliers de catholiques furent déportés au Kirghizstan par le régime soviétique. La première Paroisse légalement reconnue fut fondée dans les années 1960. Depuis la fin des années 1980, les jésuites ont commencé à prendre soin des catholiques de ce pays. Pour le moment, le Kirghizstan peut compter sur 13 missionnaires dont un certain nombre de religieuses ».
    En 1997, Saint Jean Paul II fonda une Missio sui iuris comme cela fut le cas dans les Etats limitrophes d’Asie centrale. En 2006, Benoit XVI éleva la circonscription au rang d’Administration apostolique. La population du pays approche les 5 millions d’habitants, qui mêle les kirghizes aux ouzbèkes, aux russes, aux ouighours, aux dugons, aux allemands, aux ukrainiens, aux kurdes, aux turcs et aux polonais, pour un total de quelques 100 nationalités présentes. Selon des données fournies par le gouvernement kirghize, 90% de la population est musulmane, en très grande majorité sunnite. Par ailleurs, 7% de la population est composée de chrétiens dont 3% d’orthodoxes. Les juifs, les bouddhistes et d’autres petites minorités constituent environ 3% de la population totale. (LF) (Agence Fides 09/02/2019)

    http://www.fides.org/fr/news/65538-ASIE_KIRGHIZSTAN_Une_population_a_la_recherche_du_Christ

     

    2-1 L’ÉGLISE ET LES ABUS SEXUELS


    UN LIVRE À SCANDALE RISQUE DE PARASITER LE PROCHAIN SOMMET AU VATICAN SUR LES ABUS

    05 FÉVRIER, 2019

    Par fsspx.news

    Alors que les présidents des Conférences épiscopales du monde entier doivent se réunir autour du pape François le 21 février 2019, afin de réfléchir à la prévention des abus sur mineurs dans l’Eglise, un pamphlet évoquant l’influence d’un groupe de pression homosexuel au Vatican, doit paraître le même jour. 

    Frédéric Martel est docteur en sciences sociales et ancien directeur de recherches à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Cet enseignant-chercheur qui se revendique de gauche et ne cache pas son homosexualité, est actuellement professeur à l'Université des Arts de Zurich (ZHdK). 

    Son dernier livre réussira-t-il à parasiter le prochain sommet sur les abus qui doit se tenir au Vatican, à partir du 21 février 2019 ? La parution en langues italienne et anglaise a, en tout cas, été orchestrée précisément pour ce jour-là. 

    Sodome : pouvoir, homosexualité et hypocrisie au Vatican. Fréderic Martel annonce la couleur avec un titre racoleur. L’auteur prétend donner les noms, les dates et les faits relatifs à l’influence d’un groupe de pression homosexuel au cœur de l’Eglise. 

    Contrairement à ce que le titre laisse entendre, cet aspect ne couvre qu’un chapitre d’un livre qui a surtout pour but de stigmatiser l’institution ecclésiastique, en dénonçant la « corruption financière » dont se rendraient coupables les hommes d’Eglise, et les relations jugées « sulfureuses » du Saint-Siège avec certains « régimes totalitaires ». 

    Au-delà de cet ouvrage qui relève davantage de la littérature de caniveau, on se rappelle que le pape François avait lui-même, au retour des JMJ de Rio en 2013, déploré la présence d’un groupe de pression homosexuel au Vatican, ajoutant aussitôt le fameux « qui suis-je pour juger ? », qui n’a pas été sans créer une certaine équivoque et un malaise certain. 

    Récemment, le 25 août 2018, l’ancien nonce aux Etats-Unis, Mgr Carlo Maria Viganò, a dénoncé l’existence d’un réseau de « prélats homosexuels » au plus haut niveau du Vatican, établissant - de concert avec d’autres hauts prélats - un lien entre homosexualité et abus sur mineurs dans l’Eglise.

    https://fsspx.news/fr/un-livre-scandale-risque-de-parasiter-le-prochain-sommet-au-vatican-sur-les-abus?utm_source=Fraternit%C3%A9+Saint-Pie+X+%7C+Lettre+d%27information&utm_campaign=59ddf011db-EMAIL_CAMPAIGN_2019_02_08_08_28&utm_medium=email&utm_term=0_a6b7ceb6e8-59ddf011db-203918605 

    QUI SONT LES PERSONNES CHARGÉES D’ENQUÊTER SUR LES ABUS SEXUELS DANS L’ÉGLISE DE FRANCE?

    Le 7 novembre dernier, les évêques de France mettaient en place une Commission indépendante d’enquête sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE). Présidée par Jean-Marc Sauvé, elle est composée de 22 membres dont les noms ont été annoncés ce jeudi 7 février, à la veille d’une première rencontre.

    Adélaïde Patrignani (avec La Croix) – Cité du Vatican

    Vingt-deux membres de 38 à 75 ans composent cette Commission indépendante d’enquête sur les abus sexuels dans l’Église. Ils ont été choisis au terme de plusieurs semaines de consultation menées par son président, l’ancien vice-président du Conseil d’État Jean-Marc Sauvé. Il s’agit de douze hommes et dix femmes, croyants de diverses confessions religieuses et non-croyants, professionnels reconnus de différents champs disciplinaires. Aucun prêtre ou religieux ni aucune victime d'abus parmi eux.

    L’Église en France crée une commission indépendante sur la pédophilie

    13/11/2018

    Jean-Marc Sauvé présidera la commission indépendante sur la pédophilie

    Des spécialistes du droit

    Jean-Marie Burguburu et Stéphane de Navacelle, avocats; Didier Guérin et Jean-Pierre Rosenczveig, magistrats; Astrid Kaptijn, professeur de droit canonique.

    Des professionnels de santé

    Thierry Baubet et Florence Thibaut, professeurs de psychiatrie; Sadek Beloucif, professeur d’anesthésie-réanimation; Alain Cordier, inspecteur général des finances, ancien directeur de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et ancien président du directoire de Bayard Presse; Carole Damiani, docteur en psychologie et directrice de l’association Paris Aide aux victimes; Jean-Pierre Winter, psychanalyste.   

    Des professionnels du champ social et de l’éducation

    Alice Casagrande, vice-présidente de la Commission de lutte contre la maltraitance du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge et du Comité national consultatif des personnes handicapées; Anne Devreese, directrice générale de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse.

    Des spécialistes en histoire et sciences humaines

    Laëtitia Atlani-Duault, anthropologue; Nathalie Bajos, sociologue et démographe; Antoine Garapon, magistrat et secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice; Philippe Portier, historien et sociologue.

    Des théologiens

    Joël Molinario, professeur à l’Institut Catholique de Paris; Marion Muller-Colard, docteure de la Faculté protestante de l’Université de Strasbourg et écrivain.

    Autres personnalités

    Christine Lazerges, ancienne présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme; Laurence Marion, conseillère d’État et spécialiste des questions bioéthiques.

    Ces membres siègeront dans la Commission à titre gratuit. La Conférence des évêques de France fournira cependant les moyens financiers nécessaires à son fonctionnement. «Aucun plafond n’a été fixé», d’après Jean-Marc Sauvé, précisant que ce lien financier «ne porte en aucun cas atteinte à l’indépendance de la commission».

    Deux ans d’enquête et une publication 

    Mise en place le 7 novembre dernier, lors de l’Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, la Commission est «chargée de faire la lumière sur les abus sexuels sur mineurs dans l’Église catholique depuis 1950, de comprendre les raisons qui ont favorisé la manière dont ont été traitées ces affaires et de faire des préconisations, notamment en évaluant les mesures prises depuis les années 2000».

    La nomination de Jean-Marc Sauvé avait été annoncée le 13 novembre dernier, par la Conférence des évêques de France. La première réunion de cette instance a lieu ce vendredi 8 février à Paris. Elle doit encore fixer ses méthodes de travail et son programme, et devrait être opérationnelle dans trois mois. La Commission sait déjà qu’elle pourra consulter les archives des diocèses et des institutions religieuses, ainsi que d’autres sources comme la presse, pour mener son enquête. Puis elle rendra public un rapport d’ici 18 mois à deux ans.

    https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2019-02/abus-sexuels-eglise-france-composition-commission-independante.html 

    HARCELÉE, BRIMÉE, HUMILIÉE ET VIOLÉE : UNE ANCIENNE RELIGIEUSE TÉMOIGNE
    Pendant dix ans, Claire a subi brimades et humiliations dans un couvent de Carmélites, dans le sud de la France. Avant d’être violée par un prêtre. Nous l’avons rencontrée.

    Par Marie Vaton

    Claire ne va plus à la messe le dimanche. Elle prie encore parfois, « par réflexe ». Elle dit qu’elle croit encore en Dieu, parce qu’il y a eu des « signes ». Des « petits miracles qui ne s’expliquent pas » et qui l’ont sauvée, pense-t-elle. Sa guérison de l’asthme, à 17 ans, le jour où elle a décidé de se convertir et de donner sa vie à l’Eglise, pour toujours ? Un signe de Dieu. A moins que… Claire réfléchit.

    Elle se lisse une mèche de ses cheveux blonds, plisse ses yeux bleus. « A 17 ans, c’est aussi l’âge où je me suis libérée de mon emprise familiale ». Qui croire ? Freud ou Jésus ? Claire doute. Elle ne sait plus. Elle est « perdue » en elle-même. Et dans ses ténèbres, elle n’entend rien. Plus de voix. Plus de « grâces ». Une nuit sans fond qui dure depuis que, religieuse cloitrée chez les Carmélites, elle a croisé la route de Pierre-Judas*, le prêtre qui lui a volé sa virginité et l’a expédiée « dans le monde ».

    Dans « La tyrannie du silence », paru le 17 janvier au Cherche Midi, elle raconte comment, des années durant, pernicieusement, « prisonnière volontaire » dans un couvent des Carmélites du sud de la France, l’Eglise lui a volé son identité, ôté son jugement, privé de son libre arbitre. Jusqu’à se croire fautive des viols dont elle a été victime par un prêtre.

    https://www.nouvelobs.com/nos-vies-intimes/20190120.OBS10407/harcelee-brimee-humiliee-et-violee-une-ancienne-religieuse-temoigne.html 

    L'AFRIQUE AUSSI EST CONFRONTÉE AU SCANDALE DES ABUS SEXUELS

    Des enfants apportent des offrandes lors de la messe du 1er janvier 2014 à l'église Holy Rosary, à Abuja, au Nigeria.   (CNS photo/Afolabi Sotunde, Reuters)

    Agence Catholic News Service

    L’Église catholique en Afrique est elle aussi confrontée au scandale des abus sexuels, reconnaissent des dirigeants catholiques. Sa perception et la manière de le traiter diffèrent toutefois de ce qu’on observe en Europe et en Amérique du Nord.

    En Afrique, les membres du clergé estiment que la question est trop délicate et sensible pour le public et beaucoup restent muets sur le sujet. Parallèlement, les autorités ecclésiales se disent préoccupées par les abus et suivent de près le scandale, tant dans les Églises locales que dans celles des autres pays.

    « L'Afrique est également touchée comme n'importe quel autre continent, mais je ne suis pas sûr de savoir dans quelle mesure », a déclaré à l’agence Catholic News Service sœur Hermenegild Makoro, secrétaire générale de la Southern African Catholic Bishops' Conference (SACBC).

    En octobre, l'Église sud-africaine a renvoyé trois prêtres pour avoir abusé sexuellement d'enfants dans les paroisses. Depuis 2003, 35 cas d'abus impliquant des prêtres ont été rapportés à l'Église d’Afrique du Sud.

    Sœur Makoro a indiqué que sur les 35 cas, seuls sept faisaient l'objet d'une enquête par la police, et un a été condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité.

    Certaines sources – y compris d'anciens prêtres et séminaristes – affirment que des femmes et des sœurs catholiques pourraient être victimes des abus, mais sœur Makoro a déclaré que le Comité national de conduite professionnelle de la SACBC pas reçu de plainte jusqu'à présent.

    Une réalité dans plusieurs pays

    Le père Christian Anyanwu, directeur des communications du Secrétariat catholique du Nigéria, a déclaré que les cas de maltraitance d'enfants n'étaient pas aussi fréquents dans le pays par rapport à l'Europe et à l'Amérique.

    Cependant, il a noté que l'Église est une unique famille et que ce qui arrive à un endroit est susceptible d'affecter les autres.

    « L’Église (nigériane) a mis en place des mesures pour éviter les erreurs commises en Europe et en Amérique en matière de maltraitance d'enfants », a déclaré le père Anyanwu.

    Au Kenya, le père Joachim Omolo Ouko, prêtre de la communauté Apôtre de Jésus, dans l'archidiocèse de Kisumu, a convenu que des cas d'abus sexuel s'étaient également produits en Afrique, mais que peu d’entre eux ont été signalés.

    « Je pense que la dissimulation est très forte », a déclaré le père Ouko.

    Le révérend Peter Njogu, un ancien prêtre catholique qui a quitté l'Église catholique pour fonder sa propre église, a déclaré que davantage de cas avaient été révélés dans le monde développé parce que les gens étaient plus indépendants dans leur foi.

    « Je pense qu'il pourrait y avoir plus de cas en Afrique, mais la plupart ne sont pas signalés à cause de la peur. Une famille chrétienne sait peut-être qu'un prêtre abuse d'un enfant, mais ils se taisent parce qu'ils craignent l'institution. Je dirais que c'est une mentalité coloniale; la peur de la religion institutionnalisée. Ce qui manque, c’est une religion concrète et intériorisée », a déclaré le révérend Njogu, qui dirige l’Église catholique universelle renouvelée en tant qu’archevêque. Il a allégué qu'il existait des éléments de preuve indiquant que des prêtres égarés s'étaient impliqués dans de jeunes familles et avaient rompu des mariages.

    Il a affirmé que depuis que les prêtres ont commencé à quitter l'Église catholique pour se joindre à des Églises créées par des prêtres rebelles, l'Église du Kenya s'est montrée prudente quant à la discipline des prêtres dévoyés.

    Différente perception

    Dans le diocèse de Bukoba en Tanzanie, le père Chrisantus Ndaga a déclaré que si les abus sexuels étaient un problème universel dans l'Église, la différence en Afrique était la couverture médiatique et la perception de la société.

    « Certains cas peuvent être similaires à ceux d'autres régions du monde, mais ici, c’est perçu comme un problème de société et de famille. Lorsque [un abus] se produit, certaines familles peuvent ne pas vouloir qu'il soit rendu public», a déclaré le père Ndaga.

    L'archevêque Baptist John Odama de Gulu, en Ouganda, ancien président de la conférence des évêques ougandais, qualifie ces abus de crime contre les enfants et d'échec de l'humanité.

    «Sa faiblesse humaine... un échec de l'humanité à protéger ses propres fruits», a déclaré Mgr Odama. «Nous devons d'abord comprendre, commencer par séparer les secteurs pour voir où cela se produit, puis rechercher des solutions. Si nous ne le comprenons pas, nous serons en échec.»

    L’Afrique, avenir du christianisme

    Les abus cléricaux inquiètent une Église africaine en pleine croissance, dans un contexte où les analyses montrent que c’est dans la croissance du continent africain que réside l'avenir du catholicisme.

    Les statistiques du Vatican indiquent que la population catholique africaine a augmenté de 19,4% entre 2010 et 2015. Au-delà des statistiques, l'Église est également dynamique et joue un rôle clé dans la vie des catholiques.

    Récemment, certaines conférences épiscopales africaines ont réagi en publiant des lignes directrices pour aider à faire face aux abus.

    Sœur Makoro a déclaré que la SACBC – qui inclut le Botswana, l'Afrique du Sud et le Swaziland – avait introduit des politiques de protection de l'enfant en 2015 afin de renforcer la réaction de l'Église aux abus.

    La conférence nigériane a publié en 2017 des «Lignes directrices pour le traitement des affaires de violences sexuelles sur mineurs et adultes vulnérables».

    «Elles sont mises en œuvre dans les 56 diocèses de l'Église nigériane. Le document précise ce qui doit être fait en cas de maltraitance d'enfants», a déclaré le père Anyanwu.

    Le père Ndaga a indiqué que la protection des enfants était vitale et que chaque institution devrait élaborer des politiques qui protègent les enfants.

    «C'est un processus graduel et je pense que c'est en cours», a déclaré l'ancien responsable de l’Association des membres des Conférences épiscopales d'Afrique de l'Est.

    Pendant ce temps, alors que les scandales se poursuivent, le pape François a convoqué au Vatican les présidents des conférences épiscopales du monde pour discuter de la manière de protéger les mineurs et les personnes vulnérables dans l'Église. La rencontre doit se tenir au 21 au 24 février.

    Le père Ouko a déclaré que de nombreux membres de l'Église espèrent que le pape François puisse donner des directives interdisant aux évêques et aux autres responsables d'Église de chercher à couvrir les cas d’abus.

    «Je pense qu'il devrait y avoir une certaine punition pour ceux qui sont impliqués dans la dissimulation», a-t-il déclaré.

    Fredrick Nzwili

    http://presence-info.ca/article/culture/l-afrique-aussi-est-confrontee-au-scandale-des-abus-sexuels 

    QUATRE RELIGIEUSES SUR DIX ONT ÉTÉ VICTIMES D'ABUS SEXUELS DE LA PART DE PRÊTRES ET D'ÉVÊQUES, SELON LE RAPPORT

    Théologiens espagnols : "Abuser d'une autre, d'une femme, par l'exercice du pouvoir, est inacceptable et anti-évangélique".
    Doris (Wagner) Reisinger est une jeune Allemande qui, en tant que nonne, a été maltraitée par plusieurs prêtres.

    Aujourd'hui, avec Rocío Figueroa, elle est l'une des femmes qui donnent la parole aux moniales et anciennes moniales qui dénoncent la violence de la part des prêtres et des évêques. Une violence qui a été reconnue cette semaine par le Pape François lui-même.

    Par les Voix de la Foi, Wagner et Figueroa défendent le #MeToo particulier des religieux contre les abus de pouvoir, physiques et sexuels, dans l'Église catholique. Un mouvement auquel s'est jointe, entre autres, l'Association des théologiens espagnols.

    Lors d'une conversation avec la DR, Doris regrette que la reconnaissance des abus par Francisco " soit arrivée trop tard ".

    Cependant, elle croit qu'à partir de maintenant, "beaucoup plus de religieux qui ont subi des abus sexuels réalisent qu'ils ne sont pas seuls et qu'ils osent parler", et elle espère qu'après avoir reconnu le problème, "le Pape prendra aussi les mesures appropriées" pour un scandale d'une ampleur brutale.

    "Il y a eu des cas où des prêtres ont mis des religieuses enceintes et les ont ensuite forcées à avorter ", dit Doris, qui fournit des données tirées d'un rapport selon lequel " 40 % des religieuses ont subi des abus sexuels, 10 % avant de rejoindre la vie religieuse et 30 % après.

    Doris a commencé à subir des abus, d'abord spirituels, et depuis 2008 sexuels. "Mon supérieur est entré dans ma chambre et m'a déshabillé, et bien que je lui ai dit que je n'avais pas le droit de le faire, il m'a touché et m'a finalement pénétré. Cette expérience m'a complètement détruite. Il a fallu deux ans à Doris pour le dénoncer, "et mes supérieurs ont décidé de ne pas agir. En 2011, elle a quitté la congrégation.

    En tant que militante des droits des femmes dans l'Église, Wagner soutient que les femmes " devraient être reconnues comme égales aux hommes. Surtout dans la vie religieuse : "Tant que les moniales sont forcées de vivre selon un idéal de parfait renoncement à soi et de soumission, et qu'elles vivent dans une dépendance spirituelle et financière totale, leur vulnérabilité doit être reconnue", conclut-elle.

    Rocío Figueroa a souffert pendant des années des abus du vicaire de Sodalitium, German Doig, pendant qu'elle était consacrée à la Fraternité mariale de la Réconciliation, dont elle est devenue supérieure. Aujourd'hui, ce théologien péruvien abandonne, de Voices of Faith, la lutte pour l'égalité des femmes, religieuses et laïques, dans l'Église.

    Selon elle, " les femmes dans l'Église n'ont pas de présence institutionnelle. L'Eglise catholique ne respire qu'avec un seul poumon et c'est pourquoi elle se noie (...). Ce n'est pas le vrai visage du peuple de Dieu.

    Quant aux moniales, elle regrette qu'"elles continuent d'être considérées par le clergé comme des citoyennes de seconde classe. Et pas seulement cela, ils ont été exploités et utilisés pour perpétuer le cléricalisme. "Comment se fait-il qu'au 21ème siècle, nous ayons des congrégations qui se consacrent à être au service des prêtres ? Les religieuses doivent jouer un rôle fondamental dans le renouveau ecclésial, être des leaders et participer à la prise de décision. Ils doivent élever la voix, comme beaucoup le font déjà, contre un cléricalisme qui anéantit la beauté de nos communautés ecclésiales ", dénonce-t-elle.

    "Les femmes catholiques sont fatiguées, assez d'une Église patriarcale, assez d'une Église qui ressemble à un club exclusif d'hommes où les femmes ne comptent pas ", dit Rocío, qui voit dans le pape François une " occasion ", un homme qui veut " écouter non seulement la voix des femmes mais aussi la voix des victimes, qui sont pour moi une voix prophétique pour le futur de l'Église.

    Pour sa part, l'Association des femmes théologiennes espagnoles a publié une déclaration dans laquelle elle veut "montrer son soutien à toutes les femmes qui se trouvent dans des situations de violence, en les encourageant à dénoncer et non à se taire, afin qu'il soit possible, avec sa voix, de clarifier leur situation et d'améliorer celle de nombreuses religieuses dans différentes institutions ecclésiales.

    "Nous prions pour que ceux qui ont connaissance de ces abus et violations les dénoncent et accompagnent les victimes afin qu'elles ne vivent pas leur souffrance dans la solitude ", disent les théologiens, qui encouragent " le Pape François à accueillir cette terrible réalité comme une priorité à aborder et à combattre, car c'est la justice que d'y assister avec compassion qui ne peut se défendre.

    "Nous croyons en une Église capable de travailler et d'améliorer ses imperfections, de reconnaître ses faiblesses et ses extralimitations, certaines aussi terribles que celles-ci. En tant que théologiens, nous continuons à défendre l'autonomisation des femmes dans l'Église, mais cela n'est possible que si leur dignité et leur corps sont respectés. Abuser d'une autre, d'une femme, par l'exercice du pouvoir, est inacceptable et anti-évangélique ", conclut l'Association des théologiennes espagnoles.
    https://www.periodistadigital.com/religion/vida-religiosa/2019/02/08/cuatro-de-cada-diez-religiosas-han-sufrido-abusos-sexuales-segun-las-victimas-religion-iglesia-monjas-abusos-iglesia-vaticano-papa-francisco-rocio-figueroa-doris-wagner-teologas-espanolas-metoo.shtml

     

    2-2 L’ÉGLISE ET LA CHINE

    LES CONSÉQUENCES INÉVITABLES DES ACCORDS DU VATICAN ET DE PÉKIN

    Les communistes chinois exigent de nouvelles soumissions des catholiques au régime

    Le pape François en levant l’excommunication des évêques schismatiques – « l’église patriotique » asservie au pouvoir – prétendait que ce geste allait permettre de restaurer l’unité et la paix entre catholiques en Chine communiste. Il incitait ceux qui, sous la persécution, la calomnie, la prison et la mort, étaient restés fidèles à Rome, à se mettre sous la coupe des évêques soumis au régime ; il leur demandait ce « sacrifice. » Le vrai sacrifice n’étant pas celui-là dans la tradition chrétienne mais le martyre.

    Si ceux du premier siècle s’étaient soumis à Néron, peut-être ne serions-nous pas là aujourd’hui pour évoquer leur mémoire... Nous avons déjà expliqué que la nomination des nouveaux évêques serait faite sur proposition du régime, le souverain pontife les avalisant. On n’imagine mal qu’après avoir cédé à ce point au pouvoir communiste, François lui résisterait maintenant.

    Comme il fallait s’y attendre, les communistes, comme partout, comme toujours, s’emparent d’une concession, c’est-à-dire d’une faiblesse, pour en exiger de nouvelles, forts de la naïveté de ses opposants... qui ne s’opposent plus. C’est ce qui se passe actuellement en prenant prétexte de la célébration du 70è anniversaire de la fondation de la Répu-blique populaire de Chine.

    A cette occasion se prépare une nouvelle offensive pour « siniser » tout ce qui ne l’est pas encore assez. « Siniser » – en réalité communiser – vise à faire se confondre communisme et patriotisme, ceux qui résistent à la sini-sation étant dénoncés comme de mauvais chinois. Pour siniser, il faut s’en prendre aux secteurs de la société considérés comme encore trop influencés par l’étranger.

    En première ligne, les catholiques qui persistent à se réclamer de l’étranger, en l’occurrence du Vatican. C’est ce qui ressort d’une rencontre dont a rendu compte Wang Zucan, n°2 du Département du travail du Front uni, agence du Parti communiste, en s’adressant à la Conférence des évêques de l’Eglise catholique en Chine et à l’Association patrioti-que des catholiques de Chine, deux organes inféodés au pouvoir. Evoquant l’importance de « hisser le drapeau rouge aux cinq étoiles dans les cours des églises », il leur a demandé « de progresser sur la voie de l’indépendance, de l’auto-nomie et de l’auto-administration de l’Eglise, et du fonctionnement démocratique de l’Eglise ».

    Il demande à ces évêques déjà complaisants de prendre l’exact contre-pied des propos de Benoît XVI déclarant en 2009 que « les principes d’indépendance et d’autonomie, d’autogestion et d’administration démocratique de l’Eglise » sont « inconciliables avec la doctrine catholique ». A cette réunion se trouvait Mgr Joseph Ma Yinglin, l’un des sept évê-ques ordonnés sans mandat pontifical, dont le pape a levé l’excommunication, mais qui préside toujours la Conférence épiscopale patriotique.

    Il a obtempéré en s’engageant à « progresser de plus en plus sur la voie de la sinisation pour obtenir un résultat sa-tisfaisant pour le 70e anniversaire de la République populaire de Chine. » Sans commentaire...

    https://webmail.bell.net/appsuite/#!&app=io.ox/mail&folder=default0/INBOX 

    LES ACCORDS ENTRE ROME ET PÉKIN. UNE TRAHISON. UN DRAME.

    publié dans regards sur le monde le 1 octobre 2018

    « Evêque, c’est par toi que je meurs ! »

    « Capitulation » du pape, « trahison » des catholiques chinois. Ainsi juge le cardinal Zen , ancien archevêque de Hong- kong, après l’accord signé entre Pékin et le Vatican. Il a ajouté que le cardinal Parolin, secrétaire d’Et at, numéro deux du Saint Siège, principal artisan de cet accord, a « vendu l’Eglise catholique au gouvernement communiste. »

    Rappelons qu’en 1957, la dictature communiste a créé de toutes pièces une « asso ciation catholique patriotique » constituée d’agents du régime qui nomme des évêques et ne reconnaît pas l’autorité de Rome . Depuis 2010, l’Eglise officielle a désigné sept évêques non reconnus par

    le Vatican. Il y a trente évêques de l’Eglise clandestine et persécutée.

    n par Pékin de ces sept évêques. Or, parmi eux, il y a surtout des membres du parti.

    Certes, le Vatican étant aussi un Etat, il a sa diplomatie mais la finalité de celle-là est ultimement ordonnée au bien de l’Eglise et au salut des âmes, même si l’on n’en perçoit par immédiatement tous les tours et détours. Mais, là, il ne s’agit pas d’un simple geste de courtoisie diplomatique mais d’

    un abandon pur et simple des catholiques qui furent héroïquement fidèles à Rome en les mettant sous l’autorité d’év êques qui ont collaboré à leur persécution, jusqu’à les dénoncer. Imagine-t-on saint Pierre signant un accord avec Néron ?

    Pour ce qui est de l’avenir, le pape assure que c’est toujours lui qui nommera les évêques. Certes, mais sur une liste de plusieurs noms proposés par Pékin ! Ce seront évidemment tous des prêtres dans la main du gouvernement.

    Et cela intervient dans une période où les persécutions contre les chrétiens ont redoublé d’intensité ! La campagne de « sinisation » des religions

    relancée en 2016 a abouti à la dest ruction de lieux de culte catho liques et protestants, à la dest ruction de milliers de croix et de bibles et à l’ incarcération d’ecclésiastiques et de fidèles.

    Récemment plus de 2.000 croix ont été arrachées des églises dans le Zhejiang, sous prétexte qu’elles n’étaient pas conformes aux normes de construction.

    A Wenzhou, cinquante croix ont été arrachées pas plus tard qu’en mars dernier. Au mois d’avril 2018, cinq prêtres de l’Eglise clandestine ont été arrêtés et déportés dans un camp de travail après avoir été torturés. L’un d’eux a été retrouvé mo rt, officiellement « suicidé ». En fait, il a péri sous la torture.

    Les catholiques fidèles devront obéir à ces évêques, émanation du pouvoir communiste. Le pape François l’a reconnu :«Ils souffriront » en ajoutant « Il y a toujours de la souffrance dans un accord. » « Toujours » ? Non, seulement quand le berger abandonne le troupeau aux loups ravisseurs. Ces catholiques ch inois, après avoir souffert pour l’Eglise, vont maintenant souffrir par l’Eglise.

    Sainte Jeanne d’Arc, sur le bûcher, lança à Cauchon :« Evêque, c’est par toi que je meurs ! »

    Aujourd’hui, les catholi-ques chinois pourraient dire la même chose, mais, hélas, trois fois hélas, il ne s’agit plus de l’évêque de Rouen mais de celuide Rome qui est aussi le pape.

    (Sourcee Le journal d’andré Noel)

    Cet accord est un vrai drame. Comment pouvoir soutenir et apprécier ce pape François qui est capable de poser de tels actes?  C’est lui l’assassin. 

    http://www.revue-item.com/13785/les-accords-entre-rome-et-pekin-une-trahison-un-drame/ 

    VATICAN - COMMENTAIRES DU PRÉFET DE LA CONGRÉGATION POUR L’EVANGÉLISATION DES PEUPLES SUR L’ACCORD PROVISOIRE ENTRE LE SAINT-SIÈGE ET LA CHINE POPULAIRE

    ÉTAT DE LA CITÉ DU VATICAN

    2019-02-09
    La présence de l’Eglise missionnaire dans le monde de la souffrance

    2019-02-08
    Informations sur l’Eglise catholique en Chine

    2019-02-08
    Commentaires du Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples sur l’accord provisoire entre le Saint-Siège et la Chine populaire

    2019-02-01
    Le voyage apostolique du Pape dans la péninsule arabique, un signe d’espérance selon le Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples

    2019-01-26
    Célébration du 150ème anniversaire de la Famille Lavigerie de la part du Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples

    2019-01-26
    Action de l’Eglise en faveur des lépreux : 610 léproseries sur les cinq continents

    Cité du Vatican (Agence Fides) – S.Em. le Cardinal Fernando Filoni, Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, a suivi le chemin, délicat et complexe, de l’Eglise catholique en Chine continentale à partir de 1992, année de son arrivée à Hong Kong. A cette époque, débutait le dégel diplomatique entre la République populaire de Chine et le Saint-Siège, au travers des premiers contacts entre des représentants de la Secrétairerie d’Etat et du Ministère des Affaires étrangères de Pékin. L’Agence Fides reprend, dans les colonnes d’Omnis Terra, l’entretien accordé par le Cardinal à l’Osservatore Romano.
    Eminence, depuis quelques années, vous êtes à la tête du dicastère du Saint-Siège compétent pour l’évangélisation, en particulier pour les territoires dits « de mission ». Quelle valeur pastorale entrevoyez-vous dans l’ « Accord provisoire sur la nomination des évêques », qui a été signé entre le Saint-Siège et le Gouvernement chinois le 22 septembre dernier ?
    Je me sens particulièrement interpellé sur la valeur pastorale de l’Accord provisoire, précisément en raison de la compétence du dicastère que je dirige pour l’accompagnement de l’Église en Chine ; mais je ne pense pas pouvoir dire davantage, ni mieux, que ce que le pape François a écrit dans son Message aux Catholiques de Chine de décembre dernier. Je cite mot à mot : « … l’Accord provisoire… est le fruit du long et complexe dialogue institutionnel du Saint-Siège avec les autorités gouvernementales chinoises, déjà inauguré par saint Jean-Paul II et poursuivi par le pape Benoît XVI. A travers ce parcours, le Saint-Siège n’avait pas – et n’a pas – à l’esprit autre chose que de réaliser les finalités spirituelles et pastorales propres de l’Église, c’est-à-dire de soutenir et promouvoir l’annonce de l’Évangile, et d’atteindre et conserver la pleine et visible unité de l’Eglise catholique en Chine » (n.2). Et encore : « L’Accord Provisoire paraphé avec les Autorités chinoises, tout en se limitant à quelques aspects de la vie de l’Eglise et étant nécessairement perfectible, peut contribuer – pour sa part – à écrire cette page nouvelle de l’Eglise catholique en Chine. Pour la première fois, il introduit des éléments stables de collaboration entre les Autorités de l’Etat et le Siège Apostolique, avec l’espérance d’assurer à la Communauté catholique de bons Pasteurs » (n.5). En définitive, tout en partageant une certaine perplexité, exprimée par beaucoup, pour les difficultés qui subsistent encore et pour celles qui pourront apparaître sur le chemin, je sens que, dans l’Église catholique en Chine, il y a une grande attente de réconciliation, d’unité et de renouvellement en vue d’une reprise plus décisive de l’évangélisation. Nous ne pouvons pas rester immobiles dans un monde qui, à bien des égards, court à une vitesse supersonique mais qui, en même temps, éprouve le besoin urgent de redécouvrir des valeurs spirituelles et humaines qui donnent un espoir solide à la vie des personnes et une véritable cohésion à la société. En un mot, c’est tout cela que le christianisme peut offrir à la Chine d’aujourd’hui. Je dois dire encore que, recevant une nombreuse correspondance de la part d’ecclésiastiques chinois, et rencontrant aussi des évêques, prêtres, religieux et laïcs, j’ai toujours perçu leur désir que l’Eglise en Chine revienne à la « normalité » dans le contexte de l’Eglise catholique.

    http://www.fides.org/fr/news/65532 

    CHINE : LA MISE AU PAS DE L'EGLISE CATHOLIQUE SE CONFIRME

    De Jean-Marie Dumont sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Les catholiques chinois et la « sinisation » 

    La République populaire de Chine (RPC) célébrera en octobre les 70 ans de sa fondation par Mao Zedong. Tout porte à croire qu’à l’approche de cet anniversaire, les actions visant à « siniser » les secteurs de la société considérés comme influencés par l’étranger, notamment les groupes religieux, vont se poursuivre. C’est ce qui ressort d’une rencontre dont a rendu compte le 22 janvier l’agence Ucanews, basée à Hong Kong. Wang Zucan, n°2 du Département du travail du Front uni, agence du Parti communiste, s’est adressé à la Conférence des évêques de l’Église catholique en Chine et à l’Association patriotique des catholiques de Chine, deux organes non reconnus par le Vatican, même si les évêques qui les dirigent le sont. Évoquant l’importance de « hisser le drapeau rouge avec cinq étoiles dans les cours des églises », il leur a demandé « de progresser sur la voie de l’indépendance, de l’autonomie et de l’auto-administration de l’Église, et du fonctionnement démocratique de l’Église ». Des propos faisant étrangement écho à ceux de Benoît XVI déclarant en 2009 « les principes d’indépendance et d’autonomie, d’autogestion et d’administration démocratique de l’Église » « inconciliables avec la doctrine catholique ». À cette réunion se trouvait Mgr Joseph Ma Yinglin, l’un des sept évêques ordonnés sans mandat pontifical, dont le pape a levé le 22 septembre l’excommunication, mais qui préside toujours la Conférence épiscopale non reconnue. Dans cette rencontre, il a tenu un discours qui avait les apparences de l’allégeance, s’engageant à « progresser de plus en plus sur la voie de la sinisation pour obtenir un résultat satisfaisant pour le 70e anniversaire de la RPC ». Ce genre de rencontres et de propos illustre les incertitudes qui accompagnent le rapprochement actuel entre Rome et la Chine, les évêques dont l’excommunication a été levée ne manifestant pour l’heure publiquement aucune prise de distance notable avec le pouvoir chinois.

    Jean-Marie Dumont

    Lire également : Le Vatican s’oppose à l’intégration des catholiques clandestins à l’Église patriotique

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/08/chine-la-mise-au-pas-de-l-eglise-catholique-se-confirme-6127314.html 

     

    2-3 L’ÉGLISE ET LE SYNODE

    PETER HUGHES : "LE SYNODE DOIT ÊTRE COMPRIS COMME UN NOUVEAU DÉPART, EN UTILISANT LA CRÉATIVITÉ POUR VRAIMENT MARCHER".

    "Il est nécessaire d'écouter la voix de ceux qui sont directement touchés, les peuples indigènes eux-mêmes."
    La mission nous emmène dans des lieux lointains, à assumer des cultures différentes et à être enchantés par ce qui n'était souvent qu'un rêve lointain. C'est le cas de Peter Hughes, missionnaire de Saint Columban, qui a quitté son Irlande natale il y a plus de 50 ans pour devenir missionnaire au Pérou, où il a apporté ses connaissances théologiques et pastorales.

    Il est actuellement l'un des conseillers du Synode pour l'Amazonie, à la préparation duquel il participe depuis plus d'un an. Hughes a fait partie de l'équipe qui a rédigé le document préparatoire, qui a été étudié ces derniers mois dans toute la région pan-amazonienne, et qu'il définit lui-même comme "assez accessible et facile à manipuler".

    Selon le missionnaire, "le synode est un événement très important pour attirer l'attention sur ce qui se passe, pour dénoncer et dire ce qui ne va pas, ce qui est contre l'humain", un bon moment pour "l'Église de se mettre dans une attitude d'écoute simple, humble et respectueuse.

    Par conséquent, "le Synode doit être compris comme un nouveau commencement, comme un nouveau commencement, comme une nouvelle ouverture des yeux, comme une nouvelle prise de position et une ouverture d'un moment différent, avec des opportunités, non seulement des rêves, une opportunité de mettre en œuvre de nouvelles voies, non seulement pour enlever l'ancien et le dépoussiérer, et pour dire ici nous sommes à nouveau, mais nous devons imaginer et essayer de mettre la liberté, la créativité, l'initiative, marcher vraiment".

    Vous êtes l'un des conseillers du Synode pour l'Amazonie et avez participé à l'élaboration du Document préparatoire, quels en seraient les éléments fondamentaux ?

    Le document comporte trois parties : voir, juger et agir. Il est très accessible et facile à utiliser. La première partie est un regard assez bref, mais aussi assez succinct sur cette grande région de l'Amazonie. La première concerne les questions plutôt historiques de la région, les premières populations, les modes de vie et les origines des peuples d'origine, suivies par la diversité.

    Nous devons comprendre que l'Amazonie n'est pas une seule région, mais qu'il s'agit d'une grande région composée de différents groupes ethniques, peuples, et surtout au cours des dernières décennies, il y a une quantité énorme de groupes différents qui viennent de l'extérieur, qui ont des activités, des tâches différentes, qui constituent aussi la base de ce que nous appelons aujourd'hui l'urbanisation de l'Amazonie, la croissance des villes, avec beaucoup de désordre, mais aussi avec beaucoup de force.

    Je vois qu'il est également important, dans cette première partie, de voir comment la vie de l'Amazonie est menacée, comment c'est qu'elle est en danger. Ici, la matrice est la vie, la vie dans son intégrité, dans son ensemble, comprise dans la perspective chrétienne comme un don, un don de Dieu, qui s'exprime dans cette réalité tangible et concrète, où la vie est niée, menacée, contrainte et détruite. C'est un thème qui se répète, surtout dans l'expérience de l'Église en Amérique latine, qui est très présente à Aparecida. Mais le Pape Francisco insiste beaucoup sur ce point lors de sa visite à Puerto Maldonado en janvier 2018, et il est également au cœur de la première partie du document.

    Comme cette culture capitaliste extractive a pris en compte l'Amazonie dans ses différentes expressions, l'exploitation minière, le pétrole, le gaz naturel, l'appropriation des terres par l'agrobusiness, la destruction de la forêt tropicale, l'abattage des arbres, et tout cela détruit la vie des peuples originaux, ils n'ont aucune défense contre cette avancée des grandes corporations et mouvements, supposément au nom du progrès et du développement des intérêts particuliers, qui, comme le souligne le Pape, concerne l'argent et le pouvoir au détriment de la vie.

    Le Synode est un événement très important pour attirer l'attention sur ce qui se passe, pour dénoncer et dire ce qui ne va pas, ce qui est contre l'homme et ce qui est humain lié à la nature, que la vie humaine n'a aucun sens si elle n'est pas comprise comme partie d'un ordre naturel, de la nature, nous en dépendons.

    Cette première partie est une vue réelle de tout ce qui se passe. Bien sûr, tout cela est lié à la question de la corruption en Amérique latine, dont l'expression maximale se trouve en Amazonie. Il n'y a pas de gouvernement, il n'y a pas d'État dans la région des pays qui composent la région, qui sont aujourd'hui impliqués dans d'énormes scandales de représentants publics au sujet des pots-de-vin et de l'argent détourné par tous ces intérêts au service de l'extractivisme et de la construction interocéanique pour transporter toutes ces ressources sur la côte pacifique pour pouvoir les exporter sur les marchés émergents d'Asie. Je crois qu'à partir de cette entrée, qui est plus ou moins à la portée de l'opinion publique actuelle, mais qui est placée d'une manière très concrète, très succincte, donnant la possibilité de la comprendre.

    Quel est le jugement que le Document préparatoire porte sur cette réalité présente dans la Pan Amazonie ?

    Qu'est-ce que cela a à voir avec toute cette situation d'exploitation de l'Amazonie par rapport au Dieu de la Bible, au Dieu de Jésus-Christ ? qu'est-ce que cela a à voir avec notre foi en tant que chrétiens, que nous croyons que Dieu est le bon Père provident, celui qui distribue et prend soin du bien-être de ses enfants avec tant de dons et place cette création dans nos mains pour en jouir, pour l'entretenir

    Dans la deuxième partie du document, il y a une réflexion chrétienne, théologique, biblique, pastorale, qui est aussi fortement influencée par le magistère du Pape, exprimé dans ses grands documents à ce jour, Evangelii Nunciandi et surtout Laudato Sí, l'encyclique dédiée à la création, où le Pape rassemble les différents éléments de la crise qui se produisent dans le monde actuel et nous met face à une seule crise, qui est composée de la plus connue, la crise économique, sociale mais également écologique et environnementale.

    Dans le cas de l'Amazonie, les deux crises sont intimement liées à la destruction, à l'impact sur les pauvres, au fait que cela entraîne le vol des terres des peuples d'origine sans consultation préalable, sanctionné par la législation des Nations Unies et des États. Que signifie témoigner de ce Dieu de la vie au milieu d'une situation qui présente souvent des caractéristiques de génocide, de mort, d'exploitation, d'une nouvelle crucifixion de celui qui défend la vie ?

    Comment le Document préparatoire nous montre-t-il qu'il est possible de réaliser de nouvelles voies à partir du Synode ?

    La dernière partie du document est une invitation à esquisser de nouvelles voies pour l'Église, non seulement pour rester dans les manières coutumières, traditionnelles et connues de faire les choses dans l'Église catholique, mais c'est l'occasion de repenser radicalement et d'une manière nouvelle comment la réalité des croyants pourrait être réorganisée, représentée, ravivée dans ses différentes expressions, dans cette immense région, sur comment être la communauté chrétienne, comment être une communauté prophétique, de voix de vie, de dénonciation contre la mort.

    C'est quelque chose de convaincant, un appel à l'action, pour briser la paralysie, non seulement de ceux qui vivent dans la région, mais aussi de la grande famille humaine face à ces réalités qui affectent le biome, non seulement en Amazonie, mais aussi au Congo, en Asie du Sud-Est, et dans tous ces endroits, où l'extractivisme et les dégâts sont considérables. Il y a donc la question du changement climatique, qui est en grande partie à l'origine de ces expressions du réchauffement climatique, qui se traduit par des inondations, de plus en plus fortes, et de nombreuses pertes de rivières. Ceux qui souffrent le plus sont les pauvres, nous devons essayer de comprendre comment ces deux éléments sont intégrés, la destruction des pauvres et la destruction de la planète.

    Le Pape François insiste pour que le Synode soit un moment d'écoute des peuples de la région, en particulier des peuples indigènes, que peut apprendre l'Église en écoutant les peuples de l'Amazonie ?

    Je crois que cette question est un nerf central, au lieu que l'Église parle d'abord, au lieu que l'Église soit d'abord juge, enseigne, parle à haute voix, il est absolument nécessaire de voir les signes des temps, ce qui se passe dans le monde, ce qui affecte et persécute largement la vie des personnes et des peuples pour le bien et pour le mal, dans ce cas plus que pour le bien.

    Pour cela, il est nécessaire d'écouter la voix de ceux qui sont directement concernés, des peuples autochtones eux-mêmes. C'est tout le processus de l'Église qui se met dans une attitude d'écoute simple, humble, respectueuse, à différents niveaux, là où les gens, le Peuple de Dieu, se rencontrent, leur donnant la parole, la leur, pour que l'Église ait l'occasion de bien les écouter, et d'être interpellés, questionnés par eux. Parce qu'il y a beaucoup de choses que les gens disent qui révèlent de nombreux niveaux d'obscurité, de préjugés, d'éléments qui ne sont pas pertinents, que nous prenons peut-être aussi importants, mais qui ne le sont pas dans la vie réelle.

    Croyez-vous que le Synode pour l'Amazonie puisse marquer un avant et un après dans l'histoire de l'Église de la région et de l'Église universelle ?

    Je pense que oui, ce ne sera pas si facile, parce que ce serait illusoire et pas très réaliste, dans un processus aussi court d'un an et demi. Ce serait irréaliste de penser que le Synode est réglé en octobre. C'est plutôt comprendre qu'il s'agit d'un processus, que le processus est lancé et que nous y sommes inclus.

    Le Synode doit être compris comme un nouveau commencement, comme un nouveau commencement, comme une nouvelle ouverture des yeux, comme un nouveau standing, comme l'ouverture d'un moment différent, avec des opportunités, pas seulement des rêves. Une occasion de mettre en œuvre de nouvelles voies, non seulement pour sortir de l'ancien et le dépoussiérer, et dire que nous revoilà, mais aussi pour imaginer et essayer d'utiliser la liberté, d'utiliser la créativité, les initiatives, pour vraiment marcher.

    https://www.periodistadigital.com/religion/america/2019/02/09/peter-hughes-el-sinodo-debe-ser-entendido-como-un-nuevo-inicio-usar-la-creatividad-para-caminar-de-verdad-religion-iglesia-misionero-sinodo-amazonia.shtml

     

    2-4 L’ÉGLISE ET L’ISLAM

    LE PLURALISME RELIGIEUX, VOLONTÉ DIVINE, VRAIMENT ?

    Un article de Luisella Scrosati publié dans la « nuova bussola quotidiana » (www.lanuovabq.it) et paru en traduction française sur le site « Benoit et moi » :
    « Tout en reconnaissant tous les signes positifs de la rencontre dans les Emirats Arabes Unis, nous ne pouvons pas autoriser l'affirmation d'erreurs sur les vérités de la foi. C'est pourquoi il n'est pas acceptable que le document sur la fraternité universelle signé par le pape François et l'imam d'Al-Azhar décrive le pluralisme religieux comme une sage volonté divine. Il n'y a pas une seule ligne dans les textes de Vatican II qui puisse justifier une telle position. Lumen gentium parle de personnes qui n'ont pas encore été atteintes par l'Evangile, pas de religions. Faut-il penser que le Fils de Dieu s'est fait chair et dans le même temps veut une religion, comme l'Islam, qui nie à la fois la Trinité et la vérité de l'Incarnation? Il ne peut y avoir de Dieu schizophrène.

    Cette réflexion n'a pas pour intention d'occulter l'importance de la Déclaration commune sur la Fraternité universelle, dans le but d'une coexistence pacifique entre les peuples, signée par le Pape François et le grand Imam d'Al-Azhar Ahmad Al-Tayebb, à l'occasion de la récente visite du Pontife aux Emirats Arabes Unis. Les déclarations sur la reconnaissance de la protection de la liberté, la protection des lieux de culte, l'engagement commun pour la défense de la vie et la condamnation du terrorisme religieux sont certainement des signaux importants.

    Cependant, aucune circonstance ne peut autoriser l'affirmation d'erreurs et la diffusion de la confusion au sujet des vérités de la foi. Nous nous référons ici au paragraphe présent dans la page 5 du document commun, qui énonce: «Le pluralisme et la diversité des religions, des couleurs, des sexes, des races et des langues sont une sage volonté divine par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est à l'origine du droit à la liberté de croyance et à la liberté d'être différents».

    Lors de la conférence de presse habituelle du vol de retour, François est revenu sur l'argument, voulant répéter avec une certaine fermeté que «du point de vue catholique, le document ne s'est pas "rangé d'un millimètre" [probablement voulait-il dire "ne s'est pas distancié d'un millimètre", note de L.S.] de Vatican II, qui est ici cité plusieurs fois. Rien. Le document a été fait dans l'esprit de Vatican II». Le Pape confie ensuite avoir fait lire le document par des théologiens, en indiquant explicitement le théologien de la Maison pontificale, le père dominicain Wojciech Giertych, lequel l'aurait approuvé. François poursuit: «Si quelqu'un se sent mal, je le comprends: ce n'est pas une chose de tous les jours et ce n'est pas un pas en arrière; c'est un pas en avant. Mais un pas en avant qui vient d'il y a cinquante ans, du Concile qui doit se développer». Le Pape confesse avoir vu ensuite une phrase qui l'a laissé assez perplexe - il n'a pas dit de quelle phrase il s'agissait - sauf qu'il a réalisé plus tard que c'était une phrase du Concile.

    Ce n'est certainement pas la phrase qui considère le pluralisme religieux comme la réalisation d'une sage œuvre divine, car il n'y a pas une seule ligne des textes de Vatican II qui puisse justifier une telle position. Lumen Gentium, §16, parle de personnes qui n'ont pas encore été atteintes par l'Évangile ou qui appartiennent à d'autres religions, et qui sont elles aussi «ordonnées de différentes manières au peuple de Dieu». Des personnes, donc, pas des religions. Le même texte, un peu plus loin, affirme que «tout ce qui est bon et vrai en elles est considéré par l'Église comme une préparation à accueillir l'Évangile et comme donné par Celui qui éclaire chaque homme, afin qu'il ait enfin la vie». La différence est évidente: c'est une chose d'affirmer qu'il existe des aspects de vérité et de bonté dans d'autres religions qui, en tant que telles, proviennent de Dieu et donc «peuvent assumer un rôle de préparation évangélique», comme l'affirme plus précisément Dominus Iesus, §21; c'est autre chose d'affirmer que les différentes religions sont voulues par le Très-Haut. Car, dans ce cas, il faudrait considérer que les erreurs de ces religions, erreurs qui sont bien présentes dans le texte de LG §16, sont aussi voulues par le Très Haut. Faut-il penser que le Fils de Dieu se fait chair et en même temps veut une religion, comme l'Islam, qui nie à la fois la Trinité et la vérité de l'Incarnation ?

    Même le texte de Nostra Aetate, bien que tellement "généreux" envers les autres religions, ne justifie pas une telle affirmation. La déclaration conciliaire se prononce sur l'unique origine des hommes et leur unique destination, mais considère les différentes religions comme des efforts humains pour répondre aux questions fondamentales de l'existence (cf. NA §2). Il parle ensuite de respect pour ce qu'il y a de bien en elles et de respect pour les personnes. Enfin, il fonde la condamnation de comportements discriminatoires non pas sur la thèse que Dieu veut la pluralité religieuse, mais sur le fait que tous les hommes ont été créés à l'image et à la ressemblance de Dieu.

    Il est alors évident que l'affirmation présente dans le Document sur la Fraternité Universelle ne trouve aucune légitimité dans les textes de Vatican II: pas vraiment "ne s'en éloigne pas, même d'un millimètre"... On est donc contraint de se tourner vers "l'esprit du Concile", comme le fait explicitement Bergoglio lui-même, un esprit qui pousse l'Église à aller au-delà des textes du Concile. On croit voir ici le portrait de l'herméneutique de la discontinuité, esquissé par Benoît XVI dans son célèbre Discours à la Curie romaine en 2005: «Celle-ci affirme que les textes du Concile comme tels ne seraient pas encore la véritable expression de l'esprit du Concile. Ils seraient le résultat de compromis dans lesquels, pour atteindre l'unanimité, on a dû encore emporter avec soi et reconfirmer beaucoup de vieilles choses désormais inutiles. Ce n'est cependant pas dans ces compromis que se révélerait le véritable esprit du Concile, mais en revanche dans les élans vers la nouveauté qui apparaissent derrière les textes: seuls ceux-ci représenteraient le véritable esprit du Concile, et c'est à partir d'eux et conformément à eux qu'il faudrait aller de l'avant. Précisément parce que les textes ne refléteraient que de manière imparfaite le véritable esprit du Concile et sa nouveauté, il serait nécessaire d'aller courageusement au-delà des textes, en laissant place à la nouveauté dans laquelle s'exprimerait l'intention la plus profonde, bien qu'encore indistincte, du Concile. En un mot: il faudrait non pas suivre les textes du Concile, mais son esprit».

    L'interprétation authentique des textes conciliaires sur le sujet a été offerte, entre autres, par Dominus Iesus, §21, un texte très important qui enseigne que « les différentes traditions religieuses contiennent et proposent des éléments de religiosité qui procèdent de Dieu et font partie de "ce que l'Esprit fait dans le cœur des hommes et dans l'histoire des peuples, dans les cultures et les religions" (Redemptoris Missio, §29) De fait, certaines prières et certains rites des autres religions peuvent assumer un rôle de préparation évangélique, en tant qu'occasions ou enseignements encourageant le cœur des hommes à s'ouvrir à l'action divine. On ne peut cependant leur attribuer l'origine divine et l'efficacité salvifique ex opere operato qui sont propres aux sacrements chrétiens. Par ailleurs, on ne peut ignorer que d'autres rites naissent de superstitions ou d'erreurs semblables (cf. 1 Co 10,20-21) et constituent plutôt un obstacle au salut».

    Ici revient donc la distinction entre les éléments de vérité qui proviennent de Dieu et les religions en tant que telles, qui contiennent même des erreurs qui sont un obstacle au salut. En outre, si certains «rites et prières» de ces religions, qui peuvent avoir un rôle de préparation évangélique, ne peuvent être considérés d'origine divine, comment est-il possible que les religions elles-mêmes le soient ?

    Alors, du parcours des cinquante années de développement du Concile, François et les théologiens qu'il a consultés ont manifestement sauté à pieds joints le tronçon de route que constitue la Déclaration Dominus Iesus. Une herméneutique curieuse qui ne trouve pas d'ancrage dans les textes et qui ne tient pas compte des documents interprétatifs officiels.

    Une autre erreur présente dans le Document sur la Fraternité universelle, dans le texte cité plus haut, consiste à croire que la liberté religieuse est enracinée dans le fait que c'est la volonté de Dieu qui fonde la diversité des religions. Sans vouloir entrer dans les différents aspects de la vexata quaestio de la liberté religieuse, on ne peut pas ne pas reconnaître que l'enseignement du Concile concerne l'immunité de toute coercition, d'où qu'elle vienne, en particulier du pouvoir de l'Etat. Il ne s'agit pas d'un droit positif à agir selon une conscience erronée, et encore moins d'un droit positif qui découle de la bonté de toute appartenance religieuse ou de l'origine divine de toute religion. Il s'agit plutôt d'un droit négatif, c'est-à-dire un droit d'exiger de ne pas subir de coercition dans sa propre option religieuse, tant que cette option n'a pas de conséquences négatives pour le bien commun - dans ce dernier cas le pouvoir politique a le droit et le devoir d'intervenir dans sa propre sphère.

    Le texte Dignitatis Humanae §2, enseigne que «le droit à la liberté religieuse a son fondement réel dans la dignité même de la personne humaine telle que l’ont fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même». Aucune référence au fait que ce fondement se trouve dans la bonté du pluralisme religieux ou, même, dans le fait que c'est Dieu lui-même qui veut cette diversité. Au contraire, «le saint Concile déclare que Dieu a lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en le servant, les hommes peuvent obtenir le salut et le bonheur dans le Christ. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique à laquelle le Seigneur Jésus a confié le mandat de la faire connaître à tous les hommes» (DH, §1).

    À son tour, Paul VI, dans un discours du 20 décembre 1976, expliquait qu'«en aucun cas, le Concile ne fonde ce droit sur le fait que toutes les religions, et toutes les doctrines, même erronées, qui concernent ce domaine, auraient une valeur plus ou moins égale; il le fonde au contraire sur la dignité de la personne humaine». Oui, parce que si le pluralisme religieux est voulu par Dieu, l'erreur d'attribuer aux différentes religions une valeur plus ou moins égale n'est pas loin. Mais au-delà de cela, il n'y a pas un seul élément de soutien dans les textes du Concile pour fonder la liberté religieuse sur le fait que Dieu veut la diversité religieuse. Quant à la "liberté d'être différent", je crois qu'il faudra attendre un Vatican III.

    Il est plutôt étrange que ni le Pape ni les théologiens qu'il a consultés n'aient perçu cet élargissement indû du sens des thèses de Vatican II. Ils n'ont pas remarqué non plus qu'ils finissent par donner l'image d'un Dieu schizophrène, qui déclare un jour par la bouche du Verbe incarné: «Nul ne vient au Père que par moi» (Jn 14, 6); et six siècles après dans Sa «sagesse», Il veut une religion qui enseigne «le Christ est fils d'Allah, c'est ce qu'ils disent de leur bouche, imitant ce que disaient les incroyants qui les ont précédés. Qu'Allah les maudisse! Comme ils sont induits en erreur» (Sourate 9 verset 30)

    Ref. Le pluralisme religieux, volonté divine, vraiment?

    JPSC

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/08/le-pluralisme-religieux-volonte-divine-vraiment-6127470.html 

    PLANTER SUR TERRE POUR RÉCOLTER AU CIEL

    par Aline Jaccottet |

    Mariam Abou Dahouk sappuie sur Dieu pour accomplir ce quelle pense être juste dans sa vie de femme bédouine musulmane.

    Bédouine de Cisjordanie, Mariam Abou Dahouk affronte les défis d’une existence où s’entremêlent tradition et modernité grâce à la certitude de sa récompense dans l’au-delà.

    On se dit d’abord que cet entretien-là, on n’arrivera pas à le mener jusqu’au bout. Il y a le téléphone qui sonne, le cousin auquel elle doit préparer le café, ses garçons qui piaillent et ses filles qui guignent (mais que fabrique maman avec cette étrangère ?). On y arrive pourtant, car la belle Mariam finit par fermer la porte et livrer son histoire. Un récit où se rencontrent deux mondes : celui de la tradition et de la modernité qui comme partout ailleurs, cohabitent parfois et parfois se heurtent. Chaque pièce de sa maison, spacieuse et simplement meublée, dit quelque chose du paradoxe né de cette rencontre. A commencer par le salon des invités où des matelas recouverts de motifs traditionnels font face aux canapés or dernier cri.

    Mariam Abou Dahouk vit à Al Jib, à dix kilomètres au nord-ouest de Jérusalem. Un village palestinien de Cisjordanie où tout le monde connaît les Abou Dahouk, un des clans bédouins les plus puissants et importants de la région. Mariam a ainsi au moins dix-huit frères et sœurs issus des quatre mariages de son père. A 27 ans, mère de quatre enfants, elle a épousé l’un de ses cousins qui a été choisi par ses parents. « C’est la tradition chez nous », dit-elle avec un sourire face à notre surprise. Son mari pourrait tout à fait se choisir lui aussi une autre épouse, et ne touche pas aux tâches domestiques.

    Il ne s’est cependant pas opposé à elle lorsqu’elle a voulu décrocher deux sésames : un permis de conduire et un titre universitaire. Le deuxième lui a coûté quatre années d’immenses efforts. Efforts financiers : après avoir accepté qu’elle s’inscrive en bachelor de littérature anglaise à Birzeit (Ramallah), sa famille s’est serré la ceinture comme jamais. « Je n’osais pas dépenser un centime en nourriture et je passais des heures à la bibliothèque, faute d’Internet à la maison », raconte Mariam. Efforts de conduite, ensuite, car ses faits et gestes sont surveillés. « Je n’ai jamais parlé à un homme, si ce n’est aux professeurs, et je n’allais jamais boire un café après les cours comme tout le monde ». Efforts ménagers enfin, car aucune tâche ne lui est épargnée. « Je me levais à cinq heures du matin pour cuire le pain, nettoyer et nourrir les bêtes ». Outre ces difficultés, la gracieuse Mariam a découvert l’existence d’une forme de racisme anti-bédouins « qui touche aussi la société palestinienne ». Elle en est certaine, c’est à cause de cela qu’elle ne parvient pas à trouver un emploi, malgré ses compétences linguistiques recherchées.

    A ces obstacles, Mariam oppose son énergie, sa joie de vivre. Curieuse et cultivée, son anglais parfait lui permet d’expliquer les défis de sa vie bédouine aux étrangers qui s’y intéressent. Un rôle qu’elle joue avec bonheur, certaine de faire ce qui est juste pour elle-même, pour sa famille et son clan et pour plaire à Dieu.

    Que représente Dieu pour vous ?

    Il est mon protecteur. Grâce à Lui, mon existence sur terre n’est pas vaine : quelque chose de bon m’attend de l’autre côté, parce que Dieu est content de moi. Je marche droit, j’éduque mes enfants comme il faut, je suis une bonne épouse, une belle-fille comme il faut, une sœur aimante. Dieu m’en récompensera dans la vie à venir, à laquelle je me prépare comme tout bon musulman. Comme on dit chez nous : lorsqu’on plante une graine sur Terre, un arbre pousse au Ciel !

    Comment vous adressez-vous à Lui ?

    D’abord, en priant cinq fois par jour comme l’ordonne ma religion. La plupart du temps, je me recueille dans ma chambre à coucher, parfois au salon. Jamais à la mosquée : chez nous, on considère que ce n’est pas un endroit pour une femme. Même si j’envie les dames de plus de 40 ans qui sont autorisées par Israël à aller prier à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem ! En dehors de ce rituel, j’invoque Sa puissance pour tous les aspects de ma vie quotidienne. Notre langue arabe est pleine d’expressions qui nous relient au Maître des mondes.

    Avez-vous déjà été en colère contre Dieu ?

    Oui, mais Il m’a toujours envoyé des signes pour m’expliquer pourquoi Il avait agi ainsi. Nous ne sommes pas des machines mais des êtres constitués d’un cœur pour croire, et d’un esprit pour penser : nous avons besoin de comprendre. Le fait d’avoir pu m’instruire en lisant m’aide beaucoup dans ce processus. 

    Que vous apporte la prière ?

    La force d’aller de l’avant. Elle fait de moi une meilleure personne. Grâce à elle, je n’oublie pas qui je suis : une musulmane. Ce qui me remplit de fierté, car nous sommes la dernière des religions envoyées par Dieu pour réaliser la prophétie sur Terre.

    http://www.terrasanta.net/tsx/lang/fr/p11422/Planter-sur-terre-pour-rcolter-au-ciel 

    LE PAPE AUX EMIRATS: «UNE SURPRISE DE DIEU»

    par Terrasanta.net |  7 février 2019

    Avec le rapide voyage apostolique aux Émirats arabes unis, du 3 au 5 février, le pape François franchit une nouvelle étape dans le dialogue de l'Église avec les musulmans. Inspiré par saint François d'Assise.

    (g.s.) - Le voyage éclair du pape François aux Émirats arabes unis s’est conclu avec son retour à Rome le 5 février après-midi.

    Le voyage papal dans le golfe Persique a eu un prologue juste avant le départ, sur la place Saint Pierre. Quelques instants avant de partir pour le golfe persique, dimanche 3 février, le Pape, à la fin de la prière de l’Angélus place Saint Pierre, a évoqué l’urgence humanitaire au Yémen provoquée par quatre années de guerre : « Je suis très préoccupé par la crise humanitaire au Yémen. La population est épuisée par le long conflit et de très nombreux enfants souffrent de la faim, sans qu’il soit possible d’accéder aux dépôts alimentaires. Frères et sœurs, le cri de ces enfants et de leurs parents remonte jusqu’à Dieu. Je fais appel aux parties prenantes et à la communauté internationale pour que soit favorisée avec urgence l’application des accords trouvés, que soit assurée la distribution de la nourriture et qu'elles travaillent pour le bien de la population. J’invite chacun à prier pour nos frères du Yémen. Prions fort, parce que ce sont des enfants qui ont faim, qui ont soif, qui n’ont pas de médicaments et qui sont en danger de mort. Portons chez nous cette intention. »

    Le gouvernement des Émirats arabes unis fait partie de la coalition internationale, dirigée par l'Arabie saoudite, qui, avec son intervention militaire au Yémen, est conjointement responsable de la crise actuelle. Pendant le vol du retour, le Pape a déclaré aux journalistes qu'il avait également soulevé la question lors de réunions privées à Abou Dhabi et qu'il avait rencontré une certaine disposition à rechercher des solutions.

    Abu Dhabi comme Damiette

    La première raison de ce voyage apostolique restait toutefois le dialogue avec les musulmans. La référence à un fait historique il y a huit siècles est explicite : la rencontre entre le sultan d'Égypte et saint François d'Assise, qui a eu lieu à Damiette (Egypte), à l’époque des Croisades, caractérisée par un antagonisme explicite et militaire entre puissances chrétiennes et musulmanes.

    Mercredi 6 février au matin, lors de l'audience générale dans la salle Paul VI, le Saint Père a qualifié le voyage de "surprise de Dieu", en avouant qu'il avait beaucoup réfléchi au lointain précédent de 1219 : « Pour la première fois - a-t-il dit - un pape s’est rendu dans la péninsule arabique. Et la Providence a voulu que ce soit un pape nommé François, 800 ans après la visite de saint François d’Assise au sultan al-Malik al-Kamil. J’ai souvent pensé à saint François pendant ce voyage : il m’a aidé à garder au cœur l’Évangile, l’amour de Jésus-Christ, tandis que je vivais les différents moments de la visite ; dans mon cœur, il y avait l’Évangile du Christ, la prière au Père pour tous ses enfants, spécialement pour les plus pauvres, pour les victimes des injustices, des guerres, de la misère… ; la prière pour que le dialogue entre le christianisme et l’islam soit un facteur décisif pour la paix dans le monde d’aujourd’hui.»

    Frères non armés

    Le point culminant de cet événement de dialogue a été, dans la soirée du lundi 4 février, la signature du Document sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune, élaboré avec Ahmed Al-Tayyeb, le grand imam d'Al-Azhar, la plus haute institution sunnite d'études religieuses (basée au Caire). Un long texte issu du voyage papal en Égypte des 28 et 29 avril 2017 et qui est le résultat d'une année de prière, de réflexion et de confrontation entre les deux signataires, qui se sont rencontrés à cinq reprises et se considèrent comme amis et frères. Le document, resté confidentiel jusqu'à la fin, suscite déjà le débat, tant parmi les catholiques que parmi les musulmans. Le pape et l'imam en sont conscients, mais considèrent qu'ils ont franchi une étape importante et espèrent que la déclaration commune sur la fraternité pourra être étudiée et approfondie, notamment dans les écoles et les milieux académiques. Pour sa part, le pape Bergoglio se dit certainement être dans le sillage du concile œcuménique Vatican II et de ses prédécesseurs immédiats, Saint Jean-Paul II et Benoît XVI.

    Et de nouveau, le pape François lors de l’audience générale de mercredi, a expliqué les motivations du Document sur la fraternité : « À une époque comme la nôtre, où la tentation est forte de voir se produire un affrontement entre les civilisations chrétiennes et les civilisations musulmanes, ainsi que de considérer les religions comme des sources de conflits, nous avons voulu donner un signe supplémentaire, clair et décisif, qu’il est au contraire possible de se rencontrer, qu’il est au contraire possible de se respecter et de dialoguer et que, même dans la diversité des cultures et des traditions, le monde chrétien et le monde islamique apprécient et protègent des valeurs communes : la vie, la famille, le sens religieux, l’honneur dû aux personnes âgées, l’éducation des jeunes et d’autres encore. »

    http://www.terrasanta.net/tsx/lang/fr/p11424/Le-Pape-aux-Emirats--Une-surprise-de-Dieu

     

    LE CARDINAL MÜLLER DIT LA FOI DE L’EGLISE

    Manifeste pour la foi

    « Que votre cœur ne soit pas bouleversé » (Jn 14, 1)

    Face à la confusion qui se répand dans l’enseignement de la foi, de nombreux évêques, prêtres, religieux et fidèles laïcs de l’Eglise catholique m’ont demandé de rendre témoignage publiquement à la vérité de la Révélation. Les Pasteurs ont l’obligation de guider ceux qui leur sont confiés sur le chemin du Salut. Cela n’est possible que si cette voie est connue et qu’ils la suivent. A ce sujet, voici ce que l’Apôtre affirme : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu » (1 Co 15, 3). Aujourd’hui, beaucoup de chrétiens ne sont même plus conscients des enseignements fondamentaux de la foi, de sorte qu’ils risquent toujours plus de s’écarter du chemin qui mène à la vie éternelle. Pourtant, la mission première de l’Eglise est de conduire les hommes à Jésus-Christ, la Lumière des nations (cf. Lumen Gentium, 1). Une telle situation pose la question de la direction qu’il faut suivre. Selon Jean-Paul II, le « Catéchisme de l’Église catholique » est une « norme sûre pour l’enseignement de la foi » (Fidei Depositum, IV). Il a été publié pour renforcer la fidélité de nos frères et sœurs chrétiens dont la foi est gravement remise en question par la « dictature du relativisme »1.

    1. Le Dieu unique et trinitaire, révélé en Jésus-Christ

    La confession de la Très Sainte Trinité se situe au cœur de la foi de tous les chrétiens. Nous sommes devenus disciples de Jésus, enfants et amis de Dieu, par le baptême au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. La distinction entre les trois Personnes dans l’unité du même Dieu (254) établit une différence fondamentale entre le christianisme et les autres religions tant au niveau de la croyance en Dieu que de la compréhension de ce qu’est l’homme. Les esprits se divisent lorsqu’il s’agit de confesser Jésus le Christ. Il est vrai Dieu et vrai homme, conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge Marie. Le Verbe fait chair, le Fils de Dieu, est le seul Rédempteur du monde (679) et le seul Médiateur entre Dieu et les hommes (846). Par conséquent, la première épître de saint Jean présente celui qui nie sa divinité comme l’Antichrist (1 Jn 2, 22), puisque Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est de toute éternité un seul et même Etre avec Dieu, son Père (663). La rechute dans les anciennes hérésies, qui ne voyaient en Jésus-Christ qu’un homme bon, un frère et un ami, un prophète et un moraliste, doit être combattue avec une franche et claire détermination. Jésus-Christ est essentiellement le Verbe qui était avec Dieu et qui est Dieu, le Fils du Père, qui a pris notre nature humaine pour nous racheter, et qui viendra juger les vivants et les morts. C’est Lui seul que nous adorons comme l’unique et vrai Dieu dans l’unité du Père et de l’Esprit Saint (691).

    1. L’Eglise

    Jésus-Christ a fondé l’Église en tant que signe visible et instrument du Salut. Cette Eglise est réalisée dans l’Église catholique (816). Il a donné une constitution sacramentelle à son Église, qui est née « du côté du Christ endormi sur la croix » (766), et qui demeure jusqu’au plein achèvement du Royaume (765). Le Christ-Tête et les fidèles de l’Eglise en tant que membres du Corps, constituent le « Christ total » (795) ; c’est pourquoi l’Église est sainte, parce que le seul et unique Médiateur a constitué et soutient continuellement sa structure visible (771). Par l’Eglise, l’œuvre de la Rédemption du Christ est rendue présente dans le temps et dans l’espace dans la célébration des sacrements, en particulier dans le Sacrifice eucharistique, la Sainte Messe (1330). Par l’autorité du Christ, l’Église transmet la Révélation divine qui s’étend à tous les éléments qui composent sa doctrine, « y compris morale, sans lesquels les vérités salutaires de la foi ne peuvent être gardées, exposées ou observées » (2035).

    1 Les numéros présents dans le texte font référence au Catéchisme de l’Église catholique. 

    1. L’ordre sacramentel

    L’Église est le sacrement universel du Salut en Jésus-Christ (776). Elle ne brille pas par elle-même, mais elle reflète la lumière du Christ qui resplendit sur son visage. Cette réalité ne dépend ni de la majorité des opinions, ni de l’esprit du temps, mais uniquement de la vérité qui est révélée en Jésus-Christ et qui devient ainsi le point de référence, car le Christ a confié à l’Église catholique la plénitude de la grâce et de la vérité (819) : Lui-même est présent dans les sacrements de l’Église.

    L’Église n’est pas une association créée par l’homme, dont la structure serait soumise à la volonté et au vote de ses membres. Elle est d’origine divine. « Le Christ est Lui-même la source du ministère dans l’Église. Il l’a instituée, lui a donné autorité et mission, orientation et finalité » (874). L’avertissement de l’Apôtre, selon lequel quiconque annonce un Evangile différent, « y compris nous-mêmes ou un ange du ciel » (Ga 1,8), est toujours d’actualité. La médiation de la foi est indissociablement liée à la fiabilité de ses messagers qui, dans certains cas, ont abandonné ceux qui leur avaient été confiés, les ont déstabilisés et ont gravement abîmé leur foi. A ce propos, la Parole de la Sainte Ecriture s’adresse à ceux qui ne se conforment pas à la vérité et, ne suivant que leurs propres caprices, flattent les oreilles de ceux qui ne supportent plus l’enseignement de la saine doctrine (cf. 2 Tm 4, 3-4).

    La tâche du Magistère de l’Église est de « protéger le peuple des déviations et des défaillances, et lui garantir la possibilité objective de professer sans erreur la foi authentique » (890). Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les sept sacrements. La Sainte Eucharistie est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne » (1324). Le Sacrifice eucharistique, dans lequel le Christ nous unit à son Sacrifice accompli sur la Croix, vise à notre union la plus intime avec le Christ (1382). C’est pourquoi, au sujet de la réception de la sainte Communion, la Sainte Ecriture contient cette mise en garde : « Celui qui mange le pain ou boit à la coupe du Seigneur d’une manière indigne devra répondre du Corps et du Sang du Seigneur » (1 Co 11, 27). « Celui qui est conscient d’un péché grave doit recevoir le sacrement de la Réconciliation avant d’accéder à la communion » (1385). Il résulte clairement de la logique interne du Sacrement que les chrétiens divorcés civilement, dont le mariage sacramentel existe devant Dieu, de même que les chrétiens qui ne sont pas pleinement unis à la foi catholique et à l’Église, comme tous ceux qui ne sont pas aptes à communier, ne reçoivent pas avec fruit la Sainte Eucharistie (1457) ; en effet, celle-ci ne leur procure pas le Salut. Affirmer cela fait partie des œuvres spirituelles de miséricorde.

    L’aveu des péchés dans la sainte confession, au moins une fois par an, fait partie des commandements de l’Eglise (2042). Lorsque les croyants ne confessent plus leurs péchés et ne font plus l’expérience de l’absolution des péchés, alors la Rédemption tombe dans le vide, car Jésus-Christ s’est fait homme pour nous racheter de nos péchés. Le pouvoir de pardonner, que le Seigneur ressuscité a conféré aux apôtres et à leurs successeurs dans le ministère des évêques et des prêtres, s’applique autant aux péchés graves que véniels que nous commettons après le baptême. La pratique actuelle de la confession montre clairement que la conscience des fidèles n’est pas suffisamment formée. La miséricorde de Dieu nous est offerte afin qu’en obéissant à ses commandements, nous ne fassions qu’un avec sa sainte Volonté, et non pas pour nous dispenser de l’appel à nous repentir (1458).

    « Le prêtre continue l’œuvre de la Rédemption sur la terre » (1589). L’ordination sacerdotale « lui confère un pouvoir sacré » (1592), qui est irremplaçable, parce que par elle Jésus-Christ devient sacramentellement présent dans son action salvifique. C’est pourquoi les prêtres choisissent volontairement le célibat comme « signe d’une vie nouvelle » (1579). En effet, il s’agit du don de soi-même au service du Christ et de son Royaume à venir. Pour conférer les trois degrés de ce sacrement, l’Eglise se sait « liée par le choix du Seigneur lui-même. C’est pourquoi l’ordination des femmes n’est pas possible » (1577). Ceux qui estiment qu’il s’agit d’une discrimination à l’égard des femmes ne font que montrer leur méconnaissance de ce sacrement, qui n’a pas pour objet un pouvoir terrestre, mais la représentation du Christ, l’Epoux de l’Eglise.

    1. La loi morale

    La foi et la vie sont inséparables, car la foi privée des œuvres accomplies dans le Seigneur est morte (1815). La loi morale est l’œuvre de la Sagesse divine et elle mène l’homme à la Béatitude promise (1950). Ainsi, « la connaissance de la loi morale divine et naturelle montre à l’homme la voie à suivre pour pratiquer le bien et atteindre sa fin » (1955). Pour obtenir le Salut, tous les hommes de bonne volonté sont tenus de l’observer. En effet, ceux qui meurent dans le péché mortel sans s’être repentis sont séparés de Dieu pour toujours (1033). Il en résulte, dans la vie des chrétiens, des conséquences pratiques, en particulier celles-ci qui, de nos jours, sont souvent occultées (cf. 2270-2283; 2350-2381). La loi morale n’est pas un fardeau, mais un élément essentiel de cette vérité qui nous rend libres (cf. Jn 8, 32), grâce à laquelle le chrétien marche sur le chemin qui le conduit au Salut ; c’est pourquoi, elle ne doit en aucun cas être relativisée.

    1. La vie éternelle

    Face à des évêques qui préfèrent la politique à la proclamation de l’Évangile en tant que maîtres de la foi, beaucoup se demandent aujourd’hui à quoi sert l’Eglise. Pour ne pas brouiller notre regard par des éléments que l’on peut qualifier de négligeables, il convient de rappeler ce qui constitue le caractère propre de l’Eglise. Chaque personne a une âme immortelle, qui, dans la mort, est séparée de son corps ; elle espère que son âme s’unira de nouveau à son corps lors de la résurrection des morts (366). Au moment de la mort, la décision de l’homme pour ou contre Dieu, est définitive. Immédiatement après sa mort, toute personne doit se présenter devant Dieu pour y être jugée (1021). Alors, soit une purification est nécessaire, soit l’homme entre directement dans le Béatitude du Ciel où il peut contempler Dieu face à face. Il y a aussi la terrible possibilité qu’un être humain s’obstine dans son refus de Dieu jusqu’au bout et, en refusant définitivement son Amour, « se damne immédiatement pour toujours » (1022). « Dieu nous a créés sans nous, Il n’a pas voulu nous sauver sans nous » (1847). L’existence du châtiment de l’enfer et de son éternité est une réalité terrible qui, selon le témoignage de la Sainte Ecriture, concerne tous ceux qui « meurent en état de péché mortel » (1035). Le chrétien préfère passer par la porte étroite, car « elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent » (Mt 7,13).

    Garder le silence sur ces vérités et d’autres vérités de la foi, et enseigner avec cette disposition d’esprit, est la pire des impostures au sujet de laquelle le « Catéchisme » nous met en garde avec vigueur. Elle fait partie de l’épreuve finale de l’Église et conduit à une forme d’imposture religieuse de mensonge, « au prix de l’apostasie de la vérité » (675) ; c’est la duperie de l’Antichrist. « Il séduira avec toute la séduction du mal, ceux qui se perdent du fait qu’ils n’ont pas accueilli l’amour de la vérité, ce qui les aurait sauvés » (2 Th 2, 10).

    Appel

    En tant qu’ouvriers envoyés dans la vigne du Seigneur, nous tous avons la responsabilité de rappeler ces vérités fondamentales en adhérant fermement à ce que nous-mêmes avons reçu. Nous voulons encourager les hommes de notre temps à suivre le chemin de Jésus-Christ avec détermination afin qu’ils puissent obtenir la vie éternelle en obéissant à ses commandements (2075). 

    Demandons au Seigneur de nous faire connaître la grandeur du don de la foi catholique, qui nous ouvre la porte de la vie éternelle. « Car celui qui a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges » (Mc 8,38). Par conséquent, nous nous engageons à renforcer la foi en confessant la vérité qui est Jésus-Christ Lui-même.

    Nous, évêques et prêtres, nous sommes plus particulièrement interpellés par cet avertissement que saint Paul, l’Apôtre de Jésus-Christ, adresse à son collaborateur et successeur Timothée : « Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Un temps viendra où les gens ne supporteront plus l’enseignement de la saine doctrine ; mais, au gré de leurs caprices, ils iront se chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la vérité pour se tourner vers des récits mythologiques. Mais toi, en toute chose garde la mesure, supporte la souffrance, fais ton travail d’évangélisateur, accomplis jusqu’au bout ton ministère » (2 Tm 4, 1-5).

    Que Marie, la Mère de Dieu, implore pour nous la grâce de demeurer fidèles à la vérité de Jésus-Christ sans vaciller.

    Unis dans la foi et la prière.

    Gerhard Cardinal Müller

    Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de 2012 à 2017

    https://webmail.bell.net/appsuite/#6 

    LE PAPE ET LE GRAND IMAM : UN MARIAGE PAS CATHOLIQUE, PAR HÉLIOS D’ALEXANDRIE

    Publié par Hélios d'Alexandrie

    C’est bien connu Jorge Mario Bergoglio, dit le pape François, a une prédilection particulière pour l’islam. C’est à croire qu’il cherche à créer, non une synthèse du christianisme et de l’islam, mais une sorte d’union matrimoniale.

    Certainement pas un mariage catholique où le divorce est interdit, mais pourquoi pas un mariage islamique où l’époux musulman a le droit de battre son épouse, de la violer, de la répudier et de la reprendre à sa guise.

    Le 4 février, à Abu Dhabi lui et le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed Al Tayeb ont convolé en justes noces, ils ont signé une déclaration commune «la Fraternité humaine pour la paix et la cohésion entre les peuples».

    Certains prétendent qu’en signant ce document, le Pape cherche à « réconcilier » les chrétiens et les musulmans. Mais cette prétendue réconciliation n’a aucun sens, dans la mesure où l’agresseur musulman n’a aucunement l’intention de mettre fin à son agression, et dans la mesure où l’agressé chrétien, non seulement ne fait rien pour se défendre, mais pousse l’imbécilité jusqu’à s’excuser d’être agressé.

    L’Église catholique se reproche amèrement d’avoir mis au monde la civilisation occidentale, historiquement la plus humaine et la plus achevée. Même si elle n’y est pour rien, elle se reproche encore plus l’échec de l’islam et sa faillite morale. Désormais la « charité chrétienne » exige qu’elle s’humilie et qu’elle place l’islam sur un piédestal.

    Le pape ne cherche donc pas la réconciliation mais le mariage punitif, voire expiatoire, soit une relation sadomasochiste entre l’islam et l’Église catholique.

    L’imam d’el Azhar n’a aucune raison de renoncer à son traditionnel double discours, bien au contraire. Il ne se privera pas d’agiter la branche d’olivier et abreuvera le pape de tout ce que le pape veut entendre et ne demande qu’à croire. Déclarations solennelles et signature de documents ne coûtent rien et s’avèrent drôlement rentables. Al Tayeb gagne sur toute la ligne, il aurait dû se trouver dans le box des accusés, mais le voilà placé sur la tribune à égalité avec le pape. Il part d’Égypte, où il est contesté et vertement dénoncé par à peu près tous ceux qui cherchent à sortir de la malédiction islamique; et le voilà aux émirats où il retrouvera, grâce au pape, une virginité renouvelée et une renommée mondiale. De retour en Égypte il narguera ses critiques et ne manquera pas de se vanter auprès des siens.  

    Tout musulman a carte blanche pour mentir et dissimuler ses intentions, tant que le mensonge et la dissimulation font avancer la cause de l’islam. Cette tactique el Tayeb la maitrise parfaitement et ne se prive pas de l’utiliser. Tout musulman, et el Tayeb ne fait pas exception, sait qu’Allah dans le coran lui ordonne de ne pas prendre pour amis les juifs et les chrétiens (5.31). Allah dit aussi que les gens du livre (les juifs et les chrétiens) ressemblent à des ânes qui portent des livres (62.5), ou qu’ils sont pire que des bêtes qui s’égarent (7. 179). Allah dans le coran appelle à anéantir les chrétiens qui affirment que Jésus est son fils (9.30) . Allah dit aussi que les associateurs (les chrétiens qui associent Jésus à Allah) ne sont qu’impureté « najas » (9. 28). Dans le verset de l’épée Allah ordonne de tuer les associateurs partout où ils se trouvent (9.5), etc. etc. Autrement dit si l’imam d’Al Azhar, en signant la déclaration d’Abu Dhabi, était vraiment sincère, il se trouverait à renier la parole d’Allah donc à apostasier. Sachant pertinemment qu’il ne la renie d’aucune façon , on peut conclure sans risque d’erreur qu’il ment et dissimule pour faire avancer la cause de l’islam.

    Le pape est-il naïf ou sait-il qu’on le roule dans la farine? Les deux possibilités ne s’excluent pas nécessairement. Des naïfs orgueilleux et têtus ça existe, si par hasard ils embrassent l’idéologie gaucho-tiers-mondiste, et que l’un d’entre eux chausse les souliers de Saint Pierre, alors l’Église catholique se retrouve dans de jolis draps.

    Je ne partage pas l’opinion selon laquelle le grand imam d’Al Azhar, pressé de toutes part, a fini par céder et accepter de répondre positivement et de bonne foi aux « impératifs » du dialogue, de la bonne entente et du respect des droits en matière de religion. Sa signature apposée sur un document ressemble à s’y méprendre à une promesse politicienne, elle n’engage que ceux y croient. L’Histoire a cette fâcheuse habitude de se répéter à chaque fois qu’on oublie ses leçons: en septembre 1938, le premier ministre britannique Neville Chamberlain, de retour de la conférence de Munich, a exhibé l’accord qu’il venait de signer avec Hitler et a déclaré à la foule enthousiaste : Grâce à cet accord que je viens de signer avec Herr Hitler, c’est la paix notre vie durant! On connaît la suite, un an plus tard éclatait la seconde guerre mondiale.

    El Tayeb a refusé catégoriquement de mettre les jihadistes de l’État Islamique au ban de l’islam, cela lui a été reproché mais en fait il avait islamiquement raison. Ces jihadistes sont d’authentiques musulmans observants, la seule chose qu’el Tayeb leur reproche c’est la violence, non parce qu’elle est contraire à l’islam, mais parce qu’elle ternit l’image de l’islam et met les musulmans sur la défensive. Et si elle Tayeb résiste aux demandes du président El Sissi, pour modifier en profondeur les manuels scolaires islamiques qui polluent les cerveaux des écoliers, c’est qu’il sait qu’il n’a pas le droit d’empêcher l’enseignement intégral de la charia.

    Tout ça le Pape et ses proches collaborateurs ne peuvent pas ne pas le savoir. Ils le savent mais cela ne les fera pas changer d’avis ni de trajectoire : l’Église catholique a lié son sort à l’islam, c’est-à-dire qu’au lieu de le laisser se noyer dans la déchéance, elle a choisi de s’unir à lui et de lui reconnaître un statut moral qu’il ne mérite pas.

    Si c’est cela la charité chrétienne nouvelle mouture, alors elle ressemble étrangement à un pacte de suicide!

    La haute hiérarchie de l’Église catholique marine dans le relativisme religieux, elle n’a certes plus la foi qui soulève les montagnes et pour tout dire elle doute, non seulement d’elle-même mais du message et de sa mission qui consiste à le préserver et le transmettre.

    Les catholiques qui ne se racontent pas d’histoires et qui ne se bercent pas d’illusions sont face à un dilemme : ou ils choisissent de rester dans l’Église catholique et acceptent de sombrer avec elle, ou ils choisissent de prendre leur destin en main. Mieux vaut le schisme que la mort assurée, entre deux maux il faut choisir le moindre.

    Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Hélios d’Alexandrie pour Dreuz.info.

    https://www.dreuz.info/2019/02/08/le-pape-et-le-grand-imam-un-mariage-pas-catholique-par-helios-dalexandrie/ 

    LA FORCE DU DIALOGUE INTERRELIGIEUX

    Pour la première fois dans l'Histoire des hommes, un pape s'est rendu sur la péninsule arabique, sanctuaire de l'islam depuis le VIIe siècle après Jésus-Christ.
    Arrivé à Abu Dhabi le dimanche 3 février 2019, le Souverain Pontife a été accueilli par le prince héritier Mohammed Ben Zayed al-Nahyan (MBZ), qui gouverne les Émirats arabes unis depuis l'AVC de son demi-frère l'émir en 2014. Au programme de François : une messe pour les centaines de milliers de Philippins et Indiens chrétiens vivant aux Émirats, mais aussi une grande conférence interconfessionnelle et une rencontre avec le Cheikh Ahmed al-Tayeb, grand imam de la mosquée cairote d'al-Azhar, l'institution la plus éminente de l'enseignement de l'islam sunnite.
    Dans un message vidéo publié le 31 janvier, le chef de l'Église catholique avait déclaré : "La Foi en Dieu nous unit plutôt qu'elle nous divise ; elle nous rapproche, en dépit des différences [qui existent entre religions] ; elle éloigne de nous la haine et le conflit." Le Pape y avait également rendu hommage aux Émirats, "une terre qui s'efforce de devenir un modèle de coexistence, de fraternité humaine, et un lieu de rencontre entre différentes civilisations et cultures".
    À la première place du combat idéologique contre les Frères musulmans (mouvement islamiste né en Égypte en 1928 en réaction à la "corruption" des mœurs occidentales), les Émirats prétendent vouloir la liberté de religion sur leur territoire. Pourquoi ne pas les prendre au mot ? Le jésuite argentin Bergoglio et le prince bédouin al-Nahyan semblent partager une même intuition : la paix est fille de la tolérance, laquelle est fille de la connaissance. Parler avec l'autre de sa religion, afin de la mieux connaître : voilà la clef d'un monde arabo-musulman apaisé.
    Le dialogue interconfessionnel est devenu aujourd'hui un instrument clef pour éviter que le clash des civilisations (décrit il y a vingt-cinq ans par Huntington) ne se transforme en guerre des civilisations.
    Le Pape a dit quelque chose de fondamental quand il a affirmé que la foi - en général - rapprochait les hommes plutôt qu'elle ne les divisait. Dans le terme "foi", le Saint-Père englobe cinq concepts différents mais complémentaires : la volonté et l'effort d'adhésion au mystère divin, la prière, l'introspection intérieure, l'étude, la dialectique avec son prochain.
    Ces qualités se retrouvent dans les trois religions monothéistes, chez les grands rabbins du judaïsme, chez les pères de l'Église, chez les maîtres du soufisme. Bref, le Pape nous a rappelé que l'homme qui cultive une riche vie intérieure ne se laisse pas facilement happer par la haine de l'autre.
    Aux XVIe et XVIIe siècles, juste après le magnifique élan que constitua l'humanisme de la Renaissance, la chrétienté fut entraînée dans d'abominables guerres de religion, où les chrétiens, qu'ils fussent catholiques ou protestants, se comportèrent davantage en hommes de doctrine qu'en hommes de foi.
    Aujourd'hui, c'est le monde musulman qui est devenu la proie des intolérances doctrinales. Le grand philosophe tunisien Youssef Seddik m'a un jour expliqué la différence qu'il y avait entre un bon musulman et un Frère musulman : "Le bon musulman, c'est celui qui se préoccupe sans arrêt de la relation qu'il entretient avec Dieu ; le Frère musulman, c'est celui qui se préoccupe sans arrêt de la relation qu'entretiennent ses voisins avec Dieu !"
    Les Frères musulmans et autres islamistes voient la religion comme un embrigadement, alors qu'elle est avant tout une quête intérieure.
    En faisant par la force comparaître Jésus devant lui, le Sanhédrin de Jérusalem, jaloux du succès populaire du Nazaréen, n'a pas fait acte de foi, mais d'intolérance doctrinale. Même intolérance, quinze siècles plus tard, chez les Inquisiteurs poursuivant les marranes d'Espagne.
    Depuis Jean XXIII, la relation judéo-chrétienne est heureusement passée de la méfiance à l'enrichissement réciproque. Il reste à l'islam à construire une relation apaisée - excluant toute dhimmitude - avec le judaïsme et le christianisme. C'est un mouvement qu'appelait de ses vœux le grand cheikh d'al-Azhar Mohamed Abdou à la fin du XIXe siècle. Le siècle suivant fut hélas celui de deux profondes régressions en islam : le mouvement des Frères musulmans, puis le wahhabisme pétrolier.
    Le Pape l'a compris : le monde méditerranéen, le Moyen-Orient et l'Asie ne retrouveront pas une paix durable tant que leurs ministres de l'Éducation n'auront pas institué un catéchisme réciproque, où les jeunes juifs, chrétiens et musulmans soient systématiquement initiés à la foi de l'autre. Car l'on ne hait pas ce que l'on connaît en profondeur.
    Paru dans Le Figaro, 5 février 2019

    GIRARD Renaud

    http://www.magistro.fr/index.php/template/lorem-ipsum/de-par-le-monde/item/3621-du-dialogue-interreligieux 

    3-0 ŒCUMÉNISME 

    4-0 LITURGIE

    5-0 SPIRITUALITÉ


    DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
    Jésus dit à Simon :

           « Appelle les deux autres. Nous allons sur le lac jeter le filet.
           – Maître, j’ai les bras rompus d’avoir jeté et relevé le filet toute la nuit, et pour rien. Le poisson est tout au fond, qui sait où.
           – Fais ce que je te dis, Pierre. Ecoute toujours celui qui t’aime.
           – Je ferai ce que tu dis par respect pour ta parole. »
           Il appelle à haute voix les employés, ainsi que Jacques et Jean.
           « Nous sortons pêcher. C’est le Maître qui le veut. »
           Et pendant qu’ils s’éloignent, il dit à Jésus :
           « Pourtant, Maître, je t’assure que ce n’est pas l’heure favorable. A cette heure-ci, qui sait où les poissons se reposent !... »
           Jésus assis à la proue sourit et se tait.
           Ils font un arc de cercle sur le lac puis jettent le filet. Après quelques minutes d’attente, la barque est secouée étrangement, étant donné que, sous le soleil déjà haut sur l’horizon, le lac est lisse comme du verre fondu.
           « Mais ce sont les poissons, Maître ! » dit Pierre, les yeux écarquillés.
           Jésus sourit et se tait.
    https://webmail.bell.net/appsuite/#6
    Lire le récit en entier : https://valtorta.fr/premiere-annee-vie-publique-de-jesus/la-peche-miraculeuse.html#vision-65.2 

    DANS LES VISIONS DE MARIA VALTORTA
    Enseignement de Jésus :

           Bien des fois, je n’attends même pas qu’on m’appelle quand je vois l’un de mes enfants en danger. Et bien des fois j’accours aussi pour celui qui est envers moi un fils ingrat.
           Vous dormez, ou vous êtes pris par les occupations de la vie, par les soucis de la vie. Moi, je veille et je prie pour vous. Ange de tous les hommes, je me tiens penché sur vous et rien ne m’est plus douloureux que de ne pouvoir intervenir parce que vous refusez mon secours, en préférant agir par vous-mêmes ou, ce qui est pire, en demandant de l’aide au Mal. Comme un père qui s’entend dire par un fils : “ Je ne t’aime pas. Je ne veux pas de toi. Sors de ma maison ”, je reste humilié et affligé comme je ne l’ai pas été par mes blessures. Mais si vous ne m’ordonnez pas de partir et si vous êtes seulement distraits par la vie, je suis l’éternel Veilleur, prêt à accourir avant même d’être appelé. Et si j’attends que vous me disiez une parole – parfois je l’attends –, c’est pour m’entendre appeler.
           Quelle caresse, quelle douceur de m’entendre appeler par les hommes ! Sentir qu’ils se souviennent que je suis “ le Sauveur ” ! Et je ne te dis pas quelle joie infinie me pénètre et m’exalte quand il y a quelqu’un qui m’aime et m’appelle sans attendre l’heure du besoin. Il m’appelle parce qu’il m’aime plus que toute autre chose au monde et sent qu’il se remplit d’une joie semblable à la mienne rien qu’à m’appeler : “ Jésus, Jésus ”, comme le font les enfants quand ils appellent : “ Maman, maman ” et qu’il leur semble que du miel s’écoule sur leurs lèvres parce que le seul mot “ maman ” apporte avec lui la saveur des baisers maternels.
           Les apôtres voguaient, obéissant à mon commandement d’aller m’attendre à Capharnaüm. Et moi, après le miracle des pains, je m’étais isolé de la foule, mais pas par dédain pour elle ou par lassitude.
           Je n’éprouvais jamais de rancœur contre les hommes, même s’ils se montraient méchants à mon égard. C’est seulement quand je voyais la Loi piétinée et la maison de Dieu profanée que j’arrivais à m’indigner. Mais alors, ce n’était pas moi qui étais en cause, mais les intérêts du Père. Et moi, j’étais sur la terre le premier des serviteurs de Dieu pour servir le Père des Cieux.
           Je n’étais jamais las de me dévouer aux foules, même si je les voyais fermées, lentes, humaines, au point de faire perdre cou­rage à ceux qui sont les plus confiants dans leur mission. Et même, justement parce qu’ils étaient si déficients, je multipliais mes explications à l’infini, je les prenais vraiment comme des élèves en retard, et je guidais leur âme dans les découvertes et les initiations les plus rudimentaires, comme un maître patient guide les petites mains maladroites des écoliers pour tracer les premières lettres, pour les rendre toujours plus capables de comprendre et de faire. Que d’amour j’ai donné aux foules ! Je les sortais de la chair pour les amener à l’esprit. Je commençais moi aussi par la chair, mais, alors que Satan en part pour les amener à l’enfer, j’en partais pour les conduire au Ciel.
           Je m’étais isolé pour remercier le Père du miracle des pains. Ils avaient été plusieurs milliers de personnes à manger et j’avais recommandé de dire “ merci ” au Seigneur. Mais une fois l’aide obtenue, l’homme ne sait pas dire “ merci ”. Je le disais pour eux (...)

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    Lire le récit en entier : https://valtorta.fr/deuxieme-annee-vie-publique-de-jesus/jesus-marche-sur-les-eaux.html#vision-274.5 

    LOURDES : IL Y A LÀ QUELQUE CHOSE D’INEXPLICABLE  
    On recense des milliers de « guérisons miraculeuses » chaque année à Lourdes, l’un des sanctuaires les plus visités au monde. Cependant, seule une infime partie de ces « guérisons » sont considérées comme vraiment « miraculeuses » par l’Église. En effet, les critères pour qu’une guérison soit désignée comme telle sont très rigoureux.

    Or, pour beaucoup de gens, le concept de « miracle » n’est qu’un discours de charlatans qui ne reposerait sur aucune base scientifique. Cette posture, qui est aussi celle de certains « intellectuels », contraste avec la position respectueuse de certains scientifiques prestigieux comme le Dr. Luc Montagnier, lauréat du prix Nobel de médecine en 2008 et qui a, entre autres, découvert le VIH.

    Ancien directeur de l’Institut Pasteur, cet éminent scientifique avait donné son opinion en 2009 sur les miracles de Lourdes dans un livre intitulé Le Nobel et le Moine, dans lequel il dialogue avec le moine cistercien Michel Niassaut. Quand la discussion aborde les guérisons inexplicables de Lourdes et que le frère Michel lui demande ce qu’il en pense en tant que non-croyant, Montagnier répond : Quand un phénomène est inexplicable, s’il existe vraiment, alors il est inutile de le nier. 

    Montagnier affirme que pour les miracles de Lourdes, il y a quelque chose d’inexplicable, et il rejette la position de certains scientifiques qui commettent l’erreur de rejeter ce qu’ils ne comprennent pas. Je n’aime pas cette attitude. Je cite souvent l’astrophysicien Carl Sagan qui dit : L’absence de preuve n’est pas une preuve d’absence.

    Montagnier poursuit : Concernant les miracles de Lourdes que j’ai étudiés, je crois vraiment qu’il y a là quelque chose d’inexplicable. 

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    APOLOGÉTIQUE SUR GRAND ÉCRAN

    Rédigé par Anne Bernet le 11 février 2019 dans Culture

    À force d’âneries et de saletés, de bassesse et de vulgarité complaisamment encensées par les médias à longueur de films à succès, nous avons presque oublié que cinéma et télévision peuvent être d’extraordinaires moyens d’évangélisation. En témoigne le succès, qui en plongea beaucoup dans la fureur, de la Passion de Mel Gibson dont on ne peut mesurer combien de bouleversements intimes et de conversions, jusqu’en milieu musulman, elle aura opérés.

    Le problème, hélas, est qu’il faudrait, pour réaliser des films, ou téléfilms, catholiques un argent, en quantité, qui fait défaut, et des moyens médiatiques qui manquent pareillement …

    Je l’ai déjà dit, il faut remercier l’équipe de SAJE Production d’aller chercher où ils se trouvent, c’est-à-dire le plus souvent en Italie ou aux USA, les films chrétiens que la France ne produit pas, ni ne diffuse, et de les rendre accessibles au public intéressé. Parmi les derniers titres sortis, on en relèvera deux qui se veulent, et y parviennent assez bien, des Apologétiques adaptées à notre temps. Certes, il ne s’agit pas d’adapter Aristide ou Tertullien, encore moins de viser, comme ceux-ci le firent aux commencements du christianisme, les sommets du pouvoir, dans la certitude que la conversion des élites entraînerait celle du peuple, mais, au contraire, de s’adresser à la base, et d’abord à tous ces gens, issus de familles chrétiennes, qui se sont éloignés de Dieu ou ne L’ont jamais connu. Le défi est de taille puisqu’il faut, afin de les ramener à la foi, commencer par détruire tous les arguments fallacieux et les mensonges qu’un monde profondément hostile au Christ a élaborés depuis des siècles et, qu’à la différence des chrétiens, il a les moyens et le pouvoir de diffuser à grande échelle.

    Et pour commencer, le Christ a-t-Il existé ou les évangiles ne sont-ils qu’invention de fous furieux manipulant des imbéciles ?

    Pour Lee Strobel (Mike Vogel), jeune et brillant journaliste d’investigation au Chicago Tribune, la question, en ce mitan des années 70, ne se pose même pas : athée convaincu, il éprouve envers les croyants une répulsion qu’il contrôle mal. Il n’a jamais songé que sa femme ne partageait peut-être pas ses a priori. Lorsqu’un soir, leur fille échappe de justesse à la mort grâce à l’intervention providentielle d’une infirmière évangéliste, son épouse est soudain persuadée de l’existence de Dieu et de Sa Providence.

    Exaspéré de la voir désormais fréquenter le temple, malgré ses menaces de divorce, Strobel décide de lui apporter la preuve qu’elle est devenue à son tour victime de la plus grande escroquerie de tous les temps. Il va mettre son talent de journaliste à prouver que la Résurrection n’a jamais eu lieu.

    Jésus, l’Enquête, de Jon Gunn, est tiré du l’ouvrage du même titre que Strobel a publié après sa conversion. Devenu pasteur, il a utilisé, avec efficacité, ses doutes, interrogations, ricanements passés afin de les mettre au service de la foi qu’il avait combattue. L’intérêt de l’affaire est que Strobel, dans son livre comme dans le film, raconte comment ses objections ont été levées et démolies une à une par les meilleurs historiens, médecins, psychologues. 

    Il se peut que cela n’apporte pas grand-chose au croyant normalement cultivé, qui possède, en principe, les arguments lui permettant de garder et défendre sa foi, mais l’effet produit sur l’incroyant honnête, prêt à reconnaître qu’il était mal renseigné, est, paraît-il, réel. L’on peut cependant regretter que tout cela aboutisse à une promotion de l’évangélisme.

    Dieu n’est pas mort de Harold Cronk ne peut mériter le même reproche, dans la mesure où il est impossible, quoiqu’il s’agisse, là encore, d’une réalisation évangéliste, de savoir avec à quelle confession chrétienne appartiennent le jeune héros et ceux qui l’entourent. Catholique ? Protestant ? Le doute perdure et, dans la mesure où le film se focalise sur ce qui nous unit, non sur ce qui nous divise, cela n’a pas grande importance. En cela, il s’agit d’œcuménisme intelligent.

    À son entrée à l’université, Josh (émouvant Shane Harper), étudiant très pieux, choisit de s’inscrire au cours de philosophie du professeur Radisson (remarquable Kevin Sorbo). Mauvaise idée … Radisson est un athée fanatique qui ne supporte pas d’être contredit et poursuit de ses sarcasmes, sa supériorité intellectuelle, son mépris et sa méchanceté, tous ceux, y compris sa fiancée, qui ont la faiblesse de croire en l’existence d’un Créateur.

    Chaque début d’année, pour tester ses étudiants, il leur affirme que la discussion a été tranchée une fois pour toutes par des gens autrement plus intelligents qu’eux et qu’il n’y a pas à y revenir : Dieu n’a jamais existé et notre époque avancée a appris à se passer de Lui. Puis il exige d’eux qu’ils lui rendent une copie portant cette contre-profession de foi : Dieu est mort.

    Si tous les autres, par ignorance, indifférence ou lâcheté, acceptent sans discuter de signer ce qui équivaut à un acte d’apostasie, Josh, en dépit des ennuis qu’il sent venir, a seul le courage de s’y refuser. Radisson exige alors de lui qu’il apporte publiquement la preuve de l’existence de Dieu. Faute de quoi, il brisera son avenir universitaire.

    Parce que, comme il s’en souvient, le Christ reniera à la face des anges ceux qui L’auront renié à la face des hommes, Josh, avec l’aide d’un jeune prêtre, malgré les oppositions et incompréhensions auxquelles il se heurte, relève le défi d’un homme chez qui il pressent une blessure secrète. Il n’imagine pas les fruits de grâce dont il va devenir l’intermédiaire.

    Dieu n’est pas mort n’a pas fait autant de bruit, lors de sa diffusion que Jésus, l’Enquête. Personnellement, je le trouve pourtant très supérieur par la qualité du scénario, la tension dramatique, le jeu des acteurs, les personnages secondaires gravitant autour du héros : la jeune musulmane qui a découvert l’amour du Christ et subit pour Lui persécution, l’étudiant chinois arraché à son matérialisme, la blogueuse qu’un cancer met en face du sens de la vie et de la mort, son fiancé qui a perdu le sens de l’essentiel et sa mère, atteinte d’Alzheimer mais qui demeure le truchement des avertissements divin, construisent, autour de l’intrigue principale que constitue le duel entre Josh et son professeur, une série d’histoires qui trouveront leur raison d’être au dénouement, dans les sacrifices acceptés par le jeune homme. En dépit des apparences, c’est un film qui finit bien, puisque le salut des âmes y prime sur tout le reste, ce qui n’est pas fréquent au cinéma.

    Fiction ? Non, car le scénario s’inspire directement des discriminations et persécutions endurées aux USA par des étudiants catholiques ou protestants pour avoir refusé de renier leurs croyances.

    Il faut remercier Cronk et ses acteurs de nous obliger à nous poser la vraie question : jusqu’où irions-nous pour demeurer fidèles au Christ ?

    http://www.hommenouveau.fr/2771/culture/apologetique-sur-grand-ecran.htm 

    1858 - LOURDES, LA SOURCE AU CREUX DU ROCHER

    Beaucoup de monde connaît les apparitions de Lourdes. Le mot « Lourdes » évoque guérisons, miracles, messes et processions ; un haut lieu de la tradition catholique. Mais il convient de se replonger au cœur de l’événement fondateur, et de se rappeler en même temps le rôle que Lourdes a tenu, et peut tenir encore, dans la vie chrétienne de la France.

    Au commencement, il n’y a rien qu’un trou noir dans le rocher au bord du Gave. Trois gamines sont arrivées là un jour d’hiver, le 11 février 1858. Elles cherchent de quoi ramasser et vendre ensuite aux chiffonniers pour nourrir la soupe de midi. Elles voient, face à elles, « une vraie mine de bois et d’os ». Deux d’entre elles ont vite fait de traverser le canal qui les en sépare. La troisième, Bernadette, doit à tout prix éviter de réveiller son asthme en plongeant ses pieds dans l’eau froide ; il faudrait l’aider, mais les deux autres ne s’en soucient guère. Elle se prépare donc à se déchausser, quand elle entend par deux fois « un bruit comme un coup de vent »...« Et le souffle de Dieu s’agitait au-dessus des eaux... » (Gn 1, 2) C’est un nouveau monde qui commence. C’est notre monde, replié sur lui-même, qui reçoit la visite d’« En-Haut ». 

    Au fond du trou noir du rocher, Bernadette voit alors une lumière, qui peu à peu prend visage : une jeune fille, « aussi jeune et aussi petite que moi », 1,40 m à 14 ans. C’est le début d’une série de 18 rencontres, sous le signe de la Croix. Bernadette, saisie d’abord par la peur, esquisse un signe de croix, mais son bras s’arrête en route, et la dame lui fait faire un beau geste de prière, « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ». Le sens est donné à toute l’histoire de Lourdes, et d’abord à la vie de Bernadette. [...] 
    https://www.notrehistoireavecmarie.com/fr/esc/lourdes-la-source-au-creux-du-rocher/?utm_source=Une+minute+avec+Marie+%28fr%29&utm_campaign=7f4f6bc675-NHM_2019_N06&utm_medium=email&utm_term=0_a9c0165f22-7f4f6bc675-105122341
     

    CONFESSION : LE DROIT PÉNAL PRIME SUR LE DROIT ECCLÉSIASTIQUE

    Confession : un rappel aux évêques

    Le ministre de la Justice Koen Geens rappellera lors de la « prochaine réunion avec les représentants des cultes et des convictions philosophiques » que le droit pénal prime sur le droit ecclésiastique qui considère que le secret de la confession, au contraire du secret professionnel, est absolu. Ce rappel à l’ordre de la Conférence épiscopale résulte de la publication d’un communiqué faisant suite à la condamnation, le 18 décembre 2018, par le tribunal correctionnel de Bruges d’un prêtre de Gistel, poursuivi pour « non-assistance à personne en danger ». … Dans leur communiqué, les évêques de Belgique réaffirmaient que « l’inviolabilité du secret de la confession s’applique également par rapport aux autorités civiles ou par rapport à la justice », conférant au confesseur, au-delà de l’écoute et de la pénitence, le soin du redressement du pécheur, en l’amenant à trouver l’accompagnement nécessaire à son état. … Citant le communiqué des évêques, Laurette Onkelinx opposait que « le droit canon ne fait pas partie de notre ordre juridique en droit positif » et demandait donc au ministre Koen Geens de « rappeler formellement aux autorités (ecclésiastiques) la prééminence du droit civil sur tout autre droit, notamment religieux ». Koen Geens a répondu à sa suggestion : « Le droit pénal est d’ordre public et s’impose erga omnes . Il s’applique donc aussi aux prêtres.”

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/08/confession-le-droit-penal-prime-sur-le-droit-ecclesiastique-6127309.html 

    ÉGLISE UNIVERSELLE: SUPPRESSION DE LA COMMISSION ECCLESIA DEI

    Créée au lendemain des sacres épiscopaux opérés par Mgr Lefebvre en juin 1998 la commission Ecclesia Dei devait accueillir les prêtres et les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle mais ne souhaitant cependant pas suivre Mgr Lefebvre dans son initiative. Au fil des ans cette commission a géré les communautés religieuses attachées à la forme extraordinaire du rite romain. Par un motu proprio en date du 19 janvier 2019 le pape François a fait de cette commission une simple section de la Congrégation pour la doctrine de la Foi. L'abbé Barthe explicite les raisons de cette décision.

    Église en France: Le courage de la paternité

    Fondateur de la Fraternité Saint Vincent Ferrier le père de Bligniéres a regroupé sous le titre Le courage de la paternité quatorze conférences et prédications qui traitent du rôle du père. Pour notre auteur le rôle du père est d'abord de transmettre, en communion avec son épouse, la nature humaine qu'il a reçue de ses parents. En ces temps de refus de la transmission la tache n'est pas aisée...

    Église en Marche: Brigneau et Madiran

    À l'occasion du centenaire de la naissance de François Brigneau le quotidien Présent a eu l'heureuse initiative de consacrer un numéro spécial à ces deux grands écrivains et militants de la France... française. Anne Le Pape nous éclaire en particulier sur le milieu familial de l'un et de l'autre, leurs relations à Dieu et à l’Église, les prêtres qui les ont marqués, etc. Une belle et méritoire œuvre de piété filiale.

    https://webmail.bell.net/appsuite/#!&app=io.ox/mail&folder=default0/INBOX 

    78 FIGURES SPIRITUELLES, 78 CHEMINS VERS LE CIEL

    Rédigé par Odon de Cacqueray le 09 février 2019 dans Culture

    Après une dizaine d’années à écrire pour Paroles et prières des billets sur des saints, des auteurs spirituelles, des figures inspirantes pour notre vie de foi, l’abbé Christian Venard publie aux éditions Artège : La sainteté de A à Z, dans lequel il présente 78 grands personnages pour « dope(r) (n)otre vie spirituelle ». 

    À l’exception de Benoît XVI, l’abbé Christian Venard ne présente que des hommes et des femmes qui ont déjà rendus leurs âmes à Dieu. Après quelques lignes de biographie, une anecdote, ou bien un trait de caractère, parfois une œuvre de la figure choisie, sont présentés au lecteur qui en plus de découvrir certains des personnages, comme Jacques Loew ou Hélène Kowalska, pourra approfondir sa connaissance de grands saints bien connus tel Padre Pio. Il est fascinant de voir la variété des chemins de sainteté, souvent différents de ce que souhaiterait notre simple volonté.

    Le livre de l’abbé Venard s’inscrit dans la continuité de l’appel à la sainteté du Pape François dans l’exhortation apostolique Gaudete et Exsultate. La postface signée par Mgr Laurent Camiade, évêque de Cahors, est d’ailleurs un commentaire du texte du pape. Les personnages plus ou moins connus ne sont pas présentés pour pouvoir épater la galerie; s’ils sont aussi différents les uns des autres, et ont été réunis, c’est pour que nous puissions choisir des exemples, des modèles à suivre. 

    Une présentation du recueil serait incomplète si elle ne mentionnait pas la belle préface de Monseigneur David Macaire, archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France selon lequel l’abbé Venard « nous enseigne comment se réalise concrètement l’Eglise, corps mystique du Christ, royaume de Dieu et temple de l’Esprit à travers l’Histoire. »

    La sainteté de A à Z, dopez votre vie spirituelle, chez Artège, 12€.

    http://www.hommenouveau.fr/2770/culture/78-figures-spirituelles--br78-chemins-vers-le-ciel.htm 

    QUELLE SAINTE PORTE SA DENT AU BOUT D’UNE TENAILLE ?
    Comment identifier un saint que l'on rencontre au détour d'une rue, d'un musée, d'une église, sous la forme d'une statue ou d'une peinture ? Aleteia vous donne les clés pour reconnaître les symboles de chaque personnage et devenir ainsi incollable. Aujourd'hui : sainte Apolline, fêtée le 9 février.

    Sainte Apolline est généralement représentée portant une tenaille où est accrochée une dent. On la représente aussi parfois en train de se faire arracher les dents par un bourreau. Dans certains cas, une palme du martyre l’accompagne.

    Vie de sainte Apolline :

    Née à Alexandrie, l’histoire d’Apolline est connue grâce au récit de Denys d’Alexandrie, évêque de la ville au IIIe siècle, et Père de l’Église. À cette époque, l’empereur Dèce promulgua un édit pour obliger tous les citoyens à offrir des sacrifices aux Dieux pour la sauvegarde de l’Empire. Mais les chrétiens qui refusaient de se soumettre étaient immédiatement persécutés par les païens. Parmi les victimes, Apolline, qui faisait partie d’un groupe de vierges consacrées, fut prise à partie. On lui fracassa la mâchoire et on lui brisa toutes les dents. Placée devant un bûcher, les bourreaux allèrent jusqu’à la menacer de l’y jeter si elle refusait d’injurier le Christ. Fidèle, elle refusa et, dans un acte héroïque, se jeta d’elle-même dans le bûcher.

    Elle est la patronne des dentistes et est invoquée contre les maux de dents.

    https://fr.aleteia.org/2019/02/08/quelle-sainte-porte-sa-dent-au-bout-dune-tenaille/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr 

    6-0 ÉTHIQUE  

     

    7-0 LAICITÉ


    SIGNES RELIGIEUX: EN FLAGRANT DÉLIT D'IGNORANCE

    «C’est bien le moins que nous puissions attendre de nos dirigeants politiques: s’informer davantage afin de chercher les bases d’un compromis social qui donne un signal d’inclusion», écrit Jocelyn Girard. Photo: le premier ministre François Legault.   (Présence/Philippe Vaillancourt)

    Chroniqueur
    Jocelyn Girard

    Lorsque François Legault déclare qu’il n’y a pas d’islamophobie au Québec et qu’il tente le lendemain de se rattraper en prétendant qu’il n’y a pas de « courant islamophobe », il est à se demander s’il regarde les mêmes commentaires des réseaux sociaux que la plupart des gens, y compris sous ses propres publications!

    Lorsque sa nouvelle ministre à la condition féminine, Isabelle Charest, donne une interprétation univoque du voile des femmes ou des signes religieux quels qu’ils soient comme étant des « signes d’oppression », en quoi peut-elle ensuite défendre la laïcité dont le principe de neutralité implique que l’État n’a pas à s’ingérer dans les religions?

    Lorsque Nathalie Lemieux, conseillère municipale de Gatineau, défend mordicus qu’il est « normal » d’avoir peur des musulmans, qui « font beaucoup de choses mal, avec leurs camions et toutes ces choses-là », on est en droit de se questionner sur la capacité de certains élus à départager avec bon sens différents enjeux qui n’ont rien à voir entre eux.

    Il semble que les opinions individuelles des personnes en situation de service public deviennent prédominantes en ces jours qui évoquent une nouvelle «grande noirceur». En effet, si les croyances des élites politiques s’imposent sur celles des citoyens qu’ils sont censés servir, en quoi cela nous éloignerait-il de ces années où la religion dominait la pensée des Québécois?

    Ne sommes-nous pas collectivement en train de subir un appauvrissement du concept même de service public lorsque nos élites font preuve de si peu de prudence dans leur étalage d’ignorance?

    Le véritable assujettissement

    De tels propos se caractérisent par leur négation. Négation de réalités que l’on peine à reconnaître et à intégrer, en grande partie parce qu’elles requièrent un déplacement intérieur. Leur condescendance traduit peur et intolérance devant tout ce qui ne se plie pas au modèle dominant.

    Ce modèle, c’est celui de l’individualisme exacerbé que l’on applaudit tant et aussi longtemps qu’il ne nuit pas au paradigme du citoyen-consommateur. Notre idéal de diversité est trop souvent chimérique: tu es ce que tu achètes, ce qui sous-entend également que tu puisses changer d’identité dès ton prochain achat.

    L’identité religieuse, ancrée dans la tradition, observée et déployée durant toute une vie, semble de plus en plus difficile à concevoir pour nombre de nos concitoyens, y compris nos élus, qui se targuent de valoriser un idéal social de liberté. Or il n’en est rien.

    Leurs vues traduisent avant tout le souci de nourrir un modèle économique qui préfère l’homogénéité à la diversité et qui doit pour cela miser sur le déracinement et l’extrême fluidité de citoyens réduits à des ressources dont la finalité est de produire de la richesse.

    En appliquant cet idéal social au port de vêtements ou de signes religieux ostentatoires, considérés dans une lecture réductrice de dominant/dominé, nous sommes conduits à défendre une conception de la liberté assortie d’une prescription de se plier aux exigences de la masse, et donc du marché. Tes valeurs sont valables… tant et aussi longtemps qu’elles te permettent de te conformer.

    Si dans certains pays, dominés par des mâles religieux, on impose aux femmes un type particulier de vêtements et de comportements pendant qu’ici on se met à leur interdire de porter tout signe religieux lorsqu’elles occupent certains postes, vous voyez une différence, vous? Dans les deux cas, c’est une pensée monolithique qui est en jeu: pas de place pour le choix individuel s’il n’est pas en accord avec le système dominant.  

    Il est beau notre idéal laïque…

    Un peu de culture religieuse

    Depuis son introduction en 2008, on a beaucoup critiqué le programme Éthique et culture religieuse. Pourtant, si nous regardons du côté de ces jeunes qui y sont « soumis » depuis dix ans, nous pourrions nous demander comment il se fait que ce n’est pas de leur côté que nous trouvons le plus grand nombre de xénophobes, d’islamophobes ou de « religiophobes »! Cela sans doute parce qu’ils savent, eux, pourquoi ces gens prient de telle manière, pourquoi ils portent tels symboles, pourquoi certains cherchent à développer une discipline particulière, pourquoi d’autres paraissent étrangers à notre mode de vie.

    Non pas qu’il faille tout accepter sans rien dire – les religions tout comme l’athéisme militant doivent accepter d’être critiqués dans une société démocratique – mais le faire en les connaissant davantage nous rend aptes à mieux comprendre et, surtout, à entrer en dialogue.

    C’est bien le moins que nous puissions attendre de nos dirigeants politiques: s’informer davantage afin de chercher les bases d’un compromis social qui donne un signal d’inclusion. Car les divisions ne servent, au final, que les intérêts d’un marché qui préfère une majorité silencieuse qui consomme à une diversité qui questionne certaines valeurs dominantes et le conformisme à tout prix.

    http://presence-info.ca/article/culture/signes-religieux-en-flagrant-delit-d-ignorance 

    LA GRANDE MOSQUÉE DE QUÉBEC, LA CONDAMNATION DE BISSONNETTE ET LA LOI SUR LA LAÏCITÉ
    Au Québec, cet unique pays chrétien et francophone d’Amérique du Nord, la concomitance dans l’actualité des commémorations de la tuerie à la Grande Mosquée avec la condamnation de son auteur et le dépôt imminent d’une loi provinciale sur la laïcité m’ont inspiré les réflexions ci-dessous.
    In memoriam pour tous ?

    La commémoration de la tragédie de la Grande Mosquée de Québec et la condamnation de son auteur m’ont amené à revoir le fil des événements et à constater que «nous avons été terrorisés» à l’idée d’être vus par le monde entier comme de dangereux racistes, et nous avons bien démontré que nous ne l’étions pas ! L’assassin était un fou avéré mû par l’attrait de la célébrité ; rien de confessionnel. Tous les officiels du pays et une foule nombreuse dans un froid glacial, sous une couverture médiatique mondiale plus importante que celles accordées aux discours de Donald Trump à l’ONU, se sont élevés clairement contre ce triste événement.

    Lors de ce rassemblement, je m’attendais à entendre tôt ou tard l’un des représentants de la communauté musulmane nous dire avec urbanité que son affliction et celle de ses proches éprouvés les «rapprochait» des cinq membres de la famille Charrier, de Beauport, à un kilomètre, tous «Aides humanitaires», assassinés, un an plus tôt seulement, et à la même époque de l’année, au Burkina Faso, par des musulmans.

    Oui, par des musulmans. «Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs de l’humanité» n’a jamais été aussi vital à comprendre pour l’humanité qu’en cette occurrence : peu importe qu’ils aient été sunnites, chiites, islamistes, djihadistes, salafistes… ils se réclament tous de l’islam, la (religion) des musulmans, c’est indéniable, non démenti, et jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas une insulte. Finis les «attentats djihadistes» et leurs corollaires redondants qui nous font oublier au quotidien de bien nommer les choses et ce qu’elles sont réellement. L’attentat du World Trade Center et tout ce qui s’en est suivi est «musulman». Quant aux risques d’amalgames, il faut remettre l’église au cœur du village : ce n’est pas à nous d’éviter les amalgames mais bien à eux de nous éviter de pouvoir en faire. Si tous les musulmans ne sont pas des terroristes, ils restent tous complices volontaires des desseins d’Allah.

    À ma connaissance, pas un seul mot de compassion élémentaire n’a été prononcé depuis ce 29 janvier 2017 par un membre de la communauté musulmane à l’intention de la famille Charrier. Mais une pluie diluvienne de requêtes invraisemblables s’est abattue sur toutes les instances publiques, dont la plus blessante, voire outrancièrement insultante, a été la demande, refusée, de désignation du «29 janvier» comme «Journée nationale contre l’islamophobie» ; demande faite sans ce soucier de faire passer les Québécois pour des racistes finis, afin d’exploiter indéfiniment ce filon de culpabilisation si prometteur, malgré tous ce qu’on à fait de bon cœur depuis, pour atténuer le geste isolé d’un fou furieux.

    Ils clament volontiers autour d’eux que ce n’est pas ça l’islam, et qu’ils veulent bien s’intégrer, mais que NOUS devons être davantage inclusifs, en leur accordant des heures de piscine pour leurs femmes en burkinis interdits aux baigneurs lambda, leurs voilures musulmanes dans des emplois laïcs, des cantines hallal au primaire… concessions stupides qui les maintiennent résolument dans un monde à part ! Et ils obtiennent toujours gain de cause en inversant effrontément toutes les lois protectrices de nos démocraties, dont la fameuse liberté de culte ! Ce ne sont pas nos lois qui les empêchent de s’intégrer comme y arrivent toutes les autres «cultures» qui débarquent chez nous, c’est leur culte sectaire et on n’y peut rien. On n’a pas à les recevoir mieux que les autres en modifiant nos lois démocratiques ; ce ne serait pas équitable pour les autres cultes.

    Car il faut bien comprendre, à la veille du dépôt de loi sur la laïcité du gouvernement Legault, que quand on bannit le porc des cantines scolaires pour des raisons religieuses, on viole l’espace laïc en oubliant qu’on y a arraché les crucifix il n’y a pas si longtemps, justement pour la rendre plus accessible à tous ; quand une institutrice se présente devant sa classe d’enfants âgés entre 5 et 12 ans déguisée en mère Teresa musulmane, sans savoir ce qu’elle va instiller, ne serait-ce que par son apparence, dans la tête des enfants et de leurs parents trop heureux d’étaler leur anti-racisme, on viole la loi sur la laïcité de l’école publique ; quand une infirmière voilée œuvre en hôpital psychiatrique auprès de malades de l’âme en quête de leur raison, on viole l’espace laïc de ces personnes fragilisées et on les expose à un prosélytisme au moins visuel et envahissant ; quand un policier coiffé de son fez musulman peut être amené à arrêter un juif, on viole l’uniforme de tous les policiers en oubliant qu’il représente l’incarnation concrète de la loi et rien d’autre ; quand une armée bigarrée de signes religieux identiques affronte une armée également bigarrée des mêmes signes religieux, ceux qui ont respecté l’uniforme risquent de regretter rapidement la naïveté de leurs ascendants trop conciliants…

    Un uniforme qui n’est pas uniforme n’est plus un uniforme, c’est un étendard de conquête. Il faut garder en tête que tous les musulmans sont sous l’influence du coran, prédisposés à œuvrer pour la gloire d’Allah selon leur position sociale et leurs dispositions physiques et intellectuelles, aveugles forcenés aux désastres que cette secte inflige partout où elle règne en maître dans le monde. Et, obtus en diable, ils ne démissionnent jamais, même après un millénaire d’échec ! Le temps jouerait pour eux puisqu’Allah est éternel. Sans Reconquista, ils avancent inexorablement, comme l’aiguille des heures sombres.

    Ils connaissent très bien l’origine de nos agacements populaires à leur égard puisqu’ils les provoquent délibérément pour mieux nous agonir ensuite d’islamophobies et obtenir tout et rien, peu importe, tant qu’on cède du terrain jusqu’à en prendre l’habitude ! C’est comme un levier utilisé pour désarticuler nos sociétés, en leur laissant de plus en plus de places privilégiées. La ficelle est tellement énorme qu’elle cache un épais tissu de mensonges à tous les bien-pensants de ce monde. S’ils veulent des cimetières musulmans, c’est pour ne pas enterrer leurs morts avec des infidèles.

    Intégration ? Pas même post mortem !

    «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» ; «Mais qui donc est mon prochain ?» : ces deux versets du Nouveau Testament donnent l’occasion au Christ de se fendre d’une de ses plus longues paraboles, celle dite «du bon Samaritain». S’il avait voulu qu’on aime tout le monde béatement comme des imbéciles, il aurait coupé court et aurait répondu : «Tous». Mais ce n’est pas le cas.

    Je vous tous invite à «relire vraiment» cette parabole transmise par Saint-Luc au chapitre 10,25-37, et à le faire religieusement : aménagez vous un moment de tranquillité, baissez l’éclairage, allumez une bougie, faites brûler de l’encens, dans le silence ou une musique inspirante, de la flûte indienne, du chant grégorien ou de la musique sacrée, donnez vous de la corde, prenez un peu du temps qui vous est dévolu sur Terre pour regarder vers le Ciel dans l’intimité de votre cœur ; si l’un des versets du bon Samaritain vous amène à rêvasser, rêvassez, relisez-le inlassablement jusqu’à avoir envie de recommencer avec un autre… Laissez-vous aimer par la Parole de Dieu !

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    … Cette parabole se termine par le verset : «Va, et toi aussi fais de même» : soit un bon chrétien, aide sur ton chemin et dans la mesure de tes moyens les blessés, les malades, les nécessiteux, les infirmes, les affamés, les personnes en danger… déploie ton humanité. Et ce serait un monde merveilleux si nous réservions notre charité chrétienne à ceux-là. Pour les autres, qu’ils soient simplement compétents et reconnaissants, oui, RECONNAISSANTS, là où nous avons peut-être besoin d’eux, peu importe leurs convictions religieuses si elles respectent mon pays très enviable, et ceux qui nous l’on défriché, érigé, électrifié… courageusement dans une misère noire, les mouches noires et l’hiver polaire blanc.

    On peut avoir une certaine compassion pour ce petit troupeau de malheureux égarés dans l’arrière-monde, mais aucun sentiment avouable pour l’islam qui contrefait notre prochain pour abuser de notre humanité.

    https://www.dreuz.info/2019/02/10/la-grande-mosquee-de-quebec-la-condamnation-de-bissonnette-et-la-loi-sur-la-laicite/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+drzz%2FPxvu+%28Dreuz%29

     

    8-0 SOCIÉTÉ (Politique, etc) et GILETS JAUNES

    QU'EST-CE QUE LA STRATÉGIE AU XXIE SIÈCLE  
    FIGAROVOX.- Pourquoi faut-il "entrer en stratégie"?
    Vincent DESPORTES.- C'est simplement vital, tant pour le succès de toutes les entreprises humaines d'une certaine ampleur… que pour la survie du monde que nous aimons. Et pourtant, toujours davantage, les dirigeants, quel que soit leur champ d'action, sont dévorés par l'instantané. Si l'on n'y prend garde, la tentation du court terme frappe. Partout. Sauf exception, le politique se consacre d'abord au succès des prochaines élections. Il délaisse le long terme qui, quoi qu'il arrive, ne lui appartient pas et ne lui profitera pas ; il abandonne aisément les grands principes pour les petits choix et les faciles arrangements. La focalisation se fait sur les questions locales de court terme où des progrès tangibles peuvent être produits au cours des cycles électoraux. On promet beaucoup pour l'avenir - on y rasera gratis ! - mais on ne le construit pas, puisqu'il sera celui des autres. L'entrepreneur succombe à la même obsession. Les patrons de petites ou moyennes entreprises, peu secondés, sont accaparés par leur quotidien qu'accélèrent les flux croissants d'information. Ceux des grandes entreprises cotées, obsédés par la dictature des résultats trimestriels, sont facilement victimes de "myopie managériale" ; ils privilégient les bénéfices rapides au détriment de la création de valeur à long terme. L'actionnaire, souvent anonyme, attend des résultats immédiats dont l'absence le priverait de revenus et dégraderait le cours de Bourse. Les responsables sont jugés et remerciés sur leur capacité à mettre en œuvre de soi-disant stratégies… dont les résultats sont évalués toutes les douze semaines ! Il faut donc absolument que les dirigeants s'obligent à "entrer en stratégie": c'est la seule solution pour sauver le monde qui vient.
    Mais "entrer en stratégie", n'est-ce pas une démarche incertaine et risquée ?
    Certes… mais infiniment moins que de ne pas oser le faire ! Oui, la pratique stratégique est aussi nécessaire que périlleuse. Elle est en effet engagée en sens unique : ce qui fut ne sera plus jamais. La stratégie modifie de manière définitive le champ dans lequel elle se déploie. Elle se développe d'états nouveaux en états nouveaux, non rationnellement anticipables mais aussi irréversibles que le temps. La boîte de vitesses stratégique ne dispose pas de marche arrière et le billet d'envol ne peut qu'être qu'un aller simple et définitif pour un temps qui n'a pas de limite : en stratégie jamais de victoire définitive, pas de début, de milieu et de fin de partie, celle-ci n'étant que le début de la partie suivante. Le temps ne s'arrête jamais dans l'espace stratégique en reconfiguration permanente. L'exercice stratégique est hasardeux : mieux vaut s'y engager plus fort d'une bonne compréhension de ce qu'il est et de ce qu'il sera. Fruit de mes réflexions et de mon expérience, mon dernier ouvrage veut y aider.
    Y a-t-il véritablement des écoles stratégiques différentes ?
    Toute pensée stratégique est spécifique : la stratégie et son stratège sont indissolublement liés. C'est là tout l'intérêt de la notion même de culture stratégique. L'inné, la culture du stratège jouent un rôle important. La relation de tout acteur stratégique au monde, à son adversaire et à lui-même est spécifique. Confronté au même dilemme stratégique, un Occidental, habitué à l'action ponctuelle et rapide, en puissance, dans le temps court, choisira une stratégie très différente de celle d'un Asiatique penchant naturellement à l'action progressive dans le temps long, à l'économie des moyens par le contournement indirect de la volonté adverse. Au sein de cultures plus proches, comment pourrait-on imaginer qu'un Français - pétri de centralisme, de hiérarchie et de cartésianisme - puisse juger de la même manière qu'un Allemand naturellement fédéraliste, cogestionnaire et kantien ? Ou que le même Français, imprégné des alignements symétriques des jardins "à la française" saisis d'un seul coup d'œil, puisse aborder son espace concurrentiel avec le même esprit que son camarade britannique amoureux des courbes et des recoins, des irrégularités et surgissements successifs des jardins "à l'anglaise" d'un pays où la jurisprudence remplace Code civil et Code pénal? Inévitablement, les uns et les autres auront des lectures différentes de la réalité.
    La pensée stratégique française a donc de vraies particularités ?
    Oh, oui : elle est le fruit de notre géographie, de notre histoire, de notre culture. Mieux vaut connaître ses racines pour comprendre la force mais aussi les pièges de notre culture stratégique. Fortement influencée depuis le XIXe siècle par la pensée positive d'Antoine de Jomini, la réflexion stratégique française souffre d'une faiblesse historique.
    Chez le général suisse, l'ennemi n'est pas considéré comme une volonté en conflit, mais comme une addition de capacités destinée à recevoir les effets de la stratégie de son adversaire plus qu'à y réagir. Cette objectivation trompeuse de l'adversaire permet à Jomini de postuler l'existence d'un adversaire passif, privé d'initiative, et donc de définir des règles précises pour la conduite de la guerre. Ce paradigme jominien a favorisé en France une représentation positive de la guerre, formulable en principes autonomes. Cet effacement du caractère éminemment dialectique de la confrontation stratégique s'est renforcé de la tendance naturellement cartésienne de notre pensée. Ceci est un vrai piège qui nous a valu de cuisantes défaites, en 1870, 1940 et même août 1914 face à une culture stratégique allemande fondamentalement clausewitzienne et concevant donc au contraire l'espace stratégique comme celui de la confrontation de deux volontés libres et indépendantes.
    La pensée stratégique militaire s'applique-t-elle dans d'autres domaines d'action ?
    Absolument ! La stratégie est "une": ce n'est pas parce que la stratégie est née dans les champs de guerre et n'a imprégné que beaucoup plus tard les autres champs de l'action humaine que les grands principes ne sont pas identiques. Il est même fascinant de constater que l'entreprise est un arrivant fort tardif dans le monde de la stratégie. Il a fallu pour cela que les entreprises aient à faire face à des conditions concurrentielles sévères dans un monde devenu à la fois plus ouvert et plus opaque. La stratégie des affaires est ainsi encore un art nouveau : la fin des Trente Glorieuses, le choc pétrolier des années 1970, la progressive transformation du marché de la demande en un marché de l'offre, la croissance de la concurrence étrangère en ont engendré le besoin. Il faut attendre le milieu des années 1960 pour que le premier livre de stratégie d'entreprise soit publié, qu'un premier cours de stratégie soit mis sur pied à la Harvard Business School, que les cabinets de consultants commencent à proliférer. L'un des précurseurs en ce domaine, Bruce Henderson - le fondateur du fameux BCG, le Boston Consulting Group - observe alors que "la plupart des principes de base de la stratégie proviennent de l'art de la guerre". A cette brève expérience entrepreneuriale, s'opposent en effet des millénaires de pensée et d'action stratégiques militaires. Puisque la stratégie est une quel que soit le milieu dans lequel elle se déploie, il est raisonnable de s'appuyer sur cette solide expérience militaire pour réfléchir la stratégie, et donc la complexité qui la rend nécessaire.
    Au fond, faire une stratégie n'est-il pas simplement un pari sur l'avenir !
    Inévitablement, mais un pari conscient et réfléchi ! Le premier point est que l'explorateur-stratège doit "entrer en stratégie" en conscience des multiples pièges tendus, afin de les déjouer et de construire l'avenir qu'il s'est choisi. L'avenir y est difficilement prévisible même si, aujourd'hui, les grands prêtres du big data tentent de nous faire croire le contraire : aucune conjonction de données et de calculs ne permettra de percer le secret des ricochets des réactions d'acteurs aussi indénombrables que toujours plus interconnectés. La connaissance stratégique ne peut prétendre à la perfection et toute décision stratégique est subjective par essence. Elle ne peut être qu'un pari étroitement lié au parieur-stratège, relatif à son inclination et à l'état momentané de sa compréhension de l'espace stratégique. Notre parieur-stratège doit décider sans aucune certitude quant aux résultats de sa décision. Ici se conjuguent l'angoisse et l'espoir volontariste du stratège. Si l'avenir est toujours conditionné par le passé, il n'est en rien déterminé à l'avance : chaque instant possède un nombre infini de futurs possibles. Et c‘est l'objet même de la stratégie que de peser sur le cours des événements pour les conduire, malgré les volontés antagonistes, vers l'avenir que le stratège a choisi. Rappelons-nous la belle perception d'Henri Bergson : "L'avenir, ce n'est pas ce qui va nous arriver, mais ce que nous allons faire" ! La stratégie, c'est d'abord la question d'un avenir à vouloir puis à construire avec et malgré le présent. Mais, ne pouvant prédire l'avenir, le stratège va le créer afin de se libérer de l'incertitude et de la fatalité, puis modifier le présent pour le conduire vers son ambition : il choisit et façonne le monde.
    Vous avez effectivement raison, la nature même de l'espace stratégique implique que toute stratégie soit fondée sur des présuppositions - dont on recherchera cependant la robustesse par le biais de la science et du raisonnement - et que toute action humaine y relève du pari.
    N'est-ce pas un peu inquiétant tout de même ? Il n'y a donc pas de vérité, de recette stratégique ?
    Et non ! Aucune stratégie n'a de garantie de bon fonctionnement. Penser que la vérité, traduite en plan, permet d'atteindre l'objectif témoigne d'une prétention irréaliste à ce que la stratégie puisse maîtriser le réel. La tentation de vérité stratégique est dangereuse car elle conduit à l'aliénation intellectuelle, à l'idéologie, c'est-à-dire à l'inverse du doute, donc à l'échec. Pas de projet stratégique qui puisse se construire sur la certitude de la connaissance et de la compréhension : il s'agira tout au plus de parvenir à une approximation fiable de l'environnement et de la capacité causale des décisions. Dans ces conditions, il est évidemment illusoire de rechercher le succès stratégique à partir d'artifices et de raisonnements qui ne varient pas. Pas de livre de cuisine en stratégie, ni de solution universelle : pas de drill, mais un lent apprentissage de l'art du questionnement. Il existe des vérités techniques, il en existe de tactiques, mais il n'existe de vérités stratégiques que ponctuelles et momentanées, forgées d'adaptations, donc d'initiatives. La stratégie ne peut prétendre qu'à un compromis idéal sans cesse remis en cause : l'équilibre stratégique est par nature un équilibre dynamique qui ne se trouve que dans le mouvement et sa propre déformation. La vérité, le prêt-à-porter stratégique, sont des leurres pour stratèges incompétents. S'il en existait, la stratégie ne servirait à rien !
    Un conseil encore pour l'explorateur-stratège ?
    Sûrement. Une idée forte : la stratégie, c'est la question d'un avenir à vouloir puis à construire avec et malgré le présent. Cela exige vision, volonté et adaptation permanente focalisée sur l'ambition. En dépit des contestations que ne manquent jamais d'engendrer ses décisions, il "veut" fermement, afin de dépasser les difficultés rencontrées par son action dans un monde toujours nouveau, modifié de surcroît par ses propres agissements. Interface entre la pensée et l'action, navigant entre rationalisme et empirisme, rigoureux dans sa démarche mais jamais rigide, il doit à la fois douter et croire, concilier l'inconciliable et faire preuve de capacités rarement rassemblées chez un être humain Aussi, celui qui entre en stratégie doit-il penser en architecte et non en maçon. Loin de construire le futur à partir du passé et du présent, prêt à affronter ce qui n'a jamais été, il doit accueillir le flot continu des circonstances nouvelles comme autant d'opportunités et, sans s'en abstraire, se dresser au-dessus d'elles pour aller vers son ambition. Il doit refuser toute attitude seulement réactive face aux circonstances émergentes : ce serait nier la capacité de l'homme à engendrer des opportunités nouvelles. Il ne peut se contenter d'anticiper les évolutions prévisibles et de s'y préparer. Par son action, il s'efforce au contraire de modeler le futur, de provoquer les changements nécessaires à la réalisation de son ambition. Ne pouvant prédire l'avenir, il va le créer afin de se libérer de l'incertitude et de la fatalité, puis modifier le présent pour le conduire vers son ambition : il choisit et façonne le monde qui vient.
    L'homme entre en stratégie parce qu'il ne se résigne pas : il entend créer son destin
    Envoyé par l'auteur, paru sur Figarovox, 1er février 2019

    DESPORTES Vincent

    http://www.magistro.fr/index.php/template/lorem-ipsum/du-cote-des-elites/item/3619-la-strategie-au-xxie-siecle 

    Y A-T-IL DES GUERRES JUSTES ? (2
    En théorie, la guerre naît de l’affrontement de deux volontés politiques en désaccord, pour des intérêts culturels, économiques ou politiques jugés vitaux, mais dans la pratique bien souvent pour d’autres raisons moins rationnelles.
    La guerre naît de l’affrontement de deux volontés en contradiction
    La guerre est un affrontement entre volontés politiques, chacune cherchant une solution de force, c’est-à-dire employant la force armée pour contraindre l’autre à décider comme nous voulons et non comme il veut. 
    Face à un désaccord, la guerre survient si le désaccord doit absolument être résolu, et ne peut l’être par la discussion et la négociation. Parfois le désaccord vient d’une situation tragique, à laquelle on ne voit pas d’issue raisonnable, et parfois de l’injustice et mauvaise volonté des parties. Elle touche toujours une question de principe, d’honneur, d’intérêt, tenue pour si importante que "c’est non !". Il y a alors trois solutions : soit la séparation, chacun de son côté (ce qui, parfois, est possible, comme dans la partition pacifique de la Tchécoslovaquie en 1993) ; soit on laisse vieillir le problème, sans solution (mais alors, en général, il empire) ; soit on estime qu’il faut le résoudre, en sortir, et puisqu’il n’y a pas de solution de raison, on va rechercher une solution de force.
    Dans la guerre, l’un impose sa volonté à l’autre par une force armée qui détruit des biens et tue des personnes
    La guerre est une sorte de mise aux enchères sanglante : "Si tu ne te soumets pas, tu vas payer cher." Et l’autre répond : "Fais ce que tu veux, tu souffriras plus que moi". Dans ces enchères négatives, à un moment donné, il y en a un qui renonce à surenchérir, qui craque.
    Si on est obstiné jusqu’à la folie, on ne craque pas avant d’être enseveli sous les ruines de sa capitale. Mais si on est plus raisonnable, on arrête les frais et on négocie, chacun dans son rôle : vainqueur ou vaincu. Celui que l’épreuve de force a désigné comme le vaincu doit prendre sa perte, et la vie reprend, ordinaire. 
    En théorie, les hommes ne se battent que pour des intérêts culturels, économiques ou politiques
    On liste les intérêts culturels qui relèvent de l’idéologie, de la religion, parfois des deux, les intérêts économiques (matières premières, énergie, débouchés, voies de communication, etc.) et enfin les intérêts politico-stratégiques, qui concernent l’indépendance, la liberté, la domination, la sécurité, le rang, l’hégémonie, etc. Souvent les buts des guerres associent les trois, mais pas toujours. La guerre des Malouines était toute politique. Ce qui se passe en Syrie combine les trois types d’enjeux.
    Mais, si les hommes ne se battaient que pour ces trois raisons, nous pourrions toujours trouver des solutions, car le prix des guerres est tel que souvent cela n’a pas de sens. En 1918, 1,5 million de Lorrains et Alsaciens sont redevenus français, mais au prix de 1,5 million de Français tués. On pouvait évidemment trouver une formule politique plus rationnelle que la Grande Guerre. Mais le calcul rationnel n’est pas seul ici. 
     
    L’homme se bat aussi parce qu’il en a envie
    On dit que les guerres sont imposées aux peuples par des marchands de canons, des hommes d’affaires sans scrupules et des politiciens à leur solde. De grands chefs politiques l’ont eux-mêmes déclaré sans ambages ("Farewell Address" du Président (et général) Dwight Eisenhower, 17 janvier 1961.) Mais une telle situation ne se rencontre pas toujours et partout, et peut n’être que partiellement vraie. L’expérience montre aussi des peuples entrant en guerre dans l’enthousiasme unanime. La Monarchie de Juillet s’est détruite (entre 1830 et 1848) en faisant une politique de paix, contre la volonté de l’aile marchante de la nation.
    La triste vérité, c’est que l’homme fait souvent la guerre pour faire guerre, comme il fait l’amour pour faire l’amour : comme si c’était une fin en soi. Certain n’ont pas hésité à parler de plaisir, de sport. Les Grecs pensaient que la chasse, d’ailleurs fortement associée par l’iconographie à l’érotique homosexuelle, était une école de la guerre (Xénophon, L’Art de la chasse.) Ils disaient que la guerre était la forme de chasse la plus intéressante, car l’homme est le gibier le plus intelligent.
    De manière plus profonde, on a pu noter que la guerre permet aussi à l’homme un dépassement de soi. Hegel a dit qu’elle "préserve la santé morale des peuples" (Principes de la philosophie du droit, § 324). Son idée semble être celle-ci : l’homme sent qu’il est fait pour plus que les intérêts empiriques. Le gain, la santé, la jouissance, la vie privée dans la société civile ne comblent pas l’âme humaine. À un certain moment, elle s’en dégoûte. L’homme alors trouve dans la guerre le moyen de reconquérir une dignité morale et une existence publique dans l’Histoire. Il se dépasse, et en risquant sa vie, qui est l’intérêt empirique premier, il redécouvre sa transcendance. Il cherche dans la guerre une grandeur perdue, un sentiment d’exaltation, une impression de purification. Le philosophe Ludwig Wittgenstein écrit (Carnets. 1914-16, 15 septembre et 9 mai 1916) : "Maintenant, la possibilité me serait donnée d’être un homme décent, car je suis face à face avec la mort" ; "seule la mort donne à la vie sa signification".
    La guerre naît aussi de la rivalité entre les hommes et de leur volonté de domination et de liberté
    Il y a un désir d’être reconnu par l’autre comme égal, puis comme supérieur et dominant ; un désir de ne pas être identifié comme inégal et dominé. Ce désir est un ressort très puissant, qui touche à la définition de la liberté et qui pollue la définition de la dignité. Les guerres sont d’autant plus totales que le concept de liberté est touché, car c’est alors "la liberté ou la mort". Les guerres deviennent totales et destructrices dans la période moderne, quand la subjectivité s’affirme comme liberté collective. Également, la guerre se démocratise : ce sont les levées en masse ; tout le monde est mobilisé. En même temps, l’objectivation scientifique permet un terrible perfectionnement des armes.
    Citation du Président Eisenhower mettant en garde le peuple américain contre le lobby militaro-industriel, disponible sur Youtube : "Cette conjonction d'un immense établissement militaire et d'une grande industrie de l'armement est nouvelle dans l'expérience américaine. L'influence totale - économique, politique, voire spirituelle - se fait sentir dans toutes les villes, dans toutes les chambres de l'État, dans tous les bureaux du gouvernement fédéral. Nous reconnaissons la nécessité impérieuse de cette évolution. Cependant, nous ne devons pas manquer d'en comprendre les graves implications. (...) Dans les conseils de gouvernement, nous devons nous garder d'acquérir une influence injustifiée, qu'elle soit recherchée ou non, par le complexe militaro-industriel. Le risque d'une montée désastreuse du pouvoir mal placé existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés ou nos processus démocratiques. Nous ne devrions rien tenir pour acquis." 

    Paru sur www.henrihude.fr, 20 janvier 2019

    HUDE Henri

    http://www.magistro.fr/index.php/template/lorem-ipsum/a-tout-un-chacun/item/3628-y-a-t-il-des-guerres-justes-2 

    STRASBOURG SAUVÉ (JANVIER 1945)

    Quand de Gaulle et de Lattre de Tassigny sauvent Strasbourg 

    Héros de la campagne du Rhin et compagnon de la Libération élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume, le général Jean de Lattre de Tassigny relate, à la fin des années 1940 dans la Revue des Deux Mondes, le début de l’année 1945 qui vit le destin de Strasbourg définitivement basculer du côté français. Libérée par la 2e DB le 25 novembre 1944, la capitale alsacienne est sous la menace d’un ordre d’Eisenhower. Le chef des forces alliées souhaite, en effet, un retrait des troupes dans les Vosges, en abandonnant l’Alsace et Strasbourg, pour stopper la contre-offensive allemande sur les Ardennes. Une décision à laquelle s’oppose avec vigueur le général de Lattre de Tassigny.

    Depuis Montbéliard, le commandant de la 1re armée française écrit : “Strasbourg constitue un symbole de la résistance et de la grandeur de la France. La Libération de cette ville a été le signe définitif de la résurrection nationale française. Son abandon inciterait la France à douter de la victoire : il aurait en outre un retentissement mondial.” Puis, après avoir fait allusion au sort tragique des populations livrées aux représailles, il conclut par ces mots : “Que ce sort effroyable soit au moins épargné aux habitants de Strasbourg. L’honneur militaire et le prestige des Armées alliées y sont engagés”. Le Général de Lattre de Tassigny a fait son choix, motivé par “des circonstances où joue moins la raison raisonnante que la raison instinctive” et conduit par “les réflexes de l’être”, il annonce sans calcul : “non seulement je ne replierai pas [...] mon armée, mais je prendrai à ma charge la défense de Strasbourg”.

    En ces instants décisifs, le militaire a anticipé de quelques heures le soutien du général de Gaulle, formulé dans une lettre reçue par de Lattre de Tassigny le lendemain de sa décision. “L’armée français ne saurait consentir à l’abandon de Strasbourg”, y écrit de Gaulle. Une copie de la missive est envoyée à Eisenhower. De Gaulle somme de Lattre de Tassigny “de prendre à (son) compte et d’assurer la défense de Strasbourg”. L’espoir ne sera pas déçu. “Arc boutée au nord et au sud de la cité, décidément épaulée sur sa gauche par nos alliés, la 1re armée française brisera, au cours d’une dure bataille de vingt jours, les assauts convergents du général Von Maur, qui a reçu du Führer l’ordre de reprendre coûte que coûte la métropole de l’Alsace.”, indique le général. Un mois plus tard, la 1ere armée française pénètre dans Colmar. Fin mars, l’Alsace est entièrement libérée. “En réponse à la rage d’Hitler, les cloches de la cathédrale de Strasbourg s’ébranlent pour sonner la victoire prochaine des Alliés et le glas du Reich”, conclut le général.
    https://webmail.bell.net/appsuite/#!&app=io.ox/mail&folder=default0/INBOX 

    Mutilations subies par les personnes intersexuées à leur naissance : un prétexte pour la reconnaissance d’un sexe neutre !

    À l’occasion de la révision des lois de bioéthique, des associations LGBT mènent un combat assidu auprès des parlementaires pour la reconnaissance d’un troisième sexe neutre par l’état civil. La maltraitance des enfants dits « intersexués » pourrait bien constituer un nouvel angle d’attaque de ce combat.

    L’intersexuation se définit comme la situation des personnes dont les caractéristiques sexuées ne correspondent ni au masculin ni au féminin en raison de l’altération de leur caryotype. L’intersexuation peut occasionner des problèmes de santé plus ou moins graves. Les personnes intersexuées ne peuvent pas concevoir d’enfants et doivent généralement suivre un traitement hormonal à vie. La Cour de cassation a affirmé, dans un arrêt du 4 mai 2017, que « la loi française ne permet pas de faire figurer, dans les actes de l’état civil, l’indication d’un sexe autre que masculin ou féminin ». La création d’une nouvelle catégorie juridique de personnes est hors du champ de compétence du juge. En l’état actuel du droit français, il n’existe pas de statut d’état civil pour les personnes intersexuées.

    Les personnes intersexuées – lesquelles représentent, selon les états d’intersexuation pris en compte, entre 0,02 % et 1,7 % de la population – peuvent subir, à la naissance, des opérations chirurgicales afin que leur soit assigné un genre. Or, il se trouve que, pour être juridiquement valable, le consentement doit être « libre et éclairé ». Ce qui, bien sûr, pose un réel problème lorsqu’il s’agit d’un enfant.

    Pour l’association GISS-Alter Corpus (Groupe d’information et de soutien sur les questions sexuées et sexuelles), l’enfant qui vient juste de naître ne saurait exprimer un tel consentement ; les parents seraient sous l’influence du corps médical et ces opérations d’assignation sexuelle seraient constitutives de mutilations avec violence. Les actions en justice intentées par l’association pour faire cesser ces violences n’ont, à ce jour, jamais abouti.

    La grande idée des associations pro-LGBT est alors d’attendre la majorité de la personne afin que celle-ci décide elle-même de subir ou non une opération d’assignation sexuelle. Procéder ainsi entraîne le double avantage de préserver le consentement de la personne intersexuée et d’éviter que des opérations de « reprises » soient nécessaires lorsque les tissus grandissent.

    En France, des personnes intersexuées décident parfois après leur majorité de subir une opération d’assignation sexuelle mais pour des convenances personnelles, au nom d’un « mal-être » qu’elles ressentent.

    L’argument de la protection des enfants contre les interventions pouvant porter atteinte à leur intégrité physique est fallacieux et profondément sournois.
    Car si interdire les traitements d’assignation sexuelle sous le prétexte qu’ils entraînent des préjudices physiques ou psychologiques pour les remplacer par des dispositifs moins « invasifs » apparaît légitime, il ne faut pas que cela devienne un prétexte pour accepter de facto la reconnaissance d’un 3e sexe par notre droit.

    À l’occasion de la révision des lois de bioéthique, les revendications des associations pro-LGBT comme le GISS-Alter Corpus telles que « sortir de la binarité des sexes » ou « effacer la mention du sexe des registres d’état civil » apparaissent clairement.

    Au-delà du système juridique, l’intégralité de la société repose sur cette binarité, et ce, depuis toujours. L’objectif visé par la reconnaissance d’un sexe neutre n’est donc pas de protéger les enfants intersexués, ce qui peut se faire par nombre de moyens alternatifs (soutien psychologique, accompagnement), mais bien de déconstruire le cadre social traditionnel qu’ont en horreur les idéologues du genre.

    L’intersexuation est un état de fait. Le transformer en état de droit est une fausse solution.

    http://www.bvoltaire.fr/mutilations-subies-par-les-personnes-intersexuees-a-leur-naissance-un-pretexte-pour-la-reconnaissance-dun-sexe-neutre/?mc_cid=fb17987220&mc_eid=a5eb12b154 

    QUE S'EST-IL PASSÉ DEVANT L'ASSEMBLÉE NATIONALE SAMEDI 9 FÉVRIER ? UN TÉMOIGNAGE
    Deux manifestants, enseignants, ont reconstitué les événements qui ont conduit aux heurts de samedi. Voici leur témoignage.

    Par Chloé V. et Thomas L.

    Publié le 10 février 2019 à 15h35

    Jets de projectiles, gendarmes mobiles contraints de reculer, lacrymogènes, tentative d'abattre une palissade et finalement une main arrachée... Les heurts devant l'Assemblée nationale, samedi 9 février, ont été violents. Que s'est-il passé exactement ?  Deux enseignants de la région parisienne, Chloé V. et Thomas L., manifestants, nous livrent leur témoignage. A les lire, les manifestants ont été coincés par les forces de l'ordre et ont tenté d'avancer. Jamais, disent-ils, il n'a été question de pénétrer dans le Palais-Bourbon. Nous avons rajouté à leur témoignage quelques vidéos filmées sur place et un plan des lieux.

    "Nous arrivons à midi et demi sur les Champs-Elysées, au-dessus du métro Georges V, où un groupe de manifestants attend, devant le MacDo. Il y a des membres du collectif du Front social, des profs "gilets jaunes", des "carrés rouges" et quelques militants antifascistes. L'ambiance est très calme. Un cordon de CRS est disposé en travers des Champs, en dessous des manifestants, bloquant le début du cortège. Passer est possible, mais sur le côté. 

    Le défilé se met en route vers le bas des Champs. L'ambiance de la manif est calme mais déjà, au bout de trois minutes, en passant, nous voyons trois personnes blessées, assises sur les bas-côtés, dans des flaques de sang. Elles sont prises en charge par les street medics.

    Compte tenu du calme de ce début de manif, nous ne comprenons pas l'origine de cette violence. Nous ne sommes pas les seuls : d'autres autour de nous posent des questions. Un des blessés, visiblement membre du service d'ordre des "gilets jaunes", affirme qu'il s'est interposé entre un manifestant et les CRS et qu'il a alors reçu, alors qu'il leur tournait le dos, des coups de matraque sur le crâne.

    La place de la Concorde est bloquée, le parcours déposé en Préfecture indiquait que nous devions passer par la place François 1er puis traverser la Seine au niveau du Quai d'Orsay.

    Nous longeons les quais avant d'arriver devant l’Assemblée nationale, conformément au trajet déposé – devant rallier le Sénat avant de se terminer au Champ de Mars.

    Depuis le début de la manif, le cortège est encadré par des véhicules de CRS à l'avant comme a l'arrière. 

    En arrivant à la hauteur de l'Assemblée, nous constatons que le pont de la Concorde est barré, en son milieu, par les forces de l'ordre. En face, le quai Anatole France est bloqué aussi ; devant, sur le boulevard Saint-Germain, on voit au loin une haie de CRS. 

    L’Assemblée est fermée : portes et grilles extérieures. De plus, une immense palissade de chantier s'étend le long des grilles avec des photos représentant l'Assemblée et ses députés. 

    A aucun moment, il n'est envisagé, ni même envisageable, de "prendre" le Palais-Bourbon. 

    Certains manifestants jettent quelques (assez peu !) canettes et bouteilles en plastique mais aucune pierre ni aucun projectile dangereux. 

    Les CRS prit à partis par la foule devant l’assemblée nationale à Paris contraint de reculer !
    Jets de projectiles en tous genres, bagarres, insultes.
    Jusqu’à quand vont-ils tenir ? Et après? #Acte13 #paris #GiletsJaunesparis #giletsjaunes #GJ #acteXIII #Chaos #9fevrier2019 pic.twitter.com/l1cSXg1dJ9

    — A&A (@AA36514431) February 10, 2019

     Une petite poignée de manifestant tapent sur les palissades pour faire du bruit.

    PARIS - Tensions en cours. Des individus tentent de forcer un chantier pour rentrer dans l’Assemblée Nationale. Un blessé grave. #GiletsJaunes #ActeXIII #Acte13 #9fevrier #9fevrier2019 pic.twitter.com/QFoxydagvt

    — Jean-Yves Mulot (@jeanyvesmulot) February 9, 2019

    Pourtant une brigade de CRS postée derrière les grilles réagit immédiatement par des lancers de grenades lacrymogènes. Puis ce qui semble être une grenade de désencerclement créé un mouvement de panique.

    Donc, devant l’Assemblée nationale, la foule se sent prise au piège puisque toutes les issues sont bloquées par forces de l'ordre. L'ambiance devient oppressante : les CRS derrière nous continuent d’avancer, de même que ceux du quai Anatole France.

    Ceux du pont de la Concorde ne bougent pas. Nous nous sentons pris dans un étau angoissant, sans échappatoire. Un mouvement de panique fait refluer les gens sur le pont de la Concorde. Tout le monde pense qu'une nasse se met en place.

    L'ambiance n'est pas du tout à l'émeute mais plus à la crainte et à l'incompréhension, face au cortège qui n'avance plus, et à la riposte disproportionnée des forces de l'ordre.

    Nous sommes près d’une équipe de France 2 qui décrit la situation : la journaliste, face à la caméra, dit s'étonner que les manifestants ne puissent plus avancer alors qu'ils suivaient le parcours autorisé par la préfecture. Quelqu'un lui dit qu'un manifestant a perdu une main, elle répond qu'elle vérifiera. Les manifestants sont en colère contre la presse et s'en prennent verbalement aux techniciens, mais sans heurt. La journaliste peut finir son intervention, et plusieurs personnes finissent par reconnaître que sa description est honnête. 

    Sans que l'on sache pourquoi, la tension retombe et le cortège s'engage boulevard Saint-Germain, conformément au trajet prévu. Les forces de l'ordre semblent reculer, pour continuer à encadrer le cortège. 

    Le bruit se propage que quelqu'un a effectivement perdu une main devant l'Assemblée.

    La manifestation se poursuit. La manifestation ne visait pas du tout à la prise de l’Assemblée. Ce qui s'exprimait, c'est la colère face à une répression policière démesurée et le sentiment de peur et d'incompréhension face aux événements". 

    Chloé V. et Thomas L.

    https://www.nouvelobs.com/politique/20190210.OBS9924/que-s-est-il-passe-devant-l-assemblee-nationale-samedi-9-fevrier-un-temoignage.html#xtor=EPR-127-[ObsPolitique]-20190211 

    JACQUES DE GUILLEBON (“L’INCORRECT”) ET DRISS ETTAZAOUI (MODEM) COMMENTENT L’ACTE 13 DES GILETS JAUNES

    Eric Martin

    Economie/entreprises, Histoire de comprendre, NLH - Et pendant ce temps, NLH - Vidéos de la semaine, Poing de vue, Politique, Vidéos

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    Entretien avec Jacques de Guillebon, directeur de la rédaction de L’Incorrect et Driss Ettazaoui, conseiller municipal MoDem à Evreux. Ils interviennent sur le plateau de RT France pour commenter le treizième acte des Gilets jaunes, et faire un point sur les revendications des manifestants et la réponse du gouvernement :

    Vidéo
    https://www.ndf.fr/politique/09-02-2019/jacques-de-guillebon-lincorrect-et-driss-ettazaoui-modem-commentent-lacte-13-des-gilets-jaunes/ 

    VIDEO. «GILETS JAUNES» ACTE 13: UN MANIFESTANT A EU LA MAIN ARRACHÉE PAR UNE GRENADE DE DÉSENCERCLEMENT À PARIS

    INCIDENTS L’incident a eu lieu alors que des manifestants étaient à proximité de l’Assemblée nationale…

    Un manifestant présent dans le cortège parisien des « gilets jaunes » a eu une main arrachée samedi à la mi-journée à Paris, près de l’Assemblée nationale, où de vives tensions ont eu lieu, ont rapporté des secouristes volontaires sur place.  Des street-medics  ont constaté que l’homme avait eu la main arrachée. Certaines images, particulièrement dures, montraient la scène et la blessure sur les réseaux sociaux.

    De son côté, la préfecture de police de Paris a indiqué que la victime a eu « quatre doigts arrachés » et a été évacuée par les pompiers et transportée à l’hôpital. La cause de la blessure n’a pas été établie dans l’immédiat. Cela s’est passé « au moment d’une intervention des forces de l’ordre alors que des manifestants tentaient de pénétrer dans l’Assemblée nationale », selon la préfecture de police qui « cherche à déterminer les circonstances exactes ».

    Une grenade de désencerclement en cause

    Selon un témoin direct qui a filmé la fin de la scène, Cyprien Royer, il s’agit d’une grenade de désencerclement lancée par les forces de l’ordre, alors que des manifestants tentaient d’enfoncer les palissades protégeant l’entrée de l’Assemblée nationale.

    La victime est « un photographe "gilet jaune" » qui « prenait des photos des gens en train de pousser les palissades de l’Assemblée nationale » à la mi-journée, a rapporté cet homme de 21 ans, dont l’AFP a pu visionner les images. « Quand les flics ont voulu disperser les gens, il a reçu une grenade de désencerclement au niveau de son mollet, il a voulu mettre un coup de main dedans pour ne pas qu’elle explose vers sa jambe et elle a pété quand il l’a touchée, a-t-il affirmé. On l’a mis sur le côté, on a appelé les street-medics, c’était pas beau : il hurlait de douleur, il n’avait plus aucun doigt, il n’avait plus grand-chose au-dessus du poignet ».

    Une situation tendue rive gauche

    Vers 13h, la situation avait commencé à se tendre autour du cortège de plusieurs milliers de manifestants, qui était parti des Champs-Elysées pour rallier le Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel. À hauteur de l’Assemblée nationale, des manifestants ont uriné sur les grilles d’enceinte et tenté d’enfoncer les palissades qui protègent l’entrée de l’Assemblée.

    Des tirs de grenades lacrymogènes ont répondu à des jets de projectiles au-dessus de ces palissades, et les manifestants ont été immobilisés sur le pont de la Concorde, avant que le cortège puisse repartir sur le boulevard Saint-Germain. Quelques abribus ont été cassés sur le passage du cortège. Des incidents sporadiques se sont aussi produits le long du parcours du cortège, notamment rue de Rennes, boulevard Saint-Michel et autour du jardin du Luxembourg.

    Les forces de l’ordre ont procédé à 17 interpellations, a indiqué vers 16h la préfecture de police.

    https://www.20minutes.fr/societe/2447531-20190209-gilets-jaunes-acte-13-manifestant-main-arrachee-grenade-desencerclement-paris?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=societe 

    GILETS JAUNES : QUE FAIRE POUR ENDIGUER LA VIOLENCE DÉSORMAIS INSTALLÉE ?

    La réponse répressive n'est pas la manière la plus efficace de maintenir l'ordre public.

    Avec Sylvain Boulouque, Guillaume Jeanson

    Atlantico: Qui sont désormais les auteurs des violences commises en manifestation ? Il semble que samedi, il y ait eu principalement des casseurs d'extrême-gauche.

    Guillaume Jeanson : La mobilisation des gilets jaunes reste vivace et, ce week-end encore, des images fortes ont émaillées ces mobilisations. En fin de journée samedi, une trentaine de personnes étaient arrêtées à Paris. Vous faites cependantréférence sans doute à l’incendiaire « présumé » d’un véhicule sentinelle et d’une Porsche aux abords du champ de mars dont Christophe Castaner lui-même a indiqué l’arrestation dimanche. Qu’il appartienne à des mouvances d’extrême gauche n’a rien d’étonnant. Les symboles de richesses, telles que les banques, les produits considérés comme relevant de l’industrie du luxe, de même que les symboles du pouvoir ou de l’Etat sont abondamment visés par ces groupuscules. Certains analystes avaient d’ailleurs déjà relevé ce point il y a plusieurs mois lors du saccage particulièrement choquant de l’Arc de Triomphe. Mais ne nous y trompons pas : si cette précision de l’orientation ou de la couleur politique intéresse, c’est parce qu’elle bat utilement en brèche certains amalgames voulus par le pouvoir qui cherche à criminaliser l’ensemble de ses opposants. L’affichage permet la récupération.

    Méfions-nous donc des stratégies de communication à l’œuvre. Elles peuvent conduire à encourager indirectement une forme de deux poids deux mesures qui serait bien sûr révoltant. Ces actes sont inadmissibles. Et ils le sont quelles que soient les préférences et ou affiliations politiques de celui qui les pose. La justice s’honorerait donc à faire preuve de la même intransigeance envers les casseurs d’extrême gauche qu’envers ceux de n’importe quelle autre bord politique.

    J’ajoute que par l’effet désastreux du mimétisme (ou de l’embrigadement), certains s’adonnent également à des actes répréhensibles, sans afficher pour autant de couleur. Soit parce qu’ils sont réellement apolitiques soit parce qu’il est encore un peu tôt pour leur prêter une quelconque affiliation sérieuse.Je pense par exemple à cet enfant de douze ans interpellé en train de briser les vitres d’une préfecture de province avec une fronde et des billes…Oui, c’est un fait que bon nombre des casseurs qui essaiment les rangs violents de certaines manifestations des gilets jaunes relèvent de l’extrême gauche. Mais ce sont l’ensemble des « professionnels de la violence », tous bords confondus, qui doivent se voir ôter au plus vite leur capacité de nuisance. Et par là, également leur influence regrettable sur les esprits des plus vulnérables.

    Sylvain Boulouque : Il y a plusieurs types de gilets jaunes qui utilisent la violence comme arme politique : ceux d'ultra-gauche (proches des blacks blocs), qui espèrent ainsi renverser le système capitaliste, l'ultra-droite, qui veut instaurer un ordre nouveau et les gilets jaunes « autonomes » qui réclament le RIC et la démission de Macron. Les trois se juxtaposent, le mouvement des gilets jaunes est souvent violent dans son expression même.

    Au début de la manifestation de samedi, il y a d'abord eu des provocations de l'ultra-droite face aux forces de l'ordre (on a vu un salut nazi et coup de pied contre un policier), le début des violences près du Palais-Bourbon sont aussi liées à l'ultra-droite. Ensuite, quasiment toutes les violences sur la fin de parcours étaient le fait de l'ultra gauche (black blocs) : on a vu des échauffourées avec saccage des banques. Ce sont des types de violences différents. Quant aux gilets jaunes  «  autonomes », ils ont participé à certaines de ces violences (affrontements avec les force de l'ordre, tentative de prendre le Palais-Bourbon) mais ils montrent plus de porosité avec l'ultra droite, qu'avec l'ultra-gauche, sauf durant les affrontements avec la police.

    D’une certaine manière les gilets jaunes ont intérêt à ce que la pression se maintienne mais dans le même temps, les images de vitrines brisées ou de véhicules anti-terroristes pèsent aussi lourdement sur l’image du mouvement qui a besoin de garder la sympathie des Français. La violence est-elle une stratégie payante pour le mouvement ?

    Sylvain Boulouque : La violence est une stratégie qui est payante et qui rencontre la sympathie d'une partie de l'opinion. Il y a quelques années un livre dirigé par la sociologue Anne Luxel montrait que 25% des jeunes trouvaient le recours à la violence légitime. Dans les sondages sur les gilets jaunes, on voit que 20% population trouve la violence des gilets jaunes légitime, ça veut dire que le monopole de la violence légitime par l’État est remis en cause par une partie non négligeable de la population.
    Il est perturbant de voir que depuis près de 3 mois, le gouvernement a en quelque sorte perdu le contrôle de l’ordre public. Peut-il uniquement y répondre avec un arsenal répressif ou faut-il aussi une réponse politique? Concrètement, qu’est ce qui pourrait mettre un terme à ces violences ? 

    Sylvain Boulouque : Le pouvoir a deux options : attendre que le niveau de violence baisse, ou essayer de contenir cette violence. La contenir, c'est plus compliqué car certains manifestants souhaitent aller à l'affrontement. A partir de là, la situation est insoluble, car il y a suffisamment de personnes prêtes à se battre pour que des affrontements aient lieu. L'espoir que peut avoir le gouvernement c'est que le mouvement diminue en intensité pour que l'expression de la violence soit rendue impossible par le faible nombre de manifestants, comme on l'a vu au moment des fêtes, mais ce n'est pas le cas pour le moment.

    En plus des manifestants prennent goût à la violence, une fois qu'ils ont participé ils sont prêts à recommencer, le phénomène n'est donc pas prêt de s'arrêter. C'est par ailleurs un phénomène qu'on retrouve dans toutes les manifestations au sein des démocraties occidentales. En plus ce climat est entretenu par un certain nombre de médias qui relaient en permanence, et parfois avec empathie, les actions d'un certain nombre de gilets jaunes (comme RT, Sputnik et Le Média).

    La France a toujours choisi un maintien de l'ordre plutôt agressif, de répondre à violence à la violence en quelque sorte, à la différence d'autres pays. On voit que la police use de la violence alors qu'il y aurait d'autres moyens, il y a un choix de la confrontation qui ne favorise pas l'apaisement.

    Il est clair que ceux qui sont dans la rue aujourd'hui n'ont aucune envie de participer au grand débat. Après si l'on prend les grandes crises de l'histoire de France au XXème siècle, on peut voir que la dissolution des ligues par le Front Populaire n'a pas fonctionné ; plus généralement, les groupes qui n'existent pas formellement (black blocks) ne peuvent pas être dissous, ou se reforment même interdits (comme les Zouaves, groupuscule d'ultra-droite, qui sont un groupe informel).

    Par ailleurs, une loi « anti-casseurs » a déjà été mise place par le ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin dans les années 70 ; elle n'a pas empêché grandes manifestations de la LCR contre Ordre Nouveau, ou les manifestations des sidérurgistes en 1979. Bref, les lois « anti-casseurs » n'ont pas été utiles jusqu'ici, elles génèrent des atteintes aux libertés potentiellement inconstitutionnelles, et sont assez inefficaces face à des gens déterminées.

    Guillaume Jeanson : A-t-il vraiment perdu le contrôle de l’ordre public ? Certaines images pourraient certes le laisser supposer : policiers frappés aux visages, doigts de manifestants arrachés par une grenade de désencerclement, signalements IGPN… D’autres, (en s’appuyant notamment sur les consignes qui auraient été données aux forces de l’ordre) redoutent cependant autre chose, comme une sorte de stratégie politicienne moins avouable. L’arsenal répressif récemment voté nous paraît à cet égard assez symptomatique. Il allie en effet deux choses très différentes : d’abord, des changements de degrés dans notre législation qui sont impropres à offrir le « remède miracle » que prétend offrir le gouvernement pour endiguer toutes ces dérives (puisque notre droit était déjà assez bien pourvu en la matière).

    Plus concrètement, sur ce premier volet la nouvelle loi alourdit quelques sanctions et élargit certains périmètres répressifs. Mais, si l’on ne s’attèle pas aux problématiques affectant, de manière générale, le bon fonctionnement de la chaîne pénale, les effets de ces retouches techniques seront à peine visibles en pratique. Ensuite, ce texte de loi témoigne d’un changement de paradigme qui nous paraît, quant à lui, véritablement problématique dans une démocratie comme la nôtre. De l’inutile du premier volet, on passe donc au danger du second volet. Il s’agit ici du fait d’offrir la possibilité à l’exécutif d’interdire un individu de manifester, alors même qu’il n’a pas été condamné par un tribunal pour des faits graves commis en lien avec une précédente manifestation. Cette faculté ouvre immanquablement la porte à des dérives. Même si ce pouvoir n’en abuse pas véritablement au cours de ce mandat, on peut penser que le mal est déjà fait en ce sens qu’un tel texte (et le calendrier choisi pour le faire voter) contribue nécessairement à aggraver les tensions entre ce dernier et les gilets jaunes qui ne peuvent que se sentir visés par un tel dispositif (dont les répercussions pourraient s’étendre bien au-delà des simples « casseurs »). Cette réponse répressive de l’exécutif est donc à mon sens (à tout le moins) extrêmement maladroite. Car elle risque d’aggraver les choses.

    Si la réponse ne peut faire l’économie d’une part de fermeté envers ceux qui violent délibérément la loi, elle doit principalement être politique. Et pour ce faire, témoigner d’une écoute sincère, respectueuse et constructrice. Le fameux « grand débat » remplit-il chacun de ces critères ? Rien n’est moins sûr, même s’il est préférable d’attendre de le voir mené jusqu’à son terme avant de se montrer définitifs. Et il va sans dire que la tentation d’entretenir la contestation doit être réelle pour un pouvoir macroniste qui voit sans doute en la multiplication des listes de gilets jaunes déposées pour les européennes un bon moyen d’affaiblir l’opposition et donc de favoriser, malgré son impopularité galopante, un score honorable aux prochaines élections.

    https://www.atlantico.fr/decryptage/3565733/gilets-jaunes--que-faire-pour-endiguer-la-violence-desormais-installee--sylvain-boulouque-guillaume-jeanson

     

    8-1 BREXIT (ET ROYAUME UNI)


    BREXIT: LE GOUVERNEMENT BRITANNIQUE VEUT PLUS DE TEMPS POUR RENÉGOCIER

    Par Challenges le 11.02.2019 à 07h49

    La Première ministre Theresa May va proposer aux députés britanniques de lui accorder un délai supplémentaire pour négocier avec Bruxelles un accord de Brexit remanié, a annoncé dimanche le secrétaire d'Etat au Logement, James Brokenshir

    Censé quitter l'Union européenne le 29 mars, le Royaume-Uni est en plein flou quant à la forme que prendra ce divorce historique.

    AFP/Archives - Aris Oikonomou

    La Première ministre Theresa May va proposer aux députés britanniques de lui accorder un délai supplémentaire pour négocier avec Bruxelles un accord de Brexit remanié, a annoncé dimanche le secrétaire d'Etat au Logement, James Brokenshire.

    Censé quitter l'Union européenne le 29 mars, le Royaume-Uni est en plein flou quant à la forme que prendra ce divorce historique, les députés britanniques ayant massivement rejeté le 15 janvier l'accord négocié pendant de longs mois avec Bruxelles par Theresa May.

    La dirigeante conservatrice tente désormais d'obtenir de Bruxelles des concessions susceptibles de recueillir l'aval des parlementaires, mais les discussions buttent toujours sur la question du filet de sécurité irlandais.

    D'ici fin février

    Alors que la Chambre des Communes se penchera jeudi sur la stratégie à suivre, James Brokenshire a indiqué dimanche sur la BBC que le gouvernement comptait proposer au Parlement de débattre à nouveau des différentes options possibles pour le Brexit d'ici la fin février, si aucun accord remanié n'a pu être trouvé d'ici là, une manière pour l'exécutif de conserver la main sur le processus.

    Le calendrier initial proposé par le gouvernement prévoyait que, faute d'accord d'ici à mercredi, les députés devaient voter jeudi sur la suite à donner au Brexit.

    "Nous aurons évidemment un débat au Parlement (la semaine prochaine), avec une motion qui sera présentée - une motion importante que le gouvernement présentera", a déclaré M. Brokenshire. "Mais je pense qu'il est également important de souligner que le gouvernement s'engagera à ce que si (un nouveau) vote (sur l'accord de Brexit) n'a pas eu lieu d'ici au 27 février, nous permettrons la présentation d'une autre motion".

    Le Labour, principal parti d'opposition au Royaume-Uni, a aussitôt dénoncé une manoeuvre visant à gagner du temps pour acculer les députés à un choix "binaire" entre l'accord de Brexit de Theresa May et un "no deal", soit une sortie sans accord, scénario redouté par les milieux économiques.

    Theresa May "prétend qu'elle fait des progrès alors qu'en réalité, elle joue la montre", a déclaré Keir Starmer, le responsable du Brexit au sein du Labour, dans le journal The Sunday Times. "La semaine prochaine, le Parlement doit dire +ça suffit+ et prendre le contrôle de ce qui se passe", a-t-il ajouté.

    Nouvelles discussions

    Dimanche également, la Première ministre a répondu à une lettre que lui avait adressée le chef des travaillistes, Jeremy Corbyn, dans laquelle il indiquait que son parti soutiendrait l'accord de divorce sous certaines conditions, notamment que le pays reste dans une union douanière.

    Theresa May, dans une lettre également, publiée par Downing Street, propose de nouvelles discussions avec les travaillistes, notamment pour étudier des "arrangements alternatifs" afin de régler le problème du filet de sécurité irlandais.

    Cette disposition, très critiquée au Royaume-Uni, figure dans l'accord de retrait comme un dernier recours destiné à éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord britannique et la République d'Irlande après le Brexit.

    https://www.challenges.fr/monde/europe/brexit-le-gouvernement-britannique-veut-gagner-du-temps_641808#xtor=EPR-1-[ChaActu10h]-20190211 

    DERRIÈRE LE SPECTRE D’UN «NO DEAL», UNE POIGNÉE DE BREXITERS S'ENRICHIT

    8 février 2019 Par Amandine Alexandre

    Alors que Theresa May s’est rendue jeudi 7 février à Bruxelles pour tenter de sortir de l’impasse sur le Brexit, le scénario d’un « no deal » – l’absence d’accord – gagne en probabilité. Ses défenseurs les plus farouches parlent désormais d’une « sortie maîtrisée sans accord », pour des raisons à la fois idéologiques… et pécuniaires. Enquête sur ces Brexiters « ultras » et leurs intérêts financiers bien calculés.

    La lecture des articles est réservée aux abonnés.

    Londres (Royaume-Uni), de notre correspondante. - Le Brexit est une bonne affaire pour Owen Paterson. Celui qui fut ministre chargé de l’Irlande du Nord de 2010 à 2012 puis ministre de l’agriculture et de l’environnement de 2012 à 2014 n’est pas une personnalité politique de premier rang au Royaume-Uni. Or, grâce au Brexit, ce climato-sceptique qui défend l’utilisation des OGM en agriculture a acquis une nouvelle envergure des deux côtés de l’Atlantique.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/080219/derriere-le-spectre-d-un-no-deal-une-poignee-de-brexiters-senrichit?utm_source=20190208&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20190208&M_BT=34722054291 

    EST-IL VRAIMENT IMPOSSIBLE DE SORTIR DE L'UE ?

    Par Franck Dedieu et Coralie Delaume

    Trente mois déjà depuis le vote en faveur du Brexit et toujours aucun accord. Au-delà du plan B que Theresa May va renégocier, une question se pose : l'Union européenne, c'est pour la vie ?

    « Should I stay or should I… stay. » Le peuple britannique pourrait ainsi parodier le célèbre tube des Clash, tant, depuis leur vote en faveur du Brexit, ils rencontrent bien des obstacles pour sortir de l'Union européenne. Car, apparemment, il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir, de voter « leave » pour surmonter les chicanes institutionnelles, les verrous politiques, la pression médiatique, les intimidations économiques. Du coup, une question se pose, que l'on soit eurosceptique ou europtimiste, bruxello-agnostique ou bruxello-croyant : est-il vraiment impossible de quitter l'UE ? Après tout, même le très officiel site vie-publique.fr, placé sous l'autorité du Premier ministre, s'est permis d'aborder cette question dans un dossier daté du 26 décembre dernier intitulé : « Comment sortir de l'Union européenne ? »

    LE VERROU INSTITUTIONNEL

    « Ceux qui ont tenu la plume pour écrire les premières versions du traité se sont engagés à faire en sorte que sortir ne soit pas possible. On a soigneusement oublié d'écrire l'article qui [le] permet », s'amusait Jacques Attali lors d'une conférence sur l'Union européenne en 2011. Il parlait alors du traité de Maastricht, qui ne contenait en effet aucune disposition permettant à un pays de s'extraire de l'Union européenne.

    Le traité de Lisbonne a changé la donne. Un article 50 a été intégré au traité sur l'Union européenne (TUE) et prévoit que « tout Etat membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l'Union ». C'est celui que Londres a invoqué il y a bientôt deux ans, et dont l'application fera en principe de la Grande-Bretagne un « pays tiers » à compter du 29 mars 2019 à minuit. L'article 50 fixe en effet à deux années...

    https://www.marianne.net/monde/europe-brexit-vraiment-impossible-sortir-ue?_ope=eyJndWlkIjoiY2ZhMjY4YTJhN2UzNDIwZmM0NjMxNzMwZmQ0ZjcxOTYifQ%3D%3D 

    VICTOIRE ÉCLATANTE DE THERESA MAY AU SEIN DE SON PARLEMENT

    Contre toute attente, le Premier ministre britannique a convaincu les députés de lui laisser renégocier l'accord de Brexit avec les Vingt-Sept. Theresa May prouve une fois de plus sa capacité à rebondir, selon Pierre Lévy

    C’est une victoire éclatante qu’a remportée Theresa May à l’issue de la séance parlementaire décisive qui s’est tenue le 29 janvier. La plupart des correspondants des journaux européens prédisaient (espéraient, en fait) que les députés britanniques allaient imposer au Premier ministre des dispositions de nature à faire échouer le Brexit ; ils ont été pris totalement à contre-pied.

    Car une majorité de parlementaires a voté le texte du gouvernement actant l’état des négociations avec Bruxelles, texte désormais nanti d’un amendement décisif : celui-ci donne mandat à Theresa May de retourner à Bruxelles pour exiger des Vingt-Sept une modification essentielle du projet de divorce signé en novembre dernier.

    Theresa May, selon cet amendement (qu’elle soutenait vivement et qui fut finalement adopté par 317 voix contre 301), doit renégocier ledit «filet de sécurité» (backstop). Cette disposition prévoyait que le Royaume-Uni devait rester dans l’Union douanière avec l’UE aussi longtemps qu’une solution pérenne quant à la frontière entre les deux Irlande ne serait pas trouvée – c’est-à-dire potentiellement indéfiniment, accusaient ses détracteurs.

    Certes, un autre amendement affirme l’opposition des députés à un Brexit sans accord, «no deal», mais il n’est nullement contraignant. Surtout, tous les autres amendements qui concrétisaient les différents espoirs des adversaires du Brexit ont été rejetés : pouvoir accordé au Parlement pour déterminer lui-même différentes alternatives remettant en cause la sortie du Royaume-Uni, voire pour imposer l’une d’entre elles ; report de la date prévue (29 mars), ou encore faculté du Parlement d’imposer un tel report…

    Bref, Theresa May garde la main, démentant ainsi ceux qui pronostiquaient que le Parlement britannique allait unilatéralement «prendre le contrôle». Une prédiction qui était juridiquement infondée – dans la jurisprudence constitutionnelle britannique, le Premier ministre reste le maître à bord tant qu’une motion de censure ne l’a pas chassé ; et qui s’est surtout révélée politiquement erronée, la capacité de rebondir de Theresa May ayant, pour la énième fois, été sous-estimée.

    http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Victoire-eclatante-de-Theresa-May-au-sein-de-son-Parlement 

    BREXIT : LES DÉPUTÉS BRITANNIQUES TENTENT DE REPRENDRE LES COMMANDES
    A deux mois de la sortie de l'UE, le scénario du «no-deal» effraie les milieux économiques et une partie de la classe politique...

    Tic-tac. L’heure tourne au sommet de Big Ben et dans tout le Royaume-Uni. A deux mois du Brexit, les députés britanniques vont tenter ce mardi de mettre le gouvernement sur la touche et de prendre la main sur ce dossier, après le rejet massif à la Chambre des communes de l’accord de divorce conclu avec Bruxelles.

    Ce traité de retrait, âprement négocié pendant des mois par la Première ministre Theresa May avec l’Union européenne, avait été recalé le 15 janvier par une écrasante majorité des députés, ouvrant la possibilité d’un divorce sans accord (« no deal ») le 29 mars, date prévue du Brexit. Un scénario qui effraie les milieux économiques et une partie de la classe politique.

    Après ce rejet, Theresa May n’a pas produit de plan alternatif, contrairement à ce que réclamaient les parlementaires, échouant à dégager un consensus lors de consultations avec l’opposition et des députés de sa propre majorité conservatrice. Les députés ont donc rédigé des amendements, qui seront débattus et votés mardi s’ils sont sélectionnés par le président de la Chambre des Communes John Bercow, pour tenter d’infléchir la suite du processus. Aucun d’entre eux n’est immédiatement contraignant pour l’exécutif. Néanmoins, il serait politiquement risqué pour Theresa May de les ignorer.

    Deux camps s’opposent au Parlement britannique. D’un côté, les Brexiters ont déposé des amendements, dont l’un a reçu le soutien du gouvernement, réclamant principalement la suppression de l’accord de la disposition très controversée du « filet de sécurité » (« backstop » en anglais), qui vise à éviter le retour d’une frontière physique en Irlande. Ils y voient le risque d’un arrimage permanent à l’UE.

    Les dirigeants européens ont jusqu’ici catégoriquement refusé l’idée de renégocier le texte et Dublin les a exhortés dimanche à revenir sur leur position « déraisonnable ». Les eurosceptiques estiment qu’en cas d’adoption d’un de ces amendements, Theresa May disposerait d’un moyen de pression face à l’UE, en arguant qu’une modification du « backstop » permettrait de voir le traité ratifié par le Parlement.

    Retrouvez l'intégralité de l'article sur :

    https://www.20minutes.fr/monde/2438439-20190129-brexit-deputes-britanniques-tentent-reprendre-commandes 

    QUELLES PRIORITÉS POUR JEREMY CORBYN ?

    Brexit de gauche, une voie étroite

    Jugée menaçante par certains conservateurs, la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne pourrait représenter une chance pour les travaillistes s’ils parvenaient au pouvoir. Dégagés des traités néolibéraux qui organisent l’Union, ils jouiraient de marges de manœuvre plus larges pour mettre en œuvre leur programme. Reste à convaincre leurs militants acquis à l’idée qu’il n’existe de Brexit que de droite.

    par Chris Bickerton 

     «J’adore Corbyn. Je hais le Brexit ». Ce slogan orne depuis quelques mois les tee-shirts de certains militants travaillistes. Il illustre le paradoxe auquel le Brexit confronte la gauche britannique. Depuis que M. Jeremy Corbyn en a pris les rênes, en 2015, le Labour a renoué avec des projets qu’il avait depuis longtemps délaissés : renationaliser des services publics délabrés après leur privatisation ; réhabiliter l’investissement public, notamment dans le secteur industriel créateur d’emplois ; encadrer la finance afin qu’elle ne dicte plus sa loi à la population. Rompant avec des années de reculades idéologiques, ces perspectives ont séduit de larges franges de la population. En quelques mois, le Parti travailliste s’est hissé au rang de plus grande formation européenne en nombre d’adhérents.

    Mais, si M. Corbyn s’est toujours montré critique de l’orientation néolibérale de la construction européenne, la plupart des nouveaux militants de son parti ont voté pour le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union lors du référendum du 23 juin 2016 — en particulier dans les grands centres urbains et au sein d’une population jeune qui a appris à associer l’idée d’Europe à une forme d’internationalisme bienveillant. Ce qui soulève implicitement cette question : peut-on à la fois défendre le programme économique et social de M. Corbyn et le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne ? En d’autres termes, est-il possible de transformer le fonctionnement de l’économie britannique dans le cadre des traités européens ?

    « Oui ! », répondent les partisans de Bruxelles, oubliant de préciser que l’Union ne tolère les changements d’ordre économique que lorsqu’ils accélèrent le processus de libéralisation. Les traités ne sanctionnent pas mécaniquement les politiques progressistes, mais ils leurs imposent de sérieuses limites.

    Une surprise ? Pas vraiment, puisque à ses origines le projet européen, pensé par les conservateurs et les démocrates-chrétiens, visait précisément à prévenir l’étatisme et le (...)

    https://www.monde-diplomatique.fr/2019/02/BICKERTON/59567 

    LA XÉNOPHOBIE N’EXPLIQUE PAS TOUT

    « Brexit », les raisons de la colère

    Les commentateurs ont estimé que le vote des Britanniques en faveur de la sortie de l’Union européenne, le 23 juin dernier, avait révélé les réflexes anti-immigrés d’une population « fermée au monde ». Rien n’a été dit des déterminants sociaux du résultat : austérité, chômage de masse, augmentation du nombre de travailleurs pauvres, etc. Autant de fléaux qui poussent les plus démunis à s’opposer entre eux.

    par Paul Mason 

    La guichetière de cette petite gare du Pays de Galles prenait son temps, absorbée par une conversation avec son collègue. Celui-ci se lamentait : « On ne peut plus acheter de jouets roses pour les filles, il faut qu’ils soient gris. » Elle répondait : « C’est pareil avec le mot golliwog (1)… » Ces deux agents d’une grande société ferroviaire, en uniforme, tenaient ces propos à portée de voix des clients, sans la moindre gêne.

    Pendant la campagne autour du référendum pour le maintien ou non du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne (2), on entendait ce genre de discussions partout, pour peu qu’on y soit attentif : de brèves et incohérentes manifestations de racisme, de soudaines révoltes contre le « politiquement correct ». Moi-même issu d’une petite ville ouvrière, je comprenais ce que ces gens voulaient exprimer, au-delà des propos xénophobes. Une fausse rébellion des laissés-pour-compte se préparait contre les valeurs d’une élite socialement libérale et son projet de toujours : l’appartenance à l’Union européenne.

    Dans cette conversation, comme dans des millions d’autres, personne n’avait besoin d’utiliser le mot « Europe ». Le référendum ne représentait qu’une occasion de manifester son ras-le-bol, de dire « Il y en a marre ». Marre de la morosité, marre des rues commerçantes décrépites, marre des bas salaires, marre des mensonges des politiciens et de la façon dont ils gouvernent par la peur. Au soir de la consultation, 56 % des électeurs de ce fief du Parti travailliste avaient voté en faveur de la sortie de l’Union européenne.

    Il y avait eu des signes avant-coureurs. Lors des élections générales de mai 2015, le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) avait fait irruption dans les anciennes vallées minières du Pays de Galles, jusque-là fidèles au Parti travailliste depuis sa création en 1901. Au niveau national, aux élections européennes de 2014, l’UKIP avait remporté 25 % des voix, concentrées dans le même type de villes : petites, mornes, avec des emplois faiblement rémunérés dans le secteur privé et juste assez d’immigration pour rappeler à tout le monde les affirmations de certains économistes — l’arrivée de ressortissants d’Europe de l’Est tire les salaires vers le bas en raison de la mise en concurrence des travailleurs orchestrée par les directives européennes.

    Une impression de désastre inexorable

    Comprendre le « Brexit », c’est mesurer l’irruption de cette xénophobie longtemps sous-jacente dans des régions travaillistes appauvries, et constater sa fusion avec le nationalisme conservateur traditionnel dans les banlieues et les zones rurales. Il suffit d’observer la carte des résultats : les grandes villes anglaises et l’ensemble de l’Écosse ont voté pour le maintien dans l’Union européenne, tandis que les villes et villages pauvres d’Angleterre et du Pays de Galles ont préféré sortir. Même la présence de deux universités, d’une importante communauté asiatique et une économie urbaine florissante n’ont pu faire basculer des villes comme Nottingham ou Birmingham dans le camp europhile. En votant contre l’Europe, ces villes ont fait d’une révolte qui mûrit depuis des années un événement historique décisif, et ce en raison de trois facteurs principaux.

    Tout d’abord, le néolibéralisme, dont le royaume a été l’un des laboratoires, se fissure. Au début des années 1980, la première ministre Margaret Thatcher a mené une politique qui a transformé une récession en effondrement industriel et social afin de mettre à mal la cohésion des bastions ouvriers. Depuis, la marge de négociation des salariés s’en est trouvée largement diminuée. Pendant les années 1990 et 2000, ici comme dans tout le monde occidental, le recours au crédit a servi à combler l’écart entre des revenus stagnants et la croissance économique.

    Le travailliste Anthony Blair (1997-2007) a maintenu l’illusion que la richesse ruissellerait depuis les centres urbains aisés, mondialisés et bien pourvus en actifs. Constatant que cette prophétie ne s’était pas accomplie, M. Gordon Brown, alors chancelier de l’Échiquier (ministre des finances), augmenta les dépenses publiques, notamment certaines prestations liées à l’emploi et au recrutement de fonctionnaires. Avec la privatisation de pans entiers du service public, comme le ramassage des déchets, l’illusion était totale. À la veille de la crise de 2008, on pouvait voir des villes galloises sans le moindre emploi productif, en proie à la délinquance et aux maladies que génère la pauvreté, mais où circulaient des camions poubelles flambant neufs conduits par des employés payés au salaire minimum. Ces villes gardaient la tête hors de l’eau uniquement grâce à diverses prestations sociales, liées à la garde d’enfants, aux troubles mentaux, etc. (3).

    Puis la crise de 2008 a éclaté. À peine arrivé, le gouvernement conservateur de M. David Cameron (2010-2016) a taillé dans les dépenses. La pénurie de crédits a porté un coup sévère aux petits commerces de proximité, qui se sont retrouvés désertés ou remplacés par les trois symboles nationaux de la pauvreté urbaine : Poundland (où tout coûte 1 livre sterling), Cash Converters (monts-de-piété modernes) et les bureaux de Citizens Advice (« conseil aux citoyens »), où l’on peut faire la queue le matin afin d’obtenir de l’aide pour restructurer sa dette, éviter l’expulsion ou lutter contre des pensées suicidaires.

    Toutes les villes ne partagent pas le même sort : Londres, Manchester, Bristol et Leeds semblent à première vue prospérer, y compris sur la scène mondiale. Mais, au bas de l’échelle économique, l’employée mal payée de chez Zara achète son déjeuner chez Subway, dont l’employé mal payé achète sa chemise chez Zara. Pour eux, le problème réside moins dans le salaire que dans le logement. Gonflés par 375 milliards de livres sterling (près de 445 milliards d’euros) d’assouplissement quantitatif (quantitative easing), les prix de l’immobilier ont atteint de tels sommets que, à Londres, beaucoup de jeunes actifs partagent une même chambre. La configuration traditionnelle de l’appartement d’étudiants où la moindre pièce sert à dormir est devenue commune même chez les jeunes avocats…

    Bien que la crise du néolibéralisme ait assombri les perspectives d’avenir des jeunes, lourdement endettés, il faut chercher ailleurs le facteur déterminant de la révolte. Elle s’est déclenchée dans des endroits qui ignorent la vie trépidante des villes multiculturelles, ce palliatif du néolibéralisme. Ou, du moins, ne la connaissent pas assez pour compenser l’impression dominante de désastre économique inexorable.

    En janvier 2004, quand huit pays d’Europe de l’Est ont intégré l’espace de libre circulation de l’Union européenne, le gouvernement de M. Blair n’a imposé aucune restriction temporaire. Un ministre travailliste prédisait avec assurance que pas plus de 30 000 migrants ne viendraient. Mais le recours à une main-d’œuvre européenne moins payée et connaissant moins ses droits a été de fait organisé. À ce jour, trois millions de personnes originaires de l’Union européenne vivent au Royaume-Uni ; deux millions ont un emploi. En comptant l’arrivée régulière de non-Européens, les travailleurs nés à l’étranger représentent près de 17 % de la main-d’œuvre.

    Si certains occupent des postes dans la fonction publique (55 000 étrangers européens travaillent pour le service public de santé, le National Health Service), la plupart exercent des emplois très mal rémunérés dans le secteur privé. Ils fournissent 43 % des effectifs dans les usines de conditionnement et les conserveries. Si l’on remonte jusqu’aux industries manufacturières, ils en représentent 33 %. Dans le sud de Londres, j’ai trouvé un fabricant de baumes à lèvres qui recrutait toute sa main-d’œuvre en Lituanie.

    La classe politique comprenait l’impact social de l’immigration massive d’un point de vue théorique, mais jamais viscéralement. Le mythe selon lequel les travailleurs britanniques étaient « trop bêtes » pour occuper ces postes, ou « ne voulaient pas travailler », collait bien à la rhétorique néolibérale. Le discours ne laissait pas de place à la possibilité que ce phénomène tienne aux salaires atrocement bas et aux cotisations supplémentaires prélevées pour enfoncer le salaire net au-dessous du minimum légal.

    L’arrivée soudaine de boutiques polonaises et de cafés portugais dans les petites villes britanniques apparaissait aux yeux des élites métropolitaines comme une touche de magie apportée par la mondialisation dans la morne vie des habitants. Les journalistes, en revanche, voyaient croître un profond ressentiment.

    Ajoutez à cela l’austérité, et le tableau est complet. Quand les suppressions de postes déciment les services publics, il n’est pas étonnant que certains se demandent si la crise ne serait pas plus supportable avec moins d’immigrés. Ceux qui osaient poser la question passaient pour des xénophobes.

    1. Cameron avait promis de réduire l’immigration à « des dizaines de milliers » d’entrants. L’année dernière, le solde migratoire net a atteint 330 000 personnes (4), dont une moitié provenaient de l’Union européenne. Le mouvement en faveur du « Brexit » s’est focalisé sur ce chiffre, en agitant la menace que la population pourrait augmenter d’un million tous les trois ans sous l’effet de l’immigration européenne, que les bas salaires ne pourraient pas s’améliorer et que même un gouvernement conservateur n’avait pas la volonté d’agir.

    Le gouvernement a refusé de prendre des mesures pour décourager l’immigration d’Européens au niveau microéconomique. Lors des négociations de février 2016, M. Cameron n’a même pas pris la peine de demander formellement des aménagements aux règles de libre circulation.

    Toutes les conditions se trouvaient ainsi réunies pour que l’immigration s’invite au cœur du débat, autour duquel s’articuleraient tous les autres enjeux. Au cours des derniers jours de la campagne, une fois que le meurtre de la députée Jo Cox (5) a contraint à mettre un bémol à la rhétorique antimigratoire, le peuple britannique était confronté au message très clair du camp europhobe : quitter l’Europe et maîtriser l’immigration, ou rester et subir une immigration illimitée, une baisse des salaires et des tensions culturelles.

    L’élite politique, y compris l’aile gauche du Parti travailliste, supposait que l’adhésion à ce message ne dépasserait pas la barre des 40 %. Finalement, comme 30 % des électeurs d’origine asiatique et 22 % des électeurs noirs ont voté pour le « Brexit », la majorité antieuropéenne a atteint 52 % (6). Les jeunes, dont 75 % soutenaient l’appartenance à l’Union, ont été le seul groupe à beaucoup s’abstenir. Moins de la moitié des Britanniques de moins de 24 ans sont allés voter, contre 75 % des personnes âgées.

    On assiste à l’effondrement des piliers du centre gauche depuis les années 1970 : l’appartenance à l’Union européenne, l’accent mis sur son chapitre social et sur le rapprochement avec les autres États membres. Pour l’heure, la classe politique et la société britanniques semblent partagées en deux camps : l’un symbolisé par le white van man (littéralement, « l’homme à la fourgonnette blanche »), stéréotype du travailleur manuel qui a fait peu d’études et qui exhibe le drapeau national à la fenêtre de son véhicule ; l’autre représenté par un hipster à barbe, dont les voyages artistiques à Berlin et les vacances branchées à Ibiza pourraient s’avérer plus délicats à organiser.

    Le Parti travailliste devait auparavant trouver le moyen de réunir ces deux tribus sociologiques au sein des quatre nations qui composent le Royaume-Uni. Il doit maintenant élaborer une proposition de justice sociale et de démocratie pour une population déstabilisée par tant d’incertitudes.

    Paul Mason

    Journaliste, auteur de PostCapitalism : A Guide to Our Future, Allen Lane, Penguin Press, Londres, 2015.

    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/08/MASON/56082 

    ROYAUME-UNI : LE BREXIT MINE LA CROISSANCE, AU PLUS BAS DEPUIS 2012

    Catherine Chatignoux

    La croissance britannique a nettement ralenti, à 1,4 % en 2018, son plus bas niveau depuis six ans. Une sortie de l'Union sans accord augmenterait les risques de récession outre-Manche.

    Plus le Brexit approche, plus l'économie britannique se fige. A quelques semaines de la sortie du Royaume-Uni de l'Europe, et alors que les entreprises  ne savent toujours pas s'il se fera avec ou sans accord atténuant le choc attendu, l'île affiche une appréhension palpable. Le PIB n'a progressé que de 0,2 % au dernier trimestre 2018 et l'année s'est même achevée sur un repli de 0,4 % de l'activité en décembre, du jamais-vu depuis le référendum de 2016. La croissance de l'économie a ralenti l'an dernier, à 1,4 %, sa plus mauvaise performance depuis six ans. Elle avait crû de 1,8 % en 2017. 

    Stress et inquiétudes

    « Cette baisse de régime s'explique en partie par  le ralentissement général que l'on observe dans le reste de l'Union européenne. Le Royaume-Uni n'est pas immunisé contre la décélération générale des marchés d'exportation » liée au reflux du commerce mondial, explique Gilles Moec, chef économiste Europe à Bank of America Merrill Lynch. En cette fin d'année, le déficit commercial britannique s'est creusé (au plus haut depuis deux ans).

    « Mais l'essentiel du coup de barre de cette fin d'année s'explique par le stress et les inquiétudes outre-Manche liées au Brexit », ajoute l'économiste. Tous les moteurs de l'économie sont en panne : les entreprises ont réduit leurs investissements pour le quatrième trimestre d'affilée (-1,4 % d'octobre à décembre), ce qui ne s'était pas produit depuis la crise financière de 2008. Il ne se passe pas une journée sans qu'une entreprise n'annonce le report ou l'annulation d'un projet, comme Nissan au début du mois, renonçant à construire un nouveau modèle de SUV dans son usine britannique de Sunderland. Les services, poumon de l'économie, ont ralenti (+0,4 %) et la consommation des ménages s'est stabilisée à +0,4 %.

    À lire aussi

    Brexit : la Banque d'Angleterre « dans le brouillard »

    Brexit : les faillites sont au plus haut au Royaume-Uni

    Il est très hasardeux de faire des prévisions pour les premiers mois de 2019. Certains anticipent une récession en cas de sortie de l'Union européenne sans accord. « Les perturbations aux frontières qu'entraînerait un tel scénario pourraient se traduire à partir du mois d'avril par des ruptures de production » qui pèseront lourdement sur le PIB, souligne Gilles Moec.

    Achats de précaution

    Les résultats économiques du premier trimestre pourraient toutefois être meilleurs qu'escomptés si les industriels poussent les feux de la production et constituent des stocks pour prévenir les risques ultérieurs de pénurie. Les ménages, de leur côté, pourraient faire des achats de précaution avant le Brexit, donnant ainsi un coup de fouet à l'activité. Mais sur l'année, la croissance devrait rester atone. Elle n'affichera pas plus de 1,3 %, selon les dernières prévisions de la Commission européenne , et 1,2 %, selon la Banque d'Angleterre qui n'a pas ménagé ses efforts ces derniers mois pour soutenir l'activité outre-Manche. 

    Jeudi dernier, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a prévenu que l'économie britannique n'était « pas encore prête » au scénario du « hard Brexit », le pire pour les milieux d'affaires. Une sortie sans accord augmenterait, selon lui, les risques de récession.

    A lire également :

    CHRONIQUE : Face au Brexit, un Royaume toujours plus désuni

    Les Echos

    @chatignoux

    https://www.lesechos.fr/monde/europe/0600677187150-royaume-uni-la-croissance-au-plus-bas-depuis-2012-2243821.php#xtor=EPR-8-%5B18_heures%5D-20190211-%5BProv_paywall1_article%5D-2684809 

    8-2 CETA

    8-3 ÉCOLOGIE; CD01 Accord sur le contrôle du climat

     

    8-4 IMMIGRATION


    POURQUOI LE CHOC DÉMOGRAPHIQUE QUI NOUS MENACE POURRAIT BIEN ÊTRE TOTALEMENT DIFFÉRENT DE CE À QUOI VOUS VOUS ATTENDEZ

    Dans un ouvrage paru le 5 février aux États-Unis et au Canada, John Ibbitson et Darrell Bricker remettent en question l’hypothèse d’une croissance exponentielle de la population.

    Avec Gérard-François Dumont

    Atlantico: Empty Planet (Planète Vide) explique que l’enjeu dans un avenir pas si lointain ne sera pas la surpopulation - prévue notamment par l’ONU, de la planète mais sa sous-population. Qu’est-ce qui fait que cette hypothèse n’est pas aussi farfelue qu’elle pourrait paraître ?

    Gérard-François Dumont: Permettez-moi de dire que je n’ai pas attendu le livre de John Ibbitson et Darrell Bricker pour expliquer que l’hypothèse d’une croissance exponentielle est un mythe. Ainsi, la fécondité moyenne dans le monde a baissé de moitié de 1950 à aujourd’hui, précisément de 5 enfants par femme à 2,4 en 2018. Le taux de croissance de la population a diminué dans des proportions semblables depuis son maximum atteint à la fin des années 1960. En réalité, la population dans le monde connaît une décélération conforme à la logique du processus dit de la transition démographique (Dumont, Gérard-François, Géographie des populations. Concepts, dynamiques, prospectives, Paris, Armand Colin, 2018). Toutefois, il est vrai que le nombre d’habitants sur terre continue d’augmenter, surtout là où la transition démographique n’est pas terminée, et, pour une autre raison, l’augmentation de l’espérance de vie. Cette dernière, encore à moins de 46 ans en 1950 en moyenne mondiale, a atteint 72 ans en 2018 et permet à chaque humain de rester en moyenne plus longtemps locataire sur notre planète.

    La troisième raison de l’augmentation de la population mondiale tient aux effets d’inertie des logiques démographiques. Scientifiquement, cela signifie qu’il faut prendre en compte l’évolution démographique cachée dans la composition par sexe et par âge, ce qu’on appelle la pyramide des âges. Concrètement, il peut arriver qu’un pays, comme la Chine actuellement, enregistre une croissance démographique naturelle, donc un excédent des naissances sur les décès, en dépit d’une fécondité très abaissée en raison de sa pyramide des âges héritée lui donnant (encore) une proportion relativement élevée de femmes en âge de féconder. Mais aucun effet d’inertie n’est éternel et il arrive donc une période où il ne s’exerce plus. Alors les décès deviennent plus élevés que les naissances. Ceci s’est constaté dans la trajectoire démographique des dernières décennies au Japon ou en Allemagne. En Chine, cela va probablement se constater dans les années 2030 lorsque sa population diminuera puisque sa croissance actuelle n’est due qu’à l’inertie démographique.

    Quant au terme de « surpopulation », il n’a aucune valeur scientifique En effet, une surpopulation supposerait une population qui n’arrive pas à satisfaire ses besoins élémentaires en termes d’alimentation ou sanitaires. Or, si cela arrivait, la mortalité augmenterait, engendrant une contraction démographique.

    Quoi qu’il en soit, raisonner sur le chiffre global du nombre d’habitants sur terre n’a aucun sens. Ce qui compte, c’est la réalité démographique des différents territoires de la planète et elle est fondamentalement diversifiée. Par exemple, la Roumanie et le Tchad semblent peser de façon identique dans la population du monde, comptant chacun une quinzaine de millions d’habitants en 2018 (Sardon, Jean-Paul, « La population des continents et des pays », Population & Avenir, n° 740, novembre-décembre 2018). Mais la superficie de l’un est de 238 000 km2 et celle de l’autre de 1 284 000 km2, y compris, il est vrai, des parties désertiques. Surtout, le Tchad connaît une croissance démographique triple de la moyenne mondiale alors que la Roumanie est en dépeuplement sous le double effet d’un excédent des décès sur les naissances et d’un solde migratoire négatif. Autrement dit, le monde se caractérise principalement par une forte fragmentation démographique.

    Comment évaluer l’effet de la baisse de la fécondité dans les années à venir ?

    Gérard-François Dumont. Il est probable que la fécondité moyenne dans le monde continue à baisser dans les années à venir, mais de façon fort inégale, en raison de la poursuite de sa diminution dans différents pays comme l’Inde. Mais il n’est pas impossible qu’elle remonte dans d’autres pays en fonction de leurs conditions propres ou par suite d’un niveau devenu très bas. Toutefois, le nombre des naissances ne dépend pas que la fécondité ; il s’explique aussi par le nombre de femmes en âge de procréer et par l’espérance de vie à la naissance. Par exemple, même si la fécondité doublait en Allemagne, le nombre de naissance ne croîtrait pas dans des proportions semblables car le nombre de femmes en âge de procréer est en diminution, sauf arrivées migratoires massives. Autre exemple, la population des États-Unis serait aujourd’hui légèrement plus nombreuse si ce pays n’avait pas enregistré ces dernières années une baisse de l’espérance de vie sous l’effet de la consommation de drogue ainsi que la surmortalité due à des taux élevés d’obésité. La population de l’Arabie saoudite pourrait augmenter beaucoup plus si l’espérance de vie des femmes s’y accroissait notablement, ce qui supposerait de faire baisser leur taux d’obésité qui touche aujourd’hui 44 % d’entre elles.

    En fait, l’avenir n’est pas écrit. Certains facteurs peuvent stimuler l’accroissement futur de la population : une alimentation suffisante et équilibrée, des réseaux sanitaires et un meilleur respect des règles d’hygiène, des technologies favorables au développement durable et à un environnement moins pollué, des relations géopolitiques écartant toute guerre meurtrière…

    À l’inverse, la population peut stagner, voire baisser, sous l’effet de facteurs opposés : sous-alimentation ou mal-alimentation mortifères, insuffisance sanitaire et hygiénique limitant les taux de survie, épidémies inattendues, sur-pollution mortifère, conflits géopolitiques meurtriers…

    Quelles sont les populations les plus concernées par cette potentielle baisse de la population/baisse de la croissance démographique ?

    Gérard-François Dumont. Les populations les plus concernées par une baisse de la population sont celles qui connaissant déjà un excédent des décès sur les naissances : les pays baltes et la Finlande en Europe septentrionale, l’Allemagne en Europe occidentale, la Biélorussie, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et l’Ukraine en Europe orientale, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, le Portugal et la Serbie en Europe méridionale, le Japon en Asie orientale, Porto Rico dans les Caraïbes.

    Puis les pays dont la croissance actuelle n’est due qu’à l’inertie démographique, faute d’une fécondité suffisante, pourraient finir par enregistrer davantage de décès que de naissances : Autriche, Slovaquie, Chine, Corée du Sud, Taïwan, Thaïlande, Arménie, Cuba… La France pourrait à terme rejoindre cette liste de pays si sa fécondité continue son orientation à la baisse entamée depuis 2015, sous l’effet du rabotage de sa politique familiale (Dumont, Gérard-François, « Natalité en France : une contraction structurelle ? », Population & Avenir, n° 737, mars-avril 2018).

    Pour considérer le futur démographique, il faut bien entendu ajouter à l’examen de la natalité et de la mortalité les flux migratoires, ce qui explique par exemple que la Guadeloupe et la Martinique connaissent désormais aussi une diminution de leur population, alors que l’inertie démographique leur permet encore de bénéficier d’un excédent des naissances sur les décès.

    https://www.atlantico.fr/decryptage/3565737/pourquoi-le-choc-demographique-qui-nous-menace-pourrait-bien-etre-totalement-different-de-ce-a-quoi-vous-vous-attendez-gerard-francois-dumont 

     

    8-5 UNION EUROPÉENNE


    CES BATAILLES EUROPÉENNES QUE PRÉFIGURE L’AFFRONTEMENT FRANCO-ITALIEN

    Le débat européen semble désormais se résumer à une opposition entre deux lignes : celle d'Emmanuel Macron à Angela Merkel d'une part, et celle incarnée par Viktor Orban et Matteo Salvini d'autre part. Cette tension pourrait conduire à des batailles politiques de plus en plus fortes.

    Avec Yves Bertoncini, Paul-François Paoli

    Atlantico : Depuis plusieurs mois, avec une accélération ces derniers jours notamment au travers du rappel de l'ambassadeur de France à Rome, le débat européen s'est résumé à une opposition entre deux lignes - minoritaires - , d'Emmanuel Macron à Angela Merkel d'une part, à une ligne incarnée par Viktor Orban et Matteo Salvini d'autre part. Quels sont les risques de voir ce débat européen se résumer à une telle opposition, dont chaque partie semble chercher à se confronter à "l'ennemi" pour se renforcer ?  

    Yves Bertoncini : L’opposition entre les dirigeants qui veulent renforcer l’Union européenne et ceux qui la combattent traduit des divergences réelles, et même essentielles dans le contexte géopolitique actuel : l’union fait-elle la force et sert-elle l’intérêt de sespeuplesou, au contraire, étouffe-t-elle et maltraite-elle ses citoyens et ses nations? Telle est l’une des grandes questions à trancher, notamment lors des élections européennes de mai prochain, afin de déterminer ce que seront l’évolution de la construction européenne et, plus largement, notre destin collectif dans un monde dont nous ne sommes plus le centre et où nous donnons parfois l’impression de ne plus maitriser grand chose.

    L’opposition de principe entre pro et anti-UE est cependant très réductrice : elle doit être enrichie et dépassée par d’autres clivages. Il y a plusieurs nuances d’« europhilie », d’euroscepticisme et d’europhobie, mais aussi et surtout des visions diverses des politiques que doit conduire l’UE en matière économique, sociale, environnementale, sanitaire, énergétique, migratoire, diplomatique, militaire, etc. Il est capital pour la clarté du débat démocratique et la légitimité des décisions de l’UE que les forces politiques et partisanes qui incarnent les différentes options et sensibilités en présence puissent être audibles auprès des Européens, et que nous puissions mettre des visages sur tous les clivages qui structurent la vie politique de l’UE – bien au-delà du face-à-face parfois théâtral entre Emmanuel Macron et Matteo Salvini.

    Paul François Paoli : Pour être "minoritaires" ces lignes ont au moins le mérite d'être tranchées dans un domaine où il est si difficile de se faire une idée précise de ce qu'il faut penser. On nous a habitué par exemple à dualiser le débat sur l'Europe entre les pour et les contre mais on voit bien avec l'affaire de la fusion Alsthom-Siemens que ce n'est pas si simple. Les partisans de l'Europe sont eux même divisés sur l'Europe qu'ils souhaitent voir advenir. Et l'on voit aussi que du côté de Marine Le Pen le Frexit et le sortie de l'Euro ne sont plus des priorités. Autrement dit la division et la contradiction ne semblent épargner personne. A part Asselineau dont le programme est somme tout simple, il suffit du Frexit pour que tout s'arrange, il est impossible de se faire une idée précise de ce que veulent les partis politiques. L'Europe est dans une situation indécise. Personnellement et même si je me suis abstenu à l'époque du référendum j'ai tendance à penser que la Traité de Maastricht a constitué une erreur historique. Chevènement, Villiers et Séguin avaient sans doute vu juste. En affaiblissant les Etats nation l'Europe de Bruxelles a créé le populisme qui est le fruit d'un sentiment d'insécurité. Européisme et populisme forment une sorte de couple pervers.

    En quoi cette situation européenne actuelle, faite de tensions de plus en plus fortes, alors même qu'aucune partie ne songe réellement à s'extraire de l'Union, pourrait nous conduire à des affrontements de plus en plus marqués pour parvenir à prendre le contrôle dans les années à venir ?

    Yves Bertoncini : Les tensions actuelles sont les manifestations typiques d’une crise de « co-propriétaires », car nul autre pays que le RU ne songe à quitter l’UE. Le « Brexit » répondait pour une bonne part à des spécificités britanniques, et les incertitudes et dommages collatéraux qu’il génère font office de repoussoir : jamais la volonté de continuer à appartenir à l’UE ou à la zone euro n’a été aussi forte dans la quasi-totalité de ses Etats-membres.

    Pour autant, les 27 sont souvent très divisés sur la manière de gouverner leur maison commune : on l’a vu lors de la crise financière, puis de la crise des réfugiés- deux crises nourries par un déficit de confiance, puis de solidarité entre Etats et même entre peuples, et qui ont déjà donné lieu à des affrontements particulièrement vifs.Ce type d’affrontements pourrait se poursuivreface aux défis migratoires, sur le respect de l’Etat de droit, sur la négociation du budget européen, sur la réforme de la zone euro ou de la politique de concurrence, sur les enjeux sécuritaires – ce ne sont pas les terrains qui manquent, surtout si les dirigeants nationaux trouvent un intérêt domestique à amplifier leurs différends européens ...

    Chacun devra sans doute constater bien vite qu’il faut in fine conclure les compromis nécessaire pour faire fonctionnerune communauté politique rassemblant 27 pays « unis dans la diversité », y compris politique et partisane. Ce sont les forces plutôt pro-européennes qui sont sans doute appelées à conserver le contrôle de l’essentiel des gouvernements nationaux et des institutions européennes, conformément aux choix exprimés par les électeurs. Mais il n’est pas exclu que des forces politiques plus radicales et hétérodoxes puissent obtenir une forte capacité de nuisance, sinon de blocage, au niveau européen – ce qui serait problématique pour tous.

    Paul François Paoli : Je pense que deux visions sont en lice et qu'elles sont inconciliables. La première est celle portée principalement par Merkel et Macron. Leur Europe est fondée sur des valeurs libérales et démocratiques post historiques. L'Europe n'est pas tant une civilisation qu'un espace d'échange. Face à eux les conservateurs et populistes opposent une Europe fondée sur des peuples et des territoires. La première conception est post politique car la politique suppose l'Histoire en amont. Les libéraux croient que les valeurs peuvent constituer un peuple en l’occurrence le "peuple européen" de demain. C'est une illusion. Le vivre ensemble est fondé sur des réalités anthropologiques bien plus profondes. Les Italiens ne veulent pas d'une société multiculturelle, ce qui est leur droit. Pourquoi les valeurs multiculturelles et libérales feraient t'elles absolument autorité, pourquoi seraient elles indépassables  alors que leurs tenants expliquent depuis toujours que toute autorité doit pouvoir être contestée? 

    Quelles seraient les forces politiques qui pourraient parvenir à former une majorité sans pour autant s'appuyer sur le rejet des autres forces en présence ? Quel pourrait être le contenu d'une telle ligne politique ?

    Yves Bertoncini : La majorité qui dirigera l’Union européenne au cours des prochaines années restera probablement composée des conservateurs du PPE (qui conduisent aujourd’hui les gouvernements de 7 pays de l’UE, dont l’Allemagne) et des sociaux-démocrates (chefs de gouvernements dans 5 pays, dont l’Espagne), mais aussi des libéraux-démocrates (au pouvoir dans 8 pays de l’UE, dont la France), avec l’apport plus ponctuel des conservateurs eurosceptiques (au pouvoir en Pologne) et des Verts. Attendons le verdict des élections européennes de mai 2019 pour mieux mesurer la nature exacte des rapports de force qui détermineront à la fois l’inflexion du cap et le degré de gîte du paquebot européen. N’oublions pas aussi que, au-delà du socle majoritaire à dégager au moment de décider des grandes nominations (dont la présidence de la Commission) et d’adopter une forme de « contrat de législature », c’est en fonction des enjeux et des votes que se dessinent ensuite des majorités à géométrie variable, aussi bien au Parlement européen qu’au Conseil des ministres.

    Ce n’est pas en misant sur l’exploitation des tensions intra-européennes qu’on dégagera une ligne politique suffisamment rassembleuse, mais en regardant le monde et les défis que son évolution rapide et adverse suscite pour les Européens. Sur cette base-là, l’idée qu’il faut consolider l’Union européenne, rendre son fonctionnement plus transparent et renforcer les coopérations européennes rassemblera sans doute une large majorité de partis et de citoyens. C’est particulièrement vrai en matière de sécurité collective ou en matière climatique – et c’est vrai partout où la volonté de « reprendre le contrôle » conduit à s’unir pour agir à la source plutôt qu’à se diviser dans l’impuissance.

    Paul François Paoli : Je crois qu'il faut d'abord réfléchir à ce que ce mot d'Europe recouvre pour proposer un projet politique. Il n'y a pas de peuple européen mais des peuples très divers qui habitent l'Europe. Et il n'y  a pas non plus d'Etat européen. L'Europe est d'abord une réalité d'ordre géographique et culturelle. Elle n'est pas un espace démocratique ou alors il faut y inclure Israël et pourquoi pas le Japon. On voit bien l'absurdité qu'il y a à vouloir construire l'Europe sur des valeurs démocratiques qui sont transnationales et transcontinentales. A mes yeux l'Europe est un espace de civilisation marqué par trois héritages fondamentaux. Celui de la pensée grecque, de l'humanisme romain et de l'héritage chrétien, catholique et protestant mais aussi orthodoxe. La tradition des Lumières n'est pas constitutive de l'Europe même si elle y a joué un rôle fondamental. Les Etats unis, très marqués par les Lumières anglo saxonnes, ne sont pas en Europe. Tandis que la Pologne et l'Irlande catholiques, qui furent très rétives à l'esprit des Lumières (comme ce fut aussi le cas du Portugal ou de l'Espagne) font partie de l'Europe. L'Europe n'est donc pas l'Occident. Et la question se pose aussi de la place de la Russie qui a mon sens n'est pas européenne. Tant que nous ne serons pas capables de délimiter l'Europe nous ne pourrons pas l'habiter politiquement.  

    https://www.atlantico.fr/decryptage/3565658/ces-batailles-europeennes-que-prefigure-l-affrontement-franco-italien-yves-bertoncini 

    GRAND COUP DE FROID ENTRE PARIS ET BERLIN : CES DOSSIERS QUI PLOMBENT LA RELATION FRANCO-ALLEMANDE

    Les motifs de désaccord se sont multipliés en quelques semaines entre la France et l'Allemagne, signe d'une crise profonde entre les deux pays.

    Avec Edouard Husson

    Atlantico : Opposition de la France au gazoduc Nord Stream2, annulation de la participation d'Emmanuel Macron à la Conférence de Munich sur la sécurité (en présence d'Angela Merkel), différences stratégiques concernant le Brexit, la politique commerciale européenne etc. Comment en sommes nous arrivés, en quelques semaines, à une telle situation entre Paris et Berlin ?

    Edouard Husson : De soudaines inversions de polarité sont l’un des symptômes d’une crise profonde. Paris et Berlin viennent de signer un nouveau “traité de l’Elysée”, affirmait-on encore il y a quelques jours; or, voici que les sujets de discordes se multiplient. Les discours ne peuvent plus dissimuler une mésentente qui n’est pas seulement conjoncturelle. Rappelons-nous, Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir avec une demande de relance de la coopération franco-allemande, d’approfondissement de la zone euro. Et pendant dix-huit mois Angela Merkel n’a rien proposé en retour au président français. N’obtenant rien dans le domaine économique et monétaire, le Président a proposé de donner encore plus: mise à disposition de la dissuasion nucléaire, soutien français à un siège permanent pour l’Allemagne au Conseil de Sécurité; sans rien obtenir en retour. Eh bien tout cela ne résiste pas plus de quelques semaines. Emmanuel Macron est de plus en plus absorbé par une crise politique interne à multiples facettes. Le refus français de soutenir le gazoduc Nordstream 2 est bien entendu renforcé par l’enquête qui démarre sur de possibles liens entre Benalla et des affairistes russes. Emmanuel Macron ne doit en aucun cas apparaître comme ayant un biais pro-russe dans sa politique. Mais le mal est beaucoup plus profond: la classe politique allemande considère que le Traité d’Aix-La-Chapelle n’est guère plus qu’un empilement de mots. Quant aux Français, ils sont vicitimes d’une méconnaissance croissante de la la langue et de la culture allemande. 

    Quelles sont les véritables fractures qui se sont révélées entre les deux pays au cours de ces dernières semaines, et quelles peuvent en être les conséquences à court-moyen ou long terme ? 

    Ce que nous voyons n’est que la révélation d’une réalité trop longtemps dissimulée. Cela fait longtemps que les relations entre la France et l’Allemagne sont mauvaises. Je pense de plus en plus, pour ma part, que les successeurs du Général de Gaulle n’ont pas tiré les conséquences de l’échec de la tentative gaullienne de faire de l’entente entre la France et l’Allemagne (de l’Ouest) le coeur de la construction européenne. En fait, Schuman et de Gaulle ont réussi la réconciliation mais pas la mise en place d’une coopération. Dès le printemps 1963, le Bundestag ajoutait un préambule atlantiste au Traité de l’Elysée. Fin 1968, le “gaulliste allemand” Franz-Josef Strauss affirme bruyamment la supériorité monétaire allemande. Malheureusement, les successeurs du Général de Gaulle n’ont pas compris que la France avait intérêt à adopter une politique monétaire à l’anglo-saxonne, de change flexible. Pompidou s’appuie sur le Rapport Werner pour imaginer une union monétaire européenne, le projet que Giscard puis Mitterrand mettent au centre de leur engagement respectif . Or, en fait, cette politique monétaire a enlevé toute flexibilité  à l’économie française, au dur et à mesure des années. A partir de la réunification, les malentendus se sont multipliés: cavalier seul d’Helmut Kohl sur la réunification elle-même; élargissement de l’UE sous impulsion allemande, sans tenir compte des voisins; sortie du nucléaire décidé sous Madame Merkel - tout comme sa politique d’immigration incontrôlée. En fait, il faudrait avoir le courage de le dire publiquement et de tenir, pour la première fois depuis longtemps, un discours de vérité entre les deux pays. 

    Dans le contexte du Brexit, de la tension existante entre Rome et Paris, comment analyser la situation actuelle en Europe, au regard de ce refroidissement franco-allemand ? 

    Les relations avec la Grande-Bretagne sont un excellent exemple. La France et l’Allemagne ont largement profité de relations qui permettaient de constituer un triangle Londres-Paris- Bonn/Berlin. Les Allemands ont toujours considéré, à tort ou à raison, que les Britanniques étaient des partenaires économiques plus sérieux que les Français. Ces derniers ont toujours envisagé l’Allemagne comme un partenaire de moindre calibre que la Grande-Bretagne en matière de défense. France et Allemagne ont aujourd’hui d’importants excédents commerciaux vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Du point de vue de l’Union Européenne, le Brexit est une catastrophe. Et pourtant, Madame Merkel n’a pas voulu voir le lien entre sa politique d’immigration et le vote britannique. De même, la France est actuellement dans une attitude de « punition » de la Grande-Bretagne, dont une majorité de citoyens ont souhaité le Brexit. Mais cette attitude dilettante ou rigide, au choix, ne peut pas tenir dans la durée. Des dissensions fortes apparaissent entre pays européens sur le sujet du Brexit - ou sur d’autres sujets. La rigidité envers la Grande-Bretagne se retrouve désormais au sein de l’UE, maintenant que la Grande-Bretagne est presque partie: après avoir essayé en vain de punir la Grande-Bretagne, on va punir en interne un pays, un gouvernement, qui ne sont pas dans la ligne générale. 

    https://www.atlantico.fr/decryptage/3565659/grand-coup-de-froid-entre-paris-et-berlin--ces-dossiers-qui-plombent-la-relation-franco-allemande-edouard-husson 

     

    8-6 ESPAGNE – CATALOGNE

     

    CE QUE LA COUR SUPRÊME ESPAGNOLE JUGE

    Les faits de 2017 qui sont soumis au verdict ne peuvent être compris sans tenir compte des décennies pendant lesquelles Jordi Pujol a construit une nouvelle Catalogne devant la passivité de l'Etat.
    Cataluña y España

    En 1980, le PIB par habitant de l'Espagne était inférieur d'environ 19% à celui de la Catalogne, tandis que le poids de l'économie catalane dans l'ensemble du pays était également légèrement supérieur à 19%. En 2017, ces ordres de grandeur étaient très semblables. Durant ces 37 années, la Catalogne et l'Espagne se sont développées au même rythme.

    Lors des premières élections autonomes de 1980, le bloc des partis catalanistes a obtenu 39,6% des voix, avec une participation de 61,44%. Celui que nous dirions maintenant constitutionnaliste a obtenu près de 58 p. 100. En 2017, avec une participation de 79%, le bloc que l'on appelle aujourd'hui souverainiste avait 47,5%, tandis que l'autre est tombé à 50,9%.

    Le PNV et le CDC, deux exécutions

    Avec des éléments objectifs très similaires sur la table, le PNV a reconnu que le Pays Basque vit le meilleur moment de son histoire. L'économie basque représentait 6,39% du total en 1980 et représente maintenant 6,15%. Le PIB par habitant a dépassé la moyenne espagnole de 31,4 %, et maintenant de 32 %.

    Lors des premières élections régionales, le bloc nationaliste a obtenu 64,5% des voix avec une participation de 60% du recensement, contre 31,5% de ce que nous appelons maintenant le constitutionnalisme. Lors des dernières élections, les blocs se sont déplacés : 73% le premier et 24% le second, avec la même participation. https://cronicaglobal.elespanol.com/politica/juzga-tribunal-supremo_220608_102.html?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=diario20190210 

     

    9-1 PROCHE ORIENT SYRIE, ÉGYPTE, IRAK, IRAN,         ISRAEL, TURQUIE, RUSSIE, ARABIE 


    EGLISES D'ASIEINDE

    La Journée mondiale des malades à Calcutta sous le signe de Mère Teresa

    La 27e Journée mondiale des malades, le 11 février, sera spécialement marquée à Calcutta, dans l’est du pays. Le pape François a envoyé l’archevêque de Dhaka, le cardinal D’Rozario, ainsi que le cardinal Turkson, préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral, afin de le représenter lors de la rencontre de trois jours, du 9 au 11 février, marquant l’évènement à Calcutta. La rencontre comprend une messe célébrée sur la tombe de Mère Teresa, les visites de plusieurs centres des Missionnaires de la Charité et des Petites Sœurs des Pauvres, et un pèlerinage jusqu’au sanctuaire marial de Bandel, au nord de la ville.

    Pour sa 27e édition, la Journée mondiale des malades, fêtée chaque année le 11 février, le jour de la fête de Notre-Dame de Lourdes, sera spécialement marquée du 9 au 11 février à Calcutta, en Inde. L’annonce a été faite le 6 février lors d’une conférence de presse organisée à l’archevêché de Calcutta, en présence du père Dominic Gomes, vicaire général de l’archidiocèse. Mère Prema, qui a succédé à Mère Teresa à la tête des Missionnaires de la Charité, était également présente. Elle a souligné l’importance de cette journée, affirmant que « Mère Teresa était le symbole rayonnant de l’amour des affligés dans la Cité de la Joie, dans le pays et dans le monde entier ». Dans son message délivré pour l’occasion, le pape François a rappelé l’exemple et le témoignage de la sainte de Calcutta. Le thème de cette année est tiré de l’Évangile de Matthieu : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8) Le Saint-Père a également envoyé le cardinal Patrick D’Rozario, archevêque de Dhaka, comme son représentant lors de la rencontre. Le cardinal Peter Turkson, préfet du dicastère pour le service du développement humain intégral, sera également présent.

    Cette rencontre de trois jours commencera par une conférence, le 9 février, sur les fondements théologiques de la pastorale de la santé et sur les nouvelles frontières du service des plus pauvres. Une messe présidée par Mgr Thomas D’Souza, archevêque de Calcutta, sera organisée le soir même à la Maison Mère des Missionnaires de la Charité, sur les lieux de la tombe de Mère Teresa. Le 10 février, la délégation rendra visite aux centres de Shanti Dam et de Prem Dam, des Missionnaires de la Charité, et à la Maison Saint-Joseph, des Petites Sœurs des Pauvres. Le 10 février, le cardinal Turkson célébrera également une messe avec l’onction des malades à l’institut Saint Xavier (Saint Xavier’s College) de Calcutta. Le 11 février, un pèlerinage aura lieu jusqu’à la basilique du Saint-Rosaire de Bandel, au nord de Calcutta, où le cardinal D’Rozario présidera la messe de la 27e Journée mondiale des malades puis l’onction des malades.

    https://missionsetrangeres.com/eglises-asie/la-journee-mondiale-des-malades-a-calcutta-sous-le-signe-de-mere-teresa/ 

    EGLISES D'ASIEINDONÉSIE

    « Food heroes » : le sorgho contre la sècheresse dans l’île de Flores

    Au village de Kimakamak, sur l’île de Flores, le diocèse de Larantuka incite depuis plusieurs années les paysans à cultiver le sorgho, une plante à grande valeur énergétique qui peut être une alternative efficace au maïs en période de sècheresse et sur des terres arides. Ainsi, Yustina Jari et son mari, agriculteurs à Kimakamak, participent au projet afin de tenter de combattre la malnutrition et les retards de croissance dans la région. Yustina a fait partie des huit femmes indonésiennes qui ont reçu le prix « Food heroes » en 2018 pour leur travail.

    Dans une région frappée par la sécheresse de son île natale de Flores, Yustina Jari a mis plusieurs années avant de découvrir les atouts de la culture du sorgho pour soutenir l’économie locale et combattre la malnutrition des enfants. Elle s’est enthousiasmée pour les avantages de la plante en 2016 grâce à Oxfam Indonésie et la Fondation pour la recherche et le développement social, une organisation catholique locale, quand les ONG ont présenté le sorgho comme l’une des meilleures graines pour cette région aride. Tout a commencé il y a deux ans quand le diocèse de Larantuka, où se trouve Kimakamak, le village de Yustina, a commencé à encourager les catholiques à essayer de planter du sorgho. « On nous a dit que c’était parfait pour cet environnement et ce climat. La forte valeur énergétique du sorgho peut permettre de combattre la malnutrition », explique-t-elle. La malnutrition est un grave problème dans les régions les plus pauvres du pays, où plusieurs millions d’enfants indonésiens souffriraient de la faim. Yustina confie que ces dernières années, le sous-district de l’Adonara oriental où se trouve son village a enregistré plus de deux mille enfants avec un retard de croissance dû à la malnutrition.

    Mais les efforts conjoints de Yustina et de son mari, Yakobus Doni, sur leur ferme de trois hectares, ont été particulièrement efficaces contre la malnutrition et les retards de croissance, affirme Yustina. Le couple s’est joint à trente autres paysans en remplaçant le maïs et le manioc par le sorgho. Yustina explique que le sorgho était cultivé par les générations précédentes avant que sa culture soit découragée au cours de la dictature de Suharto. Le défi consistait à faire du sorgho un aliment adapté pour les enfants, ajoute Yustina, qui a commencé à cuisiner des plats en mélangeant de la farine de sorgho avec du millet et des haricots. Grâce à une formation du diocèse sur la culture et la production de la graine, elle a acheté dans un village voisin de quoi moudre les graines de sorgho, le millet et les haricots. Elle confectionne ainsi du porridge, des céréales, de la glace et des boissons à partir de ces ingrédients, avant de les offrir à une clinique locale pour contribuer à mieux nourrir les enfants. « Je le fais pour convaincre les gens que les enfants peuvent apprendre à aimer le sorgho sans aucun problème », souligne-t-elle. Aujourd’hui, l’un de ses objectifs est de faire prendre conscience que la consommation des nourritures instantanées fournies par les grands groupes industriels va achever de marginaliser les paysans en les laissant sans travail.

    « Food heroes » 2018

    Kamaria Kewa Lamanele, directeur du département de la santé du district de Flores oriental, explique que le sorgho est devenu un aliment de base pour les enfants de la région. En 2017, le chef du district a décidé de soutenir l’utilisation des produits locaux comme le sorgho. « Nous apprécions le travail des fermiers comme Yustina Jari, qui se démènent sans relâche pour produire et encourager ces récoltes locales », ajoute-t-il. Fransiska Wain, du département de la santé du district, confie que le gouvernement prévoit de nouveaux efforts pour lutter contre la mauvaise alimentation et ses conséquences sur la santé. Pour son travail, Yustina Jari fait partie des huit femmes qui ont été ajoutées en 2018 par Oxfam Indonésie à la liste des « food heroes » (héros de l’alimentation). Le prix leur a été remis le 15 décembre. « Ce prix n’est pas seulement pour moi, mais pour toutes les femmes de mon village qui sont toutes concernées par la santé des générations futures », insiste Yustina. Sa prochaine tâche sera d’encourager les femmes des autres villages de la région à faire de même, en particulier pour la culture du sorgho, du millet et des haricots. « Le diocèse nous a incités à continuer d’encourager les autres villageois. Ces plantes sont incroyables, parce qu’elles peuvent survivre sur ces terres arides », poursuit-elle, ajoutant qu’elle a distribué des graines gratuitement dans les villages alentour. « Nous voulons aider d’autres personnes à améliorer leurs revenus et l’alimentation de leurs enfants », explique son mari, Yakobus Doni. Selon Hendrikus Eko, chef du village de Kimakamak, le ministère de l’agriculture doit contribuer au projet en offrant aux cultivateurs du sorgho des machines à moudre. Aujourd’hui, Yustina Jari compte fonder une petite entreprise avec d’autres femmes de son village afin de produire davantage de produits à base de sorgho qui seront vendus dans d’autres régions.

    https://missionsetrangeres.com/eglises-asie/food-heroes-le-sorgho-contre-la-secheresse-dans-lile-de-flores/ 

    ISRAEL 

    UNE BASE MILITAIRE PERSE AURAIT ÉTÉ MISE À JOUR EN ISRAËL

    par Christophe Lafontaine

    Le tertre de Tell Keizan probablement expolité par le roi persan Cambyse II © Hanay / Wikimedia Commons

    A Tell Keisan (nord d’Israël), des archéologues ont découvert les ruines d'un ancien campement militaire probablement utilisé par le persan Cambyse II comme lieu de rassemblement pour envahir l'Egypte, il y a 2 500 ans.

    Cyrus le Grand (roi achéménide vers 559 à 530 av. J.-C.), régna sur un empire qui s’étendait de l’Indus à la Lydie (ancien pays d'Asie Mineure, situé sur la mer Egée). Son fils Cambyse II (roi de 529 à 522 av. J.-C.) poursuivit son œuvre en conquérant la Phénicie, Chypre et surtout l'Egypte en 525 av. J.-C. De sorte que l'empire perse rayonnera sur le Moyen-Orient et au-delà pendant deux siècles, jusqu'à l'arrivée d'Alexandre le Grand.

    Il y a un mois, le quotidien Haaretz a rapporté que des archéologues avaient découvert les ruines d’une base militaire de l’époque perse située à Tell Keisan, tertre s’élevant entre Haïfa et Acre au nord d’Israël, à une quinzaine de kilomètres de la côte méditerranéenne.

    Le professeur Gunnar Lehmann, archéologue de l'Université Ben-Gurion, a supervisé aux côtés de David Schloen de l'Oriental Institute de l'Université de Chicago, les fouilles sur le site qui se sont déroulées en deux phases : la première phase de fouilles a eu lieu en 2016 et la seconde en 2018.

    Les deux archéologues, cités dans Haaretz, ont suggéré que Tell Keisan, d’une superficie d’environ 6 hectares, ait peut-être fait partie de l'un des nombreux avant-postes - à l’instar de Tell al-Fuhkhar (Acre même), Tell Kurdana (Tel Aphek) et Tell Abu Hawam (Haïfa) - qui ont joué un rôle dans le soutien du corps expéditionnaire persan lors de sa constitution pour préparer la campagne de Cambyse II contre le Pharaon Psammétique III.

    Leur hypothèse va dans le sens des sources historiques. En effet, selon le géographe et historien grec Strabon (60 av. J.-C. et mort autour de 20 ap. J.-C.) décrit la ville d’Acre à l’époque comme un lieu de rendez-vous pour les Perses lors de leurs expéditions contre l’Egypte. Selon lui et Diodore de Sicile (Ier siècle av. J.-C.), le roi Cambyse II aurait attaqué l’Egypte après avoir rassemblé une immense armée dans les plaines proches de la ville d’Acre. Ce qui est bien le cas de Tell Keisan. 

    De plus, pour mener à bien l’invasion du pays des pyramides, on sait que Cambyse II s’est appuyé sur une armée composée de soldats persans et de mercenaires grecs ainsi que sur l'aide d'une flotte de navires phéniciens. Or, la découverte de céramiques grecques et phéniciennes dans la couche persane de Tell Keisan confirmerait que cette zone faisait partie du camp de base de la grande campagne achéménide qui se solda par une large victoire à Péluse à l'extrême Est du Delta du Nil, à 30 km au sud-est de la moderne ville de Port-Saïd.

    Cambyse II fit ensuite tomber le pharaon Psammétique III à Memphis. Ville qui occupait une place stratégique à l’entrée du delta du fleuve égyptien. En conséquence, Cambyse II devint le premier roi persan à gouverner l’Egypte ancienne en inaugurant la XXVIIème dynastie (525-401 av.J.-C.) en se faisant instaurer pharaon par le clergé de Saïs, la capitale de la dynastie précédente.

    Deux siècles plus tard, les fortifications de la période perse à Tell Keisan furent lourdement endommagées lors des conquêtes menées par Alexandre le Grand qui provoquera la chute de l’empire des Achéménides.

    http://www.terrasanta.net/tsx/lang/fr/p11384/Une-base-militaire-perse-aurait-t-mise--jour-en-Isral 

    OPERATION THUNDERBOLT : LE COUP DE MAIN LE PLUS AUDACIEUX DES FORCES ISRAÉLIENNES ?

    Le 27 juin 1976, un avion d'Air France - vol 139 en provenance d'Israel vers Paris, fait escale à Athènes. Dans l'appareil, 228 passagers de différentes nationalités. Lors du réembarquement, quatre hommes montent à bord avec de gros sacs. Ce sont des terroristes pro-palestiniens: immédiatement, ils détournent l'appareil vers l'aéroport d'Entebbe, en Ouganda.

    Les négociations commencent, sous la supervision d'Idi Amin Dada, le président «à vie». Six jours plus tard, un commando israélien frappe - et réussit à libérer les otages. C'est le coup de main le plus audacieux, le plus inattendu, et le plus fou des forces israéliennes: quarante-trois ans plus tard, on est encore sous le choc. David Saul, auteur de plusieurs livres d'histoire militaire, raconte en détail toute l'affaire dans «Operation Thunderbolt» - opération Tonnerre. James Bond, à côté, est un clampin.

    Visiblement, David Saul a eu accès à des archives jusqu'alors secrètes. Il déroule, heure par heure, les faits, et c'est absolument passionnant. Deux des terroristes sont allemands issus du groupe Baader-Meinhof, et deux proviennent du Front Populaire de Libération de Palestine. Leurs exigences sont folles, massives: libérer des dizaines de détenus accusés de terrorisme. Dès les premières minutes, la question se pose, pour le gouvernement israélien: faut-il céder aux diktats de Wadie Haddad (le cerveau du FPLP) ou, au contraire, rester intraitable?

    Les deux leaders de l'État, Yitzhak Rabin et Shimon Péres, s'opposent frontalement. Un raid militaire? Quasi impossible. D'une part, à cause de la distance (4.000 km, les avions Hercule C-130 n'ont pas une capacité suffisante de carburant pour faire l'aller et le retour). D'autre part, nul ne peut dire si Idi Amin Dada et les forces armées ougandaises sont complices ou pas. Idi Amin a la réputation d'être dingue: il fait rafler des villages entiers pour peupler son harem, et fait jeter ses opposants politiques aux crocodiles. Les diplomates étrangers qui demandent audience doivent s'agenouiller devant le despote...

    La stratégie de la mouche: pourquoi le terrorisme est-il efficace ?

    Un triomphe salué dans le monde entier

    Tandis que le cabinet de Rabin s'interroge et tend vers une solution négociée, les militaires, eux, se mettent en branle. Faut-il envoyer des hommes sur des embarcations à partir du Kenya, sur le Lac Victoria? Faut-il parachuter des commandos? Combien d'hommes sont nécessaires - plusieurs milliers, disent certains? Peut-on expédier de faux Palestiniens dans un avion civil? Peu à peu, tandis que les terroristes commencent à séparer les otages juifs des autres, et qu'une dame âgée - Dora Bloch - est transférée à l'hôpital, l'attaque se précise. Les bâtiments de l'aéroport ont jadis été construits par une société israélienne (on a donc les plans).

    Pour l'effet de surprise et l'approche, il faut une Mercedes noire (les soldats ougandais penseront qu'il s'agit d'un envoyé d'Idi Amin). Le 5e jour, tout est en place. Cinq Hercule, un commando de trente-six hommes en pointe, sept minutes plus tard un deuxième commando de seize hommes dans des véhicules blindés, puis une troisième équipe de quarante-six soldats d'élite. Au total, avec le personnel médical et les pilotes, 190 hommes. Le Kenya, secrètement, accepte que les avions viennent se ravitailler - mais, en échange, les Israéliens doivent détruire les Mig de l'aviation ougandaise (ce sera fait). On stocke des poches de plasma à Nairobi.

    70 ans d'Israël : que reste-t-il de l'idéal d'Herzl, le père du sionisme ?

    Dans la nuit, du 3 juillet, les Israéliens frappent. Les otages sont libérés, les terroristes tués, les avions de retour ont décollé. L'opération a duré cinquante et une minutes, et s'est soldée par la mort de trois otages, et celle de Yoni Nethanyahou, le frère de Benjamin Nethanyahou, chef d'une unité d'attaque. C'est néanmoins un triomphe, salué dans le monde entier. Mais, fou de colère de s'être fait berner, Idi Amin Dada fait exécuter Dora Bloch, 73 ans, sur son lit d'hôpital, le lendemain, par ses hommes. L'abjection totale.

    Le 24 avril 1980, les Américains lancent l'opération «Eagle Claw» destinée à libérer les 53 otages prisonniers à Téhéran. Le fiasco sera total. Ils auraient dû lire «Opération Thunderbolt» avant, les yanquis.

    François Forestier

    https://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20190208.OBS9882/operation-thunderbolt-le-coup-de-main-le-plus-audacieux-des-forces-israeliennes.html#xtor=EPR-2-[ObsActu17h]-20190208 

    ARABIE 

    QUI EST “MBS”, QUI TIENT L’OCCIDENT PAR LES CORDONS DE LA BOURSE ? [La Lettre Patriote] Une vidéo passionnante qui remet quelques pendules à l’heure.

    Précédé par sa réputation de prince réformateur pressé, Mohammed bin Salman, désormais appelé MBS (les initiales de sa célébrité internationale), s’emploie à prouver qu’elle n’est pas surfaite en s’attaquant simultanément à plusieurs grands chantiers chez lui, au cœur d’une monarchie saoudienne dont il bouscule, depuis quelques mois, les schémas de pensée et l’immobilisme dogmatiques.

    Vidéo
    http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Qui-est-MBS-qui-tient-l-occident-par-les-cordons-de-la-bourse 

    IRAN 

    IRAN : AUX ORIGINES DE LA RÉVOLUTION ISLAMIQUE

    Carlo Cereti
    Le 11 février 1979, était proclamée la victoire de la révolution qui avait contraint le Chah à l’exil. Une analyse historique de l’événement qui a changé le Moyen-Orient

    Šāh raft, Imām āmad, c’est bien la formule qui saisit l’essence la plus profonde des événements qui se déroulèrent le 16 janvier puis le 1er février 1979, et qui devaient ouvrir la voie à l’avènement de la République Islamique d’Iran quelques jours plus tard, le 11 février 1979. Un souverain fatigué et malade abandonnait l’Iran : c’était la fin de la dynastie des Pahlavi ; son fondateur, Reza Khan, s’était inspiré de la république kémaliste de Turquie et avait été incité, précisément par le clergé, à prendre la couronne. À présent, c’était un Ayatollah énergique, déjà chargé d’ans, qui se présentait comme le symbole du nouvel Iran, leader inattendu d’une révolution aux nombreuses facettes, née elle-même d’un processus de modernisation autochtone amorcé au tout début du XXe siècle pour se manifester ensuite en mille occasions différentes. Une révolution imprévue et peut-être imprévisible, dominée par la figure charismatique de Rouhollah Khomeini, son guide incontesté. Une révolution scandée par les rythmes mêmes de la religion, construite sur des manifestations qui respectaient les rendez-vous rituels, les jours des deuils des martyrs, les slogans glorifiant le Dieu. Je me rappelle encore l’ambiance de ces jours frénétiques qui suivirent la naissance de la République Islamique. Au cours des premiers mois, la révolution vibrait de mille âmes en une agitation désordonnée, souvent en contradiction entre elles, mais toutes tendues vers un avenir meilleur. Puis, après la prise de l’ambassade des États-Unis le 4 novembre suivant, ce furent la tension et la préoccupation, l’isolement international croissant, l’état de conflit permanent. Enfin l’agression de l’Iraq lancée par Saddam Hussein, qui, imaginant un Iran trop divisé pour réagir à une attaque, voulut saisir l’occasion pour conquérir le Shatt al-Arab et les champs pétroliers du Khuzistan iranien. Le 22 septembre 1980, le dictateur irakien ordonnait à ses troupes de passer les frontières de l’Iran, changeant ainsi l’histoire de la nouvelle République, voire de tout le Moyen-Orient. La guerre qui s’ensuivit ne fut que le début d’une longue traînée de sang ininterrompue qui arrive jusqu’à nos jours.

    Fazlollah Nouri et la Révolution Constitutionnelle

    Mais procédons par ordre. Les événements de 1979 plongent leurs racines culturelles et religieuses les plus profondes dans les plaines de Karbala, où le troisième imam chiite, Hussein, trouva la mort en 680 ; ou même plus loin encore, dans les capitales prodigieuses des empires perses de l’antiquité, où se forma l’identité iranienne, un sentiment d’être nation qui, aujourd’hui encore, imprègne la politique du pays. Plus simplement, c’est dans les événements survenus lors de la Révolution Constitutionnelle, entre 1906 et 1909, qu’il faut chercher les origines de la Révolution et, en particulier, dans la figure d’un représentant éminent du clergé, Sheykh Fazlollah Nouri (Šeikh Fażl-allāh Nūrī). Ce dernier joua un rôle important, tout d’abord comme promoteur de ce mouvement, ensuite comme fauteur de la restauration monarchique, enfin condamné à mort lorsque les constitutionnalistes revinrent au pouvoir. La Révolution constitutionnelle consacra la naissance de l’alliance entre le clergé et le bazar, une alliance qui conjuguait des caractères nettement conservateurs et des aspirations réformistes, voire même sincèrement démocratiques. Fazlollah Nouri, homme de qualités hors du commun, fut le porte-parole des convictions du clergé, contestant la légitimité du Parlement à légiférer sans le consensus des juristes. Cette position peut prêter à sourire pour un lecteur occidental moderne, qui se reconnaît dans la fameuse formule reddite quae sunt Caesaris Caesari et quae sunt Dei Deo des Évangiles synoptiques, mais elle pose un problème profond et sérieux en milieu musulman et surtout chiite, où le clergé interprète les traditions y compris dans une perspective légale, et exerce une plus grande autorité sur les choix des fidèles. Bien qu’il ait été l’un de ses premiers leaders, Nouri se détacha rapidement du mouvement constitutionnaliste, car il ne partageait pas sa requête de créer un Parlement (majles) : il continuait à miser sur la naissance d’une « Maison de la Justice » (ʿadālat-khāna), composée de représentants des différentes corporations, et qui aurait dû assurer le respect de la charia (Šarīʿa). Ce n’est pas un hasard si Khomeini a toujours considéré Nouri comme l’homme qui a le premier exprimé les aspirations politiques du clergé iranien en soutenant la primauté de la jurisprudence religieuse sur les choix politiques. La Révolution Constitutionnelle fut en quelque mesure soutenue par l’Empire britannique, qui hébergea les contestataires dans les jardins de l’ambassade. Mais il est bon de rappeler ici que le nationalisme était déjà un élément important de l’idéologie de tous ceux qui se révoltaient aussi contre la domination des puissances coloniales, Russie et Grande-Bretagne, la première dans le nord du pays, la seconde dans le sud. Nationalisme qui allait devenir la bannière de Reza Khan : celui-ci, après avoir commencé sa carrière comme sergent dans l’armée kadjare, devait ensuite commander la brigade des Cosaques, escaladant les hiérarchies pour se hisser jusque sur le trône ; bannière reprise par son fils Mohammad Reza, lequel célébra en 1971 à Persépolis une représentation surréelle et théâtrale des 2 500 ans de la monarchie perse.

    Rouhollah Khomeini reprit le témoin de Fazlollah Nouri : en 1970, en exil à Nadjaf, il tint du 21 janvier au 8 février une série de 19 leçons au cours desquelles il développa et décrivit le concept de Hokumat-i Islāmī, « Gouvernement islamique », fondé sur le Velāyat-i Faqīh, l’autorité du juriste, concept qui devait être introduit par la suite dans la Constitution de la République Islamique d’Iran naissante. C’était une révolution majeure pour la doctrine chiite, qui ne reconnaissait l’autorité que du douzième Imam, caché en l’attente des derniers jours. Et une position qui allait contre celle des marājī (pl. de marjaḥ « source d’imitation ») les plus importants, leaders chiites d’un clergé qui avait été toujours dans sa grande majorité quiétiste.

    Et pourtant, lorsque la Révolution éclata, peu de gens en auraient deviné le résultat final. Et cela parce que l’islamisme traditionnel n’était que l’une des nombreuses composantes du mouvement révolutionnaire : y participaient aussi des nationalistes héritiers de Mossadeq, la gauche islamique s’inspirant de Ali Shariati (Alī Šarīʿatī), le Parti Tudeh (Ḥezb-i Tūdeh-ye Irān) lié à l’Union Soviétique, dans lequel militait Jālal Āl-i Ahmad (1923-1969), écrivain énergique connu pour avoir popularisé le terme de Gharbzadegi « Occidentalite », des membres de la classe moyenne déçus par la non-réalisation des promesses du Shah, des conservateurs contraires à la modernisation promue par Mohammad Reza, des étudiants revenus des universités américaines et européennes et tant d’autres encore. Une partie considérable des Gauches occidentales considérait la Révolution d’un œil bienveillant, en y décelant des aspects critiques contre les États-Unis et l’URSS, mais sans en comprendre au fond les caractères qui s’opposaient à la modernité. Gharbzadegi, terme créé en fait par le philosophe Ahmad Fardid dans les années 1940, acquit un nouveau sens grâce à Āl-i Ahmad, lorsque celui-ci décrivait l’acceptation passive des valeurs occidentales et, parallèlement, la perte inévitable des valeurs traditionnelles, phénomène qui devait investir toute la société iranienne à une exception près : le domaine religieux. Dans cette nouvelle acception, il devint l’axe portant de l’idéologie révolutionnaire et une clé nécessaire pour comprendre les événements. 

    L’élimination de Mossadeq

    Un autre épisode, survenu dans la seconde moitié du XXe siècle, vint ébranler profondément la confiance des Iraniens envers le système international. À la fin de la deuxième guerre mondiale, Reza Shah, soupçonné d’avoir eu des sympathies pour les Allemands, fut contraint d’abdiquer en faveur de son fils Mohammad Reza. Quelques années plus tard, Mohammad Mossadegh, expression des élites animées par un sentiment national très fort, devint premier ministre. Ce politique habile présida deux gouvernements, avec le bref intermède de Ahmad Qavam, dans la période allant du 28 avril 1951 au 19 août 1953, défiant courageusement les puissances occidentales et les « sept sœurs », les compagnies pétrolières qui dominaient alors totalement le marché des hydrocarbures. Avocat prestigieux, appartenant à l’ancienne noblesse Kadjar, homme politique aux habitudes extravagantes, Mossadegh parvint à nationaliser l’industrie pétrolière iranienne, renforçant ainsi l’indépendance du pays. Mais abandonné par l’Ayatollah Kashani (Abulqāsim Muṣtafavī Kāšānī), son vieil allié, le premier ministre tomba sous l’effet des pressions britanniques et américaines : avec l’Opération Ajax, ceux-ci ramenèrent au pouvoir Mohammad Reza Shah lequel avait dû (comme cela se reproduira, mais dans des conditions bien différentes, en 1979) abandonner le pays en l’attente de temps meilleurs.

    La Révolution fut certes fille de la déception suscitée par l’échec de la tentative menée par Mossadegh, échec provoqué par la Grande-Bretagne et les États-Unis, et qui brûlait encore le cœur de nombreux nationalistes. Fille aussi, peut-être, de la déposition de Reza Shah à la fin de la deuxième guerre mondiale, vécue comme une énième ingérence. Mais elle fut sans aucun doute fille du manque de compréhension que Mohammad Reza Chah avait de son propre pays, doublé d’une ambition insatiable, j’irais jusqu’à parler de mégalomanie, qui le portèrent à vouloir moderniser l’Iran sans tenir aucun compte des désirs, des besoins ni des croyances de la grande majorité du peuple iranien. Exemples de cette incompréhension, les célébrations du 2 500e anniversaire de la monarchie, certes, mais aussi les festivals d’art contemporain qui se tinrent à Shiraz de 1967 à 1977 à l’initiative de Farah Pahlavi, destinés à l’élite occidentalisée du pays et aux nombreux étrangers qui se pressaient alors en Iran, mais totalement incompréhensibles à tous ceux, et ils étaient nombreux, encore attachés aux traditions.

    Deux événements qui changent le cours de la Révolution

    Sans la prise de l’Ambassade américaine par les étudiants qui suivaient la ligne de l’Imam, et surtout sans la guerre sanglante, catastrophique, voulue par Saddam Hussein, la Révolution aurait peut-être pris un autre chemin. Durant les dix-neuf mois qui s’écoulèrent de février 1979 à septembre 1980, nombreuses furent les tendances qui se sont confrontées et affrontées dans une ambiance qui débouchait souvent sur la violence. Certaines formations comme les Mojaheddin-e Khalq et les Fedayn-e Khalq ne répugnaient pas à la violence et furent à leur tour victimes d’une représaille féroce ; le Tudeh resta plus longtemps sur la scène politique, collaborant initialement avec le Parti Républicain Islamique, mais dès 1982 il fut interdit et, au cours des années qui suivirent, ses membres les plus importants avouèrent publiquement avoir « trahi » pour favoriser l’Union Soviétique. La gauche islamique elle aussi, influencée plus directement par la pensée d’écrivains comme Ali Shariati, perdit alors du terrain, tout en restant à l’intérieur du système avec quelque possibilité d’en influencer les développements. 

    L’Iran à un tournant

    Ce fut Khomeini qui l’emporta, grâce à son charisme personnel, à l’enracinement plus profond du clergé sur le territoire, à l’habileté du groupe qui lui était le plus proche, dont des personnalités qui allaient dominer la politique iranienne pendant les décennies suivantes. On peut citer, pour ne mentionner que les cinq fondateurs du parti Républicain Islamique, Mohammad Javād Bāhonar, Mohammad Beheštī, Abd-al-Karīm Mūsavī Ardabīlī, Ali Akbar Hashemi Rafsanjani, Ali Khamenei. Les deux premiers moururent le 29 juin 1981 dans l’attentat sanglant au siège du PRI qui fit 70 victimes. Le troisième fut un leader religieux influent et chef du pouvoir judiciaire. Les deux derniers sont les protagonistes indiscutables des quarante dernières années de l’histoire iranienne. Hashemi Rafsanjani fut un collaborateur étroit de Khomeini, Président de la République, et l’architecte de nombreux choix politiques d’importance fondamentale. Ali Khamenei a succédé à Khomeini comme guide de la Révolution Islamique et est aujourd’hui encore l’incontournable dominus de la politique de ce pays. Aujourd’hui, à quarante ans de la Révolution, nous sommes arrivés à un tournant. Des cinq pères fondateurs du Parti Républicain Islamique, il n’en reste qu’un seul en vie. De même il y a moins d’une dizaine des grands protagonistes des événements de 1979 qui aient encore une activité politique. Une nouvelle génération avance pour en recueillir l’héritage. Une génération qui s’est formée durant les longues années de la guerre, dont la solidarité et la capacité de cohésion en groupe a mûri alors, et qui se sent à présent prête à gérer le pouvoir. Le premier représentant de cette nouvelle élite à prendre le pouvoir a été Mahmud Ahmadinejad, dont les stratégies politiques ont souvent soulevé des critiques. Cette génération comprend des personnalités très différentes entre elles, animées de visions politiques différentes, notamment des hommes politiques, des militaires, des managers, dont certains doués de qualités indiscutables et d’une expérience internationale notable. Un groupe dirigeant encore peu connu, dont les lignes vont se définissant petit à petit : et c’est justement la raison pour laquelle nous ne pouvons, aujourd’hui, savoir où elle portera le pays. Ce qui est certain, c’est qu’elle s’efforcera de garantir la continuité de la République Islamique, même dans la perspective de changements incisifs.

    https://www.oasiscenter.eu/fr/iran-aux-origines-de-la-revolution-islamique 

    LE CHIISME RÉVOLUTIONNAIRE ET LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE D’IRAN

    Oasis

    Un manifestant qui proteste dans les rues de Téhéran montre le visage de Khomeini [© Mansoreh - Shutterstock]

    A l’occasion du quarantième anniversaire de la Révolution khomeiniste, une sélection de nos articles sur la politisation de l’Islam chiite

    La Révolution Islamique en Iran, dernière grande révolution du XXe siècle et première révolution télévisée de l’histoire, a marqué la fin du Royaume du chah Mohammed Reza Pahlavi et le triomphe de l’Islam politique chiite sous la houlette de l’ayatollah Rouhollah Khomeini. Lors du quarantième anniversaire de l’événement qui a redessiné la géographie politique et religieuse du Moyen Orient, Oasis vous propose la lecture de ses approfondissements sur le chiisme, l’Iran et le discours révolutionnaire qui a accompagné la naissance de la République Islamique.      

    Rainer Brunner, Comment le clergé chiite est entré en politique (août 2018). Le chiisme a connu une croissance ininterrompue du rôle des oulémas, jusqu’à en arriver à la création d’une véritable hiérarchie, dominée par la marja‘iyya. Après la révolution khomeyniste, cette institution est entrée en concurrence avec la fonction de Guide Suprême iranien. Elle se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. 

    Yann Richard, Ce temps suspendu en attendant l’Imam, (juillet 2011). La croyance propagée par l’occultation intériorise l’échec politique des débuts, c’est-à-dire l’absence de la communauté musulmane du gouvernement, et engendre l’exclusion des chiites de toute forme de pouvoir pour des siècles. Avec l’ascension des Savafides, les choses changent. 

    Forough Jahanbakhsh, Quelque chose de nouveau de Téhéran (août 2015). Comme l’Iran a changé : du traditionalisme chiite à l’idéologie religieuse qui a animé la Révolution ; et de l’islamisation imposée d’en haut au nouveau discours réformiste, qui limite le rôle de la religion dans la sphère politique. 

    Ramin Jahanbegloo, L’alliance dissidente contre la théocratie (décembre 2013). Le sécularisme se présente comme une force culturelle qui vise à garantir la liberté de l’action républicaine face à la souveraineté divine. En dépit de, ou plutôt à cause de, 35 ans de théocratie, il imprègne aujourd’hui la vie quotidienne du peuple iranien, déçu par la révolution et en quête de nouvelles voies. 

    Bernard Hourcade, Trente ans d’ambitions (qui ne sont pas toujours réalisées) (juillet 2011). L’unité de l’Iran moderne s’est cristallisée non pas grâce à la langue persane, mais grâce au chiisme. Et c’est pour cette raison que l’expulsion du Shah et l’instauration de la République Islamique ont pu s’appuyer sur une tradition bien enracinée dans l’identité nationale. 

    Farhad Khosrokhavar, Ma guerre est plus sainte que la tienne (juillet 2011). Suite à l’échec des expériences nationalistes laïques dans des pays tels que l’Égypte et l’Iran, à partir des années 70 les composantes radicales de l’un et de l’autre groupe ont acquis une grande notoriété et ont commencé à exercer une influence notable. Les différences dans la conception du djihad et du martyre. 

    Mathieu Terrier, Djihad chiite : suspendu jusqu’au retour de l’Imam (avril 2015). Le djihad militaire est sorti de l’histoire pour y retourner seulement à la fin. Et pourtant, pour tous les hommes, la bataille a déjà commencé. Mais certains veulent anticiper l’affrontement final.

    https://www.oasiscenter.eu/fr/revolution-islamique-en-iran 

    LIBAN

     

    LIBAN - GEORGES ZREIK S’IMMOLE PAR LE FEU DEVANT L’ÉCOLE DE SA FILLE

    En retard pour le paiement des frais de scolarité de ses enfants, le père de famille n’a pu défier la misère à laquelle il était confronté.

    Jeanine JALKH | OLJ

    Il a préféré affronter le feu pour échapper à l’enfer de son quotidien. Georges Zreik, ce père de famille qui faisait face à des difficultés financières, est décédé hier après s’être immolé dans la cour de l’école de sa fille, le collège grec-orthodoxe Notre-Dame de Bkeftine dans la région du Koura. Pressé par la direction de l’établissement de régler les frais scolaires qui s’étaient accumulés, Georges Zreik est passé à l’acte pour protester contre le refus de l’administration de l’établissement de lui délivrer une attestation de scolarité, tant qu’il n’avait pas réglé la somme qu’il devait.

    En optant pour le suicide le plus douloureux et le plus spectaculaire, Georges Zreik a démontré par cet acte sacrificiel jusqu’où peut conduire le désespoir dans un contexte de crise économique devenue de plus en plus pesante pour beaucoup de Libanais.

    Père de deux enfants, George Zreik avait reçu au cours de l’année quatre avertissements de la part de la direction de l’école pour s’acquitter des frais de la scolarité de sa fille. L’établissement lui avait accordé un délai qui devait expirer le 4 février, et l’avait menacé, selon une première version, d’expulser sa fille une fois le délai passé. Le père avait tenté d’expliquer aux administrateurs qu’il se trouvait dans des circonstances difficiles et devait rencontrer le directeur pour tenter de trouver une solution. Mercredi dernier, et vraisemblablement à bout de nerfs et « dans un état dépressif », selon un responsable de sa localité, Georges Zreik a appelé la direction et prévenu qu’il comptait s’immoler par le feu si sa fille était renvoyée de l’école. Joignant l’acte à la parole, il s’est dirigé vers l’école avec un bidon d’essence et s’est immolé devant les administrateurs qui n’ont pas réussi à le stopper.

    Transporté à l’hôpital Salam, à Tripoli, il est décédé jeudi en soirée des suites de ses brûlures. Selon le chef du département de chirurgie de l’hôpital al-Salam, Gabriel al-Sabaa, son corps « a été brûlé à 90 %. Son appareil respiratoire a été brûlé également ».

    Plusieurs versions

    Dès l’annonce de son décès, plusieurs versions ont circulé sur les raisons qui ont motivé son acte et sur la part de responsabilité qui incombe à l’école.

    La direction du collège de Bkeftine a publié un communiqué dans lequel elle expose sa version des faits.

    « Depuis le début de l’année scolaire, l’administration a demandé dans quatre lettres écrites aux parents des élèves de se rendre à l’établissement afin de régler la situation financière et administrative de leurs (deux) enfants. Nous n’avons jamais menacé de renvoyer ces derniers », indique ce texte. L’administration précise que les parents ont cessé de payer la scolarité de leurs enfants depuis l’inscription du fils pour l’année scolaire 2014-2015, et qu’ils en étaient exemptés sauf en ce qui concerne les frais de transport, les fournitures et les activités extrascolaires.

    Selon le témoignage donné par le frère de la victime à la Voix du Liban, Chukri Zreik, « le directeur du collège a exercé de fortes pressions et provoqué son frère par téléphone ». « Il lui a dit à plusieurs reprises qu’il ne lui donnerait pas l’autorisation de transférer ses enfants dans une autre école car il n’avait pas payé la somme qu’il devait à l’établissement, a-t-il souligné. Mon frère lui a affirmé qu’il se rendrait au collège pour signer un document écrit dans lequel il s’engagerait à payer la totalité de la somme en plusieurs versements. Le directeur a rejeté cette proposition », a expliqué le frère, ajoutant qu’il n’a pas non plus réagi à la menace de suicide.

    Une source proche de la direction de l’école a affirmé à L’OLJ que Georges Zreik, en colère, s’est présenté à l’école et semblait vouloir en découdre. La direction de l’établissement aurait alors tenté de le calmer, sans succès. Il serait alors passé à l’acte. La source parle d’un « acte prémédité » et d’un « état dépressif dont souffrait la victime » qui serait à l’origine de son suicide.

    À l’hôpital as-Salam, une source médicale a affirmé à la LBCI que la victime « qui traversait une phase extrêmement difficile du fait de sa situation financière prenait depuis quelque temps des tranquillisants ».

    Mobilisation

    L’annonce du décès de Georges Zreik a enflammé les réseaux sociaux, provoquant des réactions virulentes de la part des internautes qui ont dénoncé la gravité de la situation socio-économique et l’état de désespoir et d’impuissance dans lequel est désormais plongée une grande partie de la population du fait de la pauvreté et du dénuement. « Georges Zreik s’est immolé par le feu. D’autres parents brûlent à petit feu, en silence, chaque jour », écrit Ahmad Sayyed.

    Un appel à la manifestation a été lancé par un groupe d’activistes pour protester, lundi prochain, à 9h30, devant le ministère de l’Éducation sous le slogan « Georges Zreik est le martyr du feu des frais scolaires ».

    Mohammad Herz, un jeune activiste de 29 ans qui a survécu en 2015 à une tentative d’immolation du fait d’un cumul de pressions, dont des difficultés financières, témoigne de son ressenti à l’annonce du décès de Zreik.

    « J’ai revécu la douleur physique et morale en apprenant la nouvelle. Un tel sacrifice n’est pas souhaitable quel que soit l’état de démoralisation auquel on parvient », dit-il dans un message adressé aux jeunes. Mohammad, qui dit avoir épuisé tous les moyens pour exprimer sa révolte et protester contre le malaise ressenti, reconnaît son impuissance devant un système verrouillé et « dont on ne peut plus rien espérer ». « On nous berne avec la naissance d’un nouveau gouvernement qui n’a fait que recycler les mêmes figures et les mêmes méthodes », dit-il.

    Réactions

    Le bureau du ministre de l’Éducation Akram Chehayeb a annoncé avoir ouvert une enquête afin de déterminer les circonstances du drame. « Le ministère de l’Éducation a fait en sorte cette année que des milliers d’élèves qui ont quitté les bancs des écoles privées soient accueillis dans les écoles publiques en raison des conditions économiques difficiles, et n’a jamais hésité à délivrer les attestations nécessaires pour ces inscriptions, car l’éducation est un droit pour tous », a encore affirmé le bureau du ministre. Après avoir présenté ses condoléances à la famille de la victime, M. Chehayeb a fait savoir qu’il allait « assurer l’éducation des enfants de Georges Zreik en leur octroyant les bourses nécessaires ».

    Réagissant à cette tragédie, l’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi a écrit sur son compte Twitter : « Georges Zreik s’est immolé car il n’arrivait pas à payer la scolarité de ses enfants (...) C’est un assassinat, pas un suicide ! Libanais, haussez la voix et dites stop pour que Georges ne soit pas tué une seconde fois. Criez-le avant que les requins de la cupidité et de la corruption ne vous dévorent. »

    Le leader druze Walid Joumblatt a estimé pour sa part, dans un commentaire sur Twitter, que le drame lui rappelait le cas du vendeur ambulant tunisien Mohamed Bouazizi, excédé par la pauvreté et les humiliations policières, qui s’était fait immoler le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, provoquant la révolution tunisienne qui avait déclenché les printemps arabes. « En attendant la loi sur les PPP (partenariats public-privé) et la mise en place des instances de contrôle et des réformes, un citoyen dans le Koura nous rappelle Bouazizi », a-t-il affirmé.

    De son côté, le leader des Kataëb Samy Gemayel a souligné sur son compte Twitter que Georges Zreik « est le martyr des taxes, de la cherté de la vie et du manque de responsabilité ». Les députés Ziad Hawat (Forces libanaises), Élias Hankache (Kataëb) et Michel Moawad (parti de l’Indépendance) ont également stigmatisé sur leurs comptes Twitter respectifs le drame subi par Georges Zreik.

    https://www.lorientlejour.com/article/1156676/georges-zreik-simmole-par-le-feu-devant-lecole-de-sa-fille.html?utm_source=olj&utm_medium=email&utm_campaign=alaune 

    LIBAN - RETOUR SUR L'IMPLICATION PROGRESSIVE DU HEZBOLLAH DANS LA VIE POLITIQUE AU LIBAN

    Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, en 1997. Photo archives

    Le parti chiite, qui a fait son entrée au Parlement en 1992 avec 8 députés et n'a commencé à siéger au gouvernement qu'en 2005 avec deux ministres, détient aujourd'hui trois ministères dont un de services.

    Le Premier ministre Saad Hariri a annoncé le 31 janvier 2019, après plus de huit mois de tractations, la composition de son nouveau gouvernement. Une nouveauté : alors qu’au cours de son histoire, il a toujours eu deux ministères, le Hezbollah a désormais trois ministres, dont un détient pour la première fois un portefeuille de services, que le parti a réclamé et obtenu, celui de la Santé, parallèlement à la Jeunesse et les Sports en plus du ministère d’État pour les Affaires du Parlement.

    Ce nouveau gouvernement a été composé sur la base des résultats des élections législatives du 6 mai, les premières après neuf ans de prolongations du mandat du Parlement, et à l’issue desquelles le Hezbollah, qui avait 13 députés au sein du Parlement sortant, en a eu 14.
    Le parti chiite, qui a fait son entrée au Parlement en 1992 avec 8 députés et n'a commencé à siéger au gouvernement qu'en 2005 avec deux ministres, semble ainsi se renforcer sur la scène libanaise petit à petit. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a dans ce contexte estimé dimanche dans des propos relayés par la presse israélienne que "le Hezbollah contrôle le gouvernement" libanais.

    Retour sur l'implication du parti chiite dans le jeu politique interne, cette formation étant en outre la seule à avoir gardé ses armes au Liban.

    1985, lettre ouverte aux opprimés

    Si c'est la mise en place de la République islamique d’Iran et l'action de l'imam Moussa Sadr et de son "mouvement des déshérités" qui permettent l’émergence du Hezbollah sur la scène libanaise, c’est l’invasion du Liban par Israël en 1982 qui vient catalyser la création du "parti de Dieu". Si à l’époque le Hezbollah se fait discret, le 6 février 1984, en prenant part à l'insurrection contre l'armée libanaise fidèle à Amine Gemayel, aux côtés du mouvement Amal, du Parti socialiste progressiste et des partis de gauche, le Hezbollah "sort de sa clandestinité et apparaît au grand jour, transformant une partie de la banlieue sud en sanctuaire en y installant son quartier général, ses permanences militaires et institutions médiatiques, sociales et éducatives" (Le Hezbollah, Walid Charara et Frédéric Domont).

    Mais ce n'est qu'un an plus tard, le 16 février 1985 que sa création est officialisée avec "la lettre ouverte aux opprimés du Liban et du monde". Pour la première fois depuis son apparition le Hezbollah présente sa ligne politique (…) dans un fascicule de 50 pages, écrit à l’époque L’Orient-Le Jour. Le "parti de Dieu" fixe alors ses principaux objectifs : "le départ des Israéliens du Liban ainsi que le départ des Etats-Unis, de la France et de leurs alliés (qui formaient en 1982 la force multinationale au Liban) et la fin de l’influence de tout Etat colonial sur le pays". "Nous ne cachons pas cependant notre préférence pour un régime islamique et appelons tous à le choisir car lui seul garantit la justice et la dignité pour tous et empêche toute tentative d’infiltration néocolonaliste dans nos pays", ajoute le Hezbollah.

    En 1989, avec les accords de Taëf, le Hezbollah réussi à conserver ses armes justifiées par son combat contre Israël qui occupe le Liban-Sud. Déjà quelques jours avant la signature de l’accord, le cheikh Mohammad Yazbeck, représentant de la République islamique au Liban, dénonce "le complot de Taëf" qui vise "la résistance anti-israélienne et la présence de la Syrie-sœur". "Nous n’abandonnerons le fusil que lorsque nous aurons atteint nos objectifs de libération", assure également le cheikh Yazbeck. Après la signature de l'accord, cheikh Sobhi Toufaily affirmera que Taëf est "une  duperie", que la "partition a commencé" et qu'il s'agit de l'emprise du "maronitisme politique".

    1992, programme politique et législatives
    Quelques années plus tard, en février 1992 le Hezbollah se dote d’un nouveau chef : Hassan Nasrallah qui, lors des funérailles du secrétaire général Abbas Moussaoui assassiné par les Israéliens, déclare ouverte la guerre contre Israël" jusqu’à ce qu’il soit anéanti".

    En 1992 également, le Hezbollah lance son programme politique avec quatre thèmes principaux : la résistance à Israël, la lutte contre la fitna (la discorde en arabe), la libanisation du mouvement et le règlement de la crise socio-économique que traversait le pays. Cette entrée en politique, et plus particulièrement la participation aux législatives de 1992, a été débattue par un comité de douze responsables du Hezbollah, et c’est l’ayatollah Khamenei qui légitime l'implication du mouvement dans la vie politique libanaise (Didier LEROY, Hezbollah, la résilience islamique au Liban). 

    Cette même année, le Hezbollah participe aux élections législatives pour la première fois. Par cette décision, le Hezbollah accepte d’être partie prenante au système multiconfessionnel libanais. Il s’agit pour le Hezbollah d’opposer à la formule sioniste la formule libanaise fondée sur le pluralisme communautaire, le respect de la diversité et la sauvegarde des libertés (Michel Touma et Michel Hajji Georgiou dans L’Orient-Le Jour le 01//08/2006). "Le Hezbollah apparaît comme le grand vainqueur des élections" et "l’après-6 septembre, source d’inquiétudes accrues", titre alors L’Orient-Le Jour dans son édition du mardi 5 septembre 1992. Le parti chiite obtient alors 8 députés au Parlement. A partir de là, le Hezbollah participera aux législatives de 1996, 2000, 2005, 2009 et 2018 et aura successivement 9, 12, 14, 13 et 14 députés.

    Le 18 septembre 1996, le gouvernement libanais qui n'avait octroyé des licences qu’à cinq chaînes de télévision, se voit obligé d'en accorder une sixième à la chaîne al-Manar suite à une demande personnelle formulée par le président syrien Hafez el-Assad (La télévision mise à nu, May Chidiac). En juillet 1997, "la surprise est de taille". Le Conseil des ministres légalise le principal média du Hezbollah, la télévision "al-Manar", et une radio gérée par le leader Mohammed Hussein Fadlallah, la "Radio de la foi". La chaîne, qui avait débuté en 1989 en diffusant cinq heures par jour seulement, obtient alors sa licence à titre provisoire 'jusqu'à la fin de l'occupation et le retrait des forces israéliennes des territoires libanais occupés".

    2005, l'entrée au gouvernement et les blocages
    Alors qu'il entre dans les institutions étatiques en 1992, le Hezbollah n'a jamais fait partie d'un gouvernement. En septembre 1998, diverses sources politiques affirment que le Hezbollah fera partie du cabinet mais deux mois plus tard, le cheikh Naïm Kassem indique que le parti chiite ne participera pas au prochain gouvernement car cela "n’aura pas les retombées positives espérées". "Du moment que le parti n’aura pas les moyens de sa politique, il a préféré ne pas solliciter, dans l’état actuel des choses, une quelconque participation au gouvernement", affirme-t-il.

    Mais l’ONU vote le 2 septembre 2004 la résolution 1559 qui demande le retrait des troupes étrangères, le désarmement des milices et l'organisation de l'élection présidentielle hors de toute interférence étrangère. Le Hezbollah voit alors l'utilité de faire partie du cabinet libanais.

    En 2005, après l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri et le retrait de l'armée syrienne du Liban, le Hezbollah (avec Mohammad Fneich et un proche du parti, Trad Hamadé) rejoint pour la première fois, et à l'issue d'une vingtaine de jours de tractations, le gouvernement (de Fouad Siniora). "Un accouchement au forceps pour un gouvernement de compromis" et "Première participation du Hezbollah au Cabinet, Washington ne cache pas son mécontentement", titre L'Orient-Le Jour le 20 juillet 2005.

    Le 6 février 2006, Michel Aoun et Hassan Nasrallah, scellent à l'issue d'une réunion de deux heures à Chiyah "un document d'entente" à l'échelle nationale qui va assurer une couverture chrétienne au Hezbollah. On en retiendra notamment la nécessité de dialoguer sur les armes du Hezbollah et d'établir des relations diplomatiques avec la Syrie. L'été de la même année le Hezbollah et Israël sont en guerre. 

    (Lire aussi : Il y a 13 ans, le CPL et le Hezbollah scellaient leur alliance)

    Au sein de tous les cabinets, que ce soit ceux présidés par Fouad Siniora, Saad Hariri, Nagib Mikati ou Tammam Salam, le Hezbollah aura toujours deux ministres. Mais avec ses alliés du mouvement Amal, il parvient toutefois à s'imposer à multiples reprises. En novembre 2006, les ministres du Hezbollah et d'Amal démissionnent du gouvernement pour protester contre la formation du tribunal international chargé de juger les assassins de Rafic Hariri. M. Siniora ne réussira à former un nouveau cabinet qu'en juillet 2008, en vertu de l'accord de Doha signé après les violences déclenchées le 7 mai 2008.
    Fin 2009, Hassan Nasrallah annonce la participation du Hezbollah au pouvoir en lisant les 32 pages d'un document adopté par le huitième congrès général du parti. "Aujourd'hui le Hezbollah reconnaît officiellement la formule libanaise et la richesse de la diversité religieuse et sociale qui caractérise notre société". Il affirme ainsi renoncer "clairement et officiellement au projet d'instaurer un République islamique au Liban", peut-on lire dans les colonnes de L'Orient-Le Jour du 1er décembre 2009 qui titre en manchette "Nasrallah offre son cadeau de l'Adha".

    En janvier 2011, les 10 ministres du Hezbollah et de ses alliés du 8 Mars claquent la porte du gouvernement monochrome pour protester contre la mise en place du TSL. Suite à cela, Najib Mikati deviendra Premier ministre mais démissionnera lui-même en mars 2013 en raisons de désaccords au sein de son gouvernement. A l'époque, deux journaux prosyriens, al-Akhbar et as-Safir, avaient révélé que M. Mikati avait envoyé un message à Hassan Nasrallah pour l'avertir de sa démission si le Hezbollah n'acceptait pas la reconduction du général Achraf Rifi dans ses fonctions de directeur général des Forces de sécurité intérieure. Nasrallah lui aurait répondu laconiquement : "Fais ce que bon te semble".
    Même si le gouvernement monochrome n'aura pas duré, les gouvernements formés ultérieurement (Tammam Salam, Saad Hariri) obéiront tous à un impératif d'entente nationale.

    https://www.lorientlejour.com/article/1124173/retour-sur-limplication-progressive-du-hezbollah-dans-la-vie-politique-au-liban.html 

     

    9-3 ISLAM, ISLAMISME, IMMIGRATION, TERRORISME


    LE BLASPHÈME DEMEURE UN SUJET BRÛLANT, 30 ANS APRÈS L'AFFAIRE RUSHDIE

    Trente ans après la fatwa appelant au meurtre de l'écrivain britannique Salman Rushdie, la haine des extrémistes à son encontre demeure intacte et la question du blasphème explosive.

    La parution de son roman "Les Versets sataniques" avait été accueillie par des manifestations dans plusieurs pays. Le scandale ainsi provoqué avait fortement contribué à restreindre l'espace des débats en matière d'islam et continue d'être ressenti à ce jour, selon des analystes.

    La fatwa avait été émise par l'ayatollah Rouhollah Khomeiny, guide suprême de la révolution islamique iranienne, le 14 février 1989.

    La veille, des milliers de manifestants fous de rage avaient attaqué le centre culturel américain à Islamabad. Cinq personnes avaient été tuées dans les affrontements.

    Le journaliste pakistanais Shahid ur Rehman fut l'un des premiers à arriver sur place et vit la foule se ruer sur le toit du bâtiment pour en arracher le drapeau américain avant que la police n'intervienne à coups de lacrymogènes, puis de balles réelles.

    Le roman de Rushdie avait fait l'effet d'une bombe dans un monde musulman qui à l'époque "savourait sa gloire", souligne-t-il.

    La révolution iranienne n'avait qu'une dizaine d'années et l'Union soviétique était à l'agonie après avoir été chassée d'Afghanistan, un rebondissement dont les musulmans en général et le Pakistan en particulier revendiquaient la paternité.

    Le livre, puis la fatwa, s'apparentèrent à "la rupture d'un barrage", estime-t-il.

    1. Rushdie est actuellement "aussi haï (...) qu'à l'époque", souligne l'érudit religieux pakistanais Tahir Mahmood Ashrafi. Mais "les gens ne peuvent pas protester pendant trente années d'affilée".

    Le blasphème demeure néanmoins un thème explosif pour les extrémistes musulmans.

    Plusieurs personnalités politiques ont été assassinées et des pays européens menacés en son nom ces dernières années au Pakistan.

    La cas de la chrétienne Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème puis acquittée l'an dernier, a provoqué plusieurs jours d'émeutes et de violences dans le pays.

    Pour M. Ashrafi, la parution du roman "justifie" l'existence de lois anti-blasphème. Sans elles, "des gens comme Rushdie vont continuer à blesser les sentiments religieux des musulmans", affirme-t-il.

    Liberté de création

    Pour l'analyste Khalid Ahmed, auteur d'un livre sur la fracture religieuse au Pakistan, la fatwa a également marqué le début d'un "terrible déclin" du discours intellectuel en islam.

    L'appel de Khomeiny s'est avéré "catastrophique pour la liberté de création, de littérature et de pensée", renchérit le journaliste et romancier égyptien Ibrahim Issa.

    D'autres fatwas avaient précédemment visé des auteurs, mais elles provenaient en général de "petits groupuscules extrémistes", contrairement à celle de Khomeiny.

    "C'était un moment noir qui, trente ans après, nous rappelle à quel point l'ingérence de la religion dans la liberté d'expression est dangereuse" juge-t-il.

    Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a plusieurs fois réitéré la sentence à l'encontre de l'écrivain, pour la dernière fois en 2015.

    Le gouvernement iranien s'est engagé en 1998 à ne pas appliquer la fatwa mais un tel décret n'est "pas révocable", selon Mehdi Aboutalebi, religieux et docteur en sciences politiques auprès de l'influent Institut de recherche Imam Khomeiny à Qom.

    "Même si 800 années passent, la sentence reste la même", a-t-il dit à l'AFP.

    "Fatigue révolutionnaire"

    La fatwa a provoqué de nombreuses crises diplomatiques au fil des années, de même que d'autres affaires de blasphème comme celle des caricatures de Mahomet publiées au Danemark en 2005.

    Politique et religion sont souvent étroitement liées en Iran, souligne M. Aboutalebi. "Par exemple, la dispute de l'Iran avec les Etats-Unis ne porte pas sur l'argent ou l'économie (...) Il s'agit entièrement de nos croyances et de notre religion", estime-t-il.

    De nos jours, l'affaire Rushdie préoccupe surtout les "ayatollahs les plus radicaux" d'Iran, estime Clément Therme, chercheur attaché à l'International Institute for Strategic Studies.

    "Il y a une volonté d'éviter le sujet sur le plan intérieur car il y a une fatigue révolutionnaire au sein de la population iranienne", estime-t-il.

    Et "dans un contexte d'isolement accru de l'Iran, la Realpolitik impose aux dirigeants iraniens d'éviter l'escalade sur ce sujet avec les pays européens", souligne-t-il

    Au Pakistan, où les romans de M. Rushdie sont disponibles depuis des années en sous-main, son livre "Joseph Anton: Une autobiographie" qui dépeint sa vie sous une fausse identité et sous haute sécurité après la fatwa est ouvertement en vente dans au moins une librairie de la capitale.

    https://www.levif.be/actualite/international/le-blaspheme-demeure-un-sujet-brulant-30-ans-apres-l-affaire-rushdie/article-normal-1090743.html?utm_source=Newsletter-11/02/2019&utm_medium=Email&utm_campaign=Newsletter-RNBDAGLV&&cookie_check=1549895950 

    LE CFCM RÉVOQUE L’AUMÔNIER NATIONAL DES HÔPITAUX POUR LE CULTE MUSULMAN, UNE DÉCISION CONTESTÉE

    Rédigé par Hanan Ben Rhouma | Samedi 9 Février 2019

    Exclusif. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a décidé de révoquer Abdelhaq Nabaoui de son poste d'aumônier national des hôpitaux, douze ans après sa nomination à ce poste. La colère gronde parmi les aumôniers, qui dénoncent une décision incompréhensible du CFCM. L’instance, de son côté, n’entend pas revenir sur sa décision et cherche un remplaçant à Abdelhaq Nabaoui. Documents et témoignages à l'appui, retour sur l’affaire.

     « Je suis toujours aumônier national des hôpitaux » pour le culte musulman. C’est sur un ton très affirmatif qu’Abdelhaq Nabaoui conteste la décision du CFCM de le relever de sa fonction à laquelle il a été nommé en 2006. Une décision vécue de manière brutale pour celui qui est également président du Conseil régional du culte musulman (CRCM) Alsace, déclarant qu’elle a été prise sans « entretien préalable » avec le bureau exécutif. « Je n’ai jamais été convoqué par le CFCM », indique Abdelhaq Nabaoui, qui affirme que cette décision est arrivée à ses oreilles « le 7 janvier » par le biais d’aumôniers ayant été informés – non sans surprise – de la décision par Abdallah Zekri lors de vœux interreligieux à Nîmes.
    Dans un courrier du CFCM en date du 25 octobre 2018 – mais réceptionnée par le ministère de la Santé uniquement le 26 décembre – dont Saphirnews a pris connaissance, l’instance fait part de sa décision de relever Abdelhaq Nabaoui de son poste en faisant valoir une « orientation du conseil d’administration du CFCM interdisant le cumul des postes ».
    « Nous avions demandé à M. Nabaoui de renoncer à son poste d’aumônier militaire pour se consacrer pleinement à l’aumônerie de la Santé. Constatant que rien n’a été fait, le bureau du CFCM a par conséquent décidé de le remplacer par un nouvel aumônier (…) dont le nom vous sera communiqué très prochainement », lit-on. Avant d’ajouter : « L’aumônerie musulmane de la Santé a besoin d’être mieux structurée afin de répondre aux attentes des malades ainsi que des administrations hospitalières. Ce qui implique un investissement total de la part de l’aumônier national et des aumôniers régionaux. »

    Une décision considérée « comme nulle et non avenue »

    Le cumul des mandats, un argument qui, aux yeux d’Abdelhaq Nabaoui, est « réfutable » dans la mesure où son poste d’aumônier national est un travail « entièrement bénévole » tandis que celui d’aumônier militaire est salarié. « Rien ne l’interdit. On ne peut pas demander à quelqu’un de laisser tomber son travail pour en faire un autre bénévolement. C’est irresponsable », répond-t-il.
    Il se défend également en rappelant avoir accepté, non sans mal, de se plier à une décision du conseil d’administration du CFCM en 2017 interdisant que « l’aumônier national ne peut pas assurer une fonction d’aumônier régional dans son aumônerie ou pour une autre aumônerie musulmane », selon une note de cadrage aussi consultée par Saphirnews. Aumônier militaire régional pendant neuf ans, il a démissionné de ce poste en avril 2018.
    Par ailleurs, « la décision a été prise par le bureau exécutif du CFCM. Or, les statuts du CFCM prévoient que la nomination et la révocation d’un aumônier national fassent l’objet d’un vote du CA. A ce jour, et prenant en compte le dernier CA qui a eu lieu en date du 3 février, aucun vote du CA n’a validé cette proposition du bureau exécutif, rendant celle-ci sans force exécutoire », indique Abdelhaq Nabaoui dans une lettre de contestation adressée à la présidence du CFCM mercredi 6 février.
    Récusant la validité des motifs exposés pour justifier la révocation, il déclare considérer la décision « comme nulle et non avenue ». « En cas de refus de votre part, je me réserve le droit de saisir les instances juridiques compétentes pour donner à cette affaire les suites habituelles de droit en la matière », avertit-il.

    Une implication dans l’AMIF qui dérange

    Pour Abdelhaq Nabaoui qui dénonce une mesure « injuste » et « illégale », au moins deux raisons – non officielles – expliquent en partie sa révocation. « Certaines fédérations veulent récupérer l’aumônerie parce que Musulmans de France (ex-UOIF, ndlr) n’est plus dans le CFCM », avance-t-il. L’homme avait en effet été nommé en 2006 sur proposition de MF, aujourd'hui retiré du CFCM depuis 2013.
    Mais c’est surtout son adhésion publique au projet de l’Association musulmane pour l’islam de France (AMIF) que le CFCM n’arrive pas à digérer, nous signifie le président du CRCM Alsace. « Je ne vois pas d’incompatibilité entre les deux projets », martèle Abdelhaq Nabaoui, soulignant « la complémentarité » des deux offres. « On se doit de travailler ensemble, main dans la main, car les défis sont énormes. »
    Du fait du conflit actuel, songe-t-il à quitter le CFCM ? Pas à ce stade, dit-il : « Le CFCM est un acquis que je défends. Je défends le CFCM au sein de l’AMIF, et l’AMIF au sein du CFCM. » Mais pas de doute que cette affaire laissera des traces indélébiles.

    La colère gronde parmi les aumôniers

    « Je ne suis pas éternel, cela ne me dérange pas qu’une autre personne prenne la relève mais il faut que les choses se fassent de façon digne », plaide Abdelhaq Nabaoui, qui a le soutien de nombreux aumôniers. Un courrier en faveur de son maintien à son poste et signée le 13 janvier par 16 aumôniers dont neuf régionaux a été adressée au CFCM dans lequel ils expriment leur « inquiétude des conséquences de (sa) décision qui déstabilisera le fonctionnement de l’aumônerie hospitalière à cette période où on entame la question épineuse de la réorganisation du culte musulman ».
    Ensemble, ils et elles soulignent l’énorme investissement de leur aumônier national dans sa mission, qui s’est dernièrement matérialisé par l’ouverture en 2018 de l’Ecole nationale de l’aumônerie hospitalière (ENAH), et ce « en dépit de ses contraintes professionnelles, des difficultés rencontrées sur le terrain et l’absence des moyens financiers ».

    Les aumôniers réfractaires menacés de sanctions

    En réponse, le CFCM n’a pas manqué d’être cinglant. Refusant de revoir sa décision, il appelle les aumôniers régionaux à respecter la décision dont le ministère de la Santé a pris connaissance le 9 janvier. « Nous vous mettons en garde, car en cas de non-respect des directives du CFCM, vous vous exposerez à des sanctions allant jusqu'à la révocation de votre fonction. Certains d'entre vous ont cru, en signant une pétition, que le bureau du CFCM allait revenir sur sa décision. Que les meneurs qui sont d'ailleurs connus, cessent ce chantage; dans le cas contraire, nous informerons les préfets de vos départements de notre décision, afin de mettre fin à vos fonctions », lit-on d'une lettre adressée à ces cadres religieux.
    Une décision « incompréhensible » de l’aveu de Fatima Djemai, aumônier référent à Châlons-en-Champagne depuis 2016. Elle se dit « atterrée » et « indignée » par le choix du CFCM dans la mesure où Abdelhaq Nabaoui « a initié un travail phénoménal » qui produit des résultats aujourd’hui. « Nous sommes derrière lui. On n’en restera pas là », indique-t-elle.
    Fathia El Moumni, aumônier régional d’Occitanie depuis 2015, abonde en son sens. Pour elle, le CFCM « ne mesure pas les conséquences que cette décision peut avoir sur l’aumônerie hospitalière. C’est un bébé et, au lieu de renforcer ce bébé, cette décision risque de mettre en péril tout le travail accompli ».
    Quant à la menace de sanctions qui plane au-dessus de la tête des aumôniers réfractaires, elle s’offusque de la tentative d’intimidation du CFCM : « Nous sommes dans un Etat, heureusement, démocratique où la liberté d’expression est un droit. Signer une pétition n’est rien d’autre démocratiquement l’usage de notre liberté d’expression. » Fathia El Moumni espère encore du CFCM un changement de position mais se dit prête, dans le cas contraire, à exercer son « droit de retrait » pour rebondir sur son activité professionnelle de mandataire judiciaire à la protection des majeurs.
    Pour Mohammed Moussaoui, la décision du CFCM « risque de renforcer l’image » d’une instance qui, en voulant empêcher les initiatives comme l’AMIF d’émerger, « donne l’occasion à ses détracteurs de le taxer d’être devenue une chasse gardée et une tribune réservée aux responsables de certaines fédérations ». « De même sa véhémente réponse aux aumôniers régionaux qui s’inquiétaient, à juste titre, des conséquences de cette révocation laissera des traces sur l’engagement de ces acteurs bénévoles auprès des malades », estime le président de l’Union des mosquées de France (UMF), pour qui « le CFCM s’est manifestement trompé de combat » comme il le souligne dans une tribune parue samedi 2 février sur Saphirnews.

    Le CFCM appelle au respect de son autorité

    Le CFCM, par la voix de son président d’Ahmet Ogras, réitère auprès de Saphirnews son refus de revoir cette décision mais ne veut pas s’étaler davantage sur cette affaire « interne qui n’a pas lieu d’être rendue publique ».

    Pour lui, « la page est tournée » et la révocation d’Abdelhaq Nabaoui en plein chantier de la réforme du CFCM, à tout juste quatre mois des élections, s’inscrit dans le cadre du « renouveau » de l’institution. « Nous n’avons rien de personnel contre lui, nous défendons les intérêts du CFCM. (…) Les fédérations sont là depuis bien plus longtemps que lui, elles ont aussi leur mot à dire. Chacun doit respecter l’autorité de l’un et de l’autre », indique-t-il.
    « L’aumônerie est sous l’autorité du CFCM. On n’a pas besoin de prétexte pour changer un aumônier, ni besoin de se justifier. (…) S’il pense que notre décision est illégale, qu’il fasse appel à la loi », déclare encore Ahmet Ogras, qui affirme que la décision du CFCM a été prise bien avant que son implication dans l’AMIF ne soit rendue publique. « Nous le remercions pour le travail qu’il a fait. Il faut qu’il accompagne l’élan du renouveau dans le CFCM et reste au service de la communauté », ajoute-t-il.
    En attendant la désignation d’un nouvel aumônier national, c’est le secrétariat du CFCM qui doit assurer l’intérim. Le CFCM a lancé, jeudi 7 février, un appel à candidature « aux postulants éventuels désireux d'améliorer les services destinés aux personnes souffrantes », une fonction qui « demande à la fois une connaissance des préceptes islamiques ainsi qu'une aptitude à manager une équipe d'aumôniers musulmans qui exercent dans les hôpitaux sur tout le territoire national ».

    https://www.saphirnews.com/Le-CFCM-revoque-l-aumonier-national-des-hopitaux-pour-le-culte-musulman-une-decision-contestee_a25998.html 

    CES MUSULMANES QUI OSENT RETIRER LE VOILE

    De plus en plus de femmes voilées célèbres apparaissent tête nue

    Par Nesrine Briki

    Par opposition au #HijabDay, un mouvement se répand à travers les pays musulmans: des femmes voilées célèbres apparaissent publiquement sans leur tissu islamique. Et provoquent l’ire des islamistes qui croyaient voir en elles des « soeurs »…

    En réaction à la campagne #Hijabday, lancée le premier février, et destinée à faire la promotion du voile, certaines féministes, parmi elles l’écrivaine Jamila Benhabib, lancent le #NoHijabDay. Il s’agit avant tout de dénoncer le danger de la normalisation du port du foulard islamique : « Si ce voile n’était qu’un vêtement comme un autre, il ne serait pas imposé avec autant de vigueur et de rigueur aux Iraniennes et aux Saoudiennes, pour ne citer que ces deux exemples. », déclare l’initiatrice du mouvement.

    En Occident on se voile, en Orient on se dévoile

    Tandis que la campagne « Hijab day » vise d’abord les pays occidentaux, puisque celle-ci est en anglais et que la majorité des femmes, dans la plupart des pays musulmans, sont déjà voilées, il est intéressant de constater que, pendant ce temps-là, dans certains pays musulmans, notamment l’Egypte, l’aura sacrée qui entoure la question du voile commence à s’écailler, de plus en plus de femmes, célèbres ou anonymes, font le choix de sortir têtes nues, malgré les regards réprobateurs, voire parfois les menaces de mort.

    A lire aussi: Rahaf Mohammed dévoile la face cachée des Saoudiennes

    En août dernier, l’annonce du retour de l’actrice Hala Shiha a fait grand bruit en Egypte. Et pour cause, la femme de 39 ans était, il y a peu, une figure de proue de l’Islam radical. Ces 12 dernières années, elle avait incarné pour les islamistes le chemin de la parfaite rédemption. Car en plus d’avoir renoncé à une carrière d’actrice très prometteuse pour se consacrer à Allah, Hala était devenue une militante très active dans les cercles intégristes, notamment dans la mouvance des Frères musulmans, avec qui, comme nous le verrons plus tard, elle entretenait des relations assez ambiguës. Et voilà que non seulement elle reprend le cinéma, art jugé décadent par les islamistes, mais elle a en plus l’outrecuidance de revenir sans le voile. Autant dire une véritable trahison, il est aisé d’imaginer le dépit, voire la détresse des islamistes de tous bords face à cette fracassante nouvelle. « L’étape du niqab est parmi les plus belles choses qui me soient arrivées, déclarait-elle en effet publiquement en 2015. Porter le niqab était comme une seconde naissance, je me sentais absoute de tout péché. »

    Comment une actrice a fini par porter le voile

    Rien ne prédisposait pourtant Hala à endosser un tel « costume » ; issue de la grande bourgeoisie d’Alexandrie, elle est la fille d’Ahmed Shiha, un artiste plasticien égyptien connu, et d’une Libanaise. Ses parents sont loin d’être conservateurs ; ses trois sœurs et elle reçurent une éducation assez libre, les valeurs qui leur étaient inculquées étaient plus universelles qu’islamiques. Hala a déclaré à plusieurs reprises que son père l’avait toujours soutenue et encouragée à faire ses propres choix. Hala a entamé sa carrière d’actrice en 1997 dans une série télévisuelle, puis a tourné quelques films. En 2002, le public égyptien la découvrait dans Allampi, un film qui connaîtra un succès énorme. En 2003, elle était très affectée par le décès brutal d’un de ses amis acteurs, Alaa Wali El-Din, et c’est à partir de ce moment qu’a commencé sa quête existentielle. Elle avouera que cet évènement fut très traumatisant, cette première confrontation avec la mort lui a fait craindre l’après-vie, et l’a poussée à une profonde remise en question. En 2005, sa recherche existentielle l’amène à fréquenter des cercles islamiques, notamment Hanane Turk, une célèbre actrice voilée, dont les positions en faveur du voile sont notoirement connues. Hala avouera que cette dernière a joué un rôle prépondérant dans sa « révélation mystique ».

    Elle raconte avoir mis le hijab après une vision apocalyptique du « jour du jugement dernier ». Elle se marie une année plus tard avec Youcef Harisson, un converti d’origine italo-canadienne installé en Egypte, surtout connu pour être un prédicateur salafiste très actif, et annonce son retrait définitif du cinéma. Quelque temps plus tard, elle met le niqab, le voile intégral.

    Le couple a trois enfants, et vit entre l’Egypte et le Canada où les deux époux officiaient dans un centre islamique, selon le journal Alyoum-Assabi. Durant cette période, le couple devient quasi mythique dans l’islamosphère ; l’histoire de la conversion de Youcef à l’Islam, ainsi que le renoncement de Héla à la vie superficielle du cinéma pour suivre la voie d’Allah, était un récit grandement relayé et glorifié durant plus d’une décennie.

    Être une femme dévoilée, tu sais c’est pas si facile…

    Seulement à la fin de cet été, l’actrice publie une photo d’elle les cheveux libres, avec pour toute légende : « Je suis de retour. » La nouvelle se répand très vite, Hala explique sur les réseaux sociaux que cette décision découlait d’un choix personnel, qu’elle n’attaquait pas l’Islam, mais admettait avoir compris que le voile n’était pas aussi spirituel qu’elle le pensait, que le comportement était bien plus important que l’habit.

    Les réactions ne se sont pas fait attendre ; beaucoup de messages de félicitations, et énormément de critiques. Il faut comprendre que cette soudaine reconversion est un véritable coup dur pour les cercles islamistes, c’est l’incompréhension pour certains, le désarroi pour d’autres. Certains n’hésitent pas à qualifier le geste de l’actrice de trahison, on l’accuse d’avoir été « achetée » par les ennemis de l’Islam, dans le but de pervertir la jeunesse musulmane. L’acte d’enlever le voile n’est pas anodin : il met à mal la rhétorique islamiste selon laquelle les femmes sont heureuses et épanouies en le portant. Le hashtag #ReviensHala fait son apparition, des internautes supplient l’actrice de retrouver la raison, on lui rappelle sa responsabilité vis-à-vis des milliers d’âmes qui l’avaient prise pour modèle, ainsi que les châtiments atroces qu’Allah réserve à celles qui quittent le droit chemin.

    Islamistes, le choc des photos

    Mohamed Essaoui, un prédicateur salafiste, prétendu ami proche de Youcef, a mis en ligne une vidéo où il était en larmes, implorant d’une voix tremblante l’actrice de se repentir. Pour lui, il s’agirait d’une « rechute » dans « les tentations du monde », le diable a égaré l’âme de la jeune femme. Il a condamné sa décision, estimant qu’elle « avait déçu les femmes et les jeunes filles musulmanes pour qui elle était un exemple vivant de piété ». D’ailleurs, celles qui étaient naguère ses « sœurs » l’attaquent férocement. La première salve est lancée par Khadija Al-Shater, qui n’est autre que la fille de Khairat Al-Shater, celui qui fut numéro 2 des Frères musulmans durant de nombreuses années, avant d’être arrêté en 2013, puis condamné à perpétuité en 2015. Khairat Al-Shater, elle-même militante très active dans les cercles islamistes, a posté une longue publication sur Facebook dans laquelle elle fait part de son incrédulité face à cette nouvelle, exhortant Hala, « son âme sœur », à retrouver ses esprits, et à s’éloigner des égarements des tentations terrestres, elle lui rappelle à quel point elles étaient proches, et combien elle aimait la pureté de son âme. Elle évoque la vision du jour du jugement dernier que l’actrice avait eue avant de mettre le voile, n’hésitant pas au passage à déclarer qu’elle faisait partie des élus, les bien-aimés de Dieu, et l’implore de redevenir la Hala qu’elle connaissait et de remettre son voile.

    « J’ai pris cette décision de mon propre chef, sans aucune pression de qui que ce soit »

    Hala nie publiquement entretenir une quelconque amitié avec la fille de l’ex-membre des Frères musulmans, elle admet néanmoins que leurs enfants étaient scolarisés dans la même école. Face à la virulence de certaines réactions, Héla change de ton : sans explicitement les citer, elle accuse les Frères musulmans et les mouvements qui s’en rapprochent d’instrumentaliser la religion à des fins politiques : « Douze ans auparavant, j’étais convaincue du bien-fondé de ma démarche, durant cette période, j’ai dû reconsidérer beaucoup de notions, j’ai découvert que beaucoup de ceux qui revendiquaient la piété se travestissaient de l’habit de la religion pour servir leurs intérêts personnels, maintenant, je fais aussi une chose dont je suis 100 % convaincue, j’ai pris cette décision de mon propre chef, sans aucune pression de qui que ce soit. », se défend-elle dans un tweet.

    L’Egypte à voile et à vapeur

    À l’instar de Hala, de plus en plus de musulmanes font la démarche d’enlever leur voile. Le phénomène commence à timidement émerger à partir de 2013, surtout en Egypte, où entre 2017 et 2018, plus d’une quinzaine de personnalités publiques, actrices, journalistes, chanteuses ont fini par se montrer les cheveux découverts. En mai 2015, une campagne initiée par Chérif Choubachy, journaliste et intellectuel égyptien, invitait les femmes qui portaient le voile par contrainte à « retrouver leur dignité », en renonçant à « ce symbole de soumission », allant même jusqu’à le qualifier de « cheval de Troie de l’obscurantisme ». L’appel a reçu quelques encouragements et soutiens, noyés sous un flot de menaces et d’insultes. Les internautes les plus zélés avaient appelé à « crucifier Chérif Choubachy sur la place Tahrir », car celui-ci avait porté atteinte à l’un des fondements des valeurs islamiques. Il faut préciser que, depuis plus de trois décennies, le discours dominant autour de la question affirme que le voile est une obligation divine. Mais de plus en plus de voix d’intellectuels et de théologiens s’élèvent pour dénoncer cette « mystification » arguant que cette prescription n’est pas clairement consignée dans le Coran ou la Sunnah, ce qui expliquerait peut-être ce mouvement de prise de distance avec le voile entrepris par certaines femmes.

    Le contexte politique pourrait également être en cause ; depuis la destitution en juillet 2013 de Mohammed Morsi, président issu des Frères musulmans, le port du voile est parfois perçu comme signe de ralliement au mouvement islamiste. Or, une grande partie de la population égyptienne accuse les Frères musulmans d’avoir instrumentalisé la religion au profit de la politique.

    La députée islamiste qui se dévoilait devant le Moulin rouge

    Le phénomène se constate également au Maroc. Ces derniers mois, deux affaires concernant l’utilisation du voile islamique en politique ont fait parler d’elles.

    Mayssa Salama Ennaji, journaliste marocaine suivie par plus d’un million de personnes, crée la surprise à l’automne 2018 en s’affichant tête nue. Celle qui a porté le voile depuis six années, et qui fut militante du parti Justice et développement (PJD), parti islamiste au pouvoir depuis 2011 (date à laquelle il remporte les législatives), ne cache pas son dépit et sa déception quant à l’utilisation de la religion à des fins politiques. Elle explique dans une entrevue filmée être écoeurée par le « double discours, les incohérences et l’hypocrisie » de certains islamistes, elle déclare avoir pris conscience que le voile était « un instrument politique éhonté ».

    A lire aussi: Le monokini, c’est fini

    Toujours au Maroc, fin décembre 2018, des photos de vacances de la députée Amina Maelainine fuitent sur Internet. Connue pour être une figure emblématique du PJD, parti islamiste, on la voit prendre la pose en jean devant le Moulin rouge à Paris, cheveux au vent et bras nus. Un autre visage que celui qu’elle arbore au Maroc, où elle ne se montre jamais sans son voile. Beaucoup de Marocains ont dénoncé cette hypocrisie, qualifiant son voile « d’uniforme politique ». La députée n’a pas nié l’existence de ces photos, mais a appelé au respect de la vie privée.

    Aujourd’hui, elles enlèvent le haut

    Plus proche de nous, bien que moins politisé, le phénomène se constate également en Europe, Wassila Bk, chanteuse de rap, dont le clip officiel de la chanson « Mollo » comptabilise plus de 5 millions de vues, portait un foulard à ses premiers pas dans la musique. La jeune fille était alors très critiquée par la communauté musulmane. Selon eux, son activité artistique contrevenait aux principes de pudeur et de pureté exprimés par le voile islamique. Plus tard en signant avec un important label de disque, son foulard est remplacé par un turban à la Mennel, avant de disparaître entièrement, laissant place à de longues boucles brunes. Elle n’échappe pas non plus aux critiques.

    Lucia Canovi, youtubeuse Française convertie à l’Islam, mariée à un Algérien, installée en Algérie, se présente comme agrégée de Lettres modernes et se fait principalement connaître pour sa vidéo qui étaye la théorie de la terre plate. Elle s’est également montrée sans le hijab après l’avoir porté près d’une décennie. Dans une vidéo, elle explique que les musulmans ont, à tort, donné trop d’importance à un simple bout de tissu.

    Bien avant l’émergence de ce mouvement, en 2011, le roman Burkini de la Libanaise Maya Al-Haj, dont la traduction française est parue aux Éditions Erick Bonnier, augurait déjà du phénomène. L’héroïne du livre, une artiste-peintre voilée, travaille paradoxalement à esquisser des corps nus, et porte cependant le voile sans contrainte, et sans conviction religieuse. Après bien des tergiversations et questionnements liés au corps et à la féminité, l’héroïne décide finalement de l’ôter. Pour Maya Al-Haj, son roman parle d’abord de libre choix, elle explique que de la même manière que son personnage avait décidé de porter le voile de sa propre initiative, le cheminement qui l’a mené à se dévoiler était tout aussi légitime. Une équation qui reste à résoudre pour la majeure partie du monde musulman : la réalité ne fonctionne majoritairement, et pour l’instant, que dans un sens.

    https://www.causeur.fr/musulmanes-voile-islam-retirer-hijab-158765?utm_source=Envoi+Newsletter&utm_campaign=23012ceafc-Recap+de+la+semaine_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_6ea50029f3-23012ceafc-57258861

     

    9-4 AMÉRIQUE DU NORD (USA, CANADA)


    CES NOUVELLES ARMES QUI RENDENT UNE GUERRE NUCLÉAIRE MOINS IMPROBABLE

    De nouveaux types d'armes, tels que les missiles à double usage qui peuvent embarquer des charges nucléaires ou des charges conventionnelles, pourraient être confondus avec une arme nucléaire et de provoquer une véritable frappe nucléaire en retour.

    Avec Emmanuelle Maître

    Atlantico : Selon une tribune de James Acton, du Carnegie Endowment for International Peace, le flou de plus en plus important entre les armes conventionnelles et les armes nucléaires augmenterait le risque d'un conflit atomique. Pouvez-vous rappeler ce que sont les armes à double usage ? Une arme à double usage utilisée avec une charge conventionnelle risque-t-elle d'être confondue avec une arme atomique, et donc de provoquer une riposte nucléaire?

    Emmanuelle Maître : Une arme à double usage correspond à un système qui peut à la fois emporter une tête conventionnelle ou nucléaire. Il s’agit le plus souvent de missiles, sur lesquels différentes têtes peuvent être montées. Ces armes peuvent en effet être sources de confusion, car lorsqu’elles sont détectées en mouvement par un satellite ou un radar adverse, il n’y a aucun moyen de connaître la nature de la tête. Un Etat peut donc imaginer le pire et supposer qu’il est victime d’une attaque nucléaire. Cela peut l’inviter à engager à son tour une frappe nucléaire de représailles, sans même attendre que le missile retombe, pour être sûr de d’avoir les moyens de riposter. Ce type de posture, appelée en anglais « Launch-on-warning », symptomatique des films-catastrophes de la Guerre froide, n’a pas disparu de toutes les doctrines nucléaires des Etats dotés. Le danger des armes à double capacité est identifié depuis longtemps : ainsi, sous l’administration Bush, le Congrès américain avait refusé de convertir certains missiles nucléaires en armes conventionnelles intercontinentales pour justement limiter le risque de confusion.

    La Russie développe actuellement des armes laser anti-satellites, visant notamment les satellites américains. Pouvez-vous expliquer en quoi consistent ces armes, et comment elles peuvent accroître le risque de guerre nucléaire ?

    La Russie s’intéresse aux armes antisatellites depuis les années 1970. Le système Sokol Eshelon, qui date de l’ère soviétique, se base sur un laser aéroporté et serait entré dans une nouvelle phase de développement depuis 2012. Il existe cependant peu d’information à ce sujet.  La Russie possède également le système Nudol, qu’elle aurait testé plusieurs fois depuis 2015 et qui est une arme plus traditionnelle pouvant servir de défense antimissile mais également d’arme antisatellite. Quelle que soit la technologie employée, l’idée de s’en prendre aux satellites adverses est très séduisante au vu de la dépendance sans cesse croissante au spatial des forces armées et en particulier de l’armée américaine. Cela comporte cependant des risques. Les architectures spatiales américaines et russes sont en effet utilisées pour détecter et avertir lorsqu’un missile adverse est mis en action. Les deux Etats fondent leur système de riposte sur ces capacités d’alerte avancée. Si elles sont défaillantes ou jugées non-fiables, ils pourraient abaisser encore leur seuil d’alerte. Par ailleurs, une telle attaque pourrait laisser penser que l’adversaire cherche justement à mener une frappe nucléaire en profitant de l’incapacité de son adversaire à la détecter rapidement.

    Quel est l'état actuel de la menace de conflit atomique dans le monde et quels facteurs y contribuent? Comment désamorcer ce risque ?

    La menace de conflit atomique reste faible mais semble progresser en raison de plusieurs facteurs. Comme le remarque James Acton, certains développements technologiques comportent des risques dérivés. Ils sapent en effet la confiance que peut avoir un Etat nucléaire dans sa capacité à riposter à une première frappe. Cela peut le conduire à une posture plus risquée voire préemptive. Un problème majeur est lié aux cycles d’actions-réactions indirects. Ainsi, par exemple, le développement de capacités antimissiles par les Etats-Unis pour se protéger d’une éventuelle attaque nord-coréenne est perçu comme une menace par la Chine, qui va à son tour développer son arsenal en entraînant de nouvelles réactions. La situation actuelle est également rendue plus instable par l’absence de volonté politique de dialoguer entre principaux antagonistes et la disparition progressive de tout régime de maîtrise des armements : côté Russe, les multiples violations empêchent de croire à la sincérité de Moscou, côté américain, il y a une vraie réticence à toute mesure limitant ses capacités militaires. Par ailleurs, Pékin refuse de rentrer dans un véritable dialogue stratégique à ce jour. Enfin, il ne faut pas oublier les conflits a priori périphériques mais pouvant déboucher sur une confrontation nucléaire : en Asie du Sud ou au Moyen Orient.

    https://www.atlantico.fr/decryptage/3565654/ces-nouvelles-armes-qui-rendent-une-guerre-nucleaire-moins-improbable-emmanuelle-maitre 

    C’EST PAS ENCORE ÇA…

    La Cour suprême des Etats-Unis, saisie en urgence, a suspendu hier une loi de Louisiane qui devait entrer en vigueur aujourd’hui.

    Cette loi était un de ces textes qui visent à limiter l’avortement en exigeant des avortueurs qu’ils aient un droit d’admission de leurs patientes dans un hôpital à moins de 50 km de l’avortoir. En Louisiane, cela aurait pour conséquence qu’il n’y aurait plus qu’un seul avortoir avec un seul avortueur (contre 3 actuellement avec 5 avortueurs).

    La décision a été prise à 5 voix contre 4. Les deux juges nommés par Donald Trump ont voté contre. Le juge qui a fait pencher la balance dans le mauvais sens est l’actuel président de la Cour suprême, le « catholique pratiquant » John Roberts. Ce qui est surprenant, car ce même John Roberts, qui était alors dans la minorité, avait voté en 2016 contre l’annulation de la loi identique du Texas… Il semble qu’il ait décidé de prendre le rôle d’Anthony Kennedy, dont on ne savait jamais de quel côté il allait pencher…

    Cette loi de Louisiane a été votée en 2014. Elle a été aussitôt attaquée en justice, comme toutes les lois limitant l’avortement, et le tribunal s’est prononcé contre, comme c’est généralement le cas. La procédure judiciaire s’est poursuivie et l’affaire est (déjà) arrivée devant la Cour suprême, qui a suspendu la loi en mars 2016 en attendant que soit réglé le cas de la loi identique du Texas. En juin 2016 la Cour suprême a annulé la loi du Texas. Mais en septembre 2018 une cour d’appel a maintenu la loi de Louisiane, considérant que la situation n’était pas la même que celle du Texas, et soulignant que les avortueurs n’avaient pas fait le moindre effort pour être en conformité avec la loi… Le 28 janvier dernier le « Centre pour les droits reproductifs » saisissait la Cour suprême en urgence. La loi est donc suspendue (une nouvelle fois…) en attendant un éventuel jugement sur le fond… Et il n’est pas impossible que le juge Roberts vote alors en faveur de la loi… Ou, mieux, que Donald Trump ait pu d’ici là nommer un nouveau juge en remplacement d’une octogénaire…

    http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2019/02/08/c-est-pas-encore-ca-6127324.html 

    AVORTEMENT : LA TRAHISON DU CHEF DE LA COUR SUPRÊME DES ETATS-UNIS

    De Michel Janva sur le Salon Beige :

    Avortement : trahison du chef de la Cour Suprême des Etats-Unis

    En 2005, George Bush nommait à la Cour Suprême le juge John Roberts, conservateur modéré et catholique pratiquant, soupçonné par des associations pro-avortement de vouloir revenir sur l’arrêt de la Cour suprême autorisant l’avortement. Mais Roberts n’avait pas déclaré d’intention de casser Roe vs Wade, et ne s’est engagé sur aucun autre sujet controversé depuis sa désignation. Cette réserve était la condition d’une confirmation sans encombre par le Sénat. Mais elle pouvait également cacher des options judiciaires décevantes pour les conservateurs et les pro-vie américains.

    Et c’est le cas.

    La Cour suprême des Etats-Unis a bloqué, jeudi 8 février, l’entrée en vigueur d’une loi de Louisiane, qui permettait de restreindre l’accès à l’avortement. Ce dossier était considéré comme un test pour la Cour. La décision a été prise à une courte majorité, le chef de la Cour, John Roberts, ayant joint sa voix à celle des quatre magistrats progressistes pour geler la législation de Louisiane.

    Ce texte prévoit d’imposer aux médecins volontaires pour pratiquer des avortements d’avoir une autorisation d’exercer dans un hôpital situé à moins de 50 kilomètres du lieu de l’opération. Les pro-avortements avaient saisi la Cour suprême en urgence pour qu’elle le bloque, en attendant une décision sur le fond.

    Depuis son élection, Donald Trump a réussi à y faire entrer les magistrats pro-vie Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh, qui ont tous deux pris parti pour l’entrée en vigueur de la loi de Louisiane. Mais cela n’a pas suffit.

    Il y a deux ans, le juge Roberts avait voté avec les conservateurs pour maintenir une loi similaire au Texas, qui avait été invalidée par la majorité progressiste. En se prononçant jeudi pour bloquer celle de Louisiane, il a donc changé de position, voire de camp.

    http://belgicatho.hautetfort.com/archive/2019/02/09/avortement-la-trahison-du-chef-de-la-cour-supreme-des-etats-6127517.html 

    ÉTATS-UNIS - RUSSIE : RIEN NE VA PLUS. LA PLANÈTE EN DANGER

    Depuis 2016, j'essaie d'avertir du danger d'un retour à la guerre froide. Avec toutes ses conséquences, y compris celle d'un conflit armé entre la Russie et les États-Unis, dont l'Europe serait évidemment la première victime.

    En octobre 2018, le président américain affirmait que la Russie violait le traité INF (pour Intermediate-range Nuclear Forces treaty) signé en 1987 par Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan. Ce traité - pièce essentielle de la détente militaire entre les blocs Est-Ouest - fut l'un des nombreux accords conclus entre les deux grandes puissances de l'époque pour permettre le passage en douceur à un monde nouveau et pacifique. Deux ans avant la chute du mur de Berlin, l'Europe cessait d'être le théâtre d'un affrontement qui menaçait ses populations, depuis des générations. C'était le grand soulagement. Nos enfants enfin n'allaient plus vivre avec la peur au ventre d'une guerre nucléaire programmée par leurs aînés. C'était le vivre ensemble et sans peur, dans toute l'Europe.

    Or, voici qu'en octobre 2018 surgit un événement majeur et pourtant à peine mentionné dans notre presse. Il est alors affirmé depuis Washington que les Russes violent le traité de 1987 et que les États-Unis se retireront dudit traité dans le délai (six mois) fixé par le texte signé il y a 31 ans.

    Les Américains, croit-on savoir, n'ont aucun doute sur ce que font les Russes en violation de l'accord bilatéral INF. Pour eux, c'est clair : les Russes produisent des missiles de portée moyenne (de 500 à 5.500 km) pourvus de têtes nucléaires. Le 1er février 2019, le Secrétaire d'état, Mike Pompeo, confirme que les États-Unis se retireront du traité. Il précise que Moscou pourrait éviter cela en cessant immédiatement de fabriquer des missiles prohibés par le traité de 1987. Certains imaginent que les Russes - comme à l'époque de Boris Eltsine - accepteront de se plier à cet ultimatum. Naïveté ! Le lendemain, soit le 2 février 2019, la télévision russe diffuse un programme où l'on voit et écoute Poutine entouré de son ministre des affaires étrangères, S. Lavrov et de celui de la défense, S. Shoigu. Cette réunion est complétée le 3 février par des commentaires officiels formulés par le journaliste vedette Dimitri Kiselyov. De ces interventions hautement médiatisées à Moscou, il faut retenir que Poutine a décidé de suspendre, à son tour, le traité de 1987. En outre, le président russe refuse l'ultimatum américain, tout en précisant qu'il est prêt à négocier seulement après que ses partenaires, ayant muri, soient disposés à discuter sur des bases équitables.

    En fait, les Russes accusent les Américains d'avoir, eux-mêmes, violé le traité INF, dès 1999 en produisant des drones militaires comparables aux missiles de croisière et, en 2014, en installant des bases de missiles en Pologne et en Roumanie.

    Les propos du Kremlin diffusés les 2 et 3 février 2019 doivent être pris très au sérieux. Ils répondent à ceux venant de Washington, immédiatement soutenus par les États membres de l'OTAN. Le complexe obsidional de la Russie encerclée depuis la fin du siècle dernier par une alliance militaire de plus en plus forte (30 États, bientôt, après l'imminente adhésion de la république de Macédoine du nord) n'est pas un caprice. L'affaire de la suspension du traité INF est porteuse de graves dangers. Il serait raisonnable que les hauts responsables, surtout européens, prennent toute la mesure des périls éventuels d'une nouvelle et rapide escalade dans la dégradation des relations entre la Russie et l'Ouest. À quatre mois des élections européennes, il me semble utile que les peuples de l'UE soient correctement informés sur ce sujet très important. Le danger d'une guerre est au moins aussi sérieux, et peut-être plus proche, que celui du réchauffement de la planète. Continuer de s'opposer à la Russie, systématiquement et en suivant aveuglément ce qui se décide outre-Atlantique, est une politique à courte vue, dépourvue de bon sens.

    Comme disait jadis P-H Spaak, Il n'est pas trop tard. Mais, il est temps.

    https://www.levif.be/actualite/international/etats-unis-russie-rien-ne-va-plus-la-planete-en-danger/article-opinion-1090851.html#cxrecs_s 

    POURQUOI LE MUR DE TRUMP NE VERRA PROBABLEMENT PAS LE JOUR

    vidéo Deux ans après son élection, Donald Trump peine à convaincre le Congrès américain de financer son mur à la frontière sud, d’autant que la faisabilité de celui-ci est très discutée.

    Par Lætitia Béraud

    C’était l’une des promesses phares de Donald Trump lors de sa campagne présidentielle en 2016 : construire un grand mur à la frontière sud des Etats-Unis pour arrêter les migrants d’Amérique latine. Aujourd’hui, ce projet est devenu l’enjeu du plus long « shutdown » de l’histoire du pays, qui se traduit par une paralysie de certaines administrations depuis le 22 décembre. Le président américain veut faire passer le financement de ce mur dans le budget, mais les démocrates s’y opposent. Si le projet a beaucoup évolué depuis la promesse faite par Donald Trump en 2016, trois obstacles majeurs se dressent toujours : une géographie défavorable, un coût démesuré, et la question de la propriété.

    Lætitia Béraud

    https://www.lemonde.fr/international/video/2019/01/18/pourquoi-le-mur-de-trump-ne-verra-probablement-pas-le-jour_5411144_3210.html 

    TRUMP LÈVE L'OBLIGATION D'ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE POUR REMPLACER DES BARRIÈRES À LA FRONTIÈRE

    En décrivant la frontière américiaine avec le Mexique aux abords de la ville de San Diego comme une "zone de fréquente entrée illégale", l'administration américaine a annoncé cette nuit lever l'obligation d'évaluation d'impact environnemental pour accélérer le remplacement d'une vingtaine de kilomètre de barrière secondaire.

    Ce projet a été financé en 2018 par un décret débloquant 251 millions de dollars pour la construction de frontière à San Diego. Il ne fait pas partie du budget de 5,7 milliards de dollars que le Président Donald Trump a demandé pour la construction d'un mur à la frontière.

    Ce projet de barrière s'étend le long de la rivière Tijuana et comprend entre autres 2,6 kilomètres d'un mur frontalier secondaire, a indiqué un porte-parole des patrouilles frontalières, afin de "combler les trous existants dans les zones où la barrière secondaire ne reflète pas à l'identique la barrière primaire".

    L'actuelle barrière secondaire date de 1996 et est faite de grillage en acier qui peut aisément être coupé pour laisser passer des personnes.

    Cette nouvelle barrière secondaire sera faite de grands panneaux d'acier, similaires à ceux de la barrière primaire d'une vingtaine de kilomètres actuellement construite au même endroit pour remplacer l'ancien système de barricades.

    Il s'agit de la sixième levée d'obligation délivrée par le département américain de la sécurité intérieure depuis l'élection de Donald Trump en 2016. Plusieurs législations ont été interprétées de sorte que Washington puisse contourner ces évaluations environnementales requises légalement.

    Une décision qui déplait

    En annonçant la mesure mardi, la secrétaire du département Kirstjen Nielsen a mis en avant que les conditions à la frontière rendaient cette barrière secondaire nécessaire. "Il y a en ce moment un besoin urgent de construire des barrières physiques et des routes près de la frontière des USA pour éviter des entrées illégales dans les Etats-Unis dans cette zone".

    Lors de la dernière année fiscale, poursuit la communication du département, les patrouilles frontalières ont procédé a plus de 38.000 arrestations et saisis des milliers de kilos de cannabis et cocaïne dans le secteur de San Diego.

    Les groupes environnementaux dénoncent la décision mettant en avant que les milliers de kilomètres de barrières mettent en danger plus d'une douzaine d'espèces menacées.

    "Il n'est pas surprenant que l'administration Trump continue de contourner les lois établies pour garder nos communautés et notre faune sûres afin de poursuivre leur dangereux agenda de sécurité frontalière", a critiqué Jamie Rappaport Clark, président et CEO de Defenders of Wildlife.

    En 2018, une action en justice avait été lancée par trois ONG de défense des animaux et de l'environnement contre une telle levée d'obligation d'évaluation d'impact dans ce secteur la décrivant inconstitutionnelle. Mais la justice américaine a rejetté cette plainte.

    https://www.levif.be/actualite/environnement/trump-leve-l-obligation-d-evaluation-environnementale-pour-remplacer-des-barrieres-a-la-frontiere/article-normal-1090489.html?utm_source=Newsletter-10/02/2019&utm_medium=Email&utm_campaign=Newsletter-RNBDAGLV&&cookie_check=1549806046 

    9-5 AMÉRIQUE CENTRALE

     

    9-6 AMÉRIQUE DU SUD

    VENEZUELA : POURQUOI DONALD TRUMP SOUHAITE-T-IL TANT LE DÉPART DE NICOLAS MADURO ?

    vidéo Opportunisme électoral, jeu diplomatique, histoire commune… les raisons qui poussent Donald Trump à réclamer le départ de Nicolas Maduro sont multiples.

    Brésil, Canada, France… de nombreux pays demandent aujourd’hui le départ du président vénézuélien Nicolas Maduro. Tous lui préfèrent son opposant Juan Guaido, président du Parlement et président par intérim autoproclamé depuis le 23 janvier. Un homme pourtant exhorte encore plus que les autres Nicolas Maduro à quitter le pouvoir : Donald Trump.

    Mais pourquoi le président américain tient-il tant à son départ, alors qu’il peut se montrer bien plus complaisant envers d’autres régimes autoritaires, comme l’Arabie saoudite ou la Russie ? D’une histoire commune compliquée aux enjeux d’équilibre régional, en passant par un opportunisme électoral en vue de 2020, explications sur les raisons pour lesquelles Donald Trump est aussi virulent envers Nicolas Maduro.

    Pierre Lecornu

    https://www.lemonde.fr/international/video/2019/02/09/venezuela-pourquoi-donald-trump-souhaite-t-il-tant-le-depart-de-nicolas-maduro_5421428_3210.html 

    VENEZUELA - UN ÉDEN IGNORÉ

    Qui connaît le Venezuela ? Enfoncé comme un coin entre l’Amérique lusophone et l’Amérique des Andes et des plateaux indiens, le pays est toujours demeuré à l’écart des grands courants d’échanges commerciaux et culturels. Ce n’est pourtant pas faute d’atouts...

    André Larané

    La malédiction de l'or noir

    Le Venezuela est grand comme l’Allemagne et la France réunies (912 000 km2) mais sa population ne dépasse pas la trentaine de millions d’habitants, soit à peu près autant que… l’Arabie séoudite. Comme ce pays, le Venezuela possède d’immenses réserves de pétrole, les seules d’Amérique latine, à peu de chose près.

    Le pétrole est exploité à grande échelle depuis 1922 autour de Maracaibo. Si paradoxal que cela paraisse, il a enfoncé le pays dans son malheur et l'on peut évoquer à son propos la malédiction de l’or noir : l'argent gratuit et surabondant a entravé en effet la mise en valeur des prodigieuses ressources naturelles du Venezuela (agriculture, élevage, pêche, mines… et tourisme), découragé le développement d'une industrie locale et incité les gouvernements successifs à multiplier les dépenses indues.

    Îles paradisiaques, vallées de haute montagne, savanes et forêt tropicale

    Idéalement situé entre l’Équateur et le tropique du Cancer, dans une zone tropicale chaude et humide, le Venezuela est orienté au nord vers la mer des Caraïbes. Sur les deux mille kilomètres du littoral (10e parallèle Nord), entre le golfe de Venezuela et le delta de l’Orénoque, se rassemble la plus grande partie de la population.

    Le long de la côte s’égrènent quelques îles paradisiaques devenues des villégiatures recherchées. La principale est Margarita, qui doit son nom à la présence de perles dans ses eaux (margarita signifie « perle » en espagnol).

    Les Vénézuéliens ont aussi longtemps eu à souffrir des commerçants néerlandais et des flibustiers anglais installés sur d’autres îles. Celles-ci, aujourd’hui, sont des havres de prospérité et de paix. La première, à l’ouest, près du golfe de Maracaibo, est Curaçao, un État autonome au sein du royaume des Pays-Bas. Les secondes sont Trinité et Tobago, une république anglophone en bordure du delta de l’Orénoque.  

    Caracas, la capitale du Venezuela (cinq millions d’habitants), se niche dans une vallée à dix kilomètres de la côte. Elle est séparée de celle-ci par une cordillère qui culmine à 2700 mètres. Ces montagnes ont pu la protéger des attaques des pirates, ce qui n’a pas été le cas de Maracaibo (quatre millions d’habitants), au fond du golfe de Venezuela et à l’entrée d’une grande lagune faussement baptisée lac de Maracaibo.

    La lagune et le golfe sont séparés du reste du pays par la cordillère de Merida. Elle culmine à 5000 mètres, une broutille à l’échelle des Andes, lesquelles débutent pour de bon à l’ouest, en Colombie. Dans ces montagnes aux vallées fertiles survivent des tribus amérindiennes.

    L’arrière-pays de Caracas est occupé par d’immenses plaines herbeuses, les llanos (« plaines » en espagnol). En partie mise en culture, cette savane est parcourue par de grands troupeaux de zébus que gardent de farouches llaneros. Ces vachers à cheval, métis de blancs et d’Amérindiens, sont les lointains cousins des cow-boys étasuniens et des gauchos argentins.

    Au-delà, vers le sud, on atteint l’Orénoque (Orinoco en espagnol), qui coule d’ouest en est sur deux mille kilomètres et coupe le pays en deux. Deux ponts seulement le traversent. Son bassin offre l’une des biodiversités les plus remarquables de la planète. Son débit (autour de 30000 m3/s) est un peu supérieur à celui du Mississippi, un peu inférieur à celui du Congo... et près de dix fois inférieur à celui de l’Amazone voisin.

    Sur la rive droite de l’Orénoque s’étend le plateau guyanais, vaste et très peu peuplé. Sa curiosité la plus notable est le saut d’Angel (Salto de Angel), qui doit son nom à son découvreur, un pilote américain qui a survolé cette chute d’eau de 980 mètres en 1935. Le plateau de Guyane atteint vers l’est le Guyana, ancienne colonie britannique. Au sud, il se prolonge par la forêt amazonienne, en bordure du Brésil.

    En dépit de cette variété de paysages et de terres potentiellement fertiles, le Venezuela « utile » se cantonne à la zone littorale d’un millier de kilomètres entre Maracaibo et Caracas. C’est la conséquence, comme dans plusieurs autres États latino-américains dont le Brésil, d’une colonisation à l’arraché.

    https://www.herodote.net/index.php?page=synthese&ID=2488&ID_dossier=526 

    9-7 AFRIQUE

     

    10- SUJETS NON CLASSIFIÉS

     

    GROSSESSES TARDIVES : EN HAUSSE DANS LES PAYS DÉVELOPPÉS

    Catégorie(s): Assistance médicale à la procréation, Fécondité et grossesse, Fil d'actus

    L’Institut national des études démographiques (INED) a publié, le 23 janvier dernier, une étude, réalisée par deux chercheurs, sur les maternités tardives qui sont de plus en plus fréquentes dans les pays développés.

    Les évolutions économiques et sociales du 20e siècle ont profondément bouleversé la fécondité des femmes vivant dans des pays développés. Les chercheurs pointent du doigt un phénomène : les femmes reculent de plus en plus leur première maternité, jusqu’à la quarantaine et au-delà. En 1984, note l’étude, les premières naissances survenant à 40 ans étaient inférieures à 0,5% du total des premières naissances. En 2014, elles représentaient entre 2% et 4,7% selon les pays : une hausse spectaculaire en partie due à la procréation médicalement assisté (PMA).

    Les causes de ce retard se cumulent : rallongement des études supérieures, retard de l’entrée sur le marché du travail, planification des naissances, hétérogénéité des parcours sentimentaux, les grossesses issues d’une deuxième union. L’élargissement de la contraception, et l’Interruption Volontaire de grossesse sont aussi évoqués comme des causes importantes.

    Aujourd’hui, on remarque même une hausse de la maternité chez les femmes de plus de 50 ans. Elles étaient 287 en 2002, contre 1 293 en 2016 dans l’Union Européenne. Pourtant, plusieurs études mettent en garde contre les complications des grossesses tardives : pré-éclampsie, hypertension, diabète gestationnel, ainsi qu’un pourcentage plus élevé de césariennes et de naissances prématurées…

    Par ailleurs, l’auto-conservation des ovocytes, qui est à l’ordre du jour du nouveau projet de loi de bioéthique, fait partie des fausses bonnes idées, laissant croire aux femmes qu’elles peuvent reculer l’âge de la maternité, au-delà du possible et du « raisonnable ».

    Déjà en 2005, Le Haut Conseil de la population et de la famille s’inquiétait « des risques sanitaires pour l’enfant et pour la mère » liés aux grossesses tardives en dénonçant un « problème de société » et un « véritable problème de santé publique ». Face à ce tableau noir, le Haut Conseil appelait les pouvoirs publics à « un impérieux devoir d’information de la population afin qu’elle fasse ses choix en connaissance de cause » et à un « encadrement plus strict des méthodes de procréation assistée ».

    Comme Alliance VITA l’a préconisé dans le cadre de ses auditions sur la révision de la loi bioéthique, il est urgent de faire des campagnes d’information auprès des jeunes filles et garçons, les alertant sur l’importance de connaître l’horloge biologique et le fait d’avoir des enfants dans leur période de fertilité, relativement jeunes. La prévention de l’infertilité passe par une information réaliste sur la fertilité et un réel engagement politique pour favoriser les conditions sociales qui permettent aux femmes jeunes de concilier études plus ou moins longues, entrée dans la vie professionnelle et maternité.

    https://www.alliancevita.org/2019/02/grossesses-tardives-en-hausse-dans-les-pays-developpes/ 

    SPACEIL S'APPRÊTE À DEVENIR LA PREMIÈRE SOCIÉTÉ PRIVÉE À ATTERRIR SUR LA LUNE ! ; RUSSIE : UNE ARME QUI FAIT VOMIR ET HALLUCINER

    Et aussi : Matière noire : le détecteur AMS-02 a-t-il vu sa trace dans les rayons cosmiques ? ; Une collision géante dans le système Kepler 107 a créé une exoplanète inhabituelle ; La Voie lactée ne serait pas plate mais déformée

    Avec Futura Sciences

    Russie : une arme qui fait vomir et halluciner

    Après des missiles « invisibles » et un mystérieux canon laser, l'armée russe annonce avoir doté plusieurs navires de guerre d'une nouvelle arme éblouissante censée déstabiliser l'ennemi en l'aveuglant et en le rendant malade.

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    SpaceIL s'apprête à devenir la première société privée à atterrir sur la Lune !

    Cinquante ans après les missions Apollo, SpaceIL, une petite société israélienne, s'apprête à ouvrir un nouveau chapitre de la conquête spatiale avec le lancement de Sparrow, un lander lunaire. Ce lander, initialement prévu pour concourir dans le cadre Google Lunar X Prize, a vu son développement se poursuivre malgré l'annulation de ce prix. Il se posera sur la mer de la Sérénité d'où il réalisera des mesures du champ magnétique lunaire.

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    Matière noire : le détecteur AMS-02 a-t-il vu sa trace dans les rayons cosmiques ?

    De nombreuses expériences traquent la matière noire, directement ou indirectement. Les derniers résultats obtenus dans l'espace à bord de l'ISS par le « Hubble des rayons cosmiques », AMS-02, viennent d'être publiés.

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    Une collision géante dans le système Kepler 107 a créé une exoplanète inhabituelle

    Pour la première fois, il semble qu'une solide preuve établisse que des collisions géantes, similaires à celle ayant donné naissance au système Terre-Lune, se produisent bien lors de la formation d'exoplanètes. Le satellite Kepler a en effet débusqué autour de l'étoile Kepler 107 une exoplanète anormalement dense par rapport à ses trois sœurs connues dans le même système.

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    La Voie lactée ne serait pas plate mais déformée

    Il semblerait que notre galaxie ne soit pas plate comme une crêpe mais plutôt un peu tordue sur les bords.

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    https://www.atlantico.fr/rdv/3565703/russie--une-arme-qui-fait-vomir-et-halluciner--spaceil-s-apprete-a-devenir-la-premiere-societe-privee-a-atterrir-sur-la-lune- 

    1969 - L'EXPRESS VA PLUS LOIN AVEC MARGUERITE YOURCENAR

    Par Christiane Collange, Jean-Louis Ferrier et Matthieu Galey (en 1969), publié le 11/02/2019 à 12:00

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    Marguerite Yourcenar accorde un grand entretien à L'Express dans le numéro du 10 février 1969.

    Marguerite Yourcenar revient sur l'écriture des Mémoires d'Hadrien et de L'Oeuvre au Noir et se confie sur sa vie en Amérique.

    Soixante-cinq ans, une présence très forte, un talent d'une rare vigueur, Marguerite Yourcenar n'est pas une personne banale... Les Mémoires d'Hadrien, ont fait sa réputation. L'Oeuvre au Noir, prix Femina, figure depuis vingt-six semaines parmi les succès de librairie. Qui se cache, soigneusement, derrière ces livres longuement mûris ? Pour le savoir, L'Express a été "plus loin" avec Marguerite Yourcenar.  

    L'Express : Le héros de L'Oeuvre au Noir, Zénon, est un érudit de la Renaissance en révolte contre la société qui l'entoure. Vous sentez-vous, vous-même, en désaccord avec votre siècle ?  

    Marguerite Yourcenar : Mettons avec une grande partie de mon siècle.  

    Vous croyez qu'on peut refuser une partie d'un siècle ?  

    J'en suis à peu près sûre. Comme on peut refuser une partie d'un dîner.  

    Laquelle acceptez-vous et laquelle refusez-vous ? 

    J'accepte l'ardeur, les projets de réforme, l'espoir, l'enthousiasme ; je n'accepte pas tout ce qui est inerte, ou pire : hostile à ce à quoi, personnellement, nous tenons.  

    Comment se manifeste ce refus? 

    D'abord, en essayant de traiter, dans ce qu'on écrit, des problèmes qui nous concernent. Ensuite, en refusant individuellement, ce qui me paraît déjà très important. Parce que, enfin, si chacun de nous dit non le plus souvent possible à ce qui lui paraît idiot, c'est déjà quelque chose.  

    N'est-il pas plus facile de dire non quand on est seule, avec du talent et des moyens financiers ? 

    Du talent ? Je ne sais pas. Le talent, c'est quelque chose qui s'acquiert et se perd ; on a du talent quand on veut, il arrive aussi qu'on le perde pour des raisons fortuites.  

    Vous voulez dire qu'on peut faire ou défaire son talent ?  

    Je pense que oui. Je crois que ce n'est pas du tout quelque chose qui vous descend du ciel, un privilège particulier. Les moyens financiers ont beaucoup varié dans mon cas : ça a été très bas, ça n'a jamais été très haut, mais ça a souvent été très bas. Et puis, on n'est jamais tout seul. On traîne toujours une ribambelle de gens. 

    Néanmoins, vous avez pu vivre en dehors du monde, sur une île de l'Atlantique. Mais si vous aviez des enfants ?  

    Si j'avais eu, ou si j'avais adopté des enfants ? C'est une question que je me suis posée ces dernières années, parce qu'on adopte beaucoup, vous savez, aux Etats-Unis. Eh bien, je crois que j'aurais fait à peu près la même chose. Seulement, il se serait posé un certain nombre de problèmes graves, qui ne sont peut-être pas ceux auxquels on pense du premier coup. Il faut, bien entendu, subsister, enfants ou pas ; mais il s'agit surtout de se demander à quel point on peut engager les enfants dans l'attitude qui est la nôtre. Faut-il les faire entrer dans le courant du siècle, leur faire admettre ce que nous n'acceptons pas ? Prenons des exemples : si on avait vécu au XVIIe siècle, aurait-il fallu faire de bons catholiques en France, de bons protestants en Angleterre, ou bien autre chose, de futurs Diderots, ou de futurs d'Alemberts, ou bien encore faut-il avoir le courage de risquer pour eux ce qu'on risque plus ou moins pour soi ? C'est une question grave.  

    Une vie d'écrivain n'est-elle pas en tout cas singulière ?  

    Je ne pense pas. La vie d'un écrivain demeure celle de tout le monde : ou bien il a un peu d'argent pour travailler dans son coin et continuer ses recherches littéraires. Dans ce cas-là, d'où vient l'argent ? Il est tout de même engagé dans une certaine société qui lui procure cet argent, d'une manière ou d'une autre. Ou bien il n'en a pas, alors il prend ce qu'on appelle un "job" aux Etats-Unis, et, dans ce cas, le voilà de nouveau engagé dans quelque chose. Il vend des souliers pour une compagnie qui en fabrique. Ou il enseigne, et alors - c'est probablement pour cela que tant d'écrivains font de l'enseignement - il y a cette petite marge de liberté. On peut dire, ou insinuer les choses. Pas toujours, évidemment, et jusqu'à un certain point de franchise ; mais dans tous les cas l'écrivain est pris dans les rouages de la société où il vit, et je dirais que c'est même très bien, je ne le vois pas vivant autrement. 

    Pourquoi est-ce très bien ?  

    Parce que, autrement, on ne se rend pas compte.  

    De quoi ? 

    Du monde tel qu'il est. 

    Vous écrivez des romans historiques. S'agit-il d'une fuite par rapport à l'époque où nous sommes, d'une évasion dans le passé ? 

    Appliquée à ce que j'ai écrit, la formule de roman historique me paraît un peu vaine. On peut dire aussi bien que je n'ai écrit que des romans historiques, ou que je n'ai pas écrit de romans historiques. Quand j'ai fait, Le Coup de grâce, en 1939, c'était déjà, si vous voulez, un roman historique, puisque l'intrigue se passe en 1920-1922, mais enfin c'était un roman historique très près de nous, où j'obtenais des confidences authentiques de ceux qui avaient connu de près les personnages principaux. Si je souris lorsqu'on me parle de la différence entre le roman historique et le roman contemporain, c'est que cette différence est extrêmement fluide. Un roman dit "historique" se passe il y a quinze siècles, il y a trois siècles ; il y a vingt ans, c'est encore un roman historique, il y a cinq ans également. J'irai plus loin : écrivez un roman sur les émeutes de mai, il est déjà historique, en ce sens que vous devez revenir en arrière, vous dire : qu'est-ce que je pensais à ce moment-là, que pensaient mes amis, et puis quand cela se passait-il, etc.  

    Le roman, selon vous, est toujours anachronique ?  

    Oui, c'est le souvenir. C'est une contemplation par le souvenir. Que ces souvenirs soient personnels ou que ce soient ceux de l'histoire, il y a un rejet en arrière. Et quand il s'agit d'une histoire d'il y a trois siècles, ou quinze siècles, quand on n'a pas de camarades auprès desquels on peut s'informer, alors il y a l'élément personnel, en ce sens qu'on alimente de sa propre expérience les aspects de la vie humaine qui n'ont pas changé.  

    Les journalistes de L'Express rencontrent Marguerite Yourcenar. L'Express du 10 février 1969.

    L'Express :

    Vous avez écrit plusieurs moutures de certains de vos romans, parfois vingt ans après. Pourquoi ? 

    Je suppose que cela tient à un tempérament, probablement aussi à ce qu'on appelle en anglo-saxon, d'un mot si horrible, le perfectionnisme. Je me dis : non, il ne faut pas laisser derrière soi trop de bêtises, trop de choses mal faites, ou à moitié faites. Yeats, le poète irlandais du début du siècle, disait : "Je me corrige moi-même en corrigeant mes livres." C'est très intelligent, parce que, en effet, en corrigeant ses livres, on s'aperçoit non seulement de ce qu'il y a de mal, mais de ce qu'il y avait d'absurde, parfois, dans la position qu'on avait prise.  

    Comment pouvez-vous définir le moment où vous estimez que l'œuvre d'art est achevée ?  

    C'est très complexe. Il y a une espèce d'instinct ; c'est un peu comme la cuisinière qui sait que l'omelette est à point ; il y a des livres qu'on ne retouche pas. On change une virgule de temps en temps.  

    Récrirez-vous Les Mémoires d'Hadrien dans vingt ans ?  

    Non, sûrement pas. Parce que là, j'ai l'impression que j'ai dit, non pas ce qu'il fallait dire, loin de là, mais ce que je pouvais dire. Ce n'est pas une question de forme. D'ailleurs, je ne crois pas à la forme séparée du sens. Quand la forme fléchit, c'est parce qu'on a dit - sans le savoir - une bêtise.  

    Vous étiez presque à l'origine un écrivain pour "happy few" ; puis Les Mémoires d'Hadrien vous ont d'un coup donné une très large audience. L'avez-vous cherché ? Comment expliquez-vous cela ?  

    Je crois que, dans ce cas, l'influence a joué. Avant les années 30, je vivais, comme beaucoup de jeunes écrivains, en groupe, fréquentant jeunes peintres, jeunes romanciers, jeunes poètes. Qui faisaient tous à peu près la même chose, qui avaient à peu près les mêmes opinions, les mêmes idées. On se comprenait : c'est très stimulant.  

    C'était en France ou en Amérique ? 

    En Grèce et en France. Je ne suis jamais allée en Amérique avant les derniers mois de 1939, sauf pour une courte visite, en 1937. En Hollande, aussi, en Autriche, en Suisse, mais surtout en Grèce. J'ai quitté ce pays définitivement en août 1939. Je me suis trouvée par le plus grand des hasards aux Etats-Unis : j'y étais allée pour des conférences pendant la drôle de guerre. Je devais en principe revenir en juin 1940. La Grèce n'était pas facile à rejoindre, à ce moment-là. Je suis restée, et quand on n'a pas d'argent dans un pays, surtout en Amérique, une des seules choses à faire pour être écrivain, c'est d'enseigner. A ce moment-là, on ouvrait les bras à tous les étrangers, Anglais, Allemands, Français, qui se trouvaient là en leur offrant de petits emplois. J'ai fait comme tout le monde : j'ai enseigné, mais je n'y étais pas du tout préparée. Et je crois bien que c'est ce choc-là qui m'a marquée ; le choc de me trouver devant une civilisation différente, dans un pays totalement différent, parmi des gens pour lesquels la littérature française ne comptait pas, ou presque, et qui, bien entendu, m'ignoraient totalement. Je me trouvais obligée de parler à des adolescents, à des étudiantes, à de jeunes soldats qui faisaient un stage de quelques mois pour terminer leurs cours, ne sachant trop que leur dire, comment les atteindre. Je crois que j'ai pensé alors, pour la première fois, au problème de la communication. Je me disais : il faut essayer d'atteindre tout le monde, sans cela pourquoi écrire ? On tient à ce qu'on vous lise ou on n'y tient pas.  

    Quand vous avez conçu le projet d'écrire Les Mémoires d'Hadrien, vous étiez donc consciente d'écrire pour un public plus vaste ? 

    Le sujet d'abord m'y portait. On avait affaire à un homme aux capacités en quelque sorte universelles. Il fallait montrer un homme essayant d'organiser le monde. Quand, à 20 ans, j'ai visité comme tout le monde la Villa Hadriana, les colonnes, les étangs, les bassins de pierre, etc., je me suis dit : voilà un magnifique sujet, et un magnifique personnage : l'empereur lettré, l'empereur qui collectionnait des objets d'art en Grèce. Si je l'avais faite en ce temps-là, comme j'ai essayé, l'oeuvre serait restée très confidentielle, pour amateurs de littérature ancienne. Entre-temps, il s'était produit 39-45. Je ne voyais dès lors que l'homme qui avait essayé de stabiliser la terre. Ce qui fait que le sujet même devenait public, intéressait plus de gens.  

    Vous avez écrit pour des Français ou pour des Américains ?  

    Pour des Français, toujours.  

    Pourquoi ? 

    Parce que, mon Dieu, les Américains au fond, je ne les connais pas très bien.  

    Pourquoi restez-vous chez eux ?  

    Pour des raisons tout à fait simples et pratiques, qui font qu'en 1945 je me suis trouvé une petite maison dans une île située sur la côte est des Etats-Unis, qui était à ce moment-là très sauvage ; il y avait de très belles forêts qui descendaient jusqu'à la mer, où l'on était fort tranquille. J'avais été amenée par un de mes rares amis américains, qui est professeur de théologie protestante à Yale, et, en même temps, l'un des conseillers de Paul VI, un personnage très œcuménique. J'ai trouvé que l'île était merveilleuse, me reposait énormément de la banlieue de New York. Nous avons cherché, ma traductrice américaine et moi, et avons fini par trouver une vieille maison de paysans, avec un hectare de bois et de prairie, qui est devenue mon port d'attache.  

    Vous allez quand même en ville quelquefois ? 

    Très rarement. Je ne vais à New York que pour prendre un véhicule vers l'Europe.  

    Vous ne donnez plus de cours ?  

    Non, depuis 1951.  

    Depuis qu'Hadrien vous a offert ce luxe ?  

    Oui.  

    Vous voulez toucher un vaste public, mais ne pas le voir, c'est une démarche classique chez les créateurs. Et vous êtes rentrée dans votre coquille ?  

    Non, dans ce qui m'importait : mon oeuvre, qui est entièrement française.  

    La dernière fois que vous êtes venue en France...  

    ... c'était en mai dernier.  

    Lorsque votre livre a été publié, oui. Mais précédemment ? 

    Il y a douze ans. J'allais un peu partout, sauf en France.  

    Avez-vous trouvé la France changée ?  

    Non, précisément, je trouve que la France ne change jamais. Ce serait flatteur si l'on parlait d'une femme.  

    Est-ce flatteur si l'on parle d'un pays ? 

    Oui, en un sens.  

    Qu'est-ce qui n'a pas changé ? 

    Le fait même que je suis ici le prouve : le goût des lettres.  

    Avec L'Oeuvre au Noir, vous attendiez le succès ? 

    Pas le moins du monde.  

    Dans quelle mesure peut-on voir dans cette histoire du XVe siècle des échos du présent ?  

    Pour moi, ils sont très considérables. Au fond, il faudrait peut-être remonter à Hadrien. A l'époque où j'écrivais Hadrien, c'est-à-dire vers 1950, on pouvait encore se dire qu'un certain nombre d'esprits bien constitués se mettraient d'accord pour établir un "modus vivendi" mondial. Je me souviens qu'un critique italien disait qu'Hadrien, à ce moment-là, était un mélange d'André Gide et de Trygve Lie, alors secrétaire général de l'Onu.  

    Eh bien, par la suite, entre 1951 et 1960, je crois que j'ai fait ce que nous faisions tous, je me suis dit que les choses allaient tout de même assez mal, que les problèmes qui nous environnaient étaient tellement complexes qu'il semblait impossible qu'on puisse les résoudre suffisamment pour ne plus aller vers des conflits nouveaux. L'Oeuvre au Noir représente cet assombrissement. A la place du monde d'Hadrien, celui de la sérénité classique, où les problèmes nous paraissent simplifiés, à cause de la distance, j'avais cette fois-ci un monde qui, à certains points de vue, est très proche du nôtre : l'Europe divisée par le rideau de fer entre catholiques et protestants, monde qui, bien entendu, n'était plus celui de la ferveur évangélique d'un côté, et du christianisme du Moyen Age de l'autre, mais celui des rivalités de princes, le monde du commencement du capitalisme, avec les énormes trusts qui se formaient à l'époque. C'est ce qui m'a passionnée.  

    Etes-vous de ceux pour qui ce qui était vaut mieux que ce qui sera ? 

    Non, c'est une illusion dont l'histoire vous guérit.  

    Comment procédez-vous pour plonger dans le passé ? 

    J'ai peur de dire des bêtises. C'est extrêmement compliqué, parce qu'il y a là une espèce de fusion entre le travail historique et l'expérience personnelle.  

    Comment avez-vous mis la main sur vos personnages ? 

    J'ai lu pas mal de choses sur les banquiers de la Renaissance, j'ai regardé des portraits de femmes couvertes de bijoux, ou, au contraire, très austères, très dures : j'ai essayé de voir ce que ça donnait en termes d'une certaine humanité que la plupart des livres de vulgarisation historique n'ont pas beaucoup restituée jusqu'ici. 

    Vous avez travaillé sur des archives ?  

    Sur des documents d'archives. D'abord, j'appartiens moi-même à une famille du nord de la France, une famille de ce genre-là. On voit des gens arrivés dans l'administration locale, qui ont consolidé et arrondi des biens à partir du XVIIe siècle ; ma famille paternelle, du côté de Cassel, était ainsi. Les documents familiaux remontent au début du XVI siècle : les généalogies, actes de notaires... Ce devaient être des fermiers qui ont tout d'un coup obtenu des postes administratifs, qui se sont mariés dans la petite noblesse, qui ont consolidé tout cela en termes d'argent et de réputation locale. Auparavant, ils ont dû mener pendant des siècles une vie de fermiers et de paysans, depuis le Moyen Age. J'ai donc lu ces documents, j'ai trouvé quelques noms de famille, quelques prénoms qui m'ont intéressée, comme Zénon ; on dit toujours Zénon d'Elée, Zénon du Pontique, mais non... Zénon est un nom qui est assez fréquent dans le pays de Flandre, entre la Flandre française et la Hollande.  

    Trouvez-vous, dans ces références, une sorte d'excitation de l'esprit ?  

    L'histoire nous donne des points de comparaison extraordinairement curieux. II y a, bien entendu, pour Zénon, avec toutes les différences qui vont de soi, le problème de la science. Que peut-il attendre de la science ? J'ai tâché de montrer, dans ce long roman où il faut marcher pas à pas sur des routes quelquefois caillouteuses, les différentes attitudes qu'il prend du point de vue de la révolte contre les dogmes de son temps. On va dans une certaine direction, puis on recule parce qu'on ne peut aller plus loin, on avance alors d'un autre côté. Ça se pose encore pour nous comme cela.  

    Son suicide n'est-il pas la plus pessimiste des conclusions ? 

    Pour moi, la plus optimiste. Il meurt après tout en homme libre, ce qui est déjà quelque chose. Il a fait jusqu'au bout à peu près ce qu'il a voulu, sans compromis.  

    C'est ce qu'on appelle être asocial, non ? La forme aiguë de l'individualisme...  

    Oui, c'est ce que certaines gens disent. Mais je ne suis pas d'accord. Parce que je crois très dangereux d'accepter trop de compromis. Je ne crois pas que c'est comme cela qu'on améliore une société.  

    Si on les refuse, cela ne mène-t-il pas à un suicide collectif ?  

    Je crains beaucoup que l'acceptation n'amène à ce suicide collectif.  

    https://www.lexpress.fr/culture/livre/1969-l-express-va-plus-loin-avec-marguerite-yourcenar_2059183.html?utm_source=ocari&utm_medium=email&utm_campaign=20190211140102_07_nl_nl_lexpress_culture_quotidienne_5c6171d34c964dbe1c8b4567&xtor=EPR-618-[20190211140102_07_nl_nl_lexpress_culture_quotidienne_5c6171d34c964dbe1c8b4567_002DS6]-20190211-[_005465B]-[RB2D106H001YDDA5]-20190211010300#EMID=a2637066453970c02b747ac14f3ec0fc68c5a106525a69586274736e3081bf60 

    LIVRE: LES MÉMOIRES HARDIES DE DENISE BOMBARDIER

    Par Marianne Payot,

    La journaliste et écrivaine québecoise Denise Bombardier publie le feuilleton d'une vie aux multiples rebondissements.

    Elle débarque tout juste de Montréal. Propulsée sur la scène littéraire française depuis la sortie d'Une Enfance à l'eau bénite, en 1985, cette journaliste de 78 ans, intervieweuse en chef de tous les politiques canadiens, n'a rien perdu de son mordant. Au diable le 'jet lag' ! Un petit café, et Denise Bombardier démarre à cent à l'heure pour parler de ses Mémoires, vendus à 34 000 exemplaires au Québec depuis début novembre. "L'équivalent de 340 000 exemplaires en France !" s'exclame l'auteure, qui entame avec gourmandise la promotion d'Une Vie sans peur et sans regret, 460 pages serrées agrémentées d'un cahier de photos. Qu'elle commente pour L'Express. 

    Denise Bombardier, 7 mois, avec sa mère.

    Collection privée de l'auteur/ PLON

    "Ma famille était modeste, mais surtout totalement déjantée. Au centre : la folie de mon père. Quand j'étais jeune, je n'avais pas peur de rater ma vie, ni de ne pas me marier, mais de devenir folle. Mon père ne nous agressait pas physiquement, mais il diffusait la terreur. Ma mère était dans la négation, mais mes tantes, elles, nommaient les choses, elles disaient : 'Ton père, c'est un câlice de fou.' D'un autre côté, il posait un regard si décapant sur la société québécoise fermée des années 1950-1960, que cela explique peut-être ma pratique pugnace du journalisme. Il pourfendait aussi l'Église, omnipotente à l'époque, il appelait le Québec le 'Culbec'. 

    J'étais déchirée entre les discours antireligieux de mon père et les religieuses que j'aimais ; l'école était mon refuge et les soeurs, elles, ne se saoulaient pas devant moi contrairement à toute ma famille. J'avais honte de l'alcoolisme qui régnait à la maison. Ma tante faisait des esclandres partout, d'ailleurs toutes mes tantes sont mortes enragées. Disons que j'ai eu une éducation tonique, qui m'a immunisée, en quelque sorte. Cela dit, ma mère m'a inculqué son amour de la langue française et m'a inscrite à un cours de diction, ce qui m'a permis de bien m'exprimer dans le Québec culturellement démuni de mon enfance. En fait, mon ascension sociale a été une arme à double tranchant. Je me suis toujours sentie dans un entre-deux et dans l'imposture. Je me suis battue pour arriver." 

    Denise Bombardier animant une soirée électorale dans les années 1970

    Collection privée de l'auteur/ PLON

    "Avant d'être journaliste, j'ai d'abord été comédienne, mais j'ai senti que je ne pouvais pas choisir un métier dont le fonds de commerce était l'émotion. J'aurais coulé à pic. J'ai besoin de la distance, le journalisme me l'a fournie, notamment à Radio-Canada, où j'ai animé des émissions jusqu'en 2004. Je suis devenue journaliste à 17 ans en écrivant des articles dont les autres ne voulaient pas : on m'appelait la 'bombe hardie'. Puis, il y a eu les années 1960 et la 'Révolution tranquille'. On sortait de la "grande noirceur", c'était jubilatoire, chaque jour apportait son lot de réformes, la décléricalisation était en marche. Nous étions la génération du Québec joyeux et lyrique. De Vigneault à Charlebois, tous les grands chanteurs ont éclos à ce moment-là. 

    Puis le Parti québécois est arrivé au pouvoir et avec lui le rêve de l'indépendance. Que les Québécois vont refuser lors de deux référendums, en 1980 et en 1995. Face à René Lévesque le tourmenté, à l'honnêteté extrême, il y avait le brillant et machiavélique président du Parti libéral, Pierre Elliot Trudeau, le père, le vrai, pas celui d'aujourd'hui, qui n'a aucune envergure. La 'trudeaumanie' allait bon train, les femmes perdaient connaissance partout où il passait. Moi, je l'ai souvent interviewé, mais je n'ai jamais succombé. Puis le Québec est entré dans le déni, comme si rien ne s'était passé. Comme disait notre poète Gaston Miron," notre devise est "Je me souviens", car on ne se rappelle rien". Cela vient de nos échecs passés. L'histoire des Québécois est une histoire de perdants." 

    1993: Remise de la Légion d'honneur à Denise Bombardier par François Mitterrand à l'Elysée , en présence de Lollobrigida

    Collection privée de l'auteur/ PLON

    "J'ai tout aimé de la France, même l'arrogance des Français. Je suis d'ailleurs française des deux branches, maternelle et paternelle, j'ai même des ancêtres qui ont été ces 'filles du Roy', envoyées par Louis XIV pour peupler la Nouvelle France. Je suis "pure laine", comme on dit chez nous, même si ma grand-mère avait l'air d'une Indienne. J'ai débarqué en France en plein Mai 68. Quel choc ! Puis j'ai rencontré Jean-François Revel, éblouissant, Alain Peyrefitte, Paul Guimard, Benoîte Groult, Raymond Aron... et François Mitterrand, à plusieurs reprises. La première fois, c'était à Vancouver, en 1978. Il représentait l'élite, à mes yeux. Par la suite, j'ai été impressionnée et déçue par cette courtisanerie qui régnait autour de lui. 

    Chez nous, le roi, c'est le roi de la patate frite ! Ce n'était pas mon monde, j'étais devant un immense acteur, un mélange de Corneille et de Molière. Ceci dit, il m'a reçue très gentiment trois jours après la polémique déclenchée lors de l'un de mes passages à Apostrophes. C'était le 2 mars 1990. Gabriel Matzneff était sur le plateau avec son livre Mes Amours décomposés, dans lequel il racontait sodomiser 'promptement' des adolescentes 'folles de lui'. Personne ne disait rien, j'ai explosé. Dès le lendemain, l'intelligentsia s'est déchaînée contre moi, Claude Lanzmann a écrit : 'Que la mal baisée retourne sur ses banquises...' Mitterrand, aussi outré que moi, m'a réconfortée. Le Monde l'a écrit: Mitterrand choisit son camp. Trois ans plus tard, il m'a remis la légion d'honneur. Pour ma défense de la langue et de la culture françaises. Une grande fierté." 

    Denise Bombardier et Céline Dion, "richesse naturelle" du Québec.

    Collection privée de l'auteur/ PLON

    "Ce qui me touche chez Céline Dion, c'est qu'elle est arrivée au sommet de la gloire en partant de rien, d'une petite maison du côté de Charlemagne. Au Québec, elle est devenue une richesse naturelle, au même titre que l'électricité, le Saint-Laurent et nos forêts. L'engouement est incroyable, même parmi les intellos qui s'en cachent tel un vice : comme tu ne dis pas que tu vas jouer au casino, tu ne dis pas que tu aimes les chansons de Céline Dion. J'en ai écrit une pour elle, La Diva (complimentée par Luc Plamondon, quel bonheur !) et j'ai publié un livre sur elle après l'avoir suivie durant toute une tournée mondiale.  

    C'était de la folie. En Chine, j'ai vu 60 000 personnes l'attendre avec des affiches en français, 'Céline, on t'aime'. Et à Dubaï, des femmes en tchador venues l'acclamer de Téhéran. Pour autant, elle reste pour moi une énigme. A la différence d'autres artistes isolés au sommet, elle n'a jamais perdu la tête. Jusqu'à il y a peu, en tout cas." 

    Une Vie sans peur et sans regret, par Denise Bombardier. Plon, 462 p., 21,90 €. 

    https://www.lexpress.fr/culture/livre-les-memoires-hardies-de-denise-bombardier_2060944.html?utm_source=ocari&utm_medium=email&utm_campaign=20190211140102_07_nl_nl_lexpress_culture_quotidienne_5c6171d34c964dbe1c8b4567&xtor=EPR-618-[20190211140102_07_nl_nl_lexpress_culture_quotidienne_5c6171d34c964dbe1c8b4567_002DS6]-20190211-[_005466N]-[RB2D106H001YDDA5]-20190211010300#EMID=a2637066453970c02b747ac14f3ec0fc68c5a106525a69586274736e3081bf60 

    L'ÉCONOMIE MONDIALE EN 2018

    La croissance mondiale s’est maintenue à un niveau élevé (3,7 %) en 2018, toujours principalement entraînée par les économies des pays émergents. La Chine poursuit sa montée en puissance et l’Inde, surpassant la France, voit son PIB (produit intérieur brut) se hisser à la cinquième place. Un climat d’incertitude règne toutefois sur le développement et les échanges. L’endettement a atteint de nouveaux records et les politiques monétaires se normalisent, interrompant la période d’argent facile commencée après la crise de la fin des années 2000. Les États-Unis provoquent de fortes tensions commerciales et douanières avec la Chine et l’Europe. La réduction des inégalités, lourdes de menaces politiques, et la transition écologique n’enregistrent pas encore d’avancées suffisantes pour désamorcer les risques.

    Liens vers le dossier :

    ÉCONOMIE MONDIALE - 2018 : croissance, restrictions commerciales et argent plus cher En termes de croissance, l’année 2018 semble une simple réplique de l’année précédente : la croissance mondiale du produit intérieur brut (PIB) reste à 3,7 p. 100, celle des pays avancés se maintient à 2,4 p. 100 et celle des pays en voie de développement et émergents (ou « pays du Sud »), à 4,7 p. 100. Pourtant, un certain nombre de changements af … Lire la suite

    https://www.universalis.fr/dossier-du-mois/article/leconomie-mondiale-en-2018-1/#utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=NL_20190210 

    LA BOHÈME LITTÉRAIRE

    10 février 2019 | Cannibale lecteur, En accès libre, Pascal Vandenberghe

    Enfermé sans jugement pendant quatre ans à la Bastille, libéré en 1788 suite à l’intervention du «protecteur» de sa femme, Pelleport mit à profit ce long séjour dans la célèbre prison pour écrire. Si l’on aurait pu s’attendre à ce que, à l’instar d’autres écrivains emprisonnés, il rédigeât le récit de son expérience de prisonnier comme victime des lettres de cachet, il n’en fit rien, préférant écrire un roman étonnant et détonant.

    Mais avant de me lancer dans cette chronique, je dois d’abord battre ma coulpe: honte à moi! J’ai commis la semaine dernière une erreur monumentale, impardonnable, mais aussi inexplicable, en inventant un comte d’Anjou qui aurait été le frère de Louis XVI et l’amant de Marie-Antoinette, en lieu et place du comte d’Artois! Merci à l’abonné qui m’a signalé cette funeste erreur. Voilà le mal réparé. C’était à propos du libelle Amours de Charlot et Toinette, dont l’auteur n’était d’ailleurs nul autre que notre marquis de Pelleport, soit dit en passant.

    C’est dans ses recherches sur Brissot, lui-même écrivain et libelliste – il apporta vraisemblablement sa collaboration à Pelleport pour rédiger Le Diable dans un bénitier –, qui deviendra durant la Révolution le chef de file des Girondins (et finira guillotiné en 1793), que Robert Darnton découvrit Pelleport et surtout le très rare roman Les bohémiens, que celui-ci rédigea durant sa captivité. Très rare, car publié en 1790 et n’ayant certainement eu aucun succès, les Français étant alors occupés à autre chose qu’à lire des romans! Ce qui fait qu’il n’en restait que six exemplaires disséminés de par le monde (et aucun à Paris) lorsque Darnton en découvrit l’existence. Fasciné par ce roman aux multiples qualités, Darnton convainquit en 2010 les Éditions du Mercure de France (filiale de Gallimard, son éditeur) de le publier dans la collection «Le temps retrouvé», muni d’une longue présentation de sa main qui permet de mieux connaître le sulfureux marquis et de reconstituer l’histoire de ce livre.

    Anne-Gédéon Lafitte, marquis de Pelleport, était donc un fieffé coquin, un vaurien, mais un brillant écrivain. C’était un déclassé. Né en 1754 dans une famille noble mais peu riche, après une carrière malheureuse dans l’armée et une conduite qui amena ses parents à demander son incarcération, il finit par rejoindre la foultitude d’écrivaillons(1) miséreux qui pullulaient après avoir succombé à l’attrait du monde des lettres. Ils étaient en effet nombreux à être fascinés par le culte de l’écrivain, romancier ou philosophe, et quand, en 1778, Voltaire et Rousseau meurent au sommet de leur gloire, ils s’imaginent qu’il y a des places à prendre!

    L’année qui suit la mort des deux illustres écrivains, Pelleport part sur leurs traces, en Suisse, espérant y trouver un emploi chez l’un ou l’autre des éditeurs qui les ont publiés. Il se rend à Genève, Yverdon, Neuchâtel, où il séduit la femme de chambre de l’épouse du protecteur de Rousseau, Pierre-Alexandre Du Peyrou. Pelleport se marie et le couple s’installe au Locle. Il devient précepteur chez un manufacturier et accessoirement donne deux enfants à sa femme. Petite famille qu’il abandonne rapidement. On le retrouve en 1783 à Londres, où il vit misérablement, entre petits boulots de journalisme, libelles et chantage.

    Si la police française, qui a commencé ses recherches sur les libellistes de Londres, ne connaît pas l’existence de Pelleport, il va de lui-même se jeter dans la gueule du loup, en affirmant être entré «par hasard» en contact avec l’auteur de deux libelles particulièrement obscènes, et pouvoir négocier avec l’auteur – lui-même – leur retrait. Mais ses discussions avec le policier Receveur vont échouer: s’il est doué pour l’écriture, Pelleport ne l’est pas pour l’extorsion de fonds et le chantage, et le policier se doute très vite que Pelleport est lui-même l’auteur des libelles en question. À la suite de quoi Pelleport rédigera Le Diable dans un bénitier, qui va horrifier le ministre Vergennes: non seulement il révèle les missions secrètes de la police, mais il les tourne en dérision. Vergennes renonce cependant à faire enlever Pelleport en Angleterre, de crainte des réactions de l’opinion publique: «Un enlèvement clandestin dans un pays de liberté rendrait la publicité du fait impraticable chez nous et empêcherait l’effet salutaire de l’exemple qu’on se serait proposé.»

    De son côté, Pelleport a décidé de créer un nouveau journal consacré aux affaires anglo-américaines, qui passionnent les Français, et qui sera imprimé à Boulogne-sur-Mer. Le voyage qu’il effectue sur place se transforme en embuscade, organisée par l’ambassadeur Adhémar et le policier Receveur, grâce à la trahison des «amis» londoniens de Pelleport. La police arrête ensuite Brissot, le 12 juillet 1784, le lendemain du jour où Pelleport est incarcéré à la Bastille. Si elle ne pratique pas la torture sur les écrivains, la police française a développé des techniques d’interrogatoire redoutables, avec des pressions, des confrontations entre prisonniers. Et Brissot va «charger» Pelleport. S’ils se sont trahis mutuellement, c’est Brissot qui s’en sort sans dommage, libéré dès le mois d’août. Les interrogatoires terminés, Pelleport croupira durant quatre ans à la Bastille et écrira Les bohémiens.

    Il y utilise les mêmes recettes que dans les libelles: les noms sont facilement reconnaissables (Brissot y devient Bissot), les «énigmes» qu’il faut savoir déchiffrer forment les clés du récit. Si la bohème n’avait alors pas encore la connotation qu’on lui connut à partir du milieu du XIXe siècle, avec Les scènes de la vie de Bohème d’Henri Murger, elle désignait déjà les vagabonds vivant d’expédients et les hommes de lettres en marge de la société. L’antihéros Bissot vient d’acheter son diplôme de droit, mais préfère devenir écrivain. Il part sur les routes et rencontre une troupe de pseudo-philosophes – tous des personnages qu’a côtoyés Pelleport, et qu’il renomme pour l’occasion. Les grandes déclamations philosophiques emphatiques, qui sont des satires et des parodies de celles prononcées par les personnages réels qu’il maquille sous des noms reconnaissables, alternent avec les scènes de sexe débridé. Très inspiré par Laurence Sterne, dont le Tristram Shandy (2) est alors célèbre, Pelleport excelle dans les digressions qui égarent le lecteur. Il change de direction, revient à l’action, repart dans une digression, se permettant d’insérer une digression dans la digression. Pelleport se met lui-même en scène dans la seconde partie de l’ouvrage, racontant son histoire de «pèlerin» à la troupe réunie et les malheurs qui furent les siens. Drôlissime! L’ouvrage se termine par un éloge de l’âne qui porte des bagages de la troupe, et dont une jeune villageoise vante les prouesses sexuelles.

    Les bohémiens est un ouvrage libertin, où la philosophie sardonique traverse une dizaine d’écoles, où la bestialité succède à la philosophie avec une maîtrise et une dextérité incomparables. On peut aussi y lire une critique de l’asservissement féminin: les femmes sont objets du désir masculin, certes, mais faites pour prendre et se servir en hommes, à l’instar de l’insatiable Voragine, l’un des personnages du roman. Pelleport dépasse ici Sade dans l’art littéraire, et dans la bibliothèque des amateurs de littérature philosophico-libertine du XVIIIe siècle, Les bohémiens devrait indéniablement occuper une place de choix.

    NOTES

    D’après Robert Darnton, on dénombre environ 3’000 auteurs en France en 1780, soit deux fois plus qu’en 1750!

    Voir «Laurence Sterne, le Rabelais anglais», Le Drone n° 20 du 27 mai 2018.

    Article de Pascal Vandenberghe paru dans la rubrique «Cannibale lecteur» de l’Antipresse n° 167 du 10/02/2019.

    https://antipresse.net/la-boheme-litteraire/?utm_source=Lecteurs+d%27Antipresse&utm_campaign=c61ed8475d-EMAIL_CAMPAIGN_12_26_2017_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_f9e9755c0e-c61ed8475d-439836213&mc_cid=c61ed8475d&mc_eid=e05107f289 

     

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